News - 28.01.2015

Jean Daniel en soirée souvenir à l’ambassade de Tunisie à Paris

On ne se lasse pas d’écouter Jean Daniel, le fondateur du Nouvel Observateur, évoquer ses souvenirs en Tunisie, ses entretiens avec Bourguiba, surtout les derniers lorsque le Combattant suprême était séquestré à la fin de sa vie à Monastir. Les invités de l’ambassadeur de Tunisie à Paris, Mohamed Ali Chihi, étaient ravis de partager avec l’illustre témoin de l’histoire, une soirée agréable, mardi soir, rue Barbet-de-Jouy. Jusqu’à minuit, Jean Daniel, très en forme et enchanté par l’accueil qui lui a été réservé et l’intérêt que ses propos suscitaient, égrenait ses souvenirs avec notre pays, levant le voile sur des séquences peu connues de ce qu’il avait vu et entendu en Tunisie durant les cinquante dernières années. De quoi mériter tout un nouveau livre dédié.

Rue de l'Estrapade: la mystérieuse adresse de Bourguiba à Paris

Le président Bourguiba a été déposé illégalement par le premier ministre de  l’époque, Ben Ali, aidé en cela par les Américains d’une part, et les services secrets italiens, sur ordre de l’OTAN, pour le cas où l’opération rencontrerait des difficultés ; d’autre part. Bourguiba fut donc assigné à résidence surveillée et gardé fortement par des troupes de choc pour le cas où un commando viendrait un jour à tenter de le libérer et le remettre à la tête du pouvoir, ce qui serait la perte certaine du comploteur en chef,  Ben Ali et ses complices, à l’époque, dans la garde nationale.

Quelques mois après son internement, Jean Daniel, un grand de la presse française demanda à la voir et en obtint l’autorisation, avec date et heure fixés pour un rendez vous à Monastir, lieu de la résidence de Bourguiba. Jean Daniel  arriva donc à l’heure convenue et fut reçu par le gouverneur, geôlier officiel du président, qui l’introduisit auprès de Bourguiba, et s’assit lui-même pour assister à l’entretien, comme Jean Daniel en a été prévenu.

L’entretien a duré 20 minutes durant lesquelles le visiteur et le Président n’ont pu échanger que quelques banalités. Puis le gouverneur se leva signifiant ainsi la fin de l’entretien. Jean Daniel fit de même et se préparait à prendre congé du Président quand ce dernier lui fit signe de l’accompagner jusqu’à la porte de la résidence, parcours, que le Président utilisa pour chuchoter à l’oreille de Jean Daniel une adresse parisienne, rue de l'estrapade.

Sur le chemin de retour vers Tunis, puis en avion au retour vers Paris, Jean Daniel essaya de percer le mystère de cette adresse. Arrivé dans la capitale Française, Jean Daniel se précipita vers l’adresse, il y trouva une librairie où l’on ne vendait que des livres d’histoire et où officiaient un couple – sans doute un mari et sa femme – qui, à la question du journaliste, répondaient ne pas connaître, ni de près ni de loin, Bourguiba.

Un peu désorienté, Jean Daniel se préparait à quitter les lieux quand son regard fut attiré par un tableau célèbre représentant  Victor Hugo, exilé à l’époque à Guernesey. Et Jean Daniel a soudain  tout compris « Je suis prisonnier de ce monstre Ben Ali, et je le suis illégalement. Dites-le à tout le monde SVP ! ». Mais Jean Daniel, à raison n’en fit rien : Mitterrand informé par ce dernier, s’y opposa.

Mohamed Ali Mahjoub
Université de Monastir

(Cet  article est  paru sur notre site, le 10 avril 2013)

 
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1 Commentaire
Les Commentaires
salem FOURATI - 29-01-2015 22:02

Notre jeune Ambassadeur réhabilite la mémoire tunisienne. Toutes mes félicitations pour l'enrichissement du patrimoine relationnel de la chère Tunisie.

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