Tendance - 10.06.2013

Selma Feriani: Galeriste à Londres, galeriste à Sidi Bou Saïd

Encore une nouvelle galerie d’art ? Mais plutôt, une vraie galeriste de la nouvelle génération. Ayant à son actif de longues années d’expérience à Londres, Selma Feriani revient à son village natal de Sidi Bou Saïd, pour aménager une plateforme originale en vue de promouvoir l’art contemporain et encourager les créatifs. Vendre des tableaux n’est pas son objectif. Détecter les talents, les faire connaître à l’étranger, les introduire dans des expositions, collections et  musées de renom est sa passion. Gestionnaire, analyste financière qui a bien réussi à la City, en plein cœur de Londres, elle a finalement opté pour son milieu naturel, l’art, dans lequel elle avait baigné depuis sa prime enfance. Parcours.

Du haut des marches qui descendent de la Place Sidi Hassine vers Dar Said, Selma Feriani vous accueille avec un large sourire pour vous inviter à la suivre dans les ruelles de son village. Quelques pas et vous êtes devant «Le Violon Bleu», cette galerie d’art fondée par sa maman, Essia Hamdi, il y a plusieurs années. Cela suffit pour vous rappeler ses origines. Selma a en effet ouvert les yeux dans ce magnifique site, entourée d’artistes, peintres, antiquaires, collectionneurs et amateurs d’art. Ses études universitaires après le Lycée de Carthage l’ont certes menée vers l’Ecole supérieure de commerce, mais ne l’ont guère détournée de cet environnement très culture. Diplôme en poche, elle suivra son mari à Londres, dès l’an 2000, et décrochera rapidement un poste d’analyste financière.

Une passion, ça se perfectionne

Londres est une grande galerie universelle offrant aux amateurs de multiples opportunités. Avec son mari, Selma commence à acheter quelques œuvres et constituer une petite collection, parcourant les expositions, assistant aux présentations des travaux des étudiants en beaux-arts. La passion pour l’art lui colle à la peau. Pour parfaire ses connaissances, elle ira prendre des cours académiques et en histoire chez Christie’s. Sa décision est alors prise : dès 2007, elle ouvre sa propre galerie, Selma Feriani Gallery, au 23 Maddox Street (www.selmaferiani.com). Elle y invite surtout des artistes arabes pour se distinguer des autres, attirer une clientèle différente et donner l’occasion à des jeunes talents de se présenter, selon une programmation très précise. Successivement, elle présentera Ziad Antar, Roula Halwani, Elena Damiani, Pascal Hachem, Mustapha Akrim et les Tunisiennes Raja Aissa, Meriem Bouderbala, Nicene Kossentini et autres Amel Bennys.

Un artiste, ce n’est pas seulement une exposition. C’est aussi un porte-folio qui lui est dédié. Edité avec soin et mis en librairie, il prolongera son œuvre et la promènera un peu partout dans le monde. C’est encore des participations à de prestigieuses expositions. Selma fait une nette différence entre les marchands d’art. «Notre mission est de faire connaître les artistes, et mettre leurs œuvres à la disposition du public et des collectionneurs». Le succès est au rendez-vous, la galerie gagne en notoriété et réputation et tous l’encouragent à rééditer cette réussite dans d’autres capitales et grandes villes.

Aller vers les artistes

Avant tout, elle voulait en fait aller vers les artistes dans leurs propres pays pour les accueillir dans une plateforme qui sera en connexion directe avec l’international. Une sorte de premier pas pour se préparer à une grande carrière. Ils prendront ainsi le temps de rencontrer le public, de comprendre les exigences internationales, de connaître de grands noms et d’affirmer davantage leur art.  La première option qui se présentait était Dubaï. En bonne analyste financière, Selma avait affiné son étude qui s’était avérée probante. Mais, c’est vers Sidi Bou Saïd qu’elle s’est sentie le plus attirée.  A lui seul, le village draine les artistes qui se plairont à y séjourner, s’adonner à leurs créations, rencontrer leurs pairs et débattre des grandes questions qui nourriront leurs réflexions.

La chance supplémentaire pour Selma à Sidi Bou Saïd, c’est qu’un endroit merveilleux s’y prête avec bonheur. Ses parents avaient en effet déniché un ancien couvent juché sur la colline qui avait servi d’école de filles et jouxte d’ailleurs la galerie maternelle, «Le Violon Bleu». Selma jettera son dévolu sur cet endroit et appellera à ses côtés restaurateurs, décorateurs et divers autres corps de métiers. Sans rien toucher à l’âme des lieux, de petites touches raffinées le transformeront en magnifique galerie d’art sur deux niveaux, avec une terrasse qui donne sur l’inégalée baie de Tunis. Le rêve prend forme, la saga commence.

Amel Bennys, qui avait étrenné la galerie et  déjà exposé à Londres, est arrivée de Paris après un long séjour aux Etats-Unis. Le vernissage de son exposition, le 11 mai dernier, marquait plus qu’une inauguration, la naissance d’une nouvelle génération de galeries d’art en Tunisie, véritable hub connecté à l’international.

T.H.



 

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1 Commentaire
Les Commentaires
Meherzi anissa - 10-10-2014 13:31

Quel magnifique projet et encore plus magnifiques les êtres derrière, merci au noms des tunisiens , mabrouk pour la tunisie

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