News - 09.12.2021

Le nouveau combat de Youssef Bouzakher: Sauver le Conseil supérieur de la magistrature

Le nouveau combat de Youssef Bouzakher: Sauver le Conseil supérieur de la magistrature

Présider le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), en ces temps de fortes turbulences que traverse la justice, n’est pas une sinécure. Depuis trois ans, Youssef Bouzakher s’y attelle de toute son énergie. D’abord en tant que président provisoire, élu par ses pairs le 11 octobre 2018, à la suite du départ à la retraite de Hédi Guediri, puis réélu pleinement en titre le 27 septembre 2019. S’il a été en première ligne pour ancrer le Conseil dans sa mission, confirmer son indépendance et déployer le plus largement possible ses ailes, Youssef Bouzakher se bat aujourd’hui avec ses coéquipiers pour préserver l’institution. La décision du président de la République instruisant la ministre de la Justice d’élaborer un décret-loi de refonte du Conseil suscite une profonde inquiétude.

Au troisième étage de ce cube emblématique, non loin de la place Pasteur, qui abrite depuis le 15 février 2019 le siège du Conseil, Youssef Bouzakher n’ignore pas la symbolique du lieu. Il s’agit des anciens locaux de Belhassen Trabelsi, confisqués en 2011... De quoi porter un message fort.

Depuis son enfance à Ghomrassen, à 16 km de Tataouine, au sein d’une fratrie de cinq enfants, Youssef Bouzakher rêvait d’une brillante carrière. Sans savoir précisément laquelle, il la pressentait dans le droit: avocat, magistrat... Aujourd’hui, à 49 ans (il est né le 16 décembre 1972), sa vocation s’accomplit. Bac en poche, il montera de son sud natal à Tunis pour s’inscrire à la faculté de Droit et des Sciences politiques. La maîtrise le conduira à l’Institut supérieur de la magistrature qui lui ouvrira la voie du ministère de la Justice.

Youssef Bouzakher obtiendra son affectation, en 2001, et sera nommé au tribunal de première instance de Bizerte. Rapidement, il rejoindra l’association des jeunes magistrats, ce qui donnera plus tard une orientation particulière à sa carrière. En 2004, il postulera au bureau exécutif, mais sera recalé. Sans la moindre amertume, il poursuivra son activisme au sein de l’association et se distinguera par ses positions contre les abus politiques. L’association se montre virulente et ses dirigeants ne tarderont pas à subir les foudres du pouvoir. Youssef Bouzakher sera muté à titre disciplinaire, en 2005, à Jendouba où il sera maintenu pendant trois ans. En 2008, il postulera à une autre charge, cochant les cases de tous les tribunaux de Tunisie. Sa hiérarchie en profitera pour l’envoyer à Tataouine... Il y restera cinq ans. Remplissant les conditions de promotion au deuxième grade, il plaidera sa cause, y accédera en 2011, et sera nommé en 2012 juge du Registre de commerce à Tunis.

La promulgation de la loi organique n° 2013-13 du 2 mai 2013, relative à la création d’une instance provisoire pour la supervision de la justice judiciaire, offre de nouvelles perspectives. Youssef Bouzakher se portera candidat. Avec succès. Le pli est pris.

Sa carrière sera marquée par sa mutation successivement au tribunal de première instance de l’Ariana en 2013, en tant que conseiller (chambre pénale), puis celle de Tunis en 2015, en qualité de vice-président, ainsi que sa promotion, en 2018, au troisième grade et sa désignation en tant que procureur général près la Cour de cassation.

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