News - 10.11.2011

La Commission Abdelfettah Amor remet son rapport au Président Mebazaa: L'Instance de lutte contre la corruption est née, le décret-loi est signé

A peine a-t-il reçu ce jeudi matin des mains de M. Abdelfettah Amor, le rapport de la commission nationale d'investigation sur les affaires de corruption et de malversation (CICM), et en-a-t-il  félicité l’ensemble des membres, le Président de la République par Intérim que M. Foued Mebazaa a signé le décret-loi sur la lutte contre la corruption, portant notamment création d’une Instance Nationale Indépendante et permanente dédiée. Agréablement surpris par ce geste, les membres de la Commission, présents lors d’une cérémonie organisée  à Carthage, se sont tous levés pour l’applaudir du fond du cœur. « C’est là un acte historique qui établit pour la première une institution permanente ce qui nous rassure quant à la volonté de l’Etat d’éradiquer à jamais ce fléau et de mettre en place les mécanismes à même de s’en prémunir totalement », a déclaré, ému, M. Abdelfettah Amor a

Remettant le rapport de la commission au Chef de l’Etat, il a avait rappelé « les conditions difficiles de  suspicion, voire, parfois, d’intimidation et de menaces » qui avaient marqué le démarrage des travaux d’investigation, soulignant le soutien total trouvé, cependant, auprès du Président Mebazaa et du gouvernement. Au total, et dépit de la courte période impartie, plus de 5000 dossiers ont été instruits, aboutissant à la transmission à la justice de 320 dossiers, particulièrement significatifs, où sont impliquées près de 1200 personnes. Malgré tous ces efforts, pas moins de 5000 autres dossiers demeurent en souffrance. « J’espère vivement que cette mission d’investigation se poursuivra, a déclaré M. Amor, à travers l’Instance nationale proposée, et que la lutte contre la corruption soit constitutionnalisée, par une disposition spéciale  dans le nouveau texte qui sera élaboré, s’agissant d’un fléau récurrent auquel il va falloir s’opposer fermement ».

La réponse n’a pas tardé. Après avoir adressé ses félicitations aux membres de la commission et à son président pour l’œuvre accomplie, le Président Mebazaa a relevé qu’il s’agit-là du traitement « d’un dossier des plus complexes, difficile et à grand impact auprès de l’opinion publique ». «L’Etat, a-t-il ajouté, a mis en place les mécanismes pour poursuivre tous ceux qui ont abusé des biens publics et de la loi, afin que justice passe  et permettre ainsi d'asseoir la réconciliation nationale, sur des bases solides, loin de toute rancune.»

Après avoir rappelé la mise à la disposition de la Commission de tous les éléments nécessaires et en la dotant des pouvoirs appropriés, il a affirmé que «l’histoire retiendra les efforts généreux déployés, tout en acceptant les critiques, non seulement en faisant montre de patience et de persévérance, mais aussi et surtout, en évitant les dérapages de la revanche et s’éloignant de tout favoritisme, garantissant ainsi le droit à un jugement équitable pour tous ceux qui s’en trouveraient impliqués». Pour le Président de la république par interim, le rapport de la commission, outre son importance historique, constitue un document de référence  qui confirme que la lutte contre la corruption et les malversations doit être érigée parmi les fondamentaux de l’Etat et instituée de façon pérenne pour en faire à l’avenir un facteur d’immunisation efficace. 

A l’issue de son adresse, le Président Mbazaa a signé le décret-loi et tenu à saluer un à un les membres de la commission, avant de les inviter à une réception offerte en leur honneur. A noter que cette commission est formée de 46 membres, tous bénévoles. Ils se répartissent en 14 membres de la commission générale, 13 membres du groupe de travail technique et 20 auditeurs, contrôleurs et vérificateurs, issus des grands corps de l’Etat.
 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
11 Commentaires
Les Commentaires
Taieb ourari - 10-11-2011 21:40

La lutte contre la corruption nécessite tout un arsenal,mais gouverner c'est prévoir et prévenir vaut mieux que guérir.Des changements profonds doivent être entrepris afin de minimiser le risque de dérapage:"penser le changement c'est mieux que de changer le pansement"!Vivement la bonne gouvernance à tous les nivaux.

bouda - 10-11-2011 22:11

L'histoire nous epargne ce travail grandiose,mais qui reste vraiment pour nos enfants c'est l'pplication de la loi contre qui a ose usurpe de la moindre source pour un tunisien,et c'est pour ca qu'on est arrive a cette situation economique,ainsi un record alarmant de chomeurs j'espere que ce livre ne soit pas lu comme une langue etrangere. vive la tubnise

Abdelaziz Khemakhem - 11-11-2011 10:46

Je tiens à féliciter les membres de cette commission pour le travail colossal qu'il ont effectué. Les enquêtes de ce genre ne sont pas du tout faciles. La corruption a ses méthodes et ses ramifications qu'il faut suivre, comprendre et "déchiqueter" petit à petit pour dévoiler la vérité. C'est ainsi que La lutte contre la corruption doit être considérée comme un processus permanent (et non une simple action limitée dans le temps). Le décret-loi sur la lutte contre la corruption que vient de signer Mr le président de la république va dans ce sens. Cependant le rôle du citoyen est primordial pour dénoncer les tentatives de malversations ou de mauvaise gestion, car la corruption commence toujours petite et grandit rapidement, par des petites choses parfois insignifiantes et anodines pour certains. C'est la notion du citoyen contôleur, vigilant et averti qu'il faut cultiver et développer. N'est ce pas là de la bonne gouvernance tant réclamée par les peuples et encourager par les instances internationales ?

ledoré-bhiri - 11-11-2011 13:10

je ne peux être qu'être ravie pour cette démarche démocratique et juste,je remercie ceux qui ont contribué à mettre sur pied cette commission et je remercie mr le président foued mebazaa pour son approbation et sa signature de ce décret-loi qui ratifié j'espère et mis en vigueur le plus tôt possible!

Anissa - 11-11-2011 14:08

Il faut que le tribunal applique une punition sévère à tous ceux qui ont osé participer de près ou de loin à cette corruption totale qui a touché à tous les domaines de notre pays. Ainsi s'arrêtera peut être la fuite en avant de ces personnes qui se prennent pour des responsables de l'Etat mais qui n'ont fait que de la détruire et de laisser un peuple choqué.

khlifi - 11-11-2011 15:14

Remettant le rapport de la commission au Chef de l’Etat, il a avait rappelé « les conditions difficiles de suspicion, voire, parfois, d’intimidation et de menaces » qui avaient marqué le démarrage des travaux d’investigation.Nous nous rappelons tout de cela et nous le regrettons amèrement bien nous ne soyons pas parmi ceux-la.Merci pour le Président de la République et de son équipe pour avoir pris un décret-loi instituant la lutte contre le fléau de la corruption et de montrer son dévouement envers la patrie alors qu'il est à deux doigts de la sortie.Merci pour la commission pour le travail accompli.Souhaitons que ceux qui prendront la suite seront au moins aussi diligents.

Assayeda - 12-11-2011 05:15

quelcun va rappeler au president par inerim Mbazzaa de mettre le rapport en ligne pour que les citoyens puissent prendre connaissance de son contenu, comme le voudrait la transparence du gouvernment qui doit etre au service du peuple.

chokri hentati - 12-11-2011 10:13

je suis, comme tout tunisien je pense, content de ce qui a été fait et va se poursuivre car j'ai vu à la télé les auteurs du travail parler avec pertinence, patience et amour pour tout ce qu'il ont pu faire et ce les attend. vraiment ils ont eu la grand mérite de persévérer dans cette tâche. il ne faut pas oublier que lorsqu'on a vu quelques images lors de la découverte des trésors de carthage et maison sidi dhrif le peuple a crié aux voleur et que la montre vaut 50 000 dollars et ...... maintenant ayant ce document qui n'a pas de valeur financière mais administrative, historique et qui renferme beaucoup de leçon pour les tunisiens, je me pose une question qui m'ai venue toujours en tête: ces imbéciles de ben ali et trabelsi et leurs aliés ne sont pas aussi intelligents pour faire tout ce qu'ils ont pu faire. à leur côté il y a des groupes de travail pour les conseiller et leurs proposer les divers moyens et méthodes de stipuler et trafiquer tout en bénéficiant à leurs tours de bénéfices (je citerai bien les experts, les avocats, les juges, les hommes d'affaires, les autorités locales et natioanles, ...) vont être recherché ou non et s'ils seront entendus sur leurs biens récupérés en servant la famille ex présidentielle. la liste sera longue car les lèches-queues sont trop nombreux

patriote - 12-11-2011 20:09

En entendant les experts commenter leur travail salutaire et grandiose et quand on sait que les montages ont été bien ficelés on ne peut que s'incliner devant leur travail.Notre pays a essuyé de nombreux hold-up de ce genre ,qui ont à chaque fois mis le pays à jenoux,mais cette fois-ci le départ était précipité et les malfras n'ont pu faire disparaitre leurs preuves et qu'on puisse mesurer aujoud'hui la gravité de leur action . Il faut que des garantis soient incrites dans la nouvelles constitution pour que le fruit du travail du citoyen ne soit plus subtilisé et qu'il soit réinvesti pour son bien et non pour le profit d'une poignée d'individus infames .

Dr.zaiane - 13-11-2011 02:01

Un grand pas vers l'etat de Droit,base solide de la Démocratie.Avec cette loi et cette institution,les biens et les droits publics seront dorénavant assurés et protégés contre les usurpateurs et les escrocs mafieux.

Fathallah - 14-11-2011 18:50

C'est la première grande réalisation de la Révolution. Il ne suffit pas de se plaindre de la corruption, mais il faut bien la combattre et l'éradiquer de notre système politique et administratif....Maintenant, il faut attendre la suite qui serait réservé à ce rapport puisqu'il ne vaut pas par son élaboration, bien qu'elle soit importante, mais par son application. A mon avis, la Réconciliation Nationale souhaitée passe obligatoirement par le jugement de ceux et celles qui ont aidé ou participé à la promotion de la Corruption, à tel point, qu'elle est devenue pratiquement la règle. Pratiquement, on s'est moqué de celui qui voulait voir son dossier aboutir selon les lois et règlements en vigueur et refusent de payer quelque chose. De plus, tout le monde a fini par croire que tout le monde est corrompu et on s'étonne comment quelqu'un a réussi à régler son problème sans qu'on lui demande quelque chose. Bien entendu, le Gouvernement qui tarde à voir le jour aura pas mal de priorités, mais personnellement, je continuerais à croire que le dossier de la corruption constitue la priorité des priorités, autrement la majorité des tunisiens continueront à croire que Rien n'a changé.

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.