News - 25.08.2017

Le Rapport Hakim El Karoui pour l'Institut Montaigne : Quelle nouvelle politique arabe pour la France ?

Quelle nouvelle politique arabe pour la France ?

« Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France », le rapport de Hakim El Karoui publié par l’Institut Montaigne en août dernier est riche en analyses et propositions pertinentes. Benchmark des stratégies déployées par les grandes puissances dans la région et comparaison à celles de la France et proposition d’un « ensemble de pistes de discours et d’actions, en raisonnant par échelles (du plus global au plus local) ». Le plus apporté est la conception d’un modèle d’analyse du degré d’avancement de la transformation sociale des sociétés de la région. « Cela nous permet, écrit El Karoui, en tenant compte des réalités économiques et politiques nationales, de mesurer la stabilité des différents pays, tout en racontant la vraie histoire des mondes arabe, turc et iranien contemporains. Ce pays ne connaissant pas une grande régression sociale comme le disent les islamistes et maints commentateurs, mais au contraire une dynamique très forte de modernisation.

En quatre chapitres, le rapport met en lumière ces « deux mondes qui s’interpénètrent et s’influencent », analyse « la‘’grande transformation’’ des sociétés arabes et moyen-orientales » et s’emploie « à la recherche d’une « stratégie arabe » de la France, avant d’esquisser les contours d’un « néo-réalisme français dans la politique arabe etmoyen-orientale ».

Normalien, agrégé de géographie, et ancienne plume de J.P Raffarin à Matignon, avec un passage à Bercy et à la Banque Rotschild, Hakim El Karoui est particulièrement doué pour ce genre d’exercice. Sous son habituelle plume alerte et raffinée, il nous livre en 200 pages d’agréable lecture, une analyse aussi dense que fine. Le document est enrichi par un cahier de données statistiques instructives. Pour l’élaboration de son rapport, El Karoui a bénéficié du concours et témoignage de personnalités significatives. Il s’est également entouré, pour la conduite des recherches d’une équipe restreinte, bien efficace, comptant parmi elle notamment un jeune tunisien prometteur Anis Marrakchi (X-2014, administrateur de l’INSEE), tous mentionnés dans les remerciements.

Le rapport abouti à des propositions claires:

  1. La France doit reconnaître son imbrication avec le monde arabe et définir une nouvelle stratégie pour la région, fondée sur une approche réaliste et sur un objectif de stabilité, afin de réduire les risques majeurs induits par la transformation rapide de ces pays
  2. La France doit lutter efficacement contre l’exportation du salafisme et de l’islamisme dans la région et au-delà. Pour cela, elle doit adopter une position claire concernant l’islam politique, construire des alternatives en France, porter ce discours sur la scène européenne et mondiale afin d’inciter les pays concernés à cesser la propagation de cette idéologie.
  3. La France et l’UE doivent se donner les moyens de répondre dès à présent aux crises migratoires présentes et à venir, et intégrer cette dimension fondamentale dans la politique étrangère qu’elles développent avec les pays de la région. Avec le Maghreb, il faut adopter une politique de cogestion de ces enjeux au sein du Dialogue 5+5.
  4. La France doit adopter une politique étrangère équilibrée entre les monarchies du Golfe et l’Iran – en ne valorisant aucune puissance plus qu’une autre – et jouer un rôle de médiateur dans le conflit opposant Riyad et Téhéran.
  5. La France doit faire évoluer sa politique avec les pays suivants : Liban, Syrie, Israël, Egypte et Turquie.

Tunisie: Un certain optimisme

La partie consacrée à la Tunisie dans ce rapport est intéressante à lire.« La démocratie tunisienne est fragile, mais un certain optimisme doit contrebalancer les discours tout faits de nostalgiques de l’ancien régime qui annoncent le chaos si un dictateur ne revient pas rapidement », écrit Hakim El Karoui. Extraits:

« À partir de 2013, la Tunisie est restée le seul pays ayant achevé avec succèssa transition politique. La célébration de sa jeune démocratie constitue un outilfédérateur majeur de la population tunisienne autour de ses nouvelles institutionset de sa nouvelle Constitution, qui reconnaît notamment l’égalité entre les hommeset les femmes (mais qui n’interdit toujours pas l’inégalité devant les héritages entreles hommes et les femmes). La démocratie tunisienne a par ailleurs fait preuve desa vitalité et de sa maturité en intégrant notamment les islamistes d’Ennahdha dansle jeu démocratique, permettant ainsi de dépasser la traditionnelle ligne de fractureentre laïcs (autoritaires ou non) et islamistes. Ce compromis est le fruit de la crise del’été 2013 au cours de laquelle les deux camps faillirent avoir recours à la violencepour dépasser un blocage politique.

L’enjeu économique et sécuritaire est un défi majeur pour le gouvernement tunisien.

Les attentats terroristes commis dans le pays, la menace du retour des djihadistestunisiens (premier contingent de combattants étrangers en Irak et en Syrie) et lerisque d’une contagion progressive du chaos libyen à la Tunisie soumettent enoutre le gouvernement à une forte pression populaire et l’exposent à la tentation du« tout sécuritaire ». Au problème de sécurité se sont ajoutés les dysfonctionnementséconomiques, de même que le haut niveau de corruption, qui provoquent uncertain découragement et une désaffection citoyenne envers la politique, symbolisésnotamment par le faible taux de participation lors des élections présidentielles de2014.

Malgré les difficultés, le nouveau gouvernement tunisien a décidé de s’attaquer àla corruption en emprisonnant quelques-uns des « barons » des différents trafics,souvent liés au chaos libyen. C’est important à double titre : pour faire baisser leniveau de prédation général qui affecte le bon fonctionnement de l’économie, maisaussi pour montrer que l’État a encore une autorité qu’il faut respecter. Derrière cettenécessaire réalité, le pouvoir tunisien doit montrer que la politique peut améliorer lavie quotidienne des citoyens. »


 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Touhami - 25-08-2017 23:50

Nous devons travailler pour un monde multiforme politiquement et culturellement, un monde multipolaire. C´est le chemin le plus court, car il permet á tous les pays d´ être des acteurs, au lieu de confier cette tâche á des anciennement puissances comme la france. La France est bien dans l`union europeenne: il n´ya que l´EU pour Europe et le "Brexit" et le retour au espoirs colonialistes, ce qui revient au même. Jules Ferry l´a compris déjà. Essayons de poser ces questions aux pays arabes et en tirer les conséquences. La Tunisie doit s´engager dans plus de liberté et de justice i compris l´égalité entre les hommes et les femmes: seulement il ne faut pas y reste dans les années 70 quand le féminisme a commencé. Aujourd´hui la question n´est plus sociale ou économique mais touche á le "vivre ensemble" ente l´homme et la femme en Europe. Plus de la moitié des femmes est "single" c´est á dire elles vivent seules et encore plus de la moitié divorce. Le problème atteint ces limites au point que des hommes en Europe disent au femmes qu´elles haissent les hommes. Moi je denote un aspect de mode dans ce mouvement feministe. c´est á dire qui ne resiste pas á une étude scientifique. Mai ce phénomène est-il irreversible en Europe? moi je ne le crois pas.

malibouhadiba - 26-08-2017 09:19

il n y a plus de monde arabe.il y a des pays tous differents et qui ne s entendent pas.Il est reste au stade de De Gaulle le rapporteur de l institut monteigne ,les choses ont change

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