News - 19.10.2009

Promoteur Individuel : l'amorce de l'entreprise

Ahmed, 22 ans, fils de jardinier. Il voit chaque jour son père partir, sacoche en bandoulière, sillonner El Menzah, de villa en villa, pour arracher les mauvaises herbes, tailler les rosiers, irriguer les plantes et entretenir le jardin. Un métier que le père exerce depuis maintenant 15 ans, aime bien et veut développer en s’équipant d’une tondeuse de gazon et d’une petite voiture, et en s’adjoignant un apprenti. Mais qui ne le sécurise guère. Sans couverture sociale, sans la moindre pension de retraite, sans statut, ni visibilité ou possibilité de crédit et d’investissement: la précarité totale. Ahmed aurait bien voulu se lancer sur le même créneau. Mais il ne s’y hasarde pas, quitte à rester chômeur, en espérant qu’un jour il trouvera mieux.

Aicha, 23 ans, est ce qu’on appelle une brave femme. Depuis 3 ans, elle s’occupe d’une vieille femme, invalide, clouée au lit, dans la maison de son fils aîné. Chaque matin, elle vient tôt pour lui faire sa toilette, lui donner son petit déjeuner et lui tenir compagnie, répondant à ses demandes et l’aidant à mieux supporter sa maladie. La grande satisfaction d’Aïcha, c’est ce sourire reconnaissant que lui renvoie sa « patiente », mais aussi, cette rémunération mensuelle qui lui versent les enfants de la « patiente », majorée de menues gratifications occasionnelles. Sans certitude pour le lendemain. Sans garantie pour son propre avenir.

Fatma, 27 ans, fille de grande pâtissière excelle dans les gâteaux traditionnels. Ses makroudhs, mlabbes et autres baklawa, fort prisés sont irrésistibles. Elle aurait tant aimé ne pas rester comme sa mère, grimper d’un cran dans ce métier, s’organiser, créer sa marque, disposer de ses propres emballages, vendre aux prix du marché et recruter d’autres femmes pour l’aider et développer son affaire. Mais, comme près de 50 000 autres femmes artisanes au foyer, elle n’a aucun statut. Ouvrir une patente, s’inscrire au registre de commerce, tenir une comptabilité analytique, déposer une déclaration d’impôts, et une autre auprès de la CNSS : tout cela lui est fort compliqué. Elle sait que seule, elle n’y arrivera pas et c’est pourquoi elle se résout à rester au stade élémentaire, malgré tant de bonnes opportunités qui s’offrent à elle.

Autant de cas concrets qui n’attendent qu’une solution globale de simplification. Autant de gisements de revenus et d’emploi qui risquent de demeurer inexplorés, livré à l’underground. C’est là, le cœur même du concept du Promoteur Individuel annoncé par le Président Ben Ali dans son programme électoral 2009-2014, « Caractérisé par un régime simplifié et libéral en matière fiscale et des cotisations sociales calculées sur la base des revenus réalisés et selon des procédures souples.»

Le principe est clair et il va falloir en attendre les contours précis. Moins de procédures et de fiscalité, et la couverture sociale assurée. L’essentiel est de se lancer au travail, d’entreprendre. Les avantages sont multiples : amorcer la toute première génération dans le processus de création d’entreprise. Bill Gates, comme Steve Jobs et les plus grandes compagnies du monde, comme toutes les autres, sont nés d’une simple idée, avec un promoteur individuel. L’exercice vaut apprentissage et peut rester dans les limites initiales, ou se promouvoir en entreprise croissante jusqu’à prendre de grandes dimensions.

Maintenant que le statut est officiellement installé, il va falloir œuvrer par sa finalisation et sa mise en œuvre. Voilà une bonne mesure qui démontrera rapidement son utilité
 

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