News - 28.05.2009

Nouvelle approche Emploi en milieu carcéral : on y entre condamné, on en sort chef d'entreprise

Lundi 25 mai. Une journée ordinaire à la prison de Mornaguia. Une ambiance feutrée entrecoupée de temps à autre par des appels au micro. Personnel et pensionnaires se croisent, chacun vaquant à ses occupations dans un bel ordonnancement. Soudain, des sifflets retentissent, des gardiens se dirigent d'un pas alerte vers le portail. Ils l'ouvrent et forment une haie d'honneur. Deux invités de marque se présentent: MM. Béchir Tekkari, ministre de la Justice et des Droits de l'Homme et Slim Tlatli, ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle des jeunes venus donner le coup d'envoi d'une initiative exceptionnelle.

Et si on transformait le séjour des détenus, qui le souhaitent, en préparation de la création d’un travail indépendant ou d’une petite entreprise ? En clair, comme s’ils étaient en liberté, pourquoi ne pas mettre cette période de « disponibilité » pour mûrir un vrai projet, viable et rentable, qui scellerait leur réinsertion effective et les prémunira contre la tentation de récidive ?  La maison d’arrêt deviendrait alors une sort de « boot camp » qui boostera les énergies vers l’utile et le bénéfique. Du coup, pas une minute à perdre, chaque instant serait dédié a l'identification, aux études de faisabilité, au business plan et au montage financier.


De vrais incubateurs de projets

« D’habitude, affirme un habitué du milieu carcéral, c’est en prison qu’on s’initie, parfois, à la délinquance profonde et qu’on s’y enlise. Derrière les barreaux, on mijote les mauvais coups à fomenter dès la sortie. Mais, voilà que la tendance est inversée, qu’on suscite les vocations, affûte les talents et favorise la création d’entreprise. C’est un vrai business center qui se monte, un incubateur de projet.»

Pour cela, il faut des coachs, comme en milieu ouvert, de la formation pour acquérir les compétences et qualifications nécessaires, et du financement. Le but étant de faire coïncider la date de la levée d’écrous avec le bouclage définitif du dossier ce qui permettra son lancement. Les vocations sont suscitées, la réinsertion est bien préparée. On entre « condamné », on en sort Chef d’entreprise.

L’égalité des chances pour la création d’entreprises

C’est là toute l’originalité de ce concept, décidé par le Chef de l’Etat et mis en œuvre, un an seulement après sa visite à la prison de la Mornaguia. Il consacre en outre, une nouvelle vision des droits de l'Homme, novatrice et volontariste, de la réinsertion du détenu. Celui-ci doit bénéficier de tous les avantages auxquels ont droit ses concitoyens, y compris ceux offerts par les différents mécanismes de l'Emploi. Ainsi, personne ne sera laissé pour compte.

La mise en oeuvre est confiée au ministère de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle des jeunes, en étroite collaboration avec le ministère de la Justice et des Droits de l'Homme. Pour celà, ils s’appuient sur les leviers utiles, notamment le Fonds National de l’Emploi 21.21, l’Agence nationale de l’emploi et du travail indépendant (ANETI) et la Banque Tunisienne de Solidarité.

En se rendant mercredi à la prison de la Mornaguia, les Ministres Tekkari et Tlatli, ont annoncé, par un signal fort, la concrétisation de cette décision. L’opérationnalité est immédiate, comme ils ont pu le constater.

Une série de sessions de formation sont en effet organisées au profit de 375 prisonniers, répartis entre 13 établissements pénitentiaires. Elles s’inscrivent dans le cadre du programme de création d’entreprises et de formation des promoteurs et d’un partenariat entre l’Association d’insertion des anciens détenus, la direction générale des établissements pénitentiaires et de rééducation et l’ANETI.
 

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