News - 09.09.2012

L'ambassadeur de Russie optimiste quant à l'évolution du processus démocratique en Tunisie

Dans un entretien à Leaders, l’ambassadeur de Russie Alexandre Cheïne jette sur la Tunisie le regard, optimiste du reste, d’un homme qui connaît de longue date notre pays. Il y avait, à 22 ans, entamé sa carrière de diplomate en 1974. Témoin direct des évènements sanglants du 26 janvier 1978 et des procès des dirigeants syndicalistes, son destin allait de nouveau croiser celui de la Tunisie : curieuse coïncidence, le 14 janvier 2011, jour de triomphe de la Révolution, il est nommé officiellement ambassadeur à Tunis.

Que pense-t-il de la transition démocratique et de l’avenir de la démocratie en en Tunisie? Soulignant les similitudes entre de la montée brutale des revendications politiques et sociales en Tunisie depuis la révolution et ce qui s’était passé en Russie dans les années 1990, il estime qu’une telle situation finira par consacrer les libertés et les droits humains fondamentaux. Il s’est en outre félicité du succès des élections du 23 octobre, indiquant que les observateurs russes venus sur place en avaient constaté la régularité et la parfaite organisation.

L’ambassadeur russe dit avoir « constaté avec satisfaction que (…) Ennahdha, n’est pas en train d’imposer sa domination » sur les autres partis en formant une coalition avec deux partis de tendance libérale et démocratique, ce qui, estime-t-il, donne la chance à tous de trouver des solutions par la voie du dialogue entre les différentes formations politiques existantes ». Trouvant normal qu’il y ait une opposition au sein de l’Assemblée nationale constituante, il dit n’avoir aucun doute que « la vie politique en Tunisie sera toujours caractérisée par la modération, la tolérance, la recherche du consensus, sinon du compromis, quel que soit le système politique qui sera installé sur la base de la nouvelle constitution actuellement en cours d’élaboration ».

M. Cheïne est persuadé que la nouvelle constitution garantira les droits fondamentaux, les droits de l’Homme, les droits politiques, les libertés publiques et individuelles, la justice sociale et l’unité nationale dans le pays et trouve normales et inévitables les luttes politiques. « Je suis optimiste, ajoute-t-il : le choix de la démocratie par les Tunisiens est un choix irrévocable».

L’ambassadeur russe n’est pas du tout surpris par l’apparition de manifestations de violence car, dit-il, « les révolutions sont des évènements porteurs de conséquences assez dangereuses, de déstabilisation en matière de sécurité » Même le phénomène salafiste ne le surprend guère et y voit une des conséquences de la répression subie sous Ben Ali.

Le diplomate russe rappelle par ailleurs que son pays avait soutenu la Tunisie de l’après révolution sans aucune ingérence dans ses affaires intérieures. «La révolution tunisienne, déclare-t-il, aura été sans ingérence et ça nous a permis d’exprimer toute notre solidarité » à travers les relations bilatérales et multilatérales.

Evoquant les relations bilatérales, il a souligné l’importance qu’il y a d’ouvrir de nouvelles perspectives, relevant toutefois que l’accent est mis sur trois volets : le tourisme, le commerce et les échanges culturels. Il a indiqué au passage que quelque 130.000 touristes russes ont visité la Tunisie en 2012 et que les échanges commerciaux sont passés de 1 milliard de dollars en 2010 à 1.2 milliard en 2011. « Nous travaillons à présent sur d’autres créneaux, notamment les investissements, et la prochaine session de la commission mixte, en octobre à Tunis ne manquera pas d’imprimer un nouvel élan à la coopération entre les deux pays », a-t-il ajouté.

Dans cette interview, l’ambassadeur russe a été amené à parler des synergies entre les deux pays sur les grandes questions internationales et l’évolution de la crise syrienne.
 

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3 Commentaires
Les Commentaires
al07 - 09-09-2012 12:19

Alors,nous sommes sauvés ! La bonne question est :" La Russie est-elle toujours une démocratie" ? Si Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur,pouvait répondre à cette question,son analyse en aurait que plus de poids, mais il y aurait-il un journaliste assez courageux pour lui poser cette question ? J'en doute !

salah derbel - 09-09-2012 14:16

Alors que la religion était réprimée dans l'ancienne Union soviétique, les russes ne sont pas tombés dans les travers de la religion. Cela peut être expliqué par le différence du niveau d'instruction entre les deux pays et par l'influence néfaste des pays du Golfe.

ahmedben mahmoud - 09-09-2012 22:51

La Tunisie doit impérativement améliorer ses relations avec la Russie pour diversifier ses partenaires économiques.Le désastre qu'a connu l'économie tunisienne sous la dictature de ZABA n'est que le résultat directe et inévitable de nos excellentes relations avec l'union Européenne qui n'a jamais cessé de soutenir ZABA et son clan mafieux tant que leurs intérêts sont préserves et surtout l’intérêt de la France.La Russie ,la Chine et l'orient en général offre pour notre pays l'opportunité des relations bilatérales basées sur la coopération et le respect mutuel.Je souhaite bonne chance à Mr ambassadeur Alexandre Cheine.

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