News - 26.11.2018

Il nous a quittés le 26 Novembre 1985, Béchir Salem Belkhiria: l’homme et la trace

Il nous a quittés le 26 Novembre 1985 Béchir Salem Belkhiria: l’homme et la trace

Les hommes naissent, vivent puis disparaissent. C’est une loi biologique avérée, me direz-vous ! C’est même la seule certitude à laquelle souscrivent, ensemble, les croyants, les agnostiques et les athées. Chacun de nous, porte dans ses entrailles, dès le commencement, les germes de sa fin. Bref, au risque de commettre une tautologie surannée,tous le hommes sont mortels.. Chiche ! Mais certains sont éternels.Car, comme dans le spectre de lumières, les passages de vie à trépas sont ordonnés selon une disposition dégradée : du plus sombre au plus phosphorescent.
Béchir Salem Belkhiria dont les initiales sont devenues, plus qu’une marque, un label de réussite intemporelle, reste, en dépit du temps qui s’est écoulé - 33 ans-, une étoile brillante.

Parti à l’âge de 55 ans, Si Béchir avait fait de son existence un roman-fleuve. Omniprésent sur toutes les scènes d’une vie courte, il a été l’homme de tous les combats. Il n’a rendu les armes qu’une seule et dernière fois : quand le 26 novembre 1985, il rendit l’âme alors qu’il donnait une conférence à la faculté des sciences de Monastir. Comme les héros de la mythologie, BSB rejoignit la légende des hommes partis au faîte de leur gloire. «La gloire, écrivit le général de Gaulle dans ses mémoires, appartient à ceux qui l’ont toujours rêvée ». L’enfant de Jemmal, découvrit dès sa prime jeunesse, le goût du panache. Le collège Sadiki à Tunis, l’ESSEC à Paris enfin la School of Business Administration à New-York : telles ont été les marches vers les sommets que BSB aimait tutoyer.

En rentrant au pays, il ne cessa pas de fredonner: «mon doux village, voilà ton enfant.Au terme du voyage, le bonheur t’attend ».

Il y empruntera un parcours qui se transformera en une saga. L’esprit d’entreprise, au sens où l’entendait le fameux théoricien autrichien Joseph Schumpeter (1883-1950), l’amènera à créer, après un passage éphémère dans une société étatique, plusieurs entités économiques qui, en dépit de quelques accrocs, lui survivront.

Pas un seul secteur d’activité ne lui était étranger : Agriculture (élevage caprin, fromagerie), énergie (capteurs solaires) services (BSB expo) et communication (journal Al Anaouar). Il s’investit dans la sphère de l’innovation à telle enseigne qu’il organisa annuellement un concours national ouvert à tous les start-up (eurs) avant la lettre.

C’est à lui que notre pays doit l’introduction du concept des cercles de contrôle de qualité.

Son appartenance à l’association d’amitié Tunisie-Japon que j’eus l’honneur d’animer dès 1984 nous a été hautement bénéfique. Son attachement à la vie associative lui inspira la création de groupements de vie communautaire : tels que Tunisie –Asia et les liens solides.
Ce touche à tout ne pouvait guère éviter de se donner corps et arme à un sport qui avait perdu de son éclat au lendemain de l’indépendance le rugby.

Il prendra en 1977 en charge les affaires de la fédération tunisienne qu’il développera à telle enseigne qu’il se retrouvera bientôt le deuxième personnage du saint des saints : the World Rugby dont le siège est à Dublin.

BSB ne se suffisait pas de l’action. Il lui fallait l’Ecrit. Il publia régulièrement des articles dans divers journaux et périodiques de la place. En les compulsant, quel fut nous étonnement de lire sous sa plume, ce paragraphe prémonitoire relatif à la problématique du lait en Tunisie « logiquement l’Etat aurait intérêt à subventionner non plus en devises mais en dinar tunisien. Les éleveurs devraient donc vendre leur lait à un prix qui encourage la production ».

Dialogue du 29-09-1977

Utopiste, si Béchir ? Plutôt un homme qui aimait relever les défis. Son neveu, le regretté Hamda Belkhiria a fait paraître en 2007 un gros livre de près de 600 pages dont le titre est précisément : Béchir Salem Belkhiria, le défi permanent.

Cet ouvrage est préfacé par le sociologue émériteAbdelwahebBouhdiba, son camarade au collège Sadiki. Moncef Lemkacher, un fin lettré, y a contribué par un thrène dont il me fait plaisir de tirer ces quelques bribes :«L’homme d’argile de Jemmel a su prendre le soleil comme énergie, et le melthouth comme condiment…

Ce que de toi j’ai appris : pour servir sa nation comment un homme s’érige en institution ».

Aïssa Baccouche

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