News - 20.11.2011

Afek Tounes appelle au regroupement des partis progressistes

Pour un jeune parti à peine naissant, comme Afek Tounes, recueillir plus de 80 000 voix et réussir à obtenir 4 sièges à l’Assemblée nationale constituante relève de la performance. Surtout, lorsqu’on se rappelle les accusations d’élitisme dont il a été la cible. Quels enseignements tire-t-il du scrutin du 23 octobre ? Comment compte-t-il agir désormais, en tant que parti ou au sein d’une alliance ? Et quel mode de fonctionnement, avec au commandement un président (Mohamed Louzir) et un directeur exécutif (Yassine Brahim) ? Interview de Mohamed Louzir.
 

Quel bilan tirez-vous des élections ?
 
La Tunisie a connu avec succès ses premières élections libres et démocratiques depuis l’indépendance. Malgré une forte mobilisation pour ces élections, seuls 54% des Tunisiens ont voté, et beaucoup dont des  jeunes ayant participé à la révolution, ne se sont pas déplacés aux urnes pour accomplir leur devoir. Le processus démocratique est enclenché mais beaucoup de travail reste à faire.

Ennahdha sort grand  vainqueur de ces élections ( les résultats ont dépassé de loin les sondages), avec 36% des voix ( plus de 1,5 million de voix), 41% des sièges , et un écart assez significatif avec le second, le CPR, qui n’a eu que 9% des voix ( 341 549 voix) , 29 sièges, enfin  la surprenante Al Aridha en 3ème position( 252 025 voix )et 26 sièges. Ces élections constituent une volonté affichée des Tunisiens de rompre avec le passé d’un côté et d’affirmer une identité arabo musulmane de l’autre. Un point commun à ces trois partis : leurs leaders résidaient à l’étranger avant la révolution. Ces élections nous ont appris également que le parti Ennahdha avait la meilleure organisation qui lui a permis d’être la plus proche possible des citoyens et arriver à convaincre par un discours reposant sur l’islam et beaucoup de promesse essentiellement d’ordre social.

Les forces modérées,modernistes appelant à la justice sociale pourtant assez présentes sur la scène politique n’ont pas su s’unir pour constituer un front démocratique progressistes et leurs voix se sont éparpillés entre les partis les plus anciens historiquement et les mieux structurés, de nouveaux partis tels que AFEK et quelques indépendants alors que  beaucoup de voix sont restées sans représentants ( plus de 34%).

Cette situation est logique dans un contexte post-révolution, comme on l’a vu en Espagne, au Portugal et dans d’autres pays ayant connu des révolutions similaires. C’est pourquoi il est temps aujourd’hui  pour les politiques qui aspirent à jouer un rôle dans notre pays d’adhérer et d’intégrer les partis politiques qui offrent le meilleur espace d’exercice de la démocratie et donner la chance à tous les Tunisiens de participer à la construction d’une Tunisie démocratique dont nous rêvons.

A Afek Tounes, et malgré la jeunesse de notre parti, nous avons obtenu 4 sièges tous à l’intérieur du pays, assurant une bonne image d’un parti du futur, qui œuvre pour l’intérêt de tous les Tunisiens et qui est conscient des enjeux stratégiques combien difficile du pays. C’est pourquoi nous sommes convaincus que le regroupement des partis est une nécessité pour la prochaine étape politique et la constitution d’un front démocrate progressiste du centre répond à l’aspiration de nombreux Tunisiens  pour présenter une alternative crédible et réaliste pour la Tunisie.
 
Comment Afek Tounès compte agir désormais au sein de l’Assemblée, en interne et sur le terrain?
 
Au sein de l’Assemblée nationale constituante,  Afek Tounes jouera son rôle en plénière et dans les commissions pour défendre une Constitution qui offre toutes les garanties pour l’instauration d’une démocratie  pérenne pour la Tunisie où ne seront jamais plus remis en cause les libertés individuelles et collectives

Afek Tounes ne travaillera pas seul au sein de cette ANC mais œuvrera à constituer avec la famille des démocrates progressistes un  groupe constituant  qui aura à présenter des propositions constructives et éviter les éventuels dérapages.

Notre rôle sera également de suivre de près le programme du prochain gouvernement en ayant une opposition constructive : nous soutiendrons  les actions positives et apporterons  notre contribution lorsque nous ressentirons un danger quelconque qui pourrait toucher l’intérêt des Tunisiens
Nous nous focaliserons fortement pour contribuer à constituer une alternative du centre permettant d’offrir la possibilité de l’exercice d’une vraie démocratie avec des propositions et des alternatives sérieuses.
 
Enfin, nous sommes conscients que la réussite de cette étape est tributaire de la manière dont les partis politiques se comporteront avec le sujet épineux de la justice transitionnelle. Nous avons un ensemble de propositions concrètes à ce sujet pour  garantir un bon équilibre et permettre de satisfaire les Tunisiens tout en enclenchant notre pays vers la construction d’un projet offrant l’opportunité aux citoyens d’aspirer à un mode de vie digne et paisible.
 
Afek Tounes en nouveau parti démocratique et après le bilan des premières élections, s’organisera en interne afin d’avoir une organisation régionale la plus performante et garantissant la démocratie, notre rôle est d’écouter les Tunisiens, de réfléchir et d’apporter des solutions concrètes pour résoudre les problèmes cruciaux liés au chômage  et garantir  une meilleure justice sociale.
 
Votre parti offre l’image d’un commandement à deux manettes : un président, qui s’apparente à un président de conseil d’administration, et un directeur exécutif, en DG, très médiatisé. Quel partage des tâches avez-vous convenu et comment ça fonctionne?
 
Un parti politique n’est pas une entreprise. Aussi, leurs dirigeants ou leur mode de fonctionnement ne peut y être comparé ; Nous sommes jeunes en politique et nous en sommes conscients.  Afek Tounes ne fonctionne pas donc selon ce modèle.
 
Nous avons des structures comparables à  celles de nombreux partis politiques nouvellement créés. Nous avons vu le jour il y a seulement quelques mois et  les fondateurs jouent naturellement leur rôle, moi en premier lieu en tant que président fondateur. Mais nous avons aussi aménagé un espace d’expression et de décision pour les personnes qui nous ont rejoints. Très rapidement, à côté du premier noyau,  nous nous sommes enrichis de dizaines  de militants actifs que nous avons intégrés à l’équipe dirigeante entre autres en les nommant au comité central qui est notre premier centre de décision et qui lui-même a élu un comité directeur et un directeur exécutif. Nous évoluons depuis le début dans un vrai cadre démocratique ponctué de débats animés, d’élections régulières et d’uen processus de décision collégial.
 
Ni le président, ni le directeur éxécutif ou tout autre membre dirigeant de Afek Tounes ne cherchent à être sous la lumière des projecteurs. Les preneurs de parole s'expriment selon leur compétence et leur position au sein du parti. Nous nous sommes lancés dans la politique avec tous nos amis d’Afek Tounes uniquement pour servir la Tunisie.
 
Aujourd’hui forts de nos élus à l’Assemblée constituante, des quatre vingt mille électeurs  qui nous ont fait confiance et de nos milliers d’adhérents nous allons passer à la vitesse supérieure et organiser un congrès fondateur qui se tiendra début 2012. Ce congrès décidera notre règlement et organisation interne puis élira sa nouvelle direction d’une manière libre et démocratique.

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
6 Commentaires
Les Commentaires
Noureddine Chatti - 20-11-2011 16:14

Je voudrai seulement corrigé dans l´interview avec Mr Louzir l´info erroné " Un point commun à ces trois partis : leurs leaders résidaient à l’étranger avant la révolution." Dr Mustapha Ben Jaafar n´a pas reside á l´etranger alors que c´est oui pour Dr Moncef Marzouki qui a été obligé par la dictature de quitter le pays en 2006 comme cela a été aussi pour Mr gannouchi. Donc ce n´est pas un choix qu´ils ont fait.

Halim - 20-11-2011 18:52

Vous gagnerez aux prochaines elections a condition que les 36% des Tunisiens ne penseront plus que "Ennahdha = Islam"...

mohamed Ben Ali - 20-11-2011 19:37

Une bonne partis qui ne font pas partie du gouvernement d’intérêt national (soit par principe tel que Ettajdid et PDP, soit parce qu’ils ont été refusés par Ennahdha malgré leur manifestation d’intérêt tel que Afek Tounes) appellent à un grand rassemblement des partis progressistes. Mais qu’attendent donc ces partis pour passer à l’acte et se rassembler ? Est-ce que leurs propos sont uniquement des paroles de politiciens ou est-ce parce qu’ils veulent tous être patrons ? Si Mohamed Louzir ou Si Yassine Brahim, au lieu de faire un tel appel, allez donc rejoindre le PDP, après tout, vous n’êtes qu’un petit parti et rendez-vous à l’évidence que vous ne pourrez jamais être le leader du rassemblement progressiste. Vous n’avez même pas su rassembler et unifier vos membres

Abdel Rahim - 20-11-2011 21:40

Comment un parti ultra-libéral comme Afek peut-il se qualifier de progressiste ?

Mondher Belhadj - 20-11-2011 22:28

Pour perser dans les elections future Monsieur Louzir doit dés á présent, continuer le combat des electionss en elaborant un projet de developpement pour notre economie, un projet social qui concurrentie avec Ennahdha. Les tunisiens savent bien si Ennahdha reussi aussi les elctions futures tous les pays etrangers vont bouder l'investissement, et on n'aura du mal á nou en sortir pour longtemps. L'alternative contre Ennahdha est evidente et la majorité des Tunisiens vont la supporter. Notre pronostique sur la situation actuelle pour un PIB de 0,5% pour un pays ayant une marge de developpement pour un PIB de l'ordre de 11%, comparable á celui des pays en pleine progression. Afek Tounes doit mobiliser les meilleurs des economistes du pays, des hommes et des femmes qui energisent le pays et le reemettre sur des bonnes raille cette fois ci. Afe Tounes peut le faire puisque leur idées sont le juste milieu de quoi satisfaire les besoins des professionnels des secteurs á la fois public et privé et nous croyons á cet parti politique. Au travail et n'arreter pas le combat d'étre á la reponse des attentes des electeurs potentiaux.

Bouiche T. - 21-11-2011 08:31

"Réussir à obtenir quatre sièges"... de un, c'est médiocre comme résultat et de deux, c'est grâce à qui, en grande partie ? Ce n'est pas nécessaire de dire qui c'est, tout le monde le devinera. Mais, ce qui est certain, c'est que ce parti, avec l'équipe qu'il a actuellement (tous des "m'as-tu vu"s !) ne fera pas long feu.

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.