News - 15.06.2018

L’ONU condamne Israël et se prononce pour la protection de la population civile palestinienne

L’ONU condamne Israël et se prononce pour la protection de la population civile palestinienne

Par Rafaa Ben Achour - L’Assemblée générale des Nations unies (ONU), réunie dans le cadre de sa Xème session extraordinaire d’urgence (ouverte depuis 1997), a adopté mercredi 13 juin, un projet de résolution réclamant la protection des civils palestiniens à Gaza et condamnant l’usage excessif de la force par Israël contre les civils palestiniens.

Cette nouvelle résolution fait suite aux manifestations, dénommées « Grande marche du retour », que connaît la bande de Gaza depuis le 30 mars 2018, le long de la clôture de sécurité qui la sépare d’Israël. Durant ces manifestations, on a enregistré plus de 120 civils palestiniens tués par les forces israéliennes et plus de 4000 blessés. Notons que 3 Israéliens seulement ont été blessés lors des manifestations

L’échec du Conseil de sécurité : un nouveau veto américain

Au début de mois de juin, le Conseil de sécurité de l’ONU, saisi de deux projets de résolution concurrents, avait échoué à se prononcer sur la question de la protection des civils palestiniens et ce, suite à un véto américain.

Dans un premier temps, les États-Unis ont opposé leur veto à l’adoption d’un texte proposé par le Koweït par lequel le Conseil de sécurité aurait exigé qu’Israël s’abstienne d’actes tels que le recours excessif, disproportionné et indiscriminé à la force, notamment l’utilisation de balles réelles contre des manifestants civils.  Si ce texte avait été adopté, le Conseil aurait aussi exhorté « tous les acteurs » à faire en sorte que les manifestations restent pacifiques, et déploré par ailleurs les tirs de roquette lancés depuis la bande de Gaza contre des zones civiles israéliennes.

Aucune autre délégation ne s’est opposée à ce projet de résolution qui a recueilli l’appui de 10 membres du Conseil dont la Chine, la France et la Russie, 4 autres s’étant abstenus, à savoir la Guinée équatoriale, les Pays-Bas, la Pologne et le Royaume-Uni.

La représentante des États-Unis s’est opposée à la proposition du Koweït, parce qu’elle y a vu une description « extrêmement partiale » de ce qui s’est passé à Gaza et un texte qui rejette de surcroît toute la responsabilité sur Israël.  Elle a dénoncé l’absence de toute référence au « groupe terroriste Hamas ». « C’est ce type de résolution qui sape la crédibilité de l’ONU pour résoudre le conflit israélo-palestinien », a-t-elle mis en garde.

Quant au délégué de la Palestine il a estimé que « Le vote d’aujourd’hui est décevant, mais pas surprenant », évoquant la « position intransigeante » d’un des membres du Conseil.  Saluant ceux qui ont voté pour, il a déclaré : « Vous avez rejeté la loi du plus fort et souligné que personne ne peut se dérober à la loi ».  Le représentant d’Israël a, de son côté, vu dans le veto américain la démonstration que les règles sont en train de changer au sein du Conseil de sécurité, et que la politique du « deux poids deux mesures » contre Israël était terminée. 

Le Koweït, initiateur du texte, a dénoncé un texte qui ferme les yeux sur les massacres de dizaines de manifestants pacifiques et qui, « dans son esprit et sa lettre, encourage la Puissance occupante à poursuivre les exactions contre des populations ».

Le représentant de la France a déploré ce « lourd silence du Conseil qui est de plus en plus assourdissant ».  Un silence, a-t-il affirmé, qui n’est ni acceptable, ni compréhensible. « Si ce Conseil abdique aujourd’hui ses responsabilités, qui donc les assumera ? » a demandé le délégué qui s’est dit convaincu de la possibilité de bâtir de manière « patiente et pragmatique »

Peu de temps après le rejet du projet koweitien, le Conseil de sécurité a rejeté un projet de résolution américain rendant responsable le Hamas palestinien des récentes violences dans la bande de Gaza. les Etats-Unis sont le seul pays à avoir voté pour. Onze pays se sont abstenus tandis que le Koweït, la Bolivie et la Russie ont voté contre.

Le recours à l’Assemblée générale : La reprise de la Xème session extraordinaire d’urgence

Face au blocage du Conseil de sécurité suite au veto de l’un de ses 5 membres permanents, la Xème session extraordinaire d’urgence, restée ouverte depuis 1997 a été convoquée. Elle a été saisie d’un texte présenté par l’Algérie, la Turquie et l’Autorité palestinienne
Le projet tripartite a été adopté par 120 voix pour, 8 voix contre (Australie, États-Unis, Îles Marshall, Îles Salomon, Israël, Micronésie, Nauru et Togo), et 45 abstentions.

La résolution déplore notamment « l’utilisation de balles réelles contre des manifestants civils, y compris les enfants, ainsi que contre le personnel médical et les journalistes », et se déclare « vivement préoccupée par les pertes en vies innocentes ».

L’Assemblée exige « d’Israël, Puissance occupante, qu’il s’abstienne de tels actes » et qu’il applique la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949.

La résolution prie également le Secrétaire général de l’ONU de présenter des propositions sur les moyens de garantir la sécurité, la protection et le bien-être de la population civile palestinienne se trouvant sous occupation israélienne et « en particulier », des recommandations relatives à un mécanisme de protection internationale.

L’Assemblée exige que des mesures soient prises d’urgence pour garantir l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté. Elle demande aux parties et à la communauté internationale de redoubler d’efforts afin d’instaurer les conditions nécessaires au lancement de négociations crédibles sur toutes les questions relatives au statut final, en vue de parvenir à une paix juste, globale et durable, fondée sur l’ambition d’une région où deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues.

L’Assemblée déplore également « les tirs de roquettes qui ont été effectués depuis la bande de Gaza contre des zones civiles israéliennes ». Ce libellé n’a pas satisfait les États-Unis qui ont présenté un amendement condamnant nommément le Hamas, ses tirs, ses incitations à la violence et le détournement des ressources pour construire des infrastructures militaires.

***

Cette nouvelle résolution vient s’ajouter à une série impressionnante d’autres résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, du Conseil des droits de l’homme, etc. Malgré cela Israël, avec l’appui des Etats-Unis, continue ses opérations militaires contre les civils palestinien sans aucune crainte de représailles internationales et en ne prêtant aucune attention aux multiples condamnations de la Communauté internationale.
Rafaâ Ben Achour

 

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