News - 11.10.2017

Sihem Bouzgarou: Wassila Ben Ammar a-t-elle dérobé les bijoux de la famille beylicale ?

Wassila Ben Ammar a-t-elle dérobé les bijoux de la famille beylicale?

Depuis plus d’une semaine, après la diffusion d’une interview de Salwa Bey, cette question ne cesse de diviser les Tunisiens et a soulevé un tollé général. Certains, émus par le chagrin de la descendante de Lamine Bey, dernier «possesseur du Royaume de Tunis», se sont empressés de cautionner sa version et de porter des accusations contre Bourguiba et sa seconde épouse. Tout en profitant, par la même occasion, de jeter le discrédit sur le régime républicain, sur les artisans de la première République, sur le Mouvement national surtout sur ce qu’ils appellent «la pseudo-indépendance». D’autres, que ces chants de sirène n’ont pas fait dévier de leur voie, ni de leurs choix, se sont attelés à la tâche de défendre leur idole, bec et ongles, et de justifier ses actions, parfois exagérément. De fait, les pages Facebook se sont transformées en une arène où chacun des deux camps assène contre l’autre des accusations, parfois justifiées et d’autres fois erronées.

Mais les questions qui me taraudent l’esprit, dans cette cacophonie assourdissante, sont: Qui a tort et qui a raison ? Wassila Ben Ammar a-t-elle réellement dérobé les bijoux de la famille beylicale?
Personnellement, je ne suis pas qualifiée pour répondre à ces interrogations, somme toute, légitimes. Seuls des historiens chevronnés, honnêtes et objectifs sont en mesure d’apporter leur éclairage à cette période historique dense de la Tunisie Post-indépendance, pour éclairer la lanterne de tous les citoyens tunisiens.

Cependant, ce qui a retenu mon attention, dans cette affaire, ce sont les contradictions qui ont émaillé le témoignage des deux invités.

D’abord, comment peut-on porter des accusations aussi désinvoltes, sous peine d’être accusés de diffamation, quand on n’a pas de preuves probantes? Par ailleurs, comment peut-on parler de vol, puis reconnaître explicitement qu’un inventaire des bijoux a été effectué en 1992, alors que Wassila Ben Ammar a quitté les sphères du pouvoir, depuis plus de cinq ans? Comment peut-on parler de vol quand l’époux de Madame Salwa Bey dit clairement que Wassila Ben Ammar empruntait périodiquement certaines pièces qu’elle arborait, pour certaines cérémonies et les rendait immanquablement, non sans oublier de consigner les dates dans un registre destiné à cet effet ?

En outre, et si j’ai bien compris, les Beys jouissaient d’une fortune inestimable, si, dans les années 1950, leurs bijoux valaient deux cents milliards (sic.), montant qui, je suppose, équivalait au budget d’un État! Pourquoi donc Sadok Bey n’a pas contribué à éponger les dettes faramineuses contractées par lui-même  et ses prédécesseurs, au lieu de se soumettre et de signer le traité du Bardo, ayant institué le Protectorat français ? À ma connaissance, les vieilles familles tunisoises accumulent les bijoux en or, pour pouvoir faire face à des revers de fortune! Non, lui et sa famille ont préféré les planquer dans un lieu sûr, en attendant des jours meilleurs ! D’ailleurs, ses descendants n’ont-ils pas agi de même quand ils ont senti le vent tourner et que les prémices de la fin du règne se sont annoncées ? De l’aveu même de Monsieur Kchouk, époux de la petite-fille de Lamine Bey, certains membres de la famille se sont ingéniés à dissimuler leurs bijoux dans des cachettes des plus insolites : le fond d’un primus, les entrailles d’un piano…!

De plus, une question m’intrigue: D’où proviennent les photos et les vidéos en couleurs que nous avons pu voir lors de cette émission, Wassila Ben Ammar n’a-t-elle pas dérobé les bijoux des Beys?
Toutes ces questions demeureront sans réponses tant que nous ne comprendrons pas pourquoi la chaîne de télévision privée El Hiwar Ettounsi a cru bon de diffuser ce reportage controversé!
Pour finir, j’aimerais faire un petit rappel historique : Quatre ans après la prise de la Bastille et la Révolution française, en janvier 1793, le Roi Louis XVI a été guillotiné, enterré dans une fosse commune et recouvert de chaux, tout comme son épouse, La Reine Marie-Antoinette, le 16 octobre de la même année. Le 17 juillet 1918, Nicolas II et toute sa famille ont été assassinés par les Bolcheviks. En juillet 1958, le Roi Faycel II d’Irak, son oncle, sa mère, ses deux sœurs et quelques fidèles ont été exécutés, sans aucune autre forme de procès, et leurs cadavres profanés ! Le Sultan Mehmed VI et le Calife Abdülmecid II sont, quant à eux, contraints à l’exil, après l’abolition respectivement, du Sultanat et du califat, et leurs familles, condamnées à l’errance.

Je tiens à affirmer que je ne cautionne pas du tout cette barbarie ni cette cruauté, que je ne cherche pas à justifier l’injustifiable, mais seulement à indiquer, qu’à cette époque, voici les pratiques qui étaient dans l’air du temps. Par ailleurs, il ne s’agit pas de juger le passé à l’aune du présent, alors que les mentalités ont bien évolué et se sont imprégnées des principes des droits de l’homme!

Sihem Bouzgarou



 

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6 Commentaires
Les Commentaires
عبد اللطيف الفراتي - 12-10-2017 12:07

أتساءل : لماذا لم يسأل أحد السيد إدريس قيقة ومن جاء معه من الأمن الذي وقعت تونسته لإحصاء مجوهرات البايات حينئذ باعتبار ما عرف وقتها وما لا زلت أذكره من الذاكرة حيث راج وقتها.

Mouloud Jedid - 12-10-2017 13:02

Personne ne détient la vérité. Il est certain que des bijoux ont été dérobés . Quand ? Comment ? Par qui ? these are the questions ... !!! Ce qui m'a dérangé le plus , c'est que Mme Salwa Kchouk a jugé utile de préciser au tout début , qu'elle portait des bijoux à ... 2d500/gr , (et ce n'est pas la première fois qu'elle le fait à la télé ) alors que la situation financière actuelle de Lella Salwa -- et c'est tout à son honneur et grâce aux efforts du couple Kchouk depuis des decennies -- lui permet de se parer de bijoux plus chers.

Talha Husseini Bey - 12-10-2017 13:28

À l’attention de Madame Sihem Bouzgarou, Chère Madame, En lisant votre article je ne peux pas m’empêcher d’y lire en filigrane que vous défendez feu Habib Bourguiba et par ricochet feu Wassila. C’est légitime vu votre lien de parenté avec feu Bourguiba. Certes nos preuves sont minces mais nous demeurons convaincu que les bijoux de notre famille ne sont plus là où il auraient du être en dépôt à la BC ou à la trésorerie générale ou en autre lieu. Wassila a emprunté des bijoux et a remplacé les pierres véritables par de fausses pierres et elle les a remis d’ou elle les a empruntés contre décharge. Un fait est sur, l’état n’a jamais été en mesure de prouver que ces bijoux de famille ,d’une valeur importante ,sont bel et bien disponibles et pourraient être visités. Les cas de cache avancés par Mr Kchouk, époux de la sœur Saloua, sont dérisoires par rapport à la totalité des bijoux disparus ? Quant aux cas de roi et reines exécutés à une époque si lointaine, les Beys n’en déplaise à certains, ont pu échapper à leur exécution physique mais ont assisté durant le règne de Bourguiba à leur exécution sociale. Pour l’histoire, Bourguiba n’avait pas autorisé Lamine Bey à assister à l’enterrement de son épouse morte suite aux graves coups reçus au ministère de l’intérieur de l’époque. Lamine fut enterré en 1962 dans le plus strict anonymat.

Bahri mondher - 12-10-2017 19:28

Bonsoir Mme Bouzgarrou il ne faut être sorcier pour deviner que vous êtes de Monastir et donc adepte de Bourguiba tout ce que je peux vous c'est ce que je suis le petit fils de Lamine Bey mon père était directeur du Protocole du Sidi Lamine Bey et a été incarcéré de juillet 1957 à Avril 1958 la DST voulait à tout prix que mon père son gendre témoigne contre lui pour que Bourguiba puisse le guillotiner à Bab Souika donc vous n'étiez pas très loin de Louis XVI ou de Nicolas 2 mais a 50 ans de différence.

BEY Dady - 13-10-2017 19:10

Arrêtez les polémiques inutiles , et les comparaisons idiotes . La Tunisie comme tous les pays sous développés a été colonisée c une décision internationale qui dépasse les Tunisiens . Le traité du Bardo signé par Sadok Bey a juste permis d’assouplir les conditions d’une colonisation sauvage pour le peuple , et garder des symboles d’une certaine autonomie . Pareil pour l’independance ,sous l’influance Des nouvelles grande puissances libérer tous les peuples ,pour diminuer l’influance Des anciens empires européens. Chacun a écrit son histoire à sa manière . Ce qui est certain c que beaucoup de vrai patriotes sont morts pour libérer leur pays.et c le plus important ,allah yarhamhom nos martyrs .

Khlil Mestiri - 14-10-2017 19:55

Pour le petit rappel historique, concernant les exactions et assassinats cités, du Roi Louis XVI, de la Reine Marie-Antoinette, de Nicolas II, le Roi Faycel II d’Irak, le Sultan Mehmed VI et Calife Abdülmecid II.. Je tiens à préciser que tous ces exemples sont des révolutions et c'est tout à fait normal qu'ils ont fini de la sorte..quand il s'agit d'une révolution populaire, meme Ben Ali et sa famille auraient été tués s'ils n'avaient pas quitté le pays à temps.. Quant au sort des Beys, si ils ont échappé à ces pratiques qui étaient dans l'air du temps, ce n'est pas grace à l'amabilité de Bourguiba qui leur a évité une fin mortelle, mais c'est parce que le peuple tunisien n'avait rien contre la famille beylicale et ne l'a haïssaient pas et il n'y avait pas de revanche à prendre, ce qui s'est passé en 1957 est un coup d'Etat et non pas une révolution du peuple.. C'est pour cette raison que la famille Husseinite s'en ai bien sorti par rapport aux autres familles régnantes du monde..

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