News - 09.09.2014

L'accueil aux postes frontaliers tunisiens: Doit mieux faire

Premiers lieux d’accueil en Tunisie des voyageurs arrivant par voie terrestre, les postes frontaliers avec l’Algérie et la Libye sont-ils accueillants? Après souvent un long trajet parcouru parfois avec femme et enfants et les formalités passées de l’autre côté, pour y arriver, le visiteur n’aspire qu’à une bonne halte. Trouver un café, un restaurant, des sanitaires, un bureau de change, une agence de voyages et autres relève de la première nécessité. Des millions d’Algériens et de Libyens qui fréquentent chaque année la Tunisie en font la décevante expérience. Rien ou presque de tout cela. Seuls les opérateurs de téléphone mobile y sont bien installés, vendant chaque jour des centaines de lignes. Si les formalités de police et de douane sont rapides, le reste est à revoir.

Reportage à Aïn Melloula et Babouche, près d’Aïn Drahem, sur la frontière tuniso-algérienne.

L’étroite route sinueuse qui monte à quelques kilomètre avant Aïn Drahem serpentant cette merveilleuse forêt incite à la prudence. Des travaux sont en cours, récemment lancés, pour l’élargir et l’asphalter. Tout en haut, on arrive à Aïn Melloula, le poste frontalier. Une grande bâtisse avec le toit en tuiles rouges regroupe les services tunisiens. La Police des frontières est le maître des lieux puisque c’est elle qui détient le précieux tampon d’entrée et de sortie. Mais, la collaboration avec la Douane et l’Office national du tourisme tunisien est totale.

Les lieux sont spacieux, mais modestes, sans aménagement intérieur accueillant. Juste des guichets, comme dans n’importe quelle administration sans âme. Les murs ont besoin d’un coup de badigeon, alors de nouvelles tuiles doivent être posées sur le toit pour remplacer celles qui ont été arrachées par le vent. Mais, c’est tout le concept qui est à revoir. A peine entré en fonction, le chef du gouvernement Mehdi Jomaa en avait pris conscience en se rendant le 24 mars 2014 sur les lieux, lors de sa visite dans la région. Accompagné des ministres de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire et du Développement durable, Hédi Larbi, et du Tourisme, Amel Karboul, il avait pu constater par lui-même le manque de moyens pour bien recevoir nos voisins algériens. Des instructions avaient été données ce jour-là pour achever le bitumage de la route, l’aménagement de parkings et l’installation de sanitaires, mais aussi tout un programme de réhabilitation du poste-frontalier devant servir de pilote pour tous les autres.

Rattraper le retard et améliorer l’accueil

Cinq mois après cette visite, la réalisation de ce programme tarde à s’accomplir. Amel Karboul a tenté d’impulser les travaux, en revenant sur les lieux, mi-août dernier. De jeunes scouts amenés de Jendouba pour la circonstance pour de menus travaux de nettoyage, comme au bon vieux temps, ont égayé la matinée par leurs chants avant de repartir vers midi en visite touristique. La ministre ne pouvait rester les bras croisés. Immédiatement, elle débloque de nouveaux crédits et relance les entrepreneurs.

«Nous accueillons chaque jour en haute saison plus de 4 000 voyageurs par jour, indique à Leaders un haut gradé. Le record enregistré est de 5 080 voyageurs arrivés le même jour il y a quelques semaines. Mais, nous avons bien géré le flux. Le gouvernorat de Jendouba compte cinq postes frontaliers, à savoir Melloula, qui est le plus important, Babouche, réservée surtout au commerce (camions), Ghardimaou, Sakiet Sidi Youssef et Kalaat Senan, précise-t-il. Le trafic est fluide et les formalités ne prennent pas pour les voyageurs plus de 15 minutes. Quant aux camions, un peu plus de temps est nécessaire pour les formalités du commerce extérieur et l’inspection de la charge.»

Le poste frontalier est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Les équipes se relaient sans relâche. Quelques pas suffisent pour passer au territoire algérien. L’accueil est courtois, surtout à l’égard des journalistes. Policiers et douaniers accomplissent les formalités, entretenant de bonnes relations avec leurs homologues tunisiens. Quand ils se rencontrent, ils se saluent chaleureusement et se congratulent comme des voisins, des proches. «Vous savez, nous nous côtoyons chaque jour et faisons le même travail, alors ça crée des liens», nous lance un douanier algérien. La plupart des voyageurs affluant à Melloula en voiture viennent en famille passer leurs vacances en Tunisie. Ils appartiennent à différentes couches comme le laissent apparaître leurs véhicules, mais ils sont pour la plupart aisés. Le rythme s’est accéléré après la fin du ramadan pour reprendre la voie du retour début septembre. Les formalités terminées, ils ont hâte de poursuivre leur chemin, mettant le cap sur Tunis. Tabarka, pourtant station touristique attractive avec ses hôtels et ses plages, ne sera pour eux qu’une courte halte. S’ils s’y arrêtent, c’est pour se restaurer.

En fait, derrière cet accueil courtois, la vigilance policière et douanière est sévère, dans une bonne collaboration. L’expérience et le flair aidant, petits et grands trafics sont rapidement repérés.  Le chef X, qui aligne 25 ans d’expérience dans la police des frontières, entre l’aéroport de Tunis-Carthage et différents autres points de passage, fait beaucoup confiance à son intuition. «Nous respectons les procédures, mais nous essayons d’analyser le comportement pour détecter le moindre signe utile ». «Nous aussi, confirme un douanier haut gradé. Le sixième sens s’ajoute aux vérifications d’usage. Les contrebandiers l’ont compris et essayent alors d’éviter nos postes pour emprunter d’autres chemins à travers la montagne.»

A quelques kilomètres de Melloula, se trouve le poste de Babouche, réservé au commerce. Même configuration ou presque, avec cependant de grands hangars pour l’inspection. Il enregistre de 400 à 600 véhicules par jour, entre camions et camionnettes, et jusqu’à 1 200 voyageurs. Faut-il penser à regrouper ces deux postes et mieux les aménager? L’idée trotte dans la tête des décideurs à Tunis.

Des free-shops aux frontières?

Au siège du gouvernement à la Kasbah, l’évaluation est sévère. Photos et rapports à l’appui, le chef du gouvernement estime que le programme de réhabilitation des postes frontaliers doit s’accélérer. Melloula, Babouche, mais aussi au Sud sur la frontière avec la Libye, Ras Jedir et Dhibet, et d’une manière générale tous les points de passage doivent être revus.

De vieux projets dorment depuis longtemps dans les cartons des ministères, notamment celui du Tourisme. Ils n’attendent qu’à être actualisés et mis en œuvre. L’ouverture de buvettes, restaurants, guichets de banque, stations-services, supermarchés et autres est indispensables. L’Etat peut envisager la construction des lieux nécessaires et les mettre en concession sous cahier des charges rigoureux. On peut aller plus loin et envisager l’implantation de free-shops pour différents produits à l’export.

Un gouvernement provisoire fixé sur la tenue des élections, doit-il s’en occuper? Sans aucun doute. Il faut rattraper le temps perdu!

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Tags : Amel Karboul   H   Lotfi Ben Jeddou  
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1 Commentaire
Les Commentaires
Hédi - 10-09-2014 09:20

Désolé mais les postes de sakiet et de kalat senan relèvent du gouvernorat du Kef. Je pense qu'au lieu d'avancer des chiffres qui montrent que vous travailler trop, il semble plus utile de penser à alléger les procédures d'entrée et de sortie pour accueillir 20.000 passagers par jour avec le quart d'effort "déployé" actuellement. Responsabiliser et sensibiliser les subordonnées sont des tâches de premières urgences.

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