News - 18.02.2017

Ouided Bouchamaoui : ‘’Les quatre vérités’’ que l’Utica n’hésite pas à dire

Ouided Bouchamaoui : ‘’Les quatre vérités’’ que l’Utica n’hésite pas à dire

Quand elle se lâche, la présidente de l’Utica, Ouided Bouchamaoui, co-lauréate du Prix Nobel de la Paix, ose dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. « Le gouvernement n'alerte pas suffisamment les Tunisiens quant à la dégradation de la situation économique dans le pays et les fortes tensions sur les finances publiques », dit-elle. «Si on avait appliqué l’esprit et le contenu du Pacte de Carthage, auquel nous avons beaucoup cru, on n'en serait pas là. C’est pourquoi, nous n’avons cessé d’appeler à en assurer un suivi rigoureux périodique pour s’assurer de la bonne mise en œuvre de ses dispositions », poursuit-elle. 

Commerce parallèle : « Il n’y a pas de volonté ferme pour prendre ce fléau à bras le corps et lui trouver des solutions radicales ».

Soutien financier de chefs d’entreprise à des partis politiques : « Ma position personnelle est de leur demander de s’en abstenir. L’entreprise doit rester à l’écart de tout engagement partisan».

Fiscalité : « Elle ne doit guère être conçue et vécue comme une sanction ».

« Faire entendre notre voix au Bardo »

Pour Ouided Bouchamaoui, la centrale patronale ne doit pas renoncer à son rôle d’avocat des syndicats qu’elle fédère et des intérêts de leurs adhérents. « Dans une vision globale, citoyenne et patriotique » s’empresse-t-elle de tempérer. Elle reconnaît que la voix de l’Utica n’est pas toujours suffisamment bien entendue et écoutée, surtout au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), tant en commissions qu’en plénière. « Nous devons songer à y être plus présents », dit-t-elle. De quelle manière ? En présentant lors du prochain suffrage en 2019 des lites Utica ? « Certainement pas, réfute Ouided Bouchamaoui. Mais, en encourageant un plus grand nombre parmi nos adhérents et nos dirigeants qui souhaitent s’y investir. »

Londres, Rome et Berlin

Entourée de ses principaux co-équipiers au sein du bureau exécutif, la présidente de l’Utica et co-lauréate du Prix Nobel de la Paix 2016, prenait un malin plaisir à rencontrer la presse, ce samedi matin. Elle venait juste de rentrer de Berlin où elle avait accompagné (ainsi que Hichem Elloumi) le chef du Gouvernement, Youssef Chahed, lors de sa visite officielle en Allemagne et multiplié les entretiens avec des parlementaires au Bundestag et les dirigeants des principales organisations économiques et financières. Une semaine auparavant, elle était à Londres pour des rencontres de haut niveau, alors que Samir Majoul accompagnait avec Slim Ghorbal le président Béji Caïd Essebsi, en visite d’Etat à Rome.
Lors du vol retour de Berlin, Bouchamaoui et Elloumi ont été invités par Chahed pour un entretien qu’ils avaient sollicité depuis début janvier dernier. Visiblement satisfaits de cette rencontre, ils y fondent de réels espoirs. Ils ont également profité de ce voyage (et du vol retour aussi), pour s’entretenir longuement avec le ministre de l’Industrie et du Commerce, Zied Ladhari.
Certes lessivée par tant de déplacements qu’elle est obligée d’enchaîner sans relâche, elle n’en perd pas moins sa verve, sa concentration sur l'essentiel et son franc-parler.

Premier tête-à-tête Bouchamaoui - Taboubi

La toute récente rencontre importante de la président de l’Utica, est celle qu’elle vient juste d’avoir, vendredi, avec son principal nouvel interlocuteur, Noureddine Taboubi, fraîchement élu à la tête de l’UGTT. ils ont convenu d’un tête-à-tête pour cette première approche. « Un premier contact est toujours très important, rapportera Bouchamaoui. Nous sommes toujours sur nos positions respectives. Mais, nous sommes persuadés que le négociateurs des deux centrales oeuvreront pour rapprocher les points de vue et aboutir aux accords souhaités ».

« Trop, c’est trop ! »

Khalil Ghariani, chargé des relations sociales, ne pouvait que l’approuver. Auparavant, Hichem Elloumi, premier vice-président avait rappelé les défis de plus en plus lourds qui s’exercent sur l’entreprise tunisienne. Nafaa Naifar, enfoncera le clou, en relayant les propos des investisseurs, surtout étrangers. « Trop c’est trop, lâchera-t-il. Les textes d’application du nouveau Code des Investissement tardent à paraître. L’exclusion des prestataires de services et fournisseurs de produits complémentaires, comme l’emballage, de la chaîne constituant un produit à l’export exonéré des taxes est in compréhensible. La contribution ‘’exceptionnelle’’ de 7.5% sur les bénéfices des entreprises, avec effet rétroactif sur l’exercice 2016, est très mal ressentie. Les nouvelles restrictions de fin décembre 2016, pour la récupération de la TVA à l’export, sont pénalisantes : exiger une attestation d’embarquement de la marchandise, devient lourd à supporter. Quand on exporte 3000 commandes par an et qu' on doit payer 50 D au transitaire et autant aux autres ‘‘facilitateurs’’, pour chaque attestation, on est déjà à 300.000 DT. Est-ce acceptable ? »
Même s’ils n'ont pas pris la parole, Samir Majoul, deuxième vice-président de l’Utica et Naceur Jeljli, membre du BE et président de la puissante fédération des Services, tout comme les directeurs centraux Ali Nakai et Maher Feki et les communicants, Adel Nakti et Mohamed Zeghal, acquièscent. « Ces débats, francs, sont très utiles», conclut Bouchamaoui.
 
Taoufik Habaieb
 
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