Qui sont ces femmes pilotes de chasse de l'armée tunisienne
 
                            On lui doit un réel hommage ! L’Armée de l'Air tunisienne affiche un palmarès riche en trophées. En exclusivité, un reportage inédit sur les femmes pilotes de chasse et de transport.
Dorra et Olfa font partie de ces femmes tunisiennes d’exception.  Toutes deux sont pilotes militaires, la première d’hélicoptère et la  seconde de transport. Elles font partie de cette quarantaine d’autres  femmes pilotes qui, au sein de l’armée de l’air, assument avec  compétence et grand dévouement des missions de premier plan. Elles font  honneur à la Tunisie. Défendre la patrie, s’attaquer à l’ennemi, traquer  les terroristes, surveiller les côtes maritimes, évacuer des blessés et  malades en situation délicate, acheminer troupes et équipements, elles  bravent les conditions météorologiques les plus difficiles, esquivent  les tirs ennemis et réussissent leurs objectifs.
  
  En grande exclusivité pour Leaders, elles ont été autorisées à répondre à  nos questions et se laisser prendre en photo. Pour la première fois, le  ministère de la Défense l’a permis à une équipe journalistique.  Reportage.
Glissée dans sa combinaison, montée à bord  de son hélicoptère, sanglée dans son siège, le casque sur la tête,  connectée à la radio et les mains sur les manettes, Dorra est une autre  femme. Elle ne pilote pas l’appareil, elle en fait partie, l’habite et  le maîtrise. De très fortes sensations lors des vols tactiques qui  exigent une grande concentration. 
  
  L’hélicoptère a l’avantage d’épouser les formes du relief, montagnes,  forêts et côtes, de descendre très bas et d’entreprendre des actions  très percutantes. Armé de fusils à balles 12.7, le tireur qui  l’accompagne suit attentivement ses instructions et ouvre le feu.  Echapper à l’ennemi et lui tirer dessus: une lourde responsabilité  assumée en toutes circonstances, avec succès et le sens du devoir à  accomplir.
  
  Avant chaque opération, la préparation est rigoureuse. L’étude de la  cible, sa localisation, le contexte général, l’environnement précis, la  météo, les contraintes et les enjeux sont passés au peigne fin. Rien  n’est laissé à l’improvisation, les instructions sont claires. Dès le  décollage, le suivi à partir du centre de commandement est attentif. En  fonction de la situation observée sur la zone d’intervention, des  ajustements peuvent être apportés. La décision finale appartiendra en  bout de chaîne au pilote lui-même. Il apprécie mieux le contexte et  décide. Dorra n’hésite pas à le faire, en toute sérénité. Elle asusre et  assume.
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«J’avais ça dans la tête»!
Si vous rencontrez en ville cette mère de  deux enfants, vous ne douteriez guère de sa capacité guerrière. Une  femme normale, cultivée, accueillante, l’allure sportive et les cheveux  bien coiffés. Ses deux filles l’adorent et l’admirent, comme elle le  voit dans leurs yeux. Elles en sont fières et suivraient peut-être ses  pas. 
  
  Comment en est-elle arrivée au cockpit de l’hélicoptère militaire? Toute  une saga. Fille de militaire, cette femme pilote, habitant au Bardo, a  toujours baigné dans cet univers. Depuis sa prime enfance, l’uniforme la  séduisait. «J’avais ça dans la tête, confie-t-elle à Leaders, mais  je ne savais pas par où commencer. Le bac décroché avec une bonne  moyenne lui ouvrit la voie, après une sélection rigoureuse, de l’Ecole  préparatoire à l’Académie militaire (Epam). Mais, ce n’était que le  premier pas. En classes préparatoires, l’idée de l’aviation lui tournait  dans la tête. Elle en fera son objectif et devait, pour y accéder,  exceller dans toutes les disciplines, réussissant tous les examens et  tous les tests». Dorra sera sélectionnée pour  faire partie de la première promotion de femmes pilotes au sein de  l’Armée de l’air et ira se spécialiser à l’Ecole de Borj El Amri. Le  parcours est long, il faudrait obtenir la licence de pilote de ligne,  les brevets militaires successifs, avant d’être affecté dans une unité  opérationnelle.
  
  Trois ans après, elle sera commandant de bord, mais cela ne lui  suffisait pas. Parallèlement, elle suivra le cours de capitaine pour  accéder à ce grade. Puis, l’expérience acquise, elle sera qualifiée en  tant qu’instructeur.
  Est-ce difficile de prendre la décision d’ouvrir le feu sur un ennemi? «Difficile, non, nous répond-elle avec détermination. Il  faut prendre en compte tous les facteurs décisifs. Nous sommes bien  entraînés aux techniques opérationnelles et tactiques, et bénéficions de  briefings précis et de procédures à appliquer.Il y a toujours une  décision à prendre, la dernière m’appartient, sans hésitation possible».
«Toujours prête à intervenir et assurer»
Olfa est lieutenant, pilote de transport.  Au sein de l’armée, le transport aérien assure une mission logistique et  d’appui de grande importance. Des petits appareils à l’Hercule C130,  ces avions militaires sont en état d’alerte permanent, comme les  hélicoptères et autres appareils de chasse, pouvant décoller à chaque  instant jour et nuit, sur ordre du commandement. A bord de son appareil  L410, Olfa achemine troupes, équipements, armements et munitions. Mais  aussi, en cas d’inondations et autres sinistres, ce sont des  médicaments, produits alimentaires, couvertures et autres nécessités de  secours et d’urgence qu’elle livre. Elle intervient également pour  évacuer blessés et malades en situation très difficile. 
  
  «Je n’oublierai jamais cette jeune maman enceinte arrivée à terme qui sombre dans une dangereuse complication, confie-t-elle à Leaders.  Il fallait l’évacuer du Sud tunisien vers un service hospitalier  spécialisé à Sfax. Chaque minute comptait, c’était une question de vie  ou de mort pour la maman, comme pour son bébé. Vous ne pouvez pas  imaginer mon bonheur et celui de mon commandement lorsque tout s’est  bien passé et le bébé a poussé son premier cri, sain et sauf»!
Olfa aussi était prise dès sa jeunesse par la passion de l’armée. Cette femme pilote vivant à Tunis a une grande admiration pour son père. Instituteur, son rêve était d’embrasser la carrière militaire pour servir le drapeau national. Qu’à cela ne tienne : sa fille le réalisera à sa place. Olfa suivra le même parcours que Dorra. Bac maths avec mention, elle sera admise à l’Epam de Sfax, puis ira à Borj El Amri où elle obtiendra sa licence IFR et autres brevets et qualifications pour les avions de transport. Et la voilà voler, se donnant des ailes pour la patrie.
«Du pur bonheur !»
Toutes deux sont bien entraînées, chacune dans sa spécialité, dans des exercices qui poussent à étendre les limites. Elles apprennent à combiner à la fois la sécurité du vol, l’atteinte de l’objectif désigné et à préserver les vies humaines. La grande contrainte est souvent la météo difficile et l’urgence de l’opération. Mais, elles savent s’y faire. «L’appui permanent de nos instructeurs est précieux, tout comme les encouragements de notre commandement», affirment-elles en guise de gratitude.
Dorra et Olfa nous confient qu’elles s’accomplissent pleinement dans leurs uniformes. «Nous n’avons aucun mérite particulier, autre que celui de servir la patrie parmi tous ces hommes et femmes au sein de l’Armée», disent-elles. Leur grand bonheur, c’est lorsqu’elles atterrissent, arrêtent le moteur et descendent après une mission réussie! «C’est du pur bonheur!», nous assurent-elles d’une même voix, avant de repartir chacune vers son avion.
Taoufik Habaieb
Photos Mohamed Hammi/Leaders
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Bravo mesdames vous êtes l avenir de la Tunisie ne lâchez rien bravo encore
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