Faites connaissance avec Nabil Karoui et Kaïs Saïed
Les résultats des sondages sur les intentions de vote aux prochaines élections ont provoqué une levée de boucliers dans le microcosme politique. « On s’attendait à tout sauf à ça », reconnaît un vieux politicien, tout penaud, de n'avoir rien vu venir. Effectivement, la surprise a été totale d’autant plus que Karoui et Saïed n’étaient pas pris au sérieux. Le premier passait pour un personnage falot. On savait certes qu’il nourrissait des ambitions politiques, mais de là à penser que ces ambitions allaient le conduire jusqu’à postuler pour la magistrature suprême et créer un parti, personne ne s’y attendait,d’autant plus qu'il passait aux yeux de tous pour un homme d'affaires sans envergure, entré en politique par pur hasard et qui se satisferait bien d’un siège de député. La réaction spontanée des riverains du siège de Nessma près de Radès lors du démantèlement des équipements de diffusion de la station par la force publique aurait dû leur mettre la puce à l’oreille. Il est vrai que l’homme cachait bien son jeu. Alors que la classe politique se chamaillait tout en multipliant les crocs en jambe à celui qu’elle considérait comme l’adversaire principal, Youssef Chahed, le directeur de Nessma sillonnait les villages, promettant tout à tout le monde, le paradis pour tous, sous le couvert de son association caritative Khalil Tounis dans la perspective des élections. Nabil Karoui succèdera peut-être à Béji Caïd Essebsi même s'il n'a pas une once des qualités requises pour ce poste. Par contre, il doit une fière chandelle à la naïveté des partis de gauche prêts à tout sacrifier sur l'autel de la liberté de la presse. Car c'est au nom de cette sacrosainte liberté qu'ils ont soutenu jusqu'au bout Karoui, même s'il n'était pas dans son droit, et lui ont servi d'alibi en prenant part à ses talk show à sens unique tant qu'il était l'ennemi de leur ennemi.
S'agissant de l'autre grande surprise de ces sondages, Kaïs Saïed. C'est un original. Dites cela et tout est dit. On se contentera de vous renvoyer à sa dernière interview. Il y est tout entier. Karoui et Saïed. A eux deux, ils font la paire. Notre Tunisie aura fière allure à l'étranger.
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Quand je consulte la liste des probables candidats à la présidentielle, je ne peux que me féliciter que la Constitution ait limité les pouvoirs du Président de la République à l'inauguration solennelle des chrysanthèmes ! D'abord, parce que les chrysanthèmes, en Tunisie, on ne connaît pas... Ensuite, vous imaginez les dégâts commis par un improbable Karoui, ou par une évanescente Moussi dont on ignore tout, si la Constitution avait prévu de leur accorder davantage de pouvoirs que l'inauguration virtuelle de ces fleurs destinées à un usage bien spécifique ! Vous pouvez anticiper ceux dont un Saied pourrait se rendre coupable, maintenant qu'il a levé un pan du voile dont il enveloppait incidieusemnt son programme ? De quoi vous donner froid dans le dos, et durant les cinq années de son éventuel mandat... Non, tout compte fait, mieux vaut rogner les ailes au futur Président : rien qu'à y penser, ces dégâts virtuels m'empêchent déjà de dormir !
