News - 17.01.2024

Les monnaies numériques: Crépuscule du libéralisme économique et monétaire

Les monnaies numériques: Crépuscule du libéralisme économique et monétaire

Par Monji Ben Raies

La fin annoncée du modèle économique libéral mondial

Les populations du monde n’ont pas vraiment conscience de la crise imminente qui s’annonce et aura un impact réel sur leurs vies. Pourtant, avec les avancées du progrès technique et technologique, la crise va ébranler l’intégralité de la structure et de l’aspect des économies. Ce phénomène est vaguement pressenti sous la forme d’un changement qui devrait sans doute se produire à un moment ou à un autre du futur, mais cela ne va guère plus loin.

Aucune mesure sérieuse n’a été prise pour s’y préparer. Mais il est clair qu’une fois que ces changements auront commencé à se manifester, il sera trop tard. Les Etats ne sont pas préparés à voir déferler sur eux un désastre d’une telle ampleur, puisqu’à l’échelle d’un ordre entier. Le déclin prophétisé prend racine dans la faillite du modèle économique actuel, fondé sur l’offre extérieure et la demande intérieure, les vies professionnelles mises à mal par l’intelligence artificielle, le dépeuplement et l’effondrement des communautés rurales, les problèmes liés à l’immigration, le délabrement de la culture traditionnelle et l’exode outre-mer des talents en quête de meilleures opportunités.

Le déclin du modèle économique libéral entrainera dans sa chute le système monétaire international issu des accords de Bretton Woods, celui-ci devenant obsolète. Dans les décennies à venir, la taille de l’économie devrait naturellement rétrécir, et le modèle économique actuel, fondé sur l’offre extérieure et la demande intérieure, deviendra alors caduc. Quand ceci se produira, comment le monde parviendra-t-il à tracer une nouvelle voie en avant ? C’est une question cruciale, mais qui jusqu’ici n’a suscité pratiquement aucun débat. Les élites politiques et économiques du monde portent une lourde responsabilité pour la position dans laquelle celui-ci se trouve actuellement. Les politiciens savent qu’au sein des Etats, les citoyens détiennent la clef du succès aux élections, si bien que leurs programmes sont conçus pour être populaires auprès des électeurs de cette tranche d’âge. Il est donc inenvisageable que les politiciens puissent assumer le leadership dont nous avons besoin pour aller de l’avant.Il est regrettable que la majorité des systèmes économiques aient perdu le dynamisme qui leur permettrait de s’adapter et ont sombré dans la complaisance, trop habitués qu’ils sont aux profits qu’ils peuvent réaliser via leurs activités existantes et parce qu’ils n’ont pas envie de bouger. Si quelqu’un propose une bonne idée pour une nouvelle réforme, il va inévitablement se heurter aux intérêts acquis des décideurs qui continuent de se complaire dans l’ancienne façon de faire les choses. Ils émettront toutes sortes d’objections pour faire obstacle à la nouvelle idée ; Combien d’années faudra-t’il pour qu’elle devienne viable ? Et comment l’Etat fera-t-il dans l’entre-temps ? Voilà le genre d’objections auquel il faut s’attendre. Et ces hésitations offrent une ouverture idéale par laquelle les projets à risque pourront s’introduire et s’emparer de l’idée. Dans les années qui viennent, seront enregistrées de sérieuses pertes d’emplois dans le secteur industriel, et nous serons aux premières loges pour voir comment le modèle économique dans son entier se sera engagé sur le chemin d’un déclin irréversible. Si nous continuons d’avoir foi dans l’ancien système, nous risquons fort d’être déçus. Le monde est en train de changer. Les gouvernants ne peuvent plus se reposer sur les connaissances et les expériences de la génération de leurs parents. Il n’est pas possible de maintenir le monde dans l’état où il est, le simple fait de penser en ces termes est insensé. Les difficultés rencontrées par beaucoup de projets qui se réfèrent à la démocratie libérale, en matière de libre entreprise et de liberté du commerce et de l’industrie, tiennent à la difficulté d’accepter l’évidence d’un monde en mutation rapide et au fait que les catégories politiques du passé semblent ne plus tenir, tant en termes d’interprétation qu’en termes de proposition.

La récession mondiale actuelle a été planifiée depuis des décennies avec des objectifs bien précis par des personnalités connues comme les plus influentes. Le modèle libéral-productiviste connaît depuis les années 1970 une crise structurelle historique qui est à la fois économique, crise des inégalités et écologique. Une crise économique, par un ralentissement important du rythme de la croissance économique, du fait d’un essoufflement structurel des gains de productivité depuis les années 1970. Une crise des inégalités, avec une aggravation sensible des inégalités de revenu et de patrimoine dans les pays riches. Une crise écologique historique où se mêlent le dérèglement climatique, aux conséquences présentes et futures dramatiques pour la survie de l’humanité. Le malaise prend l’aspect d’une perturbation aggravée des dettes souveraines, c’est à dire la fin du modèle capitaliste de développement est inéluctable. C’est une crise de l’insolvabilité et des désordres financiers. La mondialisation accroît les besoins de détention en monnaie internationale. Le système monétaire international a vu s’ouvrir devant lui une longue séquence d’instabilité du fait de la perte d’ancrage du Dollar sur l’or. Tout paraissait alors se mettre en place pour que le système se fragmente et que les États-Unis perdent peu à peu leur leadership monétaire.Dans une économie de la dette, la racine du problème n’est pas la finance, mais la mauvaise distribution des revenus (avant ou après impôt). Nous avons donc besoin d’un Méga New Deal, incluant toutes les classes sociales des Etats du monde, un super-Plan Marshall mondial visant à accroître les revenus et annuler les dettes des couches populaires. Mas un New Deal planétaire, sa généralisation à tous les êtres humains serait écologiquement insoutenable. Le premier choc pétrolier de 1973 souligna la dépendance du modèle à l’offre en pétrole limitée seulement par des raisons géostratégiques. Le contre-choc pétrolier de 1985/1986 (second choc pétrolier) révéla que cette ressource était finie. Non seulement les ressources naturelles sont rares, mais les problèmes écologiques furent exposés en pleine lumière comme une sérieuse menace à la soutenabilité d’une vie décente sur la planète, limite inhérente au modèle économique mondial.Derrière l’insolvabilité, Les banqueroutes ou l’annulation et/ou le rééchelonnement des dettes, c’est le problème d’une New Money qu’il faut créer pour offrir de nouveaux crédits au nouveau modèle qu’il faut promouvoir et financer. Il est nécessaire que se mette en place une séparation claire entre les banques de dépôts (la gestion de la monnaie de circulation, soumise à des règles prudentielles très strictes) et les banques d’affaires. Nous avons besoin de combiner une politique budgétaire et monétaire active au niveau mondial et une surveillance accrue des dérapages nationaux, condition sine qua non de la solidarité planétaire. La meilleure solution est d’accepter, que certaines dettes ne seront jamais remboursées avant un long délai, et d’annuler les dettes pendantes, attachées au modèle caduc pour avancer la «new money». La façon la plus douce est la «monétisation des dettes». La base de tout pas en avant est de construire la confiance dans la possibilité de changer les choses, tous ensemble, à travers la coopération…

Les monnaies numériques de banques centrales devraient remplacer les pièces et billets de banque

Les monnaies numériques émises par les banques centrales (MNBC /CBDC) sont la version numérique des monnaies traditionnelles utilisées tous les jours, comme le dollar, l'euro ou le yuan. En effet, elles sont davantage une extension de la monnaie fiduciaire, sous forme numérique, une innovation progressive, afin de s'adapter à l'évolution technologique, qu'une révolution en tant que telle. Plus techniquement, il s'agit d'une unité monétaire dont la valeur, préalablement décidée par la banque centrale, serait représentée par un code crypté via un algorithme en lieu et place du matériau physique, papier ou métal.
Ces monnaies numériques sont l'antithèse des crypto-monnaies. En effet, les cryptomonnaies ne sont pas émises par une banque centrale, leurs transactions ne passe pas par les banques et leur valeur est en constante évolution. En principe, aucune entité étatique ne régule leur valeur. Elles circulent librement grâce à une technologie appelée blockchain ; les monnaies numériques "publiques" ou "officielles" fonctionnent comme l'argent traditionnel, mais sous une forme électronique.

Monnaie Fiat

En finance et en économie, le terme «fiat» appliqué à la monnaie désigne une monnaie qui n’est pas adossée à une réserve d’une autre marchandise, comme l’or, l’argent, le platine ou le pétrole.

Le mot «fiat» en latin signifie «qu’il en soit ainsi», «qu’il soit fait», Argent, monnaie frappée par un gouvernement ou un organe officiel (banque centrale gouvernementale, etc.). Ce concept implique que la valeur de la monnaie est établie uniquement par la confiance des utilisateurs dans l’autorité émettrice et dans l’économie qui la soutient. Une monnaie fiat a une valeur intrinsèque simplement parce qu’elle est déclarée et réputée comme ayant cours légal de tant … par une autorité gouvernementale.

Les monnaies fiat sont régies par des lois qui déterminent leur émission, leur distribution, leur valeur et leur utilisation légale. Les gouvernements et les banques centrales peuvent imprimer ou frapper de nouvelles pièces et billets pour contrôler l’offre et la demande et maintenir la stabilité des prix dans l’économie, avec un succès relatif, comme le prouve la situation actuelle. La valeur de la monnaie fiat est également influencée par des facteurs tels que la croissance économique, l’inflation, les taux d’intérêt et les politiques monétaires, l’endettement public et le déficit des balances.

La plupart des monnaies dans le monde sont des monnaies fiat. C’est le cas du Dollar américain, de l’Euro, de la Livre Sterling, du Yen japonais, du Yuan chinois… Les monnaies fiat sont utilisées dans la plupart des transactions financières, des achats quotidiens aux investissements à grande échelle. Cependant, l’utilisation des monnaies fiat peut également présenter des inconvénients, tels que la dévaluation de la monnaie due à l’inflation ou à d’autres facteurs, ainsi que la possibilité de manipulations gouvernementales ou de crises économiques qui peuvent affecter la confiance des utilisateurs dans la monnaie. C’est notamment pour faire face à ce genre de problème que les crypto-monnaies, comme le Bitcoin, ont été inventées.

Monnaies Numériques de Banque Centrale (MNBC) – Que sont-elles et comment fonctionnent-elles ?

Les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) diffèrent des crypto monnaies.

Les MNBC sont des versions exclusivement numériques des monnaies fiat émises par les diverses banques centrales étatiques. Elles fonctionnent avec des registres en réseau, qui permettent d’enregistrer les transactions. Les MNBC sont centralisées, uniquement émises par la banque centrale du pays ou de la région et ne reposent a priori pas sur un réseau de mineurs décentralisé, à l’inverse des crypto monnaies tel que le Bitcoin (BTC) par exemple.

Tout comme pour les monnaies fiat « classiques », les monnaies numériques de banque centrale seront adossées à des réserves monétaires, comme de l’or ou des réserves de change. Elles sont un équivalent de la monnaie de papier, sauf qu’une MNBC (CBDC en anglais) existe uniquement de manière abstraite, numérique.

La majorité des monnaies fiat d'ampleur sont déjà numériques, mais la différence est que les MNBC sont vouées à exister par elles-mêmes, au-delà des réseaux bancaires que l'on utilise communément. Cela pose par ailleurs la question du rôle des banques, qui pourraient le voir se réduire. Certains estiment même que ce sont bien les MNBC, et pas les crypto monnaies, qui représentent le risque le plus grand pour les banques commerciales de voir leurs guichets disparaitre (ex : Belgique).

La plupart des MNBC sont encore au stade de projet. Des recherches sont effectuées par les banques centrales, et des preuves de concept sont publiées, mais très peu de pays ont, à ce stade, une version fonctionnelle de leur monnaie numérique de banque centrale. On note aussi qu’il existe une grande diversité dans les projets, avec différents niveaux de centralisation et d’anonymat pour les monnaies numériques de banque centrale.

MNBC, des usages qui varient

Il existe deux grandes catégories de monnaies numériques de banque centrale. On trouve d’une part les MNBC destinées au grand public, qui seront détenues par les citoyens d’un pays ou les entreprises. Elles ont pour but de circuler librement, au même titre que les espèces. D’autre part, il existe des projets de MNBC destinée à une utilisation interne par les institutions financières et les banques. Ces dernières servent à régler des transactions spécifiques de manière rapide et sécurisée. Lorsqu’il est question de monnaie numérique de banque centrale, c’est souvent le premier cas d’utilisation qui est sous-entendu, car c’est celui qui pourrait transformer en profondeur la manière dont les habitants d’un pays échangeraient de l’argent.

Les MNBC sont-elles des cryptomonnaies?

Non !!!

Les MNBC sont proposées de manière exclusivement numérique, grâce à un registre partagé. On peut donc se demander s’il s’agit de cryptomonnaies ou non. La réponse varie en fonction du projet. Plusieurs pays ont fait des tests avec des blockchains; c’est le cas par exemple de l’Australie, qui a choisi de mener une recherche avec ConsenSys et Ethereum. La Banque de France ferait des tests avec Tezos (XTZ) et Ethereum (ETH). Dans ces cas, les MNBC pourraient se rapprocher de cryptomonnaies, d’un point de vue simplement technique. Il faut alors prendre en compte leur niveau de décentralisation. Selon certains, une monnaie centralisée, passant par une banque centrale, ne peut pas, par nature, être une cryptomonnaie, puisque cela va à l’encontre d’un des éléments fondateurs de la blockchain. Le Bitcoin a été créé spécifiquement avec pour ambition de se défaire des monnaies fiat et des banques, y compris celles centrales. C'est pourquoi les deux types de monnaie numérique sont différentes.

Blockchain ou pas blockchain?

La numérisation d’une monnaie fiat ne passe pas obligatoirement par une blockchain. Ainsi le «Yuan numérique» Chinois ne fait pas usage de cette technologie, bien que ce ne soit pas encore certain.

Cependant la blockchain reste très largement utilisée ; plus de 88 % des projets de MNBC reposent ainsi sur cette technologie, selon un rapport de PwC datant d’avril 2021.

Le rapport souligne plusieurs avantages de la blockchain, notamment sa grande sécurité, la programmabilité des Smart Contracts, ainsi que sa transparence. Les possibilités en termes de confidentialité rapprocheraient les MNBC des espèces, qui sont historiquement peu traçables. C’est pourquoi les banques centrales semblent privilégier cette option.

MNBC en développement dans le monde

En janvier 2021, un sondage de la Banque des règlements internationaux (BRI) révélait que 86 % des banques centrales travaillaient sur des monnaies numériques de type MNBC. Toutes ne sont cependant pas au même stade. Les projets de monnaies numériques de banque centrale les plus notables sont:

La Chine, la monnaie numérique de banque centrale la plus avancée

La Chine est l’économie d’ampleur la plus avancée en termes d’émission d’une monnaie numérique. Le gouvernement mise en effet sur son Yuan numérique pour concurrencer le Dollar, et a accéléré le développement de sa MNBC depuis 2020.Le yuan numérique a été testé dans plusieurs commerces au début de l’année 2021, et le portefeuille dédié à l’actif a été ouvert à 47 millions de Chinois à la même période. Depuis, des salaires ont commencé à être versés en yuan numérique, et plus de 3 000 distributeurs dédiés ont été déployés à Pékin. La Chine est donc bel et bien le premier Etat dans la course aux monnaies numériques de banque centrale. Il est fort probable que, lorsque sa MNBC sera proposée au grand public, cela donnera un nouveau coup d’accélérateur aux autres projets mondiaux, qui ne souhaitent pas se laisser distancer par l’ampleur économique chinoise. Toutefois, la Chine souhaite une monnaie programmable et numérique, dans un système de paiement potentiellement censurable.

La Turquie, une MNBC comme bouée de sauvetage

La lire numérique de la Turquie fait aussi partie des projets les plus avancés. À la fin du mois de décembre 2020, le gouverneur de la banque centrale de Turquie avait annoncé que la phase conceptuelle du projet de monnaie numérique était achevée, et que la phase de test débuterait. Le pays devrait proposer une MNBC complète dans les prochaines années. La Turquie est motivée par deux facteurs; d’une part, l’adoption croissante des cryptomonnaies dans le pays. Le territoire est en effet un des marchés globaux les plus dynamiques. D’autre part, le cours de la lire turque(TRY) est en chute depuis des années et le passage à la MNBC pourrait revaloriser sa monnaie fiat. Et même si très peu d’informations sont disponibles sur la Lire numérique turque, il semblerait que la banque centrale du pays se soit concentrée sur la blockchain pour commencer cette phase de tests.

La Banque de Suède: l'une des plus avancées en Europe

La Banque centrale de Suède figure parmi les plus avancées au sein de l’Europe. Dès décembre 2019, elle avait lancé un environnement de test pour son « e-krona », avec des expérimentations qui pourraient être reconduites sur plusieurs années. La ‘’Riskbank’’ est récemment passée à la phase 1 de son projet pilote. Elle permettra de mesurer les effets qu’une MNBC pourrait avoir sur l’économie suédoise. Du point de vue politique, l’émission d’une monnaie numérique de banque centrale n’a pas été officiellement confirmée.

Les États-Unis: entre méfiance et opportunité

Les États-Unis se sont distingués par une très grande méfiance à l’égard des monnaies numériques de banque centrale. À la fin de l’année 2019, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait commencé à expérimenter un Dollar numérique en tandem avec le MIT, en vue d’élaborer une plateforme technologique qui pourrait mener à un «e-dollar», selon une approche volontairement extrêmement prudente.

L’euro numérique: un lent développement au niveau européen

Au niveau européen, on assiste aussi à une grande prudence concernant le projet de monnaie numérique de banque centrale, compte tenu du fait que l’impact de l’euro numérique pourrait être considérable et pourrait drainer jusqu’à 8 % des réserves en euros conservées par les banques, et il est probable que les ‘’wallets’’ (portefeuilles) numériques aient une limite de dépôt, qui pourrait être fixée à 3 000 euros par personne. On note aussi que la Banque de France est fortement impliquée dans ce projet, et travaille à l'élaboration des spécificités interbancaires de l'euro numérique.

La Banque Centrale de Tunisie (BCT): des rumeurs d’une solution de monnaie numérique

La Banque Centrale de Tunisie (BCT) serait engagée avec une société étrangère pour la mise en place de cette solution de monnaie numérique dans le cadre de sa réflexion portant sur la digitalisation de l’économie, de la finance, et des moyens de paiement, entre autres, le CBDC (Central Bank Digital Currency) dans sa dimension monnaie numérique et non celle portant sur la cryptomonnaie. La BCT est en train d’étudier les opportunités et les risques inhérents à ces nouvelles technologies, notamment, en matière de cyber sécurité et de stabilité financière.

Son accessibilité en Afrique

En Afrique, le Nigeriaa décidé de lancer sa propre MNBC, le ‘’eNaira’’, destinée à compléter la monnaie physique.

Les projets de monnaies numériques de banque centrale sont en majorité dans des phases d’approche et de tests. Cependant il est notable que l’immense majorité des institutions financières souhaitent numériser leurs monnaies fiat, et qu’elles s’appuient pour cela sur des technologies blockchain. Par nature, un changement de ce type prendra beaucoup de temps, ce qui laisse une opportunité aux monnaies numériques et cryptomonnaies, issues du privé, de se développer. On pense en particulier aux ‘’stablecoins’’, par exemple ‘’Tether (USDT)’’ ou l'’’USD Coin (USDC)’’ pour le dollar. Les technologies avançant très rapidement, il est en tout cas probable que le paysage soit très différent en 2025 qu’il ne l’est aujourd’hui.

1. Fonctionnement

Les monnaies de Banque Centrale ont joué un rôle important pour la stabilité du système mondial et la confiance des agents économiques dans les sociétés occidentales. Les MNBC pourraient répondre à des besoins spécifiques et améliorer globalement le futur économique du monde. Les monnaies numériques émises par la banque centrale de chaque pays sont la version électronique de la monnaie traditionnelle. La banque centrale d'un pays, au lieu d'imprimer des billets de banque en papier ou des pièces de monnaie en métal, émettrait sa propre monnaie sous forme électronique. Une des différences essentielles avec le système actuel est que ces monnaies ne nécessiteront pas qu'une banque soit l'intermédiaire pour qu’une transaction ait lieu. En théorie, des transferts électroniques pourront être effectués comme lorsque quelques billets passent d’une main à celle d’une autre personne ou d’une entreprise. Les monnaies numériques devraient permettre de réduire les coûts associés aux transactions en ligne effectuées par l'intermédiaire des banques commerciales et profiter aux segments de la population à faible revenu et non bancarisés.

2. Mise en œuvre du système

En réalité, chaque Etat ou zone monétaire qui décidera d'émettre une telle monnaie fixera ses propres règles. Telle est l'idée de base d'une monnaie numérique officielle, même si, pour l'instant, de nombreuses questions restent sans réponse, les grandes économies mondiales étant encore en train d'en analyser les avantages potentiels. Selon le groupe de réflexion américain ‘’Atlantic Council’’, 130 pays au total explorent des versions numériques de leurs monnaies.

3. avantages potentiels

Les promoteurs des monnaies numériques affirment qu'elles favoriseront l'inclusion financière des personnes qui n'ont pas accès aux banques commerciales et qu'elles encourageront l'innovation technologique, l'efficacité des transactions et le développement économique. En théorie, ce changement devrait contribuer à une réduction des coûts des transactions car le système ne dépend pas des banques commerciales, le moyen de paiement dépendant directement de la banque centrale en vertu d'un canal monétaire direct entre elle et les ménages et les entreprises, tout en augmentant considérablement la vitesse de traitement de ces transactions. De plus, on estime que l'utilisation des monnaies numériques pourrait dissuader certaines activités financières criminelles, car il serait plus facile de déterminer qui est l'expéditeur et qui est le destinataire des transferts.

4. les risques

Les critiques se méfient de ce que les banques centrales disposent d'informations détaillées sur toutes les transactions effectuées par les utilisateurs dans des pays où la transparence est insuffisante et où les informations pourraient être utilisées à des fins politiques. Les banques commerciales, elles-mêmes, craignent qu'un grand nombre de déposants finissent par quitter le système bancaire, ce qui pourrait mettre en péril une partie importante de leurs activités et, dans un cas extrême, conduire à une éventuelle ruée sur les banques. Dz plus, étant donné que toutes les transactions seraient centralisées, il le risque existe qu'une banque centrale particulière prenne des décisions arbitraires forte de son pouvoir de créer ou supprimer de l'argent instantanément. En définitive, selon les experts, tout dépendra de la manière dont le système de monnaies numériques émises par les banques centrales sera mis en œuvre selon le modèle défini par chaque Etat.

Les monnaies numériques font planer une menace sur la confidentialité des données.  En outre, se saisissant des moyens de paiement, ces établissements acquièrent une visibilité totale sur les paiements effectués et donc sur les données personnelles. Grâce à ce système, il sera possible d'attribuer un nom à la moindre transaction et de favoriser ainsi la répression des fraudes et escroqueries en tous genres, la lutte contre le financement d'activités illicites et l'évasion fiscale. Il est important que le législateur définisse un cadre protecteur de l’utilisateur et mette des garde-fous avant de permettre un accès aux données personnelles et/ou de transaction.  A fortiori, au moment où l’argent liquide disparaît progressivement et où les paiements sont dématérialisés, il y a par un risque de disruption, de bouleversement du marché des monnaies nationales, sur lequel les positions sont établies du fait d’une stratégie inédite. La compétition mondiale à laquelle se livrent les banques centrales est un autre enjeu important du fait que les principales d’entre elles sont en concurrence les unes avec les autres pour imposer leur monnaie dans les échanges internationaux, face au dollar notamment.

Les risques principaux des MNBC telles qu’elles sont élaborées en ce moment sont surtout liés à la surveillance des individus, et au manque d’anonymat. Mais il n’est pas certain que ce soit une mauvaise chose compte tenu de l’ampleur de la corruption dans le monde et de la criminalité financière. Les questions de cybersécurité sont aussi particulièrement prévalentes.

Monji Ben Raies
Enseignant universitaire
Chercheur en Droit public et en Sciences politiques
Juriste publiciste internationaliste et politiste
Université de Tunis El Manar
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis

 

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