News - 25.09.2023

Pr Samir Allal: Élargir le champ des possibles, penser et faire transition; l’impasse de la compétitivité

Pr Samir Allal: Élargir le champ des possibles, penser et faire transition; l’impasse de la compétitivité

Les défis s'accumulent à l'horizon. Hélas, nous ne paraissons pas vraiment en mesure de les relever! Comme s'il y avait aujourd'hui, dans le pays, quelque chose qui nous empêchait d'agir. Paradoxalement c’est au moment où l’on devrait prendre conscience solidairement de notre communauté de destin que sous l’effet de la crise économique, et climatique et des angoisses qu’elle suscite, on se réfugie dans le particularisme national, éthique ou religieux.

Nous sommes innombrables, mais dispersés à supporter de plus en plus difficilement les inégalités, les injustices, l’hégémonie du profit, du calcul (statiques, croissance, PIB, sondages) qui ignorent nos vrais besoins et notre légitime aspiration à une vie meilleure. Nous sommes innombrables mais séparés et compartimentés à souhaiter que les mots (prospérité, dignité, liberté et égalité) deviennent notre norme de vie et non un masque à la croissance des inégalités, des servitudes et des égoïsmes.

Prenons un exemple, les enjeux environnementaux (climat, eau, agriculture, mobilité, déchet, biodiversité, ...) occupent désormais une place de premier plan dans la vie du citoyen. Au cours des dernières années, avec le mal-développement, la mauvaise gouvernance, le déchaînement de l’économie libérale mondialisée, le profit s’est déchaîné au détriment des solidarités, la vie urbaine s’est dégradée, les produits alimentaires ont manqué et perdu de leurs saveurs et qualités, les services publics se sont dégradés. Que faudrait-il faire?

Investir massivement dans la transition écologique et prendre des mesures structurantes de sobriété. Or, même si nos décideurs répètent qu'ils ont tout à fait conscience du problème, force est de constater que les actions engagées ne sont toujours pas à la hauteur des ambitions affichées. Alors qu’une minorité a plutôt bénéficié de l'ouverture et des opportunités de la mondialisation, les classes populaires subissent directement les pressions sur le pouvoir d'achat et la montée de la précarité.

La situation n'est pas normale, répètent en boucle nos dirigeants, pour autant, cela ne débouche pas sur une révision des grandes orientations du pays. Aucun rééquilibrage ne se dessine. Les services publics se dégradent peu à peu. Cela met en danger la cohésion du pays (hôpital, justice, police, transports, présence sur le territoire,) et cela nous promet, un déclassement international (éducation, recherche, santé, etc..).

Ce constat est plus ou moins partagé par toute la classe politique. Cependant, nulle véritable amélioration n'est en vue: des brèches sont colmatées çà et là, quand il y a urgence, mais la situation demeure toujours aussi précaire. Que se passe-t-il ? Pourquoi une telle impuissance ? Ou plutôt : pourquoi un tel refus d’agir ? Après tout, nous vivons encore dans un pays où les pouvoirs publics disposent d'importants leviers d'action.

Plus vite nous ferons sauter les verrous, mieux nous nous porterons: l’échec manifeste des politiques de compétitivités

Les causes de cette inertie sont évidemment multiples. Ce qui dissuade d'agir, même lorsque des leviers d'action existent et que la cause paraît juste, c'est une évaluation restrictive du champ des possibles. À côté des blocages institutionnels et sociaux, il existe un blocage d'ordre intellectuel. Ce verrou me semble reposer sur une mauvaise évaluation des choses ; plus vite nous le ferons sauter, mieux nous nous porterons.

La mondialisation et l’intégration du pays dans le commerce mondial ont diminué les marges de manœuvre de nos gouvernants. Des instruments échappent maintenant en grande partie à la délibération nationale, ce qui réduit les possibilités de réformes. Néanmoins, il reste encore de quoi agir.

S'ils le voulaient, nos dirigeants pourraient très bien limiter les comportements les plus nocifs sur le plan écologique, engager des réformes structurelles pour décarboner l’économie, imposer une répartition moins inégale des revenus ou des richesses et investir davantage dans les services publics.

Pour le dire franchement, les gouvernants - ainsi qu'une partie non négligeable de la population tunisienne, surtout au sein des classes supérieures - estiment que la Tunisie n'a pas du tout intérêt à agir avec résolution en matière d'écologie, d'inégalités et de services publics: «Sans doute y aurait-il quelque chose de juste et de noble à le faire, mais cela s'avèrerait finalement très dangereux pour le pays». Pourquoi donc? Parce que cela reviendrait à affaiblir un élément essentiel à notre prospérité, et même à notre survie: la compétitivité de notre économie. Le mot fétiche est lâché.

Dans le débat public, que répond-on systématiquement à celles et ceux qui demandent, une décarbonation de notre économie, une révision de nos modes de vie, une meilleure répartition des richesses ou de l'argent pour les services publics? Que ce n'est pas raisonnable ! Que faute de tenir suffisamment compte des contraintes extérieures, cela mènerait tôt ou tard le pays à la catastrophe. Il s'agirait donc de regarder la réalité en face plutôt que de se laisser envoûter par les sirènes de la facilité et la démagogie.

En définitive, notre souhait de changement et d'action rencontre à chaque fois un obstacle indépassable sur son chemin: l'impératif de compétitivité. Ce blocage doit être étudié de près, car, à la longue, il finit par nous faire douter complètement de notre capacité à relever les défis qui se dressent devant nous.

Il apparaît tout à fait bon de chercher à se montrer raisonnable lorsque l'on endosse des responsabilités politiques. Et il serait déraisonnable de ne pas tenir compte des réalités extérieures qui contraignent l'action. En revanche, une question demeure: est-il vraiment raisonnable de subordonner la délibération publique aux impératifs de la compétitivité? Cela paraît évident à beaucoup de nos dirigeants, mais cela demande quand même à être discuté, et ce pour plusieurs raisons.

D'abord, les politiques de compétitivité menées au cours des derniers années n'ont pas permis de redresser la situation socio-économique du pays. Le déficit commercial n'a fait que se creuser. Le pouvoir d'achat est la première préoccupation de la population et nous manquons d'argent pour les dépenses d'avenir. Quand on compare les résultats à ce qui a été promis, difficile de ne pas faire le constat d'un échec.

En outre, la colère sociale s'intensifie. Cela fait plusieurs décennies que les gouvernants, au nom de la compétitivité, imposent des réformes impopulaires. Des réformes qui, d'un côté, n'ont toujours pas apporté les bienfaits escomptés, mais qui, de l'autre, ont un impact manifeste sur les conditions de vie d'une partie de la population hausse de la précarité, dégradation des services publics et impuissance démocratique. S'imagine-t-on réellement que nous pourrons longtemps continuer dans cette voie?

Les prochaines décennies ne ressembleront probablement pas à celles que nous venons d’expérimenter

Les tensions géopolitiques et les conséquences du changement climatique pointent vers davantage de résilience et une révision de nos modes de vie, plutôt que vers une intégration toujours plus étroite à la mondialisation. Les prochaines décennies ne ressembleront probablement pas à celles que nous venons d’expérimenter.

De nos jours, les gens qui, passent pour «raisonnables» - car ce qu'ils proposent, reçoit pour le moment le sceau de la «crédibilité économique». Ils sont de plus en plus en décalage avec la réalité climatique. Un décalage qui conduit le pays dans une véritable impasse et nous fait courir de graves dangers. Il est temps de renouveler nos idées. Ce questionnement se rapporte directement à un enjeu démocratique majeur: la qualité de notre discussion politique.

En effet, dans la sphère publique. l’impératif de compétitivité est devenu une sorte d'atout de jeu de cartes qui «coupe» sans cesse la conversation au nom de la nécessité économique. L’écologie? Les inégalités? Les services publics? «Tout cela est très bien, mais, dans un monde concurrentiel, nous n'aurions pas le choix des priorités: l'essentiel serait de vendre moins cher que nos voisins, afin de stimuler nos exportations».

À la longue, cette contrainte a produit un profond appauvrissement de notre vie civique. Sur quoi délibérer lorsque les questions principales sont plus ou moins dictées par l'adaptation du pays à la mondialisation? Comment nous gouverner nous-mêmes quand la nécessité extérieure dicte l'essentiel de nos choix collectifs?

Montrer l'impasse dans laquelle l'obsession de la compétitivité nous entraîne revient donc aussi, je l'espère, à retendre les ressorts de notre régime politique, en élargissant le champ des possibles, en rétablissant les conditions d'un débat démocratique et en nous redonnant quelque peu l'envie de nous gouverner nous-mêmes.

En effet, la réalité du dérèglement climatique et de l'extinction des espèces constitutives du vivant ne fait que confirmer la nécessité de remettre en question à la fois les politiques inégalitaires et de domination ayant conduit à cette situation, mais également celles à l'origine des mutations historiques irréversibles qui sont en cours. Pour la première fois dans l'histoire des civilisations, la politique a désormais pour mission moins de transformer le monde que de le sauver. Benjamin Brice (l’impasse de la compétitivité, Ed les Liens qui libèrent, 2023).

La lourde crise sanitaire mondiale du Coronavirus a dévoilé encore plus les dangers de la captation du vivant, de la mondialisation néolibérale, de la fragilité de nos sociétés technologiques, ainsi que l'insoutenabilité des inégalités. Par ailleurs, les guerres d'expansion territoriale et/ou liées aux ressources naturelles et à l'énergie frappent et rendent impuissantes les instances actuelles de régulations internationales.

Plus que jamais, nous les humains, devons prendre conscience que nous sommes dans une relation d'interdépendance non seulement entre nous, mais aussi entre les territoires et plus largement avec l'ensemble du vivant. L'effondrement prévisible de pans entiers de notre société thermo-industrielle demande d'accélérer les transformations dont nos sociétés ont besoin. Les réponses à ces urgences écologiques, sociales et démocratiques ne peuvent être envisagées séparément, mais en interaction les unes avec les autres. Edgar Morin (Attends-toi à l’inattendu, Ed L’aube, 2023).

Nous entrons dans des années de profonde incertitude: nos dirigeants ont une guerre de retard

Il va falloir affronter un monde traversé par des conflits de plus en plus violents et nous préparer à des bouleversements écologiques dont nous peinons encore à anticiper l'ampleur. Les grands efforts sont devant nous.

Las ! À l’heure où nous devons relever ces immenses défis, la Tunisie paraît déjà bien mal en point, comme si les décennies que nous sommes en train de quitter l'avait laissée exsangue et abattue: déficit extérieur, déficit énergétique, autosuffisance alimentaire, désindustrialisation, précarité, colère sociale et affaiblissement démocratique. Nos principaux ressorts d'action et de mobilisation paraissent détendus.

Comment expliquer un tel drame? Dans chaque moment d'introspection, nous nous demandons quelles ont été nos fautes. Nous aimons les explications morales. Si la Tunisie se porte si mal, ne serait-ce pas que les Tunisiens sont trop paresseux? Les syndicats trop corporatistes? Les Tunisiens veulent tout obtenir sans en payer le prix? D'ailleurs, leur défiance insurmontable à l'égard du personnel politique ne rendrait-il pas toute réforme impossible? À l'inverse, ne pourrait-on pas alternativement attribuer nos échecs à la corruption de notre classe dirigeante? Ou à son cynisme? Ou à ses intentions malignes ? Ou à son incompétence?

Nous aimons découvrir des forces malintentionnées. Notre impuissance à changer les choses ne découlerait-elle pas de l'action des lobbys et des groupes d’intérêts? Ne faudrait-il pas voir la main de milliardaires animés par de sombres volontés? Ou bien, au contraire, ne devrait-on pas plutôt blâmer les ingérences étrangères et l'activité des réseaux sociaux? Ou les démagogues qui se serviraient de l'ignorance des gens pour proposer des mesures totalement irréalistes?

Nous aimons les processus fatals. Ne vivrions-nous pas une phase irréversible de décadence? Ne serions-nous pas condamnés par le développement de l'individualisme, par l’«ensauvagement» progressif de la société et par l'essor d'un mouvement de «décivilisation»?

L'inventivité n'a probablement pas de bornes dans la condamnation des complots et des péchés, dans le déchiffrement des arrêts du destin. Peut-être y a-t-il d'ailleurs des explications pertinentes dans tous ces éléments, pourquoi le nier? Cependant, je constate qu'elles inhibent l'action plus qu'elles ne la stimulent; ces idées plus ou moins suggestives nous laissent complètement démunis.

En effet, une fois que l'on a dit que les gens deviennent trop égoïstes, qu'ils sont incapables de gérer leurs frustrations ou que l'essentiel se joue dans l'ombre, que nous reste-t-il à faire, sinon à désespérer? Il serait pourtant prématuré de céder au désespoir. Car toutes ces explications laissent de côté quelque chose de fondamental. Une faute majeure. Une faute certes moins impressionnante que celles qui précèdent, mais sans doute plus pertinente, ou du moins plus opérante : l'erreur de jugement. Raymond Aron écrivait: «La vanité consiste à se reprocher toutes les fautes, sauf la faute décisive : la paresse de penser.»

Il est toujours tentant d'expliquer nos défaites par la corruption de nos mœurs ou par le jeu de forces qui nous dépassent; cependant, comme l'histoire nous le rappelle, le mal peut venir tout bonnement du fait que nos idées - à commencer par celles de nos dirigeants - retardent d'une guerre. Pour leur grande majorité, les gouvernants ont encore à cœur de défendre l'intérêt général. S'il faut parler de corruption, c'est d'une corruption de leur jugement politique: nos dirigeants s'obstinent à mener des politiques qui ne sont plus du tout en phase avec la réalité.

Qu'il eût fallu, il y a vingt, trente ou quarante ans, prendre beaucoup plus résolument le tournant de la compétitivité, c'est une position qui peut tout à fait se défendre. Mais que l'on continue aujourd'hui de tout mesurer à cette aune, alors que les résultats sont extrêmement décevants, alors que nous avons besoin d'investir massivement dans la transition écologique, alors que la soumission à la contrainte économique extérieur conduit au dépérissement de notre vie démocratique et alors que les bouleversements du monde appellent au renouvellement des idées et des actions, cela me paraît relever d'un entêtement particulièrement déraisonnable.

Intoxiqués par le tournant manqué de la compétitivité, nos gouvernants ne se rendent pas compte qu'ils sont justement en train de manquer le tournant suivant, celui d'un monde marqué par les conflits internationaux et par le changement climatique.

À cause de cet aveuglement idéologique - et à cause de l'absence d'alternative crédible du côté des oppositions la Tunisie se trouve actuellement dans une impasse. La population est lasse de décennies de réformes qui n’ont pas significativement amélioré les choses. La classe dirigeante a perdu confiance dans la capacité du peuple à entreprendre quoi que ce soit de vigoureux pour redresser le pays, ou même pour le défendre !

On le voit, le conformisme intellectuel ou la «paresse de pensée» n'est pas moins grave que les fautes morales que nous nous attribuons couramment, et ses conséquences sont parfois aussi dramatiques que le jeu des forces occultes auquel nous pensons être assujettis. Benjamin Brice, (l’impasse de la compétitivité, Ed les Liens qui libèrent, 2023).Heureusement, le jugement politique peut se corriger.

Quelle est l'erreur de jugement de nos dirigeants et nos intellectuels ? C'est de ne pas discerner que, pour la Tunisie, il y a aujourd'hui une singulière convergence entre nos intérêts géopolitiques, écologiques, économiques et sociaux, une convergence qui ne se fait pas du tout autour des politiques de compétitivité.

À l'évidence, dans un monde gros de menaces, il ne va pas falloir compter notre peine pour redresser les choses et entreprendre de mieux vivre. Cependant, une combinaison de sobriété matérielle et de transition juste nous redonnerait de véritables marges d'action. Plus de résilience dans un univers dangereux, moins d'impacts écologiques sur une planète menacée, moins de déséquilibres extérieurs, plus d'opportunités pour les classes populaires et les territoires défavorisés, davantage de moyens pour investir et la possibilité de reprendre enfin un certain contrôle sur la manière dont, collectivement, nous voulons vivre.

Notre époque est riche de promesses: la Tunisie est à la fin d'un cycle et l'avenir est ouvert

Un cap de sobriété et de relocalisation s'inscrit en rupture avec les orientations politiques actuelles, il s'accorde très bien avec les intérêts du pays sur le long terme. La Tunisie n'a pas d’excuse; ses difficultés devraient au contraire la rendre beaucoup plus lucide sur la nécessité d'un profond renouvellement. Nous sommes à la fin d'un cycle et l'avenir est ouvert.

Peut-être resterons-nous obnubilés par notre retard de compétitivité, auquel cas, une fois encore, nous manquerons le virage qu'il nous aurait fallu amorcer bien plus tôt. Ou peut-être prendrons-nous de l'avance sur des transformations qui, tôt ou tard, s'imposeront à nous.

Sans doute n'échapperons-nous pas, à la nécessité de remettre au centre du débat la décarbonation de notre économie, la consommation, les importations et notre degré de résilience. Mais il ne tient qu'à nous de le faire avant d'y être contraints, afin de tirer le meilleur parti de cette nouvelle conjoncture internationale.

En agissant tout de suite, en rappelant tous les acteurs à leurs responsabilités devant le pays, en planifiant les efforts pour réussir la bifurcation écologique, en rééquilibrant les rapports entre classes sociales, en relançant la discussion démocratique, en s'attachant à raffermir l'amitié civique, le changement pourrait tout à fait devenir promesse d'amélioration pour l'ensemble du pays. Le poids de la contrainte extérieure nous laisserait alors suffisamment de latitude pour nous demander comment bien vivre, et pour agir dans le sens qui nous paraîtrait le meilleur.

À rebours, si nous attendions de subir les plus grands chocs pour commencer à nous adapter, tout se ferait en ordre dispersé et les marges de manœuvre pour nous gouverner nous-mêmes se réduiraient comme peau de chagrin. La perspective ne serait alors plus que d'amortir, autant que faire se peut, une chute inévitable; en ce cas, les sacrifices paraîtraient tristement vains.

Nous avons encore de vastes ressources: des acquis, des compétences, des volontés, des intelligences et dans les cœurs, «de grandes passions en réserve». Charge à nous d'orienter maintenant nos efforts dans la bonne direction, pour que cesse le gaspillage des énergies. Corrigeons notre jugement et nous nous mettrons en état de renouer avec l'audace dont nous avons su faire preuve aux moments clés de notre histoire. Il n'y a pas lieu de se décourager, parce que le ressort n'est pas brisé. La Tunisie a encore de quoi étonner le monde.

Pr Samir Allal
Université de Versailles/Paris-Saclay

 

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