Opinions - 17.11.2014

Pour une lecture non idéologique et non tendancieuse des résultats du scrutin législatif

Le scrutin législatif du 26 octobre dernier, jugé par des observateurs indulgents, comme une élection ayant  mobilisé une partie respectable de l’électorat tunisien et considéré, par des commentateurs un peu complaisants, comme l’exemple du scrutin transparent et démocratique, a donné lieu à des méprises fâcheuses et suscité de nombreux commentaires inappropriés, voire tendancieux dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il a été à l’origine, au sein des formations considérées comme les grandes perdantes des dernières élections législatives,  de polémiques  et de procès d’intention nés de la déception ou mus par le ressentiment qui risquent de semer la zizanie et de brouiller les cartes quant au choix du futur  président de la République. Le succès relatif de Nidaa Touness  a été perçu comme le triomphe du réalisme et le rejet des idéologies par un électorat devenu mûr après les élections de 2011 qui l’ont vu voter massivement et naïvement pour les victimes de l’ère Ben Ali dans le but de  récompenser leur militantisme et leur résistance face à l’oppression. Ces électeurs bernés, échaudés par la descente aux enfers du pays, auraient retrouvé leur lucidité et  seraient devenus capables de séparer le bon grain de l’ivraie, de faire la différence entre  le militant intègre et désintéressé et le militant arriviste et cupide. D’autres analystes tunisiens ou étrangers et surtout quelques  formations perdantes, y ont vu le retour de l’Ancien régime. Des militants et des  sympathisants de la gauche l’ont interprété comme  le triomphe des formations libérales face aux socialistes et aux socio-démocrates ou comme la défaite de la gauche face à des formations de droite.

Le véritable clivage

Ces interprétations tantôt tendancieuses, tantôt réductrices révèlent l’amnésie de leurs auteurs qui ne semblent ne plus se souvenir des véritables clivages à l’origine du bras de fer qui a opposé, durant les trois années de vie de la troïka et de l’Assemblée nationale constituante, les principaux protagonistes de la vie politique tunisienne de cette période, d’un côté les formations de la troïka et à leur tête Ennahdha et de l’autre les formations qui se sont regroupées sous la bannière du Front du Salut National (FSN), à l’occasion du sit-in du départ : essentiellement, le Front populaire, Nidaa, Al Massar, Al Joumhouri, Le Parti socialiste et le Parti du travail patriotique et démocratique réunis au sein d’une Union pour la Tunisie (UPT) qui s’est par la suite rétrécie comme une peau de chagrin pour devenir, sinon une coquille vide, du moins une coalition sans poids électoral significatif. Durant ces trois années de braise caractérisées par l’instabilité politique, l’apparition du terrorisme et sa recrudescence, les velléités théocratiques d’Ennahdha, l’activisme des formations favorables à l’avènement d’une république théocratique et farouchement hostiles à la république civile et démocratique, activisme  qui s’est mû en terrorisme, deux projets  de société se sont affrontés : un projet moderniste et séculier et un projet obscurantiste et théocratique. Beaucoup d’analystes semblent oublier ces évidences  et ignorer que ces facteurs générateurs d’un ralentissement de la croissance, d’une diminution importante des investissements et d’un climat caractérisé par une inquiétude grandissante, ont accouché des résultats des législatives du 26 octobre.

La victoire des anciennes composantes du Front du Salut national

Malgré une nette bipolarisation  de la vie politique avec Nidaa et Ennahdha accaparant 70.34 % des sièges, ce sont globalement les composantes de  l’éphémère front du Salut national  qui ont remporté la victoire, celles qui se sont battues pour l’avènement d’une république civile et démocratique et pour la sauvegarde des acquis du mouvement réformiste tunisien approfondis au XXème siècle. Nidaa (86 sièges), premier, Le Front populaire (15 sièges), quatrième, Afek (8 sièges), cinquième (membre du FSN avant son retrait d’ Al Joumhouri), ont été aux premières loges de la compétition électorale du 26 octobre et remportent, à eux seuls, les 109 sièges nécessaires pour avoir la majorité absolue dans la future Assemblée du peuple tandis que les partis de la défunte troïka (Ennahdha avec 69 sièges, le Congrès pour la République (CPR) avec 4 sièges), ont peiné pour avoir la minorité de blocage (74 sièges).

Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar, parti du centre gauche, membre de l’Internationale socialiste et ancien allié du parti islamiste n’a obtenu aucun siège et court un très fort risque d’être rayé de la carte politique tunisienne. Les électeurs l’ont sanctionné pour avoir fait une alliance contre nature avec Ennahdha. Le CPR, parti autoproclamé formation du centre gauche et prétendument laïc, a vu l’électorat moderniste qu’il a dupé se détourner massivement de lui.   Propulsé  à la 2ème place en 2011 avec 29 sièges (13.33%), il n’en garde que quatre (1.84%) alors que le courant démocratique, ancienne composante du CPR avant la scission intervenue dans ce parti, n’en récolte que trois.

La victoire des défenseurs du projet moderniste et le vote de la peur

Nidaa,  qui ne faisait pas partie de l’échiquier politique tunisien en 2011, a raflé presque 40% des sièges obtenus grâce aux variations très sensibles des orientations des votants. Pour obtenir les 86 sièges gagnés, Il a probablement  rallié les électeurs  qui avaient voté en 2011 pour les partis considérés comme les porte-drapeaux du projet moderniste tunisien et particulièrement ceux d’Ettakatol (20 sièges). Il a pris 14 sièges à l’ancien Parti démocratique progressiste (PDP) qui ne garde  des 16 sièges obtenus en 2011 que deux, remportés par Al Joumhouri et l’Alliance démocratique.  Al Joumhouri, héritier du PDP  a été  sanctionné en raison de ses tergiversations, de ses volte-face et de son attitude ambiguë vis- à-vis des islamistes d’Ennahdha. Les électeurs, qui ont voté pour le CPR en 2011,  ont vraisemblablement octroyé   au parti de Béji Caïd Essebsi (BCE) les 22 sièges  qu’ils ont fait perdre  à cette formation. Les 30 sièges restants proviennent très probablement de la coalition partisane, Pôle démocratique moderniste (5 sièges), rebaptisée UPT, qui  n’a obtenu aucun siège, des indépendants (5 sièges), de  la pétition populaire (7 sièges) et d’une partie de l’électorat acquis à Ennahdha en 2011  pour avoir cru à la fable du parti musulman modéré et démocratique et qui a retrouvé toute sa lucidité politique (13 sièges sur la vingtaine perdue par ce parti).

A côté de l’électorat moderniste composé pour l’essentiel de couches moyennes cultivées et urbanisées,  l’électeur « moyen » situé dans le milieu de la répartition des revenus, qui n’a cure des subtilités politiques et idéologiques et dont les préoccupations ne sont pas celles de l’intelligentsia, ainsi que beaucoup  d’ hommes et de femmes du peuple ont voté pour Nidaa, convaincus que ce parti, qui a, à sa tête, un homme politique  charismatique et expérimenté (BCE), ne saurait les décevoir et  qu’il leur garantirait la sécurité et la croissance économique, synonymes d’une sortie de crise, d’un retour de la quiétude et de l’amélioration du pouvoir d’achat. C’est ce qui explique la large victoire de Nidaa dans des quartiers populaires et dans des circonscriptions, fiefs des nahdhaouis en 2011.

La présence de militants issus d’horizons divers  au sein de Nidaa, syndicalistes, hommes de gauche, indépendants, destouriens et rcdistes, ce qui en fait une mosaïque hétéroclite dans le paysage politique tunisien, nous rappelle que le parti de BCE est un rassemblement constitué en 2012  pour faire front face à un parti islamiste qui a montré à plusieurs reprises  sa volonté de faire de la charia la source de la législation et dans le but de réaliser sur l’échiquier politique  un équilibre des forces, à même de permettre l’alternance au pouvoir et d’amener le parti islamiste par la voie des élections à le quitter. L’appel au  recours systématique au vote utile et l’adhésion massive à cet appel sont très révélateurs de la phobie d’une grande partie des Tunisiens à l’égard de l’islam politique au point que le choix n’a pas été fait sur la base des programmes économiques et sociaux pratiquement semblables mais dans le but d’éloigner Ennahdha des affaires. Le programme économique et social de Nidaa a, aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un parti classé comme une formation libérale, une nette orientation socio-démocrate vraisemblablement inspirée par l’un des architectes de ce programme, Mahmoud Ben Romdhane, un ancien d’Attajdid. Mais cette tendance passée inaperçue auprès des Tunisiens et même négligée par la campagne des nidaistes  n’a, en aucune manière influé, sur le choix des électeurs, particulièrement sensibles au dénominateur commun partagé par les nidaistes, leur attachement au projet moderniste tunisien menacé par l’extrémisme religieux et particulièrement à sa dimension démocratique.

C’est ce qui explique, du reste, le naufrage des listes destouriennes, considérées  dans l’inconscient collectif des Tunisiens comme la réincarnation de la dictature  de Zaba ou du despotisme éclairé de Bourguiba. Sur ce chapitre les électeurs ont évité l’amalgame réducteur voire tendancieux entre nidaistes et rcdistes et  accordent un préjugé favorable à Béji Caïd Essebsi qu’ils distinguent des autres personnalités destouriennes parce qu’il a donné des gages de son respect de la démocratie pendant la période de la première transition et que son parti comprend des démocrates qui ont milité contre le despotisme sous le règne de Bourguiba et de Ben Ali. Nidaa ne doit  pas décevoir les électeurs qui lui ont fait confiance et se doit d’éviter tout ce qui peut compromettre le projet moderniste et démocratique et particulièrement les alliances contre nature. Les Tunisiens, qui l’ont propulsé à la première place en abusant du vote utile pour ne pas revivre le cauchemar des dernières années et qui ont sanctionné Ettakatol et le CPR en raison de leurs liaisons dangereuses et suspectes avec un parti pseudo-démocrate, ne le comprendraient pas.

Tout se passe comme si les Tunisiens avaient oublié que l’étincelle ayant déclenché la Révolution était l’immolation par le feu d’un marchand ambulant victime d’un système économique injuste et qu’ils mettaient, pour le moment, entre parenthèses la question économique et sociale, avec comme unique souci de sauver la demeure.

Si les clivages, gauche vs droite, socialisme ou social- démocratie vs libéralisme avaient été  pertinents à l’occasion des dernières élections législatives, le front populaire aurait réalisé de  bons scores dans les régions déshéritées et dans les circonscriptions où il y a une concentration ouvrière importante comme Ben Arous par exemple. Il est absent dans le sud du pays à l’exception du gouvernorat de Gafsa et peu présent dans les circonscriptions du Nord ouest.

Le front populaire et Al Massar: un succès et un échec relatifs, mais surtout une responsabilité historique

Il est, par conséquent, erroné de considérer que l’UPT avec Al Massar, son principal constituant ait été sanctionnée pour avoir mis entre parenthèses, voire perdu son identité de gauche en s’associant avec Nidaa. Il est vrai que le parti de Samir Taieb n’a pas mis en valeur durant la campagne électorale son programme économique et social, qu’il s’est employé surtout à parer, en vain, aux dangers du vote utile, qu’il a commis des erreurs fatales analysées lors de son dernier Conseil central mais ces carences n’ont pas été plus déterminantes dans son échec que le facteur du vote utile. Si le front populaire a en grande partie échappé à cet écueil, ce n’est pas grâce à son franc et solide ancrage à gauche mais parce qu’il s’est, comme force moderniste et progressiste, nettement  démarqué de Nidaa, et qu’il a pu convaincre la  frange des  électeurs persuadée que la victoire de Nidaa était synonyme d’un retour à l’Ancien régime qu’il était le porte-drapeau de la Révolution.

Il faut d’ailleurs relativiser ce qui apparaît comme la Bérézina pour Al Massar et une grande victoire du Front populaire, non pour minimiser la victoire de cette coalition partisane qu’il faut saluer, parce qu’elle permettra à la gauche d’être représentée au prochain parlement, ni pour atténuer l’amertume de la défaite chez les Massariens mais pour tirer les enseignements   du scrutin législatif et pour réfléchir sur les révisions nécessaires afin  d’améliorer la représentation de la gauche lors des prochaines élections municipales et régionales. Le Front populaire avec ses 124654 voix qui représentent 3.66% de l’électorat ne doit ses 15 sièges qu’au mode de scrutin proportionnel plurinominal aux plus forts restes .Il ne les a obtenus que grâce à ces  restes, ce qui montre tout l’intérêt de ce mode de scrutin pour la représentation des petits partis dans notre démocratie balbutiante. Mais  ce score est inférieur à la somme des voix obtenues par ses 11 composantes en 2011, soit 151 431 pour six sièges seulement. La coalition partisane dirigée par Hamma Hammami a perdu 26 777 voix mais a gagné neuf sièges de plus grâce à la concentration des votes qui évite leur perte et permet leur conversion en sièges. Ce recul au niveau des suffrages exprimés est, dans une très petite proportion, une  conséquence fâcheuse du vote utile (2667 voix).  Il est surtout  le résultat de la baisse, en 2014, du nombre de voix exprimées(1) . Il prouve que ni l’ancrage à gauche de la coalition partisane, ni l’abandon par l’une de ses composantes (Le Parti ouvrier communiste tunisien) du label communiste, inquiétant pour les Tunisiens, ne lui ont permis d’augmenter son score, preuve que ce sont d’autres paramètres qui ont déterminé le vote des Tunisiens et particulièrement la défense du projet moderniste et démocratique, farouchement soutenue par le Front populaire.

De ce point de vue, les frontistes ont la  responsabilité historique de ressusciter avec Nidaa le Front du Salut national à l’occasion de la constitution du futur gouvernement et les composantes de la mosaïque frontiste, aussi hétéroclite que celle de Nidaa, doivent surmonter les préjugés sectaires et s’entendre pour donner à la direction du Front national le feu vert pour une alliance gouvernementale avec Nidaa. Ce serait une décision en symbiose avec le sens de l’Histoire, au service de l’intérêt supérieur de la patrie et en parfaite adéquation avec la double exigence de la prochaine étape, d’abord celle de la consolidation de la république civile et démocratique qui vient de naître et où les Tunisiens seront des citoyens libres, ensuite celle de l’initiation d’un programme économique, social et culturel, à même de nous réconcilier avec les objectifs de la Révolution et avec les aspirations des jeunes à une société égalitaire et de développer chez ces derniers gagnés par le scepticisme  et chez une large frange de la population en âge de voter, désabusée par les erreurs et les errements  de la troïka, l’esprit citoyen grâce à une éducation citoyenne. Cette désaffection à l’égard de la politique  et de la chose publique révélée par le faible taux de participation des Tunisiens ayant le droit de vote est inquiétante. Sur les  8 millions d’électeurs potentiels, seuls un peu plus de 3 millions 500 mille votants ont participé au scrutin, ce qui donne un taux de 44%. Trop faible pour des élections censées être historiques ! Les pratiques frauduleuses observées et consignées dans les rapports des associations soucieuses de la transparence et de l’intégrité des élections sont autrement plus inquiétantes même si elles n’ont pas faussé le résultat des élections. Elles nécessitent une action en profondeur pour pallier ce mal qui risque dorénavant de compromettre  le processus démocratique. Le Front populaire, réputé pour sa rigueur intellectuelle et morale et l’intégrité de ses dirigeants et conforté par ses résultats encourageants peut jouer un rôle important dans cet assainissement des mœurs électorales et politiques.

Al Massar, dont les affinités réciproques avec le Front populaire et plusieurs de ces composantes sont un secret de polichinelle et, fort de sa stature et de son statut de parti incontournable sur l’échiquier politique tunisien, ne peut que s’associer à ce grand œuvre. Ses militants ne doivent pas percevoir l’échec de l’UPT aux législatives comme une hécatombe mais comme  un échec relatif. Contrairement à une méprise particulièrement  répandue chez les Massariens, Al Massar n’a pas été sanctionné par ses électeurs mais immolé avec l’UPT à l’autel du vote utile. Il n’a pas à rougir de ce revers mais être fier à l’idée que les électeurs, gagnés par la panique et succombant à une campagne savamment orchestrée pour le vote utile, ont fait leur mea culpa.  Le capital de sympathie dont jouissent les Massariens a été paradoxalement  renforcé à la suite de cette défaite imméritée. De larges franges de l’opinion se sont  souvenus qu’Al Massar avait eu une influence politique indéniable et qu’il avait été l’éminence grise des rapprochements et des avancées du camp démocrate dans la conquête de la démocratie et ils sont persuadés qu’il continuera à jouer ce rôle même s’il n’est pas dans le parlement. Ils ont regretté que ce travail titanesque n’ait pas été récompensé. Les candidats massariens et particulièrement les anciens constituants, qui ont excellé lors du mandat de la Constituante, apparaissent comme des pièces importantes  sacrifiées dans une partie d’échecs  à l’issue de laquelle  le joueur, en l’occurrence  Nidaa, n’a pas pu obtenir qu’une victoire étriquée qui ne lui permet pas d’avoir une majorité confortable dans la future assemblée du peuple . En rugby, on dit que les démocrates doivent transformer l’essai pour assurer une victoire plus convaincante du camp démocrate, à même de renforcer le caractère civil et démocratique de la seconde République, en constituant une alliance gouvernementale. Il faut espérer que  les prochaines présidentielles leur donneront les moyens de parvenir à cet objectif. La Tunisie des démocrates retient son souffle et appelle de tous ses vœux ce dénouement heureux.

Habib Mellakh

(1) Cette baisse de l’ordre de 15.92% réduit les suffrages accordés au Front populaire de 24107 et les ramène au niveau de 2011 puisqu’en cas de participation égale des électeurs aux scrutins de 2011 et de 2014, les frontistes auraient été accrédités en 2014 de 148767.

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4 Commentaires
Les Commentaires
adel manai - 18-11-2014 15:47

qui est ce qu'un etat moderniste?

Pupput - 18-11-2014 16:38

L'art de transformer une défaite (une débâcle) en victoire. Personne n'est plus aveugle que celui qui refuse de voir. Ôtez vos oeillères!

dr.zaiane - 19-11-2014 12:46

Mes compliments M.Mellakh,une bonne analyse,objective,assez complète et bien fondée.

Deladerriere - 29-11-2014 20:56

Merci de ce commentaire éclairant sur la vie politique tunisienne, sur les différentes composantes partisanes et les forces en présence, ainsi que sur les problématiques actuelles. Bon courage et bon succès à la Tunisie moderne et démocrate !

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