Opinions - 07.02.2017

La triste affaire du bébé du CHU Farhat Hached de Sousse: Serions-nous en présence d’un gouvernement de médias?

La triste affaire du bébé du CHU Farhat Hached de Sousse: Serions-nous en présence d’un gouvernement de médias?

La Tunisie post-révolution a connu certes une liberté d’expression, mais cette effervescence de liberté se traduit dans les faits parfois par des excès à vrai dire anti-démocratiques ; des excès qui mettent en péril, en danger, notre cheminement démocratique.

La médiatisation exagérée de certains événements menace en effet la sérénité du déroulement, du processus, de l’enquête. Aussi, le lundi 6 février nous avons assisté en direct, lors de l’émission de Myriam Belkadhi sur El-hiwar Ettounisi,  à la mise en liberté de la pédiatre en détention préventive. Une mise en liberté donc sous pression médiatique organisée, orchestrée par le corps médical. 
Pis, L’avocate Bochra Ben Hamida a lancé un appel en direct en présence de 4 médecins sur le plateau de TV au ministre de la justice pour qu’il intervienne sans tarder afin relâcher la pédiatre  en détention.
Où va-t-on?

Loin de moi l’idée de défendre quiconque dans cette triste affaire, mais en tant que citoyen je tiens à dénoncer avec vigueur ce modus operandi. Légiférer dans la précipitation c’est céder au populisme, à la simplicité et à la désinvolture ; là, où il faut faire preuve de pragmatisme, de sérénité, de rationalisme et de positivisme. Agir ainsi n’est-il pas de nature à pervertir, dépraver, dévergonder nos institutions ? Exiger sur un plateau de Tv en direct d’un ministre de libérer  une détenue en préventive c’est particulièrement malveillant et désobligeant. Pire encore, céder à une telle invective, c’est porter un sale coup au corps de la magistrature et à la prestance de l’Etat.
Ne faut-il pas laisser le temps nécessaires aux magistrats pour instruite dans la sérénité et la quiétude ? Désapprouver ainsi un procureur de la république ne revient-il pas dans les faits à le blâmer publiquement? Etc. 

Hélas, force est de constater que le corporatisme et le mépris demeurent une monnaie courante en Tunisie. Effectivement, nous ne sommes pas tous égaux devant la mort?    

Les groupes d’influence (les lobbies) peuvent être utiles pour une meilleure gouvernance, quand ils sont mobilisés avec esprit bienveillant. Nos hommes et femmes politiques peuvent être sensibles à certains groupes, mais ils doivent avant tout être habités par l’intérêt général. La démocratie n’est-elle pas avant tout une conscience morale, un état d’esprit?

Ezzeddine Ben Hamida
Professeur de sciences économiques et sociales

 

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