News - 12.12.2015

Corruption, contrebande et terrorisme en Tunisie : Le cash qui tue

Corruption, contrebande et terrorisme: Le cash qui tue

Il pollue le climat politique, intoxique l’économie, pénalise l’environnement des affaires et nourrit le terrorisme. L’argent douteux, souvent en liquide, fait du paiement cash une arme dangereuse. Près de l’équivalent en diverses devises de 2 milliards de dinars atterrissent dans le pays en cash déclarés à la douane aux postes frontaliers ou sont transférés dans les comptes courants bancaires et postaux. Puis s’évaporent dans la nature. Des sommes importantes sont introduites clandestinement par valises. Rien que durant les dix derniers mois de 2015, la Douane a saisi l’équivalent de plus de 36 millions de dinars.
D’où viennent pareilles sommes colossales ? A qui profitent-elles ? A quoi servent-elles ? Blanchiment d’argent, corruption, financements occultes d’activités politiques et campagnes électorales, paiements de la contrebande, embrigadement et radicalisation, soutien au terrorisme : tout y passe. La contrebande, forte de 60 grossistes à Ben Guerdane qui emploient plus de 3 000 personnes et s’appuient sur 200 à 300 changeurs de devises, engrange à elle seule 1,8 milliard de dinars au minimum. Certaines associations, souvent illégales, reçoivent des «dons» de 1 à 3 millions de dinars. Dans un douar de 10 familles, on a compté 7 associations. Le gouvernement a sommé 673 associations de fournir des explications, notifié le gel de 164 autres, demandé la dissolution de 64, mais n’a obtenu de la justice que la dissolution d’une seule : la Ligue de protection de la révolution…
Malgré les garde-fous qui se mettent en place, ils s’avèrent peu efficaces. Voyage au cœur d’un système qui mine la Tunisie.

Politique: de plus en plus de précautions

La Cour des comptes a levé un gros lièvre dans son rapport sur le contrôle du financement de la campagne électorale pour la présidentielle de 2014, publié en août dernier. Soulignant les soupçons portés contre la contribution financière d’une association présidée par un candidat, elle relève que celle-ci a reçu des dons de plus d’un million de dinars en provenance d’une ambassade étrangère et d’une agence d’assistance technique.

Réservant ses investigations à la justice, la Cour n’a pas voulu en fournir de plus amples détails. L’effervescence suscitée par ces révélations s’est rapidement estompée et nous demeurons encore sans savoir de qui s’agit-il au juste. Aussi, la Cour des comptes a relevé que l’un des candidats a bénéficié de transferts en sa faveur à partir de l’étranger, affirmant qu’il s’agit de fonds propres, d’un montant total de 4,6 MD, ce qui a attiré l’attention de la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf). La déclaration de soupçon a été dûment transmise au procureur de la République.

L’Isie avait bien rappelé aux candidats l’interdiction des financements étrangers, mais n’a pu exercer le contrôle nécessaire, soulignant les difficultés rencontrées dans le suivi des campagnes qui s’étaient déroulées à l’étranger. La Cour s’était également intéressée au respect des dispositions relatives au paiement des frais électoraux, stipulant un règlement par chèque de tout montant supérieur à 500D. Si pour les législatives, 50% des paiements concernés ont été effectués par chèque, cette pratique s’est confirmée pour la présidentielle, atteignant 60% lors du 1er tour avant de se situer à hauteur de 79% lors du second tour.

Ce qui dénote une attention portée par la plupart des candidats pour éviter toute disqualification. Mais, le cash a encore joué pleinement dans le le non-déclaré des campagnes électorales.

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
0 Commentaires
X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.