News - 26.04.2012

La descente de Marzouki au marché de gros suffit-elle pour combattre la spéculation

Flambée vertigineuse des prix des fruits et légumes, sans justification réelle, et qui ne profite ni aux producteurs agricoles, ni aux détaillants et encore moins au consommateur final La mercuriale s’affiche en effet au zénith, cachant à peine les spéculateurs qui en tirent les ficelles. La visite opinée effectuée jeudi tôt le matin par le président de la République, Moncef Marzouki, au marché de gros de Bir Kassaa, est venue souligner l’ampleur du phénomène. Quels constats établis et quelles mesures urgentes doit prendre le gouvernement ? A elle seule, la visite ne suffit qu’à tirer encore plus la sonnette d’alarme. Le consommateur, mais aussi l’agriculteur, attendent du concret.

Il devient en effet quasiment clair que l'inflation galopante que nous observons de jour en jour est en grande partie imputable à une manœuvre de manipulation délibérément orchestrée  par une chaîne qui commence avec des intermédiaires-spéculateurs s'employant à assécher le marché des fruits et légumes, pour faire flamber les prix, avec notamment une prise d’assaut de la production sur les sites agricoles et stockage dans des dépôts. Ils sont relayés par des intermédiaires-revendeurs pour les marchés extérieurs, qui s'activent à rafler la marchandise à des prix élevés, surtout quand le marché est demandeur à tout prix  A cela s’ajoute, pour d’autres produits et biens d’équipement, la facilité des crédits à la consommation, qui continuent à être accordés aux particuliers, au détriment des entreprises, ce qui stimule la demande en biens ménagers.

La synchronisation de ces trois phénomènes est-elle le résultat d’un pur hasard ? Bien au contraire, l’impression générale laisse présager une coordination entre ces 3 leviers. Leur conjonction érode sérieusement le pouvoir d'achat.

Comme conséquence, une persistance de l’envolée des prix est à craindre, pouvant causer le détachement vers le bas de la classe moyenne et l'amplification de l'exaspération de la classe pauvre qui ne s'en sort plus. Bien sûr, les conséquences pourraient très graves, voire plus que catastrophiques.

Le marché de gros de Bir Kassaa, comme a pu le constater, Marzouki, affiche ces derniers temps une baisse inexplicable des apports en produits frais, un renchérissement abusif des prix de fruits et légumes et une dégradation de la qualité moyenne des produits distribués.

D’après certains grossistes, le phénomène d’approvisionnement du marché libyen n’est pas le principal facteur provoquant la flambée des prix de fruits et légumes. En revanche, ils pointent du doigt les intermédiaires (Mandataires et relais, soit Habbatas et Gacharas) qui s’activent à conserver le monopole d’approvisionnement auprès des fermes agricoles, détourner une partie de la production agricole du circuit formel, à des fins spéculatives et sur-stocker les produits détournés, en vue de créer la pénurie.

Ce que le consommateur attend du ministère du Commerce

Jusque-là, le ministère du Commerce qui a promis de renforcer le contrôle général, notamment celui des circuits commerciaux et des prix, n’a pu que fixer le prix des œufs, s’engageant à faire autant, d’ici quelques jours pour la pomme de terre et les viandes, rouges et blanches. Mais, le plus important, c’est de mettre en place un véritable plan d’action efficace. Tout en jouant pleinement son rôle de régulateur du marché (quantité et qualité) et des prix, le ministère aura une mission cruciale à accomplir, le plus tôt possible, sans attendre la saison estivale et le ramadhan. Un comité de pilotage est nécessaire à constituer sous la présidence du ministre du Commerce, quitte à le réunir d’urgence en cas de besoin, mais au moins une à deux fois par semaine pour suivre de près la situation et décider des interventions appropriées. Des indicateurs précis quant aux apports et prix doivent faire l’objet d’un reporting quotidien, publié sur les sites officiels du ministère et de la Sotumag, gestionnaire du marché de gros de Bir Kassaa, et diffusé aux médias.

Aussi, l’inspection systématique des carreaux de vente des différents halls est indispensable, tout comme la sensibilisation des intervenants au marché de gros quant aux risques qu’ils encourent en cas d’infraction à la réglementation en vigueur.

« En ultime recours, si nécessaire, recommande un consommateur désabusé, il ne faut pas hésiter à démasquer publiquement ces gros bonnets qui profite de la sueur des agriculteurs et pillent le couffin de la ménagère et son portefeuille, et les faire comparaître devant les médias. » Faut-il en arriver là ?


 

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6 Commentaires
Les Commentaires
Fatma Z. M. - 26-04-2012 20:10

Après les Trabelsias, les mafieux continuent à exploiter les agriculteurs, les grossistes, les détaillants et surtout le consommateur. Où est le Ministre du Commerce? Qu'a-t-il fait pour limiter leurs nuisances? Du dispositif légal non effectif relatif à la hausse artificielle des prix (Articles 139, 140 et 141 du code pénal) Article 139 - (Modifié par le décret du 21 janvier 1927). Est puni de deux mois à deux ans d’emprisonnement et de quatre cent quatre vingt dinars à vingt quatre mille dinars d’amende, quiconque aura, directement ou par personne interposée, opéré ou tenté d'opérer la hausse ou la baisse artificielle des prix des denrées, marchandises ou effets publics ou privés et ce : 1- en diffusant sciemment de fausses nouvelles ou des faits calomnieux auprès du public, en présentant des offres sur le marché dans le dessein de troubler les cours, en proposant des offres d’achats à des prix plus élevés que ceux fixés par les vendeurs eux-mêmes ou toutes autres voies ou moyens frauduleux quelle qu’en soit la nature. 2- en exerçant ou en tentant d'exercer, soit individuellement, soit en réunion, une action sur le marché dans le but de se procurer un gain qui ne serait pas le résultat des règles normales de l'offre et de la demande. La condamnation à l'interdiction de séjour pour une période qui ne peut être inférieure à deux ans et supérieure à cinq ans est appliquée en sus des peines suscitées. Article 140 - (Modifié par le décret du 21 janvier 1927). La peine est d'un an à trois ans d’emprisonnement et de mille deux cents à trente six mille dinars d’amende, si la hausse ou la baisse opérée ou tentée ont porté sur des grains, farines, denrées alimentaires, boissons, combustibles ou engrais. La peine est portée à cinq ans d’emprisonnement et à quarante huit mille dinars d'amende si les denrées ou marchandises ne rentraient pas dans le cadre des activités habituelles de l’auteur de l’infraction. Le tribunal peut, en outre, condamner l’auteur de l’infraction à l'interdiction de séjour pour une période qui ne peut être inférieure à cinq et supérieure à dix ans. Article 141 - (Modifié par le décret du 21 janvier 1927). Dans tous les cas prévus aux articles 139 et 140 du présent code, le tribunal peut condamner les auteurs de l’infraction à l'interdiction d’exercer leurs droits politiques et civiques énumérés à l'article 5 du présent code. Sans préjudice de l’application de l'article 53 du présent code, le tribunal ordonne, en outre, la publication intégrale ou par extraits du jugement dans les journaux qu'il désigne et son affichage dans les lieux qu'il détermine, notamment sur les portes du domicile, magasins, usines ou ateliers du condamné à ses frais et dans les limites du maximum de l'amende encourue. Le tribunal fixe les dimensions de l'affiche, les caractères typographiques qui devront être employés pour son impression et la durée de l’affichage. En cas de suppression, de dissimulation ou de lacération totale ou partielle des affiches ordonnées par le tribunal, il est procédé de nouveau à l'exécution intégrale des dispositions du jugement relatif à l'affichage. La peine est d’un à six mois d'emprisonnement et de vingt quatre dinars à quatre cent quatre vingt dinars d’amende si la suppression, la dissimulation ou la lacération totale ou partielle aura été opérée volontairement par le condamné, à son instigation ou sur ses ordres. Dans tous les cas prévus aux articles 139 et 140 du présent code, le tribunal ne pourra être saisi que par le renvoi qui lui est fait par le juge d’instruction conformément aux dispositions du paragraphe 4 de l'article 106 du code de procédure pénale. Si le juge d'instruction décide, au cours de l’instruction, de recourir à une expertise il sera adjoint à l'expert désigné par le juge d'instruction un expert choisi par l'inculpé si celui-ci en fait la demande. En cas de désaccord entre les deux experts, le juge d'instruction en désigne un troisième. L’arrêt de renvoi est, dans tous les cas, motivé.

Karima B - 27-04-2012 08:29

Décidément les 5OUWANJIAs ne font rien pour éteindre le feu de l'INFLATION qui irrite le POUVOIR d'ACHAT du Tunisien. Leur souci se limite au prochain scrutin. Peu de ministres font du terrain. Et quand Marzouki sort de sa CAGE, ils se mettent à râler! Pourtant, il faut être très proche du quotidien du citoyen moyen dans ces moments de turbulence et d'incertitude. Quelle bandes de Bricoleurs ! http://www.mag14.com/actuel/35-societe/550-les-vrais-responsables-de-la-hausse-des-prix-en-tunisie.html

Hatem Makni - 27-04-2012 09:00

Merci Lassad Dhaouadi d'avoir rappelé que d'après le code pénal (Article 139 et 140), la manipulation des prix est considérée comme un "crime", dont l'auteur peut subir de lourde peine; alors qu'on pratique de faibles amendes de 20DT à 1.000DT. Que font donc notre Ministre du Commerce, notre Ministre de l’Intérieur et notre Ministre de la Justice ? Si l’on ordonnait une enquête, on découvrirait les mêmes Mafieux : pétrole, administration contrerévolutionnaire, banque centrale, KE et co

mahmoud Bédoui - 27-04-2012 13:57

Bah il n'y pas le feu ! Notre génial chef du gouvernement nous a promis la chute des prix d'ici... le mois de Ramadan. Il doit certainement débarquer de la lune ou bien il voulait dire "la chute du gouvernement". L'espoir est de mise, même s'il reconnait que son gouvernement ne peut rien faire face à la flambée.

sihem - 27-04-2012 16:31

la démocratie c'est compter sur soi-même il n'est plus permis aujourd'hui de demander assistance même au gouvernement, liberté et démocratie riment avec indépendance, se prendre en charge et initiatives d’où la responsabilité de la société civile et surtout dans ce cas de l'association de la défense du consommateur pour le diriger a boycotter les produits chers, la solution n'est pas comme a dit un humoriste sarcastique, dans une demande de crédit pour faire une salade mechouia, mais c'est de boycotter le piment surtout en hors saison' pour ca, l'association doit faire plus du social et moins de politique. TUNISIENS ARRETEZ DE VOUS LAMENTER, ET D'ACHETER AUX MARCHES PARALELLES, CEUX QUI NE PAEIENT PAS D'IMPOTS.

Abdo Maalaoui (Canada) - 28-04-2012 09:42

A tout problème, il y a toujours des SOLUTIONS à ceux qui veulent avancer dans la vie ! Le flambé des prix des produits agricoles, je sais qu'elle profite surtout aux speculateurx et aux commercants véreux qui ont toujours tiré leur épingle de la misère d'un peuple et ce presque dans tous les pays en développement. C'est quoi la Solution : Il faut penser à instaurer deux systèmes : 1) un "Système de gestion de l'offrre et de la demande" dans le secteur agricole ! 2) Il faut aussi mettre en oeuvre un autre sytème complémentaire qui s'appelle la "Gestion de la réserve stratégique" qui dépendra directement de la Présidence. Avec ces deux systèmes, Adieu la grande spéculation et l'agriculture deviendra un secteur fiable, stable, durable et rentable pour tous les acteurs (agriculteurs, transformateurs, commercants et consommateurs)... Voilà les outils qui existent dans plusieurs pays et qui ont fait leur preuve. Venez nous voir au Canada et on va vous montrer concretement comment ca fonctionne... Je sais que les grands penseurs "économistes" tunisiens vont m'écrire qu'ils n'ont pas de lecon à apprendre des autres ? C'est une bonne philosophie, mais maintenant que vous êtes malpris ... Vous avez le choix d'agir ou de continuer de pleurnicher !!! Un humble citoyen d'origine tunisienne mais qui a une expertise reconnue à l'international dans le domaine et qui veut vous aider !

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