News - 18.08.2011

Caïd Essebsi : dernière ligne droite, nous résistons et réussirons

Visiblement satisfait de sa rencontre, en préliminaire, mercredi avec les chefs de partis politiques, dont notamment Rached Ghannouchi, Mustapha Ben jaafar et Maya Jeribi, le Premier ministre a abordé jeudi son discours prononcé devant les dirigeants de 105 partis, avec beaucoup d’assurance et de fermeté. S’il n’a pas annoncé de grandes mesures comme certains pouvaient s’y attendre, il a surtout essayé de renforcer le ralliement autour du gouvernement « pour réaliser l’objectif suprême assigné, à savoir l’élection d’une assemblée nationale constituante, dans les meilleures conditions de sécurité et d’indépendance n’autorisant aucun moindre doute sur le verdict des urnes.»

Dernière ligne droite, à 12 jours du début de dépôt, le 1er septembre, des listes candidates, 65 jours des élections, M. Caïd Essebsi affiche patience et détermination. « J’avais eu des problèmes, confie-t-il, avec certains de mes collègues au gouvernement qui, démoralisée par les attaques indûment subies voulaient partir le 24 juillet, mais aujourd’hui, nous formons la meilleure équipe que la Tunisie ai eue depuis le gouvernement de l’Indépendance, et nos sommes tous résolus à réussir l’échéance du 23 octobre. »

Que se passera-t-il juste après ? «Dès la constitution de la nouvelle assemblée, dira le Premier ministre, la mission du gouvernement actuel sera terminée et il devra assurera la passation avec les nouveaux élus de la Nation. Mais, toutes les options restent ouvertes. » Phrase énigmatique, lâchée au passage qui trouvent cependant un autre complément. « Vous savez, certains ne veulent pas de ces élections, et optent pour d’autres formules. Mais, nous nous sommes attachés au rendez-vous du 23 octobre à ce qui en sortira !»

Justice : indépendance, assainissement et célérité

Pour désamorcer la tension qui s’exerce sur la justice, il a annoncé que le gouvernement a renoncé à l’option de tribunaux d’exception, et que des cabinets d’instructions et des chambres auprès des tribunaux seront dédiés spécialement aux instructions et procès concernant le président déchu, son clan et les corrompus. Aussi,  et à titre prudentiel, le gouvernement a chargé la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution d’établir la listes des personnes pouvant êtres considérées comme des symboles de l’ancien régime et faire l’objet pour d’action en justice, afin que de mesures préventives soient prises à leur encontre, comme l’interdiction de quitter le territoire.

Quant aux « magistrats corrompus », il s’est élicité de l’initiative de l’AMT d’en établir la liste afin d’engager les actions appropriées, avec à la base une suspension, en attendant la décision des instances disciplinaires. Dans les deux cas, les droits de recours seront garantis.

Sans se laisser faire

Est-ce suffisant pour répondre aux attentes de l’opinion publique ? Près de 45 minutes durant, le Premier ministre se livrera comme à son accoutumée, à un large panorama qu’il commence par le rappel de l’action de son gouvernement  et termine par l’engagement à réussir le 23 octobre, avec deux évocations brèves mais significatives des enjeux économiques et de la situation sociale. D’emblée, il n’a pas caché son mécontentement du mauvais procès que certains font à l’action gouvernementale et la remise en cause de sa compétence et de sa détermination à conduire la transition. Il ne pouvait en être plus ulcéré lorsque « ces jugements non-fondés, proviennent d’un grand sage, qui a assumé de hautes fonction au sein de l’Etat à la tête de ministères de souveraineté, et connaît parfaitement la raison d’Etat », faisant directement allusion, mais sans le nommer, à Ahmed Mestiri. « Je ne peux que le regretter, laissera tomber, M. Essebsi.

Arrivé à ces propos, 5 minutes seulement après avoir commencé son discours, le Premier ministre devait subir du milieu de la salle, parmi les rangs des représentants des partis, une injonction lui coupant la parole pour lui demander « plus de transparence et moins de langue de bois ». Là, M. Caïd Essebsi, appréciant très peu ce style irrespectueux des institutions a piqué une véritable colère, sommant son contradicteur de se taire. Et lorsque celui-ci brandit la menace de quitter la salle et boycotter la réunion, le Premier ministre n’a pas hésité à le laisser faire s’il l’entendait.

"Un discours d'étape"

Reprenant le fil de ses idées, et toujours sans la moindre fiche sous la main ou conducteur, il a poursuivi son bilan, assenant au passage ces petites phrases impactantes qu’il sait tirer contre ses adversaires. « Ceux qui estiment que le gouvernement n’a rien fait sont les bienvenus pour nous faire part de leurs propositions et même prendre notre place. » Ou encore « une personne a pu quitter le pays, échappant à la vigilance, mais 22 000 autres avaient illégalement franchi les frontières à destination de Lampedusa, sans que personne ne broche. » Puis : « Nous ne prétendons nullement la perfection, beaucoup de lacunes subsistent, mais nous oeuvrons à les rattraper, sans le moindre complexe. A la limite, vous pouvez considérer notre action comme un moindre, mais en fait, vous devez réaliser toute l’énergie dépensée pour tenir bon, faire éviter un très grand nombre de dérapages ». Avant de rappeler :

« Nous avons suffisamment de patience pour continuer à endurer, car nous tenons à faire aboutir le processus de transition et servir le pays. »

« Un discours d’étape », estiment certains chefs de parti, «une reprise de parole, à mi-ramadhan et à la veille de la grande rentrée politique, économique et sociale », déclarent d’autres, ou « un recadrage de la communication gouvernementale, bien indispensable ». « Nous n’apprenons rien d’exceptionnel, déclare à Leaders, l’un des présents, mais nous comprenons parfaitement que la marge du Premier ministre est bien réduite : désamorcer toute source de tension, renforcer la sécurité et essayer de mobiliser toutes les forces politiques autour du scrutin du 23 octobre, quitte à faire des concessions, mais en préservant l’essentiel.»

 

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14 Commentaires
Les Commentaires
KRAIEM - 18-08-2011 14:14

Bravo Mr ESSEBSI, la politique est un art et, ces novices qui se prennent pour des messies n'y comprendront toujours rien. Le fait de voir des gens couper la parole en plein discours veut tout dire de l'insolence pris pour liberté d'expression. Même au USA terre de démocratie, cela ne se fait pas. Nous apprenons tous la liberté d'expression, mais il serait bien de l'apprendre dans le respect. 1 laisser l'autre parler sans couper la parole 2 savoir écouter 3 demander la permission de parole 4 poser sa question dans le respect A bon entendeur salut

Ali - 19-08-2011 05:42

''Mais, toutes les options restent ouvertes'': j'etais sur que le Gouvernement Essebsi prepare sa propre succession.

Rachid BARNAT - 19-08-2011 07:56

Pour ceux qui l'accusent de dévoyer la révolution, BCS leur rappelle que la révolution est partie spontanément des régions les plus déshéritées grâce à des jeunes non cadrés politiquement et sans chef, ne revendiquant que la lutte contre la corruption ! Les manifestants n'ont à aucun moment revendiqué du SALAFISME, ni du COMMUNISME, rappelle-t-il à l'intention des partis qui l'accusent de ce dévoiement (notamment Ennahdha et les Communistes), en leur laissant entendre leur opportunisme de s'accaparer la révolution des jeunes ; les invitant par là, à plus de décence ! A ceux qui lui rappellent son illégitimité et celle de son gouvernement, BCS explique la schizophrénie des tunisiens : ils lui demandent des réformes, et dés qu’il en décide une, ils lui rétorquent qu’il est illégitime….parce que sa réforme ne répond pas à leur propre intérêts ! En ces temps troubles, conclue-t-il, le gouvernement et lui-même sont soumis à deux lois « légitimes » : la « dégagite » et « le peuple veut » ! Pour éviter toutes critiques, BCS a choisi de s’en remettre aux différentes commissions pour examiner les requêtes du peuple concernant les juges corrompus, les anciens du RCD, les biens mal acquis de ZABA et le siens…. A l’impatience des tunisiens de voir aboutir toutes ces affaires, il rappelle que la justice à son rythme. Par conséquent il demande au peuple un peu de patience, puisqu’il ne lui reste que 2 mois pour finir ce pourquoi on lui a fait appel : l’organisation des élections. A propos desquelles, rappelle-t-il, le gouvernement n’interviendra que par les moyens financiers, puisque toute l’organisation et la logistique seront assurées par la commission qui s’en charge. Ce qui est une première dit-il, ce qui assurera une neutralité totale du gouvernement. BCS assure que lui et son équipe gouvernementale ont beaucoup de patience devant l'impatience des tunisiens pour qui tout est urgent !

gaha chiha - 19-08-2011 08:00

Couper la parole à un quelqu'un qui parle, qu'il soit premier ministre ou un simple citoyen, est simplement un acte impoli, une goujaterie... je me demande comment ses "responsables" ou "opposants" peuvent-ils se permettre de tels écarts! Ils doivent d'abord apprendre à respecter l'autre et à le laisser parler.

INTISSAR 2 - 19-08-2011 11:18

BCE a eu le courage d'aller au charbon, c'est à son actif. Au début sympa, cool et même Zen. Ensuite quelques accrocs d'autoritarisme, il a su les dépasser avec zèle, c'est bien. Confrontés aux dures réalités de la situation, il a commencé à perdre' de sa verve et certaines sorties ou décisions n'étaient plus pertinentes. Il a eu mauvaises prises avec les journalistes, les médias, les contradicteurs, la rue, les contestataires, les récalcitrants. Maintenant il fait escarmouches avec l'opinion publique, certains partis politiques ou associations. Comble il reproche à un de ses meilleurs compagnons d'avoir réagi à une situation qu'il juge potentiellement révolutionnaire. Les héros sont fatigués et c'est normal. l'épuisement de l'égo c'est une certitude. Mais alors quoi faire? Tenir bon la ligne droite est à la portée, tout en le critiquant il faut le laisser travailler, ses ministres doivent monter au créneau, pour ne pas focaliser sur le premier ministre.Quant aux partis politiques, dont certains veulent passer un deal avec BCE pour préparer l'après 23 octobre, qu'ils préparent leurs campagnes électorales avec des méthodes démocratiques et des financent non douteuses et surtout qu'ils laissent ce gouvernement faire ce qu'il peut tout en restant fidèle à sa mission transitoire et à l'esprit du 14 janvier. Pour BCE pas besoin de colère, un mot gentil de diplomate pour le provocateur et ça passe.

Monia - 19-08-2011 13:20

Bravo Monsieur ESSEBSI, vous êtes le sauveur de la Tunisie, il faut pas tenir compte d'une minorité qui n'ont rien compris et qui croient que la démocratie commence par l'insolence et le non respect. Je rejoint TOTALEMENT l'avis de mr KRAIEM. En outre, les journalistes de l'info sur el ouatanya doivent faire obligatoirement des stages de perfectionnement pour savoir présenter les infos sans ni modifier ni rapporter des propos sans fondements et ou non vérifiés parfois avec insolence. Par ailleurs, il faut s'estimer heureux de trouver une personalité comme Mr ESSEBSI pour remettre le pays sur la bonne voie qui mène à la démocratie, a son âge aucun n'aura ccepté une mission aussi difficile que cela avec presence permanente de démagogues et de ceux qui ne comprennent rien en polytique qui ont toujours un avis different. Courage, Courage, Courage ya SI EL BEJI, vraiment vous méritez le prix nobel pour la paix.

Ben Selma Fredj - 19-08-2011 14:07

Mr le Premier Ministre a su se placer au juste milieu depuis qu'il est à la tête du Gouvernement, chose qui n'appartient pas à n'importe qui dans les circonstances actuelle des choses, alors laissons le finir ses journées dans les regles car rien ne sert de bafouiller ou alors dégagez vous aussi.

mokaddem - 19-08-2011 16:13

DOMMAGE QUE CE PREMIER MINISTRE NE SOIT PAS PLUS JEUNE J 'AURAIS VOTE POUR LUI .BRAVO MONSIEUR BCE.

gaha chiha - 19-08-2011 17:03

je vous prie de bien vouloir corriger comme suit: Couper la parole à quelqu'un qui parle, qu'il soit premier ministre ou simple citoyen, est simplement un acte impoli, une goujaterie... je me demande comment ces "responsables" ou ces "opposants" peuvent-ils se permettre de tels écarts! Pour faire de la politique, Il faut d'abord apprendre à écouter, respecter l'autre et le laisser parler.

Malcom x - 20-08-2011 00:06

C 'est un homme sure de lui , il à tracer ça stratégie et il continue en chevalier solitaire , il faut pas oublier qui à démissionner avec le gouvernement de Bourguiba et Ben ali , ou les autres lécher les bottes pour y rester aucun Homme ne pouvais résister aux réclamation de 12millions de Tunisiens sortie de 23 ans de dictature et de 32 ans d'autoritarisme d'un chef charismatique Bravo BCS

Amor Ben Dhia - 20-08-2011 00:10

Mr. Caid Essebsi est fatigue. Tres fatigue.

ALI - 20-08-2011 08:09

Merci Mr le Président d'avoir eu la lucidité d'inviter le patriote Si El Béji à dirriger le gouvernement avec habilité dans cette tumulte. Merci d'avoir evité de nous coller les revanchards de l'ancien régime. Monsieur le premier ministre le peuple a du respect pour votre personne et nous sommes conscients de la lourde et périlleuse tache de votre gouvernement. Bonne santé et bon travail Si El Béji le pays vous est reconnaissant.

PATRIOTE - 20-08-2011 09:51

J'ai beaucoup de considération pour BCE pour son entregent et ses prises de position courageuses notamment du temps de Bourguiba. Je tiens à le féliciter pour ce qu'il a fait, entouré qu'il est de son équipe constituée il est vrai pour la plupart de sérieux, loyaux et compétents cadres tunisiens. le pire a été certainement évité et le pays s'oriente inchallah aussi sereinement et paisiblement au 23 octobre. Toutefois BCE, comme le dit lui même, ne fait pas partie des MA3SOUMIN - LES HOMMES PARFAITS- et en témoigne entre autres la dernière nomination au poste de premier président de la Cour des comptes, un acte pris à la hâte qui laisse coi, plus d'un, étant donné le profil et la passé de l'intéressé et qui met cette institution et les magistrats qui en font partie dans l'embarras et risque même de compromettre crédit et son avenir. A-t-il été manipulé , d'aucuns le pensent et voient même l'artisan. Puisse Si ELBEJI se ressaisir en temps opportun. Que dieu lui donne encore du souffle et de la clairvoyance pour mener sa mission oh combien salutaire à son terme.

abrougui - 22-08-2011 11:16

jai beaucoups de confiance a m. beji caid essebsi est un homme honnete integre. il nous faut beaucoups d hommes honnete comme lui . nul n est parfait BCE .veux sortir notre pays de la crise alors pas de bla ! bla ! bla!! et aider le en arretant de mettres des batons dans les roues ...mon soutiens total a ce qu il fait ..

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