News - 19.11.2019

En hommage à Abdelwahab Meddeb, un colloque international ce jeudi à Beit el Hikma : la pensée libre au présent

 En hommage à Abdelwahab Meddeb, un colloque international ce jeudi à Beit el Hikma : la pensée libre au présent

Reconnaissance et considération pour tout le travail accompli Abdelwahab Meddeb, afin de perpétuer et d’ancrer dans la mémoire collective, cette si précieuse « pensée libre » : tel est le concept fondateur du colloque international qu’organise à partir de ce jeudi 21 novembre, l’Unité de Recherche Approches Transversales en Langue et Littérature (ATLL) en partenariat avec l’Académie des Sciences des Lettres et des Arts Beit el Hikma. Deux jours durant, en six séances, après celle de l’ouverture, les participants auront à débattre de thématiques de grande actualité:

  • Bi-culturalité, discours politique et modernité à l’épreuve de la pensée libre,
  • Pensée libre et transgression(s),
  • Marginalité et pensée libre,
  • Danser et puis rire pour ne pas mourir de la vérité,
  • Penser la liberté au Maghreb,
  • La pensée libre à l’épreuve de l’écriture.

En ouverture du colloque, les interventions des Pr Abdelmajid CHARFI, Président de l’Académie des Sciences, des Lettres et des Arts, Beit El Hikma, Houda BEN HAMADI, Directrice de l’ISLT et Béchir BEN AÏSSA, Président de l’ATLL, ainsi qu’une conférence du Pr Jean- Jacques WUNENBERGER (Université Lyon 3), intitulée : « La Révolution de l'écosophie : la fin de Prométhée ».

Parmi les intervenants figurent notamment :

  • Ali ABBASSI, (Université de Manouba-Tunis, faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba),
  • Amina CHENIK (Université de Carthage, ISLT),
  • Mohammed CHAGRAOUI (Université de Tunis),
  • Houcine BOUSLAHI (Université de Zaghouan),
  • Bilel SALEM (Université de Carthage, ISLT),
  • Hamid AMMAMRIA (Université de Carthage, ISLT),
  • Adel HABBASSI (Université de Tunis, El Manar),
  • Diop BABACAR, (Sénégal, Université Asane Seck de Zaguinchor),
  • Rim CHELLI (Doctorante, Université de Carthage, ISLT),
  • Luca BRUNI (Chorégraphe et danseur, Italie),
  • Héla MSELLATI (Université de Carthage, ISLT),
  • Zahra CHAOUCH (Université de Carthage, ISLT),
  • Sidomar AZEROUAL (Maroc, université Moulay Ismaïl, Meknès),
  • Ferdaous BOUAINE (Université de Tunis, Institut Supérieur des Métiers du Patrimoine),
  • Neïla KHOUJET EL KHIL-GHARBI (Université de Carthage, ISLT),
  • Sélim LAAFIF (Université de Carthage, IPEST),
  • Wafa OURARI (Université de Carthage, ISLT), et
  • Béchir BEN AISSA (Université de Carthage, ISLT).

Les séances seront modérées tour-à-tour par :

  • Mounira CHAPOUTOT- REMADI
  • Alia BORNAZ-BACCAR
  • Sélila Mejri
  • Chaâbane HARBAOUI
  • Mohamed Chagraoui
  • Moufida BANNOUR

En introduction, les organisateurs écrivent : « Nous voulons d’abord rendre un vibrant hommage à une figure emblématique de la pensée libre, celle de feu Abdelwahab Meddeb.  Écrivain et enseignant-chercheur, il appelait à la nécessité de vivre la rupture qui n’implique pas la liquidation de la tradition. Pour lui, c’est en effet tout un art que de perpétuer un dialogue intime avec ce qui reste de cette tradition après s’en être affranchi.  Il va passer au crible tout ce qui lui vient du passé et il va se défaire de ce qui ne peut correspondre à ce qu’il aime de son époque.                   

Abdelwahab Meddeb se réclame, par rapport à toute tradition, de « la fidélité infidèle » de Derrida. Spécialisé en littérature comparée Europe / Islam, en littérature arabe francophone et en histoire du Soufisme, il enseigne de 1987 à 1995 à titre de professeur invité et Maître de Conférence, aux universités de Genève (Suisse), Florence (Italie), Yale (Etats-Unis) et Paris V Descartes (France). En 1991, il soutient à l'Université d'Aix-Marseille, une thèse de Doctorat intitulée « Écriture et double généalogie ». En 1995, il fonde sa revue Dédale. En 1997, il crée également l'émission radiophonique Cultures d'Islam sur France Culture et collabore à plusieurs revues comme Esprit, Communication.

Abdelwahab Meddeb est l'auteur d'une vingtaine de livres dont notamment Talismano ,  Phantasia  , Tombeau d'Ibn Arabi  , Les dits de Bistami  , Aya dans les villes ,  La Maladie de l'Islam ,  Matière des oiseaux , Sortir de la malédiction: L'Islam entre civilisation et barbarie   et  Pari de civilisation  .

Il a également collaboré à deux films : La Calligraphie arabe de Mohamed Charbagi (1986) et Miroirs de Tunis de Raul Ruiz (1993).
Nous voudrions, par cette contribution, exprimer notre reconnaissance et notre considération pour tout le travail accompli par l’un des nôtres, afin de perpétuer et d’ancrer dans la mémoire collective, cette si précieuse « pensée libre ».

La rencontre que nous envisageons, se place sous l’égide de « la pensée libre ». Une notion multidisciplinaire, transversale et qui semble en mesure d’adjoindre toutes les expressions littéraires, artistiques et scientifiques. Elle sera féconde en inspirations et en approches qui pourraient offrir une meilleure visibilité et une meilleure intelligibilité de ce qui semble avoir été ressenti paradoxalement comme indéfiniment complexe et pourtant intimement inhérent à chacun de nous : la liberté. 

Nous voulons, par cette rencontre, mettre en présence les différents sens de la pensée libre. Nous voulons également parcourir les problématiques et les canevas à travers lesquels se joue, au présent, ce débat de la liberté et du sens, de l’arbitraire et du dogme, des forces du mouvement et celles de l’inertie, de l’inné et de l’acquis.

Il faudrait ne pas perdre de vue le fait que la liberté s’atteste à travers des actions et surtout des œuvres qui lui rendent témoignage . Par ailleurs, la pensée libre se construit avec les autres, qui peuvent aider ou empêcher. Pour Kant en effet, nous pensons d'autant plus librement que nous avons accès à la pensée des autres et que nous pouvons publiquement leur faire part de nos propres pensées. Où il n'y a pas de liberté d'expression, il n'y a pas de liberté de penser. Des blocs de pensées figées tendent à façonner l’histoire des mentalités, à en désigner nostalgiquement les points sublimes. La pensée n’est pas à l’abri d’une scénographie et d’une mythologie qui génère des effets d’orthodoxie.  Quant à la pensée critique, elle peut devenir complice d’un certain conformisme si elle se transforme en une sorte de mécanique. À force d’être répétée, la formule, inventive à l’origine, ne fait plus qu’affermir sa force d’assertion qui prend le pas sur sa force épistémologique. Elle se transmue en croyance. La pensée libre est une pensée vigilante, irrévérente, hétérodoxe, mouvante, iconoclaste, incertaine et même toujours inquiète, inséparable de l’émotion, du désir et d’une certaine exigence langagière. Une pensée est libre quand elle s’inscrit dans une sorte de laïcité qui la mettrait à l’abri de l’idolâtrie, l’autorisant à désigner l’imposture, à relancer la pensée critique à partir d’un lieu de dissidence et d’indocilité. Une pensée est libre quand elle ne cède pas à l’hypnose collective, à la moutonnerie ambiante. »

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