News - 08.01.2014

Samy Ghorbal: Constitution, arabisation de l'enseignement et raidissement identitaire

Mardi soir, sur Nessma, Yadh Ben Achour s'est insurgé contre un amendement à l'article 38 sur le droit à l'enseignement, amendement qui vient d'être voté et qui vise "à enraciner l'identité arabo-islamique dans l'enseignement, et à généraliser l'arabisation". Vous trouverez le lien vers la vidéo sur Businessnews. Ben Achour a parlé de journée noire pour la Tunisie. Difficile de lui donner tort. C'est un signe de plus du raidissement identitaire, perceptible, en réalité, depuis des années, initié sous Ben Ali et aggravé sous Ennahda. Nous avançons sur un terrain miné, radioactif. C'est même presque un miracle que la question linguistique n'ai pas été posée avant. Je partage avec vous ces quelques lignes, en forme de pressentiment, écrites en novembre 2011, publiées en janvier 2012, dans mon premier livre, qui témoignaient de mes craintes. Et qui d'une certaine manière peuvent résumer aussi la dramaturgie qui s'écrit au palais du Bardo. Je vous laisse juger de la pertinence de cet extrait, et en particulier de sa dernière phrase.
 
" L’acquis de la révolution est triple : le rejet de la dictature, l’attachement à la liberté, sous toutes ses formes, notamment la liberté d’expression, et l’affirmation des droits et de la véritable souveraineté du peuple. A ce triple acquis, il conviendrait d’ajouter ceux de la sécularisation bourguibienne : le caractère séculier de l’Etat, c’est-à-dire l’article 1er, et les droits de la femme, c’est-à-dire le Code du Statut Personnel. Le reste, tout le reste, sera matière à débat. Et risque de nous déchirer. Nous citerons, pour mémoire, car la liste n’est malheureusement pas exhaustive : l’articulation concrète entre la politique et la religion ; la conception du rôle de l’Etat, un Etat neutre, impartial, garant des libertés individuelles, ou un Etat gardien de l’ordre moral et « garant » de l’identité ; la place et le rôle de la femme dans la société ; la langue, et en particulier le statut la langue française dans l’enseignement…" -
 
Orphelins de Bourguiba & Héritiers du Prophète, pages 29 et 30 (Cérès éditions, janvier 2012).
 
Le site officiel du livre : www.lidee-rouge.com
 

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8 Commentaires
Les Commentaires
l'exile - 08-01-2014 11:14

En tant que cadre pedagogique a la retraite, je suis desole de voir l'ANC compromettre l'avenir l'education qui est censee par definition permettre l'ouverture de l'esprit et l'epanouissement de l'etre, et ce par un agenda politicien manipulateur et anachronique fonde sur la mauvaise foi, l'illusion et le mensonge sur une histoire et un heritage arabo-musulman mille fois falsifies et manipules a travers les siecles par des dictateurs et des zeles en tous genres. Combien de fois devront les Tunisiens se justifier par rapport a une identite voulue reduite, exclusiviste et imposee par l'intimidation et le passage en force juridique. Et quel prix vont payer les generations futures par ce verrouillage de l'esprit, et le blocage de la mission de l'education. J'imagine bien la guerre larvee et meme ouverte qui va ronger les institutions de l'education au niveau des programmes et la gestion de la vie scolaire. Le spectacle que je crains ne fera que faire exploser l'ecole par le fait qu'elle va devenir un champs de bataille sans merci. On connait deja les ravages causes par une arabisation populiste, irreflechie depuis l'epoque de Mzali. Nos eleves aujourd'hui ne maitrisent aucune langue, y compris l'arabe considere fallacieusement langue maternelle. Les adultes intoxiques par des ideologies integristes et excessivement identitaires n'ont pas le droit de prendre en otages les jeunes generations et les enfermer dans des carcans meurtriers. En conclusion, si la chariaa a ete d'une certaine maniere ecartee de la constitution, l'article 38 n'est que le signal de sa reintroduction a terme. Je crains qu'a force de vouloir imposer par la force une identite qui s'apparente tordue et a desseins autoritaires dans le but de mettre la main sur la societe, elle risque d'etre rejetee avec ses promoteurs. A cause justement d'une overdose. Il est imperatif de se mobiliser pour sauver l'ecole et l'avenir de la societe. Cet article tel qu'il est ne doit pas passer. C'est un projet de guerre civile.

karim - 08-01-2014 13:30

Que vient faire l'enracinement de l'identité arabo-islamique dans l'enseignement ? Et pourquoi faire ? L’école doit être un lieu de savoir et d'ouverture aux connaissances, à l’abri de tout dogme et influence de quel bord qu'il soit, pourquoi sans cesse ramener la religion dans ce type de débat qui définit l'avenir de nos enfants ? Encore une lubie de plus qui enfoncera définitivement dans les ténèbres déjà quelle niveau de l'enseignement est catastrophique !

baccouche - 08-01-2014 18:13

Tout est dit Sami ; je ne cesse de le dire encore et toujours . Vous avez bien résumé le sujet .

farid ammar - 08-01-2014 18:28

nous sommes arabes et musulmans et surtout tunisiens..jusqu'à octobre 2011 le tunisien dans le monde etait considéré comme qq'un d'ouvert d'esprit intelligent et cultivé l'article 38 est le reflet d'une catégorie de personnes qui mélangent tout qui n'ont pas encore compris l'esprit du 14 janvier 2011 et surtout qu'ils ne sont pas conscients que cet article est anti-progrès donc régression et le retour vers une époque d'ignorance la jahilia...BOURGUIBA DOIT SE RETOURNER DANS SA TOMBE...DOMMAGE...QUE L'ARTICLE 38 SOIT VOTE...

el khlifi mokhtar - 08-01-2014 19:58

Agissons pour que l'article 38 inclut également une ouverture sur les langues etrangéres et particuliérement l'anglais.

amine slim - 09-01-2014 11:14

Effectivement, la question de fond reste posée: que voulons-nous faire de notre Tunisie après la "révolution" , révolution des mentalités, révolution des esprits , révolution des conditions de travail? En fait, la Tunisie dans son historique a toujours été un "melting pot" de civilisations qui nous sont passées dessus , certaine greffes ont pris , d'autres ont été rejetées. La Tunisie doit -elle être "occidentale" , "orientale" "méditerraneènne" ? il n'y aura jamais de réponse définitive à cette question, déjà bourguiba et salah ben youssef se sont opposés sur cette question sans s'entendre et on sait comment cela a fini, si on veut une Tunisie à fonctionnement démocratique , seul le référendum populaire permet l'accord au plus haut niveau cela est l'expression pure d'une démocratie !bien sûr on peut acheter les voix, mais quel pays ne le fait pas (à travers les partis qui imposent leur mode de vue même si des personnes qui en font parie ne sont pas d'accord) donc, si des articles de la constitution sont jugés dangereux pour la liberté d'expression ou du travail, il suffit de voter non à la promulgation de cette constitution lors du référendum, et c'est aux partis dit "d'opposition" d'éclairer le peuple afin qu'il juge en son âme et conscience, car à ce train là, nous n'aurons ni nouveau gouvernement , ni constitution avant la fin du monde!

berger - 09-01-2014 13:12

On peut argumanter pour et pas tout à fait pour la connaissance de plusieurs langues. Les Américains ne parlent que l´anglais. Le president Mao en son temps s´est prononcé pour le maintien des carctères de l´ecriture chinoise, sachant bien qu´il est dificile à un étranger de l´apprendre, mais on l´apprend quand meme aujourd´hui un peut partout dans le monde. C´est vrai cependant que les langues sont différemment très riches de representations. Mais comme on voit tout est possible et le monde marche quand meme, c´est une question de moyens maís de volonté aussi. La langue nationale a toujours la priorité c´est comme ca , c´est comme le nom que chacun porte, c´est necessaire.

berger - 09-01-2014 23:29

Le revolution et Bourguiba; c´est ainsi qu´on aurait titre l article. Je garantie que personne ou Presque n´avait pensé à Bourguiba pendant la revolution , serait-il lui d´accord de faire la revolution; je doute fort, tous ceux qui il l´ont connu ils disent qu´il était contre la démocratie. Comment peut on parler de séculier ou le peuple n´est pas souverain? il en manqué en tout cas la démocratie pour pouvoir parler de la souveraineté du peuple. Je crois qu´on a besoin de se mettre d´accord sur le concept de démocratie. Mais c ´est une autre question. Je cite Saddam et peut être Kaddafi avait un Etat séculier et à ne pas oublier Assad père et fils. Notre propos c´est la démocratie.La démocratie ce n´est pas un aspect du système démocratique mais elle est elle même un système. Et c´est une difference radicale. Mëme si vous mettez tous les details ensemble ne feraient pas un système. Ce que vous avancez sur Bourguiba ne tient pas avec la Revolution actuelle. Moi personnellement je ne me suis pas senti libre sous bourguiba et Ben Ali, et il faudrait du temps pour que j´apprenne à parler librement parce que lui et Ben Ali m´ont fait complètement oublier ce que c´estla liberté tout court. Finalement c´est au peúple de decider la forme que le système démocratique doit avoir.

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