News - 17.11.2019

Slaheddine Dchicha: Le baiser de la mort

Slaheddine Dchicha: Le baiser de la mort

Ce qui advient en Tunisie et ce qu’entreprennent  les Tunisiens provoquent souvent la surprise et l’étonnement. Est-ce l’effet de la prétendue « exception tunisienne »  ou pour d’autres raisons plus mystérieuses ?  En tout cas les dernières élections n’ont pas dérogé à cette règle, elles ont engendré leur lot d’étonnement et de surprise. Or qu’ont-elles de  nouveau, ces élections ? La surprise ne réside-t-elle pas généralement dans la nouveauté ou tout du moins dans l’inattendu ? Que l’on en juge :

Bis repetita

Un président, sans pouvoir réel car ses prérogatives sont limitées,  a été installé au Palais de Carthage et des députés idéologiquement et politiquement identiques aux sortants ont été envoyés au Bardo, quant aux citoyens, ils  attendent sagement et patiemment le prochain gouvernement où les  nahdhaouis auront la part du lion -les ministères régaliens - et les partisans de M. Karoui quelques strapontins, à moins que le présumé passé népotique du Premier Ministre désigné, M. Jemli, ne le rattrape vraiment. Auquel cas l’attente risque de s’allonger et de lasser  ainsi les citoyens dont l’intérêt pour la chose politique menace de s’effriter.

Malgré les déclarations, les démentis et les dénégations, les deux partis nouvellement majoritaires, Ennahdha et Qalb Tounes ont négocié et conclu des accords  et la plus belle démonstration en est  l’élection du Leader d’Ennahdha à la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et celle de la députée du parti Qalb Tounes, Samira Chaouachi, au poste de premier vice-président de la même ARP. Et les tractations et les marchandages  ne sont pas près de  s’arrêter là, comme en témoigne le choix du Premier Ministre. Monsieur  Habib Jemli  qui se revendique « indépendant » mais qui, outre le fait d’accorder sa première interview à Al Jazeera,  a déjà par le passé bénéficié de la confiance d’Ennahdha qui lui a confié un  secrétariat d’Etat à l’Agriculture dans les gouvernements de Hamadi Jebali et d’Ali Laârayedh, …

On peut concéder au Cheikh qu’ « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » mais là,  nous assistons après les invectives, les exclusives et les déclarations fracassantes  à un revirement à 180’ qui commence d’ailleurs à semer le trouble dans les rangs mêmes  de Qalb Tounes. Cette alliance qui semblait inenvisageable et contre nature il y a quelques jours est réalité aujourd’hui et vient comme un remake nous rappeler le consensus entre Ennahdha et Nidaa Tounes et l’accord conclu à Paris entre leur chef respectif, nous rappeler aussi que la formation islamiste et le parti laïc sont assez proches socialement et économiquement et que le sociétal qui semble les différencier ne les empêche pas de gouverner ensemble. D’ailleurs,  il y a fort à parier que la composition de  l’équipe gouvernementale reflétera les accords conclus  entre les deux partis majoritaires et leurs  rapports de force. L’alternance, c’est désormais ringard, la tendance est à l’alliance et à la fusion ! De vieilles démocraties ont donné l’exemple !

L’agenda d’Ennahdha

Malgré les dires de son président, Ennahdha n’a pas changé,  il ne dévie pas de son agenda et reste fidèle à sa stratégie : établir un consensus et s’appuyer sur des forces rivales pour exercer le pouvoir de loin et le contrôler ! il faut croire M. Ghannouchi lorsqu’il déclare : «  Je suis devenu le président de tous les Tunisiens », ce n’est pas de fanfaronnade,  c’est la réalité, c’est là où  est réellement le pouvoir, donc il est le président réel mais non officiel, de loin… Rester dans l’ombre pour éviter une situation à l’Egyptienne et surtout pour infiltrer, acquérir de l’expérience,  former des compétences et attendre que le fruit tombe bien mûr.

Et chemin faisant, phagocyter les rivaux. Que l’on se souvienne des malheureux alliés d’Ennahdha : Le Congrès pour la République de  Moncef Marzouki, Ettakatol de  Mustapha Ben Jaafar, Nidaa Tounès de Béji Caïd Essebsi… A force de scissions, démissions, désaffection, luttes internes, discorde et  éclatement… disparus !

Slaheddine Dchicha


 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Touhami Bennour - 17-11-2019 23:57

Il n´y aurait pas de raison mysterieuse, en tout cas pas dans une democratie. La democratie ne doit pas être mysterieuse. Il n´a pas eu de mystère dans le passé non plus. En 2014 on a lancé le slogan de voter "utile", le peuple a compris qu´il ya de l´argent là pour financer les plans de developpement. Mais s´il ya eu echec c´est la faute de Nidaa Tunes. Ghannouchi n´est pour rien. Cette fois le peuple a choisi une autre solution pour le developpement, c´est de compter sur soi même. On verra comment les choses marcheront. J´ai moi-même confiance au nouveau president, il a dejà montré avec les nouveautés, puisqu´ il a surpris tout le monde, Moi je ne peut que faire confiance au peuple de continuer dans la voie democratique. Mais le plus grave ce n´est pas les intrigues ou les coups bas entre tunisiens mais ce qui va arriver de l´EU vers l´Afrique du Nord. On pense en effet de proposer peut être a un pays Nord Africain d´ouvrir un camp de demandeurs d´asile pour le compte de l´EU. C´est là où il faut tester la compétence d´ un homme politique en fonction. Il ne faut pas être grand clerc pour savoir qu´il s´agit de neocolonialisme.

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