Blogs - 30.12.2011

"Le suicide collectif " est-il inévitable ?

«Le parti de la peur », une expression qui a fait fortune pendant les évènements de mai 1968 en France. Les étudiants contestataires l’utilisaient en mauvaise part pour exprimer leur mépris des Français qui avaient voté en masse pour les gaullistes au terme d’un mois de troubles. C’était pourtant ce vote qui avait sauvé le pays de la guerre civile.

Aujourd’hui, le parti majoritaire en Tunisie n’est pas celui qu’on croit, mais bien le parti de la peur. Je ne parle pas de la peur que peuvent ressentir ceux qui se sont rendus coupables d’actes délictueux sous l’ancien régime et qui doivent en répondre devant la justice, mais de cette peur légitime (Moncef Marzouki préfère parler d'angoisse) que revendiquent un grand nombre de Tunisiens, qu’ils soient d’en haut ou d’en bas, modernistes ou conservateurs.

Tous ont peur de l’instabilité, peur pour leur travail, pour leurs entreprises menacées dans leur existence même par les grèves et les sit in, pour leur acquis, pour leur avenir et celui de leurs enfants ; peur de ce parti dominant au double langage, de ce chef de parti omniprésent, omnipotent, de cette majorité automatique dont dispose la troïka, de cette opposition atomisée, sans leaders, incapable de proposer une alternative crédible, n'hésitant pas à tourner, parfois, le dos à ses idéaux pour quelques maroquins, des conséquences de l’OPA réussie du parti dominant sur le gouvernement avec l’accaparement des postes-clés, de la politisation des lieux de culte, de ces salafistes qui s’érigent en police de la pensée ; ils ont peur pour la Tunisie. Un sentiment salutaire et qu'on ne doit pas  assimiler à de la pusillanimité, car il traduit une conscience aiguë des dangers qui guettent le pays et une ferme volonté de ne pas céder au désespoir.

Dans cette grisaille, il y a au moins, une mince lueur d'espoir, s'agissant  de notre économie.Le président de la République provisoire a eu, il y a une dizaine de jours, les mots qu’il fallait, devant les patrons, pour stigmatiser « les grévistes qui pourraient nous conduire à un suicide collectif », car « le Tunisien ne vivra pas de liberté d’expression ni d’indépendance de la justice ». Mais que ne l’avait-il pas fait, quelques mois plus tôt, alors qu’il était encore temps, lorsque le Premier ministre provisoire, M. Béji Caïd Essebsi, avait appelé les partis et la société civile à se mobiliser contre ces actes qui risquaient de mettre le pays à genoux, sans rencontrer le moindre écho auprès des partis ou de la société civile.

La lucidité –bien que tardive- de Moncef Marzouki est fort louable, mais suffira t-elle à redresser la barre ? On tablait  sur un taux de croissance de 1,5%. Nous en sommes à zéro. On était au bord de l’abîme. Depuis, on a fait un bond en avant. Mais, Il ne faut surtout pas s’amuser à creuser. Ce serait le suicide collectif garanti. On ne doit surtout pas se résoudre à la fatalité de l’échec après avoir réussi la plus belle des révolutions.

H.B.
 

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6 Commentaires
Les Commentaires
chebil séjir. - 31-12-2011 00:07

si el hedi je me dois de tempérer ton pessimisme, même si je le partage, car j'ai besoin, comme nous tous, de croire en quelque chose, malgré la morosité ambiante.Nos nouveaux gouvernants, et cela se confirme de jour en jour, sont inexpérimentés, sans mettre en doute leur bonne volonté, bien sur, mais j'aurai voulu faire l'économie, du stage d'apprentissage, qu'ils doivent effectuer, pour qu'ils se mettent au diapason, à ce rythme, on en a encore pour quelque temps, et puis le résultat n'est pas garanti. Quant au modèle de société, qui vivra verra; Mais que veux tu? ils sont tout contents de leur nouveau statut, et prérogatives,(il faut bien satisfaire les égos, longtemps sous l'entonnoir) qu'ils oublient l'essentiel, cela nous mènera t-il comme tu dis au suicide collectif?, que non si el hedi,car ce vaillant peuple puisera, au fond de lui même, et avec l'énergie du désespoir, les ressources, pour s'en sortir, de cette impasse... En attendant laissons nous, gentiment guider par le Khalife en chef, car il a promis de nous mener à bon port...pourvu que ça ne sera pas celui de la mer morte... Quant à Moncef je crois, en lui, mais il ne joue pas sur le même tempo, que les autres, réussira t-il? seul l'avenir nous le dira. Je vois d'ici ton sourire en coin, c'est ce à quoi, je voulais arriver, par ces pérégrinations...nocturnes.

kilani - 31-12-2011 09:06

-" peur de ce parti dominant au double langage, de ce chef de parti omniprésent, omnipotent"- cette déclaration d'amour pour la peur que vous nous présentez n'a d'existence que dans votre ventre. nous sommes fiers de notre propre démocratie ,et l’appétit vient en mangeant .

al07 - 31-12-2011 13:18

Sans parler de "peur",on peut,pour le moins,être préoccupé de l'avenir de la Tunisie ! L’attitude et la posture hégémonique de la "troïka" ne pousse pas beaucoup à l'optimisme.... Néanmoins,souhaitons à la Tunisie,une Bonne Année 2012 !

bargougui M H - 01-01-2012 18:39

rien de celà ne peut avoir lieu , je t'assure q le peuple n'a pa peur , mais il est exigeant , il croit encore à la génie des tunisiens en postes de responsabilités , et ils sont et seront à la hauteur des défis , je t'assure ainsi q grand nombre des tunisiens q La TUNISIE a des Hommes et de FEMMES , rappelles -toi q nous étions gouvernés rien q par ce q'on appelle 'ETTAWAFIK', mais c koi ce ETTAWAFIK sans la raison et la compréhension des tunisiens et leurs générosité , ....Tunisiens soyez fiers de vous même,de vos responsables et soyez surs q rien ne les arrêtent pour servir le pays , ...MAIS aux citoyens chers citoyens , soyez positifs , soyez patients encore pour peu de temps et la TUNISIE retrouvera la paix et la prospérité , je suis optimiste vraiment ,

mohamed - 02-01-2012 12:32

bonjour soyer sur la tunisie avec la faiblesse de ministre et la liberté d'expression sera conduite ver le désastre pour etablire de nouveau la croissance économique il faut maintenir l'ordre même avec la force couper les main des malfaiteurs personne decouragente les petite investissement et dépouiller l'information génératrice

Sinda Sellami - 05-01-2012 21:26

L'idée de soumettre le problème des Sit-ins irréguliers à la discussion de nos représentants me parait judicieuse à plusieurs titres. En outres, poursuivre les discussions avec le nouveau BE de l'UGTT est salutaire, surtout quand on constate clairement une position responsable qui tranche avec les propos du couple Jerad/Briki. A mon avis, les progressistes risquent de ne pas partager ces recommandations. En revanche, mon voisinage moderniste souscrit à cette démarche, plaçant l'intérêt de la nation au centre de leurs préoccupations. La balle est dans le camp de MBJ qui est tenu de convoquer ses membres à une séance extraordinaire. http://www.espacemanager.com/chroniques/tunisie-comment-remettre-solidairement-la-machine-economique-en-marche.html.

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