Édito: Capter les bons signaux
Une lueur d’espoir pointe à l’horizon. Malgré la succession des chocs géostratégiques et la persistance des incertitudes du contexte international, l’économie tunisienne parvient à renouer avec la croissance. Elle escompte clôturer l’année 2025 sur un taux de 2.8% et se fixe pour objectif d’atteindre 3.3% en 2026. Insuffisant, certes, pour une reprise accélérée, de quoi rattraper des années de récession, et répondre à de fortes attentes, mais c’est un redressement tant espéré.
Les premiers signaux sont encourageants. L’inflation est réduite à 5% (contre 6,7%). Le rating s’améliore, sortant la Tunisie de la catégorie des triples CCC, la plus spéculative. La campagne oléicole, avec 1.7 million de tonnes, s’annonce très bénéfique, en dépit de la baisse des cours mondiaux. Celle des dattes aussi, estimée à 380.000 tonnes. Les réserves en devises (plus de 106 jours) sont à un taux de couverture ‘’acceptable’’. Les investissements directs étrangers ont augmenté de 21,3% au cours du premier semestre de cette année.
Mais d’autres indicateurs nous interpellent. Accroissement du déficit commercial, baisse de la production pétrolière (de 295.000 barils/jour à 260.000, sans aucune nouvelle exploration ou nouvelle découverte), faible niveau d’extraction du phosphate (4,5 millions de tonnes), et dégradation de la situation d’entreprises publiques en difficulté: autant de motifs de préoccupation. Tout comme le retard dans la mise en œuvre des réformes, le rythme peu soutenu dans la transition énergétique, la taille réduite des entreprises, et l’ampleur du chômage, malgré une légère baisse à 15,3% contre 16%.
La Tunisie manque-t-elle d’atouts ? L’énergie solaire, des terres fertiles, une mer poissonneuse, des ressources humaines de qualité et un site exceptionnel la dotent d’avantages comparatifs très recherchés. Toutefois, elle n’en tire pas plein bénéfice.
Des gisements de création de valeur sont à notre portée. Mais des freins puissants plombent les élans. Transformation numérique, efficience énergétique, accès facilité aux crédits et simplification administrative sont capables de générer des points de croissance. Promouvoir l’investissement intérieur et encourager les talents rapporteront des dividendes prisés.
Le défi est de saisir les signaux de reprise pour les convertir en dynamique de décollage.
Taoufik Habaieb
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