News - 22.03.2011

Elyès Jouini pour des présidentielles à la veille de la Constituante, un débat national et un régime semi-présidentiel

Multitude prévisible des candidats par circonscription, absence de partis politiques à réseau structuré et au discours national sur les valeurs et local sur les spécificités, risque de prime au populisme en faveur ou du conservatisme ou de rupture radicale et montée des extrémismes: Elyès Jouini fait une analyse prospective qui l’amène à formuler des recommandations précises à propos du nouveau code électoral. Dans une interview accordée au journal La Presse, il appelle à l’instauration d’un débat public, préalable, sur les grands choix, l’organisation d’élections présidentielles à la veille du scrutin pour la Constituante et l’élection de tout ou partie des membres de la Constituante sur la base de listes nationales, en attribuant une grande partie des sièges dans le cadre d’un système électoral à une seule circonscription, la Tunisie tout entière.

 A son avis pour « présenter une liste, il faut être en mesure d’obtenir un nombre minimal de signatures de soutien de personnes disposant du droit de vote » et « afin d’éviter l’éparpillement des sièges au sein de la constituante, il faudra également et très probablement mettre des seuils en dessous desquels une liste ne peut se voir attribuer de siège. Un seuil de 3 à 5% me semble raisonnable. » Quant au financement public, Elyès Jouini estime que toutes les listes devraient recevoir un soutien équitable de l’Etat mais il faut pour cela que ces listes soient suffisamment représentatives et en nombre raisonnable.

 Sur la nature du régime à choisir, entre présidentiel qui a favorisé l’émergence de Ben Ali, et parlementaire qui a enfanté Hitler, il estime qu’il est nécessaire de mettre en place des contre-pouvoirs, et considère que « des régimes de type semi-présidentiels avec des procédures d’impeachment à l’américaine et de vrais contre-pouvoirs pourraient constituer, dans le contexte tunisien, un compromis idéal. »

A l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, Jouini attribue un rôle crucial. « Si l’on souhaite éviter que les débats ne s’enlisent, il faut être en mesure de les polariser autour de quelques options. Quelles sont nos valeurs nationales, quel est le socle constitutionnel, quels sont nos acquis, que notre nouvelle constitution se doit de préserver ? D’autre part, quels sont les grands choix à opérer? Voulons-nous un régime parlementaire, présidentiel, semi-présidentiel ? Quels contre-pouvoirs ? Puisqu’Ennahdha prône le modèle turc, faut-il inscrire la laïcité dans la constitution pour qu’Ennahdha puisse être, comme elle semble le souhaiter, l’AKP tunisien ? Il me semble que l’Instance supérieure devrait préparer les débats de la constituante pour faciliter son travail et rendre le délai de 6 mois réaliste. Elle devrait identifier les points de clivage clés dans l’élaboration d’une constitution. Quelles sont les valeurs de notre République ? Quel régime ? Quels pouvoirs du Président ? Ces points devraient être livrés très rapidement au débat public pour que chaque parti puisse se positionner très vite sur ces questions. Que l’on puisse, en quelque sorte, déterminer l’ADN de chaque parti et demain de chaque liste et que les partis, à leur tour, puissent décider de former plate-forme commune avec ceux qui partagent leur ADN.

Lire le texte intégral de l’interview

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8 Commentaires
Les Commentaires
anis rebai - 22-03-2011 17:13

toujours capable de formuler des conseils précis et de qualité, ta place est dans le gouvernement. Elyes tu dois revenir le plutôt possible.

Amor Ben Rabah - 23-03-2011 07:35

Comme Anis Rebai, la plupart des Tunisiens, par instinct, aimeraient bien voir un proche parent au gouvernement, sans soucier de son engagement pour la chose public, sa maitrise de l'arabe, notre langue nationale, ni de sa connaissance du pays et de son paysage politique, ignorant en cela la légion de ces moines soldats de grandes compétences, formées aux meilleures écoles de France et de Navarre, et qui n'ont pas émigré elles, se mettant au service de leur patrie contre un salaire comparatif de misère. En matière de compétence et de savoir-faire, Dieu merci, notre chère Tunisie est auto suffisante, elle n'a pas besoin d'autosuffisance importée. Il lui suffit se mettre au travail.

sahloul Essoussi - 23-03-2011 08:34

Analyse pertinente. Il y a lieu de la mettre à la portée du citoyen lambda; les média et notamment la télévision devraient penser à organiser des séances d'information du grand public avec une pédagogie appropriée , au lieu de nous servir des débats cacaphoniques qui ressemblent à des foires d'empoigne et augmentent la perplexité des citoyens

Sihem - 23-03-2011 08:48

Je crois que le Tunisien est pragmatique et veut des faits tangibles donc il doute sur l'issue des travaux de cette instance qui s'enlise dans des débats bysantins . Par ailleurs il est temps d'arreter de polémiquer sur l'article premier de la constituante et de prendre la Turquie pour modèle car ce n'est pas seulement une question d'islam ou de laicité mais également de langue arabe qui se posent . Il faut opter donc pour un référendum qui concretisera la volonté du peuple .

ENG. SAKET - 23-03-2011 10:29

Salut Elyès, Chapeau pour ton analyse. Je partage tes idées à 100%. Les fanas ne peuvent que nuire aux valeurs de la république. Le model américain est un trés bon système qui pourra porter fruit à un pays en ruine telleque la Tunisie. Cela engendre la diversité, l'égalité des genres et avant tout le respect de tt tunisien qqesoit ses appartenances ou fond religieux. Depuis l'avant J.C. la Tunisie a été une terre d'accueil et de pluralisme. En allant dans le meme sens d'ouverture aucun tunisien ne le regrettera, mais au contraire, chacun sera fier de ses nobles et supreme valeurs d'etat moderne. Meilleurs salutations d'Albi - France Brahim SAKET T. +33666410336

chlayfa - 23-03-2011 22:19

comme d'habitude vous etes a coté de la plaque. Les tunisiens ont en marre de tout ce qui est presidentiel et presidensialiste ou du mi mi bourgiba et ben ali ont reussi à rendre le tunisien parlementariste; Le regime presidentiel n a reuissi qu aux etas unis et le mi mi qu en france Ose et sois tunisiens sans arrieres pensees

essoussi - 24-03-2011 12:42

Qu'est ce qui vous empêche, si Elyès, maintenant que vous êtes hors du gouvernement provisoire, d'enrichir le débat en vous présentant candidat à la constituante à venir. Vous pouvez être sur de mon vote et celui de la majorité indépendante et dieu sait si elle n'est plus silencieuse maintenant que les braillards de la politique commencent à s'essoufler

Ahmed - 30-03-2011 13:28

Jamais. Il est hors de question qu'une personne me dise ce qu'est la religion, jusqu'ou je dois aller avec ma religion et ce qui est permis dans l'espace publique ou politique comme le fait un système laique. l'Akp a mis fin a la laicité Turque d'Ataturk. Akp ne fait plus de laicité mais applique le nulle contrainte en religion de l'Islam. L'Akp est un parti islamique qui a redressé la Turquie la ou tous les Laicards l'ont fait chuter. La laicité de la Turquie imposé par l'armée est combattu par l'islam ouvert turque imposée par la population. Voilà la réalité de la Turquie. Et ce n'est certainement pas en Turquie que vous pourrez insulter islam ou son prophète on nom de la liberté d'expression ou de la laicité et la neutralité de l'état envers les religion. Non la Turquie n'est plus laique et tant mieux! Ce que nous voulons c'est l'altérnance et c'est tout. Nous voulons avoir notre mot a dire contre nos dirigeant. La laicité n'en fait pas parti et si un homme peut faire du bien pour ses concitoyen au nom de sa foi en Islam, alors tant mieux.

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