Hommage à ... - 02.10.2017

Décès de Abdelhamid ben Mustapha: Un phare s’est éteint (Album photos)

Décès de Abdelhamid ben Mustapha: Un phare s’est éteint

Abdelhamid ben Mustapha n’est plus. « Le communiste aristocrate », comme se plaisaient à l’appeler ses détracteurs, nous a quittés il y a trois jours (le vendredi 29 septembre 2017) dans la soirée. Par l’une de ces coïncidences troublantes dont seul le Destin a le secret, le dirigeant historique du parti communiste tunisien est parti à la veille de la commémoration de la Révolution d’Octobre 2017. Il a été inhumé samedi au cimetière d’Al Jellaz en présence de l’ancien Président de la République Fouad Mebzaa, de l’ancien Président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, de Samir Taieb, ministre de l’agriculture et secrétaire général du parti Al Massar, des dirigeants d’Al Massar avec à leur tête Jounaïdi Abdeljaoued, d’anciens militants communistes, de compagnons de route du défunt, d’hommes et de femmes du peuple de gauche qui ont côtoyé à un moment ou un autre le grand disparu Abdelhamid Ben Mustapha est né le 9 mars 1926 à Tunis d’une famille bourgeoise. Cousin germain du côté maternel des destouriens Taieb et Mongi Slim et se faisant soigner comme toute sa famille par le docteur Habib Thameur, destourien jusqu’à la moelle lui aussi, ce jeune et fervent patriote semblait prédisposé à rallier le Néo-Destour. Mais avocat connu pour son altruisme, son humanisme, sa fibre sociale prononcée et son indépendance d’esprit et courtisé pendant de longues années par ses amis communistes, il a adhéré en 1952 au PCT alors que sa situation de classe ne le prédisposait nullement à rejoindre le parti ouvrier. Militant exceptionnel, travailleur infatigable, très actif sur le terrain, son contact direct avec la base du parti, son encadrement des jeunes recrues et son rôle de mentor, d’éminence grise, de visionnaire ( au sujet de la tunisification du PCT, de sa démocratisation et de ses mues successives) de père spirituel pour les jeunes communistes,  lui ont valu le respect, la reconnaissance et l’admiration  de tous ceux qui l’ont côtoyé ou ceux qui ont observé son parcours exceptionnel . Ses qualités de cœur, sa jovialité, son amabilité, ses qualités morales et particulièrement, son honnêteté, sa transparence politique et sa propension à faire le bien ont suscité l’affection de tous. Opposant notoire au régime de Bourguiba et Ben Ali, il a fait l’objet de trois arrestations en 1963, 1968 et 1972 et sa résistance pendant les années de traversée du désert du PCT, entre son interdiction en 1963 et sa levée en 1981, en a fait une icône du combat pour la démocratie, la liberté et la justice sociale. C’est d’ailleurs, cette image que révèlent ses écrits publiés dans les différents organes du PCT ou dans la presse progressiste où il a joué un rôle de premier plan (Attaliaa, l’Espoir, Attarik Al Jadid),  et particulièrement dans le mensuel de gauche la Tribune du progrès qu’il fonde  avec son alter ego, Slimane Ben Slimane et dont il est le rédacteur en chef.

L'une des dernières apparitions publiques de Abdelhamid Ben Mustapha en 2014
lors d'un hommage rendu rendu à Habib Kazdaghli

Adieu Si Abdelhamid Ben Mustapha

Ammi, Ammi, Ammi,
Tu étais un grand ami,
Pour ta famille, pour ton parti,
Et maintenant tu es parti,
Ayant vécu la démocratie,
Dans notre chère Tunisie!
Nous manqueront ta sympathie,
Ta bonne humeur,
et ton humour,
Ton intelligence et ton amour
De la liberté et du progrès
Qui étaient pour toi sacrés,
Sacrés au point de sacrifier,
Pour elles ta jeunesse dorée!
Adieu, adieu et pour toujours,
Ne t' oublieront pas un seul jour,
Tes camarades les combattants,
Qui t' ont côtoyé pour longtemps,
Nous sommes tous tristes ce soir,
Car on ne pourra plus te voir,
Adieu grand homme, adieu,
Désormais, tu es dans les cieux,
Dors en paix, repose ton corps
Et ton bel esprit bien fort!
Adieu

Salha Hassini

Ses amis lui ont rendu le 13 juin 2017 un bel hommage, lors d’une soirée ramadanesque animée par le Doyen habib Kazdaghli, à l’occasion de l’édition par la Fondation Temimi d’un ouvrage collectif en arabe intitulé اتحاد الشغل والمعارضات السياسية من الخميس الاسود الى الثورة L’UGTT et les oppositions politiques du Jeudi noir à la Révolution que Abdeljelil Temimi a tenu à lui dédicacer.  Il y a fait un excellent témoignage sur son époque et son parcours dans le cadre du séminaire de la mémoire nationale initié par la fondation. C’est le même Habib Kazdaghli, ami du défunt et grand connaisseur de l’histoire du Parti communiste tunisien qui a prononcé au nom de la direction d’Al Massar l’oraison funèbre de l’illustre disparu.

Très ému en dépit des vaines tentatives de refouler son émotion, le Doyen a rappelé à quel point les qualités d’agréable compagnon d’Abdelhamid Ben Mustapha, aussi bien dans la sphère politique, le monde du travail qu’à l’occasion des rencontres et des soirées mondaines, familiales, le rapprochaient de tous les militants et particulièrement des plus jeunes parmi eux. Habib kazdaghli s’attarde sur les marques d’affection prodiguées par ses enfants au même titre que les enfants d’une génération entière de ses camarades à l’adresse du dirigeant disparu.  Ces petits, remarquant   l’âge plutôt avancé du dirigeant comparé au jeune âge de leurs pères, très sensibles à ses qualités humaines et à sa gentillesse et le sentant tellement proche de leurs parents (il était leur mentor, leur père spirituel) au point que leur imagination de tout-petits l’avait métamorphosé, à leurs yeux, en grand-père, se plaisaient à l’appeler « Azizi », (Papy en tunisien) avec la bénédiction paternelle. 

Habib Kazdaghli retrace aussi dans cet éloge funèbre le parcours politique et militant d’un grand patriote qui a consacré sa vie à son pays natal en luttant d’abord pour son indépendance et ensuite pour sa démocratisation et en consentant de grands sacrifices. Le Doyen a rappelé que ce combat pour la démocratie avait valu au grand militant, à plusieurs reprises « la prison, la torture, les procès iniques » sans remettre en cause « sa fidélité à ses principes et à son parti ». Il a mis en valeur la détermination du grand patriote qui a poursuivi son combat malgré l’emprisonnement et les persécutions, revenant à la charge sans regret, n’éprouvant « ni rancune ni ressentiment » pour ses persécuteurs, n’hésitant pas à « valoriser toute mesure positive au service de la Tunisie et de son développement même si elle émane du responsable politique qui a pris des mesures répressives » à son encontre et à l’encontre de son parti.

L’orateur a rappelé les arrestations et les persécutions   de 1963,1968 et 1972 rappelant à chaque fois, le contexte historique qui les a accompagnées et les luttes qui les ont motivées.

Il a également fait l’éloge de la lutte menée par le jeune Abdelhamid Ben Mustapha en 1956 contre le stalinisme du PCT et pour la démocratisation du parti et sa contribution et sa participation « à l’ancrage d’une gauche nationale qui concourt à partir de sa position spécifique à l’effort de la Nation ».

Habib Mellakh

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