News - 12.12.2012

L'Accord entre le gouvernement et l'UGTT annonce-t-il une refondation des relations entre les deux parties ?

Il a fallu plus de 10 heures de discussions,  parfois houleuses, pour que la commission administrative de l’UGTT entérine, mercredi, l’accord  conclu, la veille, entre  le gouvernement et l’organisation syndicale, qui stipule notamment l’annulation de la grève du 13 décembre. Aussitôt après le feu vert de la C.A, le texte a été signé par les deux parties.

Pendant toute la journée, les rumeurs les plus contradictoires ont circulé. On avait parlé d’abord, de maintien de la grève, puis de sa suspension, enfin de son annulation. Mais si les débats ont été très serrés à en juger par les éclats de voix dont les murs de la salle de réunion  ont retenti (ce qui est tout à fait normal dans une organisation démocratique),  c’est finalement la voix de la  sagesse qui a prévalu, les membres de la commission ayant fini par se ranger aux arguments du secrétaire général, Houssine Abassi  qui a souligné « la nécessité de préserver la sécurité du pays et d’éviter les risques pouvant menacer sa stabilité ».
L’accord avec le gouvernement n’a pas encore été rendu public, mais on croit savoir  qu’il porte sur 8 points, notamment :

- la reconnaissance par le gouvernement  du droit à l’exercice des activités politiques, civiles et syndicales et sa responsabilité exclusive de protéger ces activités ainsi que sa dénonciation de  toutes les formes de violence d’où qu’elles viennent et quelles que soient ses motivations ; 
- la condamnation par le gouvernement de toutes les agressions commises le 4 décembre contre le siège  de l’UGTT, les syndicalistes et les  employés de la centrale ;
- l’engagement des deux parties à œuvrer  en vue d'aplanir toutes les difficultés susceptibles d'entraver le dialogue entre elles ;
- la création dans un délai de dix jours d’une commission  mixte avec pour mission d'enquêter sur les évènements du 4 décembre et le rôle attribué à certaines ligues de protection de la révolution dans ces incidents, à charge pour elle de remettre son rapport au chef du gouvernement  dans un délai d’un mois pour qu’il prenne les mesures idoines prévues par la loi ;
- l’accélération des procédures judiciaires à l’encontre de tous ceux dont l’implication dans ces évènements aura été établie ;
- le gouvernement se félicite du rôle joué par l’UGTT, en tant qu’organisation nationale et partenaire essentiel  dans la réussite du processus démocratique et la réalisation des objectifs de la révolution.

Ce texte est important certaine dans la mesure où il constitue une plateforme idéale pour une refondation des relations jusque là conflictuelles entre le pouvoir exécutif  et l’UGTT et partant avec les autres organisations  nationales qui étaient satellisées par le pouvoir depuis l’indépendance, augurant de relations sociales enfin apaisées et consensuelles. Parallèlement, il représente un signal très fort en direction des tenants de la violence et du fanatisme sous toutes ses formes. Dans la Tunisie d'après le 14 janvier, nul n'a le monopole de la vérité, ni de l'esprit révolutionnaire, de même qu'il n'y a nulle place pour les anathèmes, l'exclusion et la violence, fût-elle sous couvert de protection de la révolution.

Cela dit, il faut se garder  de tout excès d'optimisme. On jugera sur pièces.
 
 

Tags : gouvernement   UGTT  
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11 Commentaires
Les Commentaires
Jean Pierre Ryf - 12-12-2012 20:34

Je suis désolé de ne pas partager votre analyse. Pour moi l'UGTT qui n'a strictement rien obtenu que de la pommade (lisez le texte et vous le constaterez comme tout le monde) a trahi son histoire et ses adhérents et je suis bien obligé de me poser la question de son honnêteté. L'accord qui vient d'être signé et que chacun peut lire ne contient strictement aucune avancée. C'est une honte absolue. Je recommande a tous les tunisiens syndicalistes sincères et qui ne sont pas achetés de renvoyer rapidement et en masse leurs cartes d’adhérents. Il y a d'autres syndicats sans doute plus récent mais qui sauront mieux défendre les vraies valeurs. L'UGTT , ce soir, a trahi son histoire. Une honte absolue.

Karim - 12-12-2012 21:17

Nous jugerons sur les faits mais la pression sur ce gouvernement qui est le principal responsable de cette crise, ne doit pas se relâcher !

younis - 13-12-2012 07:24

bravo l 'UGTT elle constitue une digue contre la violence et une garantie pour la democratie la defense de notre tunisianité et la defense des travailleurs pour une meilleuure justice sociale.c 'est un travail permanent dans le temps sans fin.depuis Farhat hached c 'es plus qu'un syndicat elle fait partie du patrimoine immateriel du pays dans l 'inconscient collectif des tunisiens

Brahim - 13-12-2012 08:14

On ne peut que se réjouir d'un tel accord. Il reste sa mise en application concrète dans les délais convenus. Certes, la Tunisie aura évité le pire avec cette grève à la fois légitime et dangereuse. Gardons-nous de tout optimisme. Le scepticisme qui règne depuis la révolution reste de mise !

ridha lahmar - 13-12-2012 08:19

c'est unje victoire pour la Tunisie, ces crises qui creent la solidarite des peuples. une occasion pour faire de cette journee de travail un cadeau pour les pauvres.

Mhamed Hassine Fantar - 13-12-2012 08:38

Il est certes heureux que la grève générale n'aur pas lieu. Quand à l'accord, malgré le flou de son libellé, il constitue une étape dans l'histoire de l'UGTT et de ses rapport avec le pouvoir.Pour être, la paix et la stabilité nécessitent la justice et la bonne foi.

tounesnalbaya - 13-12-2012 08:50

C'est comme si on a rien fait, puisque le comité de soit disant protection de la révolution, existe toujours, et Ennahdha se vante d'avoir gagné la bataille contre l'U.G.T.T., qui n'a pas réussi à s'en débarrasser du comité de la démolition de la révolution, si le gouvernement ne fait rien, il faut que l'U.G.T.T recommence la lutte, et il ne faut récapituler ou abdiquer.

Tunisienne - 13-12-2012 10:29

Et pschitt ! Le gouvernement, et derrière lui Khriji, peut continuer son chemin sur le même mode.

hasni - 13-12-2012 10:35

Euh ... Je suis confus d'être critique vis à vis de cet article mais ce n'est en rien un article journalistique. Est-il signé par un membre de l'UGTT ou du gouvernement en faveur de cet accord ? Car quand on lit "c’est finalement la voix de la sagesse qui a prévalu", on peut se poser des questions. Finalement, c'est quelques phrases plus loin que l'on comprend que l'auteur n'est en rien un journaliste "mais on croit savoir qu’il porte sur 8 points"..."une plateforme idéale "... "augurant de relations sociales enfin apaisées et consensuelles" ... Un accord entre le syndicat et le gouvernement qui porterait sur ces seuls points à la noix, n'évoquerait rien sur les prix, les salaires, les revendications sociales des salariés, c'est pas un accord. C'est un pacte avec le diable, un acte de renoncement à la nature même du syndicalisme. Cet accord, si il est dans ces termes, ne veut dire qu'une seule chose : comme le parti unique RCD était une grangrène pour la démocratie, le syndicat unique UGTT est une gangrène pour la représentation des salariés. Il est temps d'attaquer ce monopole et de créer des syndicats qui feront leur boulot à savoir : défendre les intérêts des salariés.

fathi - 13-12-2012 12:07

Et la dissolution des "protecteurs de la révolution"? Il n'y aurai pas de paix tant que ce groupe de malfaiturs est en fonction. Annahdha ne paut pas etre serieuse dans cet accord.

H1FSA - 13-12-2012 12:14

il est impératif: de clarifier la responsabilité des ligues de la protection de la révolution dans cette affaire et une bonne fois pour toutes et de faire comparaitre les éventuels acteurs devant la justice.Ni la cmmunauté ni le gouvernement ne peuvent supporter leurs exactions(à moins qu'on ne prouve le contraire pour pouvoir les innocenter

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