Opinions - 05.11.2013

Fin de non dialogue

Force est de constater que le dialogue national a échoué. La voie y menant a été semée d’embûches dès le départ. Au point qu’il fut probablement déjà mort avant qu’il ne commençât. Hier soir, monsieur Houcine Abbassi a sifflé la fin du non dialogue.

Les faits montrent que les positions à rapprocher étaient de prime-abord incompatibles. Tout montre depuis longtemps qu’Ennahdha visait un seul objectif : son maintien au pouvoir. Quitte à user de tous les moyens à sa disposition (appareils de l’Etat, administration, argent suspect, violences des salafistes, etc), pour qu’il lui soit permis, un jour, d’organiser, par la fraude et dans des climats de violence, des élections truquées. Pour ensuite dire au monde entier que le peuple a choisi les islamistes pour appliquer enfin le véritable projet islamiste, qui passe par l’islamisation forcée de la société tunisienne et l’instauration d’une dictature théocratique. Mais un tel scénario s’est fracassé devant le rejet déterminé et le combat actif mené par les forces vives du pays. Celles-ci, largement unies derrière ses partis politiques, ses syndicats et ses mouvements associatifs, ont su organiser de vastes mobilisations populaires, toujours vivaces et attachées à l’objectif majeur des patriotes: sauver la Tunisie, en neutralisant les incompétents de la Troïka et leurs satellites.

Le non dialogue que nous venons de subir n’a abouti à rien. Ce fut un spectacle usant et désolant. Pourtant la solution était connue. Le choix du futur premier ministre devait être décidé par un vrai consensus et annoncé depuis plusieurs jours. Cela ne demandait que quelques moments de sincérité et de franchise de la part des principaux acteurs de la joute actuelle: le Quartette, Ennahdha et ses alliés, et le Front du Salut national (avec Nidaa Tounes et Front populaire). Hélas, cela n’eut pas lieu. Pire, certains ont cru bon de tenter d’imposer la candidature de monsieur Ahmed Mestiri à une classe politique qui n’en revenait pas, et à une presse fébrile qui a amplifié ce triste et grotesque épisode d’obstruction. Tout un tumulte  pour fausser les cartes et gagner du temps, et pour ne rien décider. En plus des manœuvres naïves et irresponsables d’Ennahdha, l’échec du dialogue a été facilité par les attitudes incompréhensibles et déroutantes de formations gravitant autour du parti au pouvoir. Messieurs Marzouki, Ben Jaafar, et Chebbi, parmi les principaux acteurs, devront justifier aux Tunisiens, et plus tard aux historiens, la pertinence de leur positionnement en ce moment critique de l’histoire du pays. Que faire alors?

Tout simplement, revenir aux fondamentaux, c’est la seule voie de salut. Le reste en découlera. Les Tunisiens se battront avec espoir et confiance contre les obscurantistes et les terroristes qui leur veulent du mal; l’Etat tunisien et ses institutions (y compris justice, armée, police) seront appelés à jouer leurs rôles dans le cadre de leurs fonctions ou missions respectives.

Une page de l’histoire du pays est tournée. La légitimité électorale de l’ANC a vécu. Une nouvelle la remplace désormais : celle du consensus populaire. Objectivement, le centre de gravité de l’ancienne légitimité a irréversiblement glissé de l’ANC délégitimée vers ce nouveau cadre informel constitué autour du Quartette, devenu l’unique espace de la nouvelle légitimité. En dépit du constat d’échec de la phase du non dialogue qui vient de s’achever, le cadre créé pour le dialogue national devra être maintenu, comme l’a déclaré hier soir monsieur Houcine Abbassi, et continuer à fonctionner, avec ou sans Ennahdha. Si nécessaire, il aura à évoluer et à se structurer, pour se transformer, selon les circonstances, en centre de pouvoir alternatif d’où émaneraient les organes du nouvel exécutif, qui aurait à finir la prochaine transition, et conduire le pays vers de véritables élections libres et non truquées.

Abdellatif Ghorbal


 

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5 Commentaires
Les Commentaires
aliocha - 05-11-2013 20:07

bravo pour l'analyse et la clarté de l'exposé, je ne comprends pas qu'on puisse dialoguer avec un gouvernement qui a échoué et comment on lui laisse la choix de choisir son successeur! le quartet doit jouer pleinement son rôle, il doit proposer un nouveau premier ministre et basta!

Lee - 05-11-2013 20:18

Bonsoir Mr Ghorbal, même si vous allez censurer mon commentaire , je trouve vos "positions " dénuées de sens politique . Vous parlez de "légitimité" du Quartette !!!! Mais d'où viendrait cette légitimité ? De pseudos journalistes qui n.ont aucune culture politique ? De journalistes partisans à la solde d'uns pseudos opposition ? De journalistes qui n'ont aucune notion de "culture du dialogue" ? Qui pensent que "l'Histoire " retiendra telle ou telle chose juste pour reprendre une expression qui "fait bien " ? Mais non Mr l'Histoire ne retiendra rien de tout ça , elle retiendra juste qu'il y avait des gens qui se sont pris pour des journalistes et qui se se sont défoulés sur internet . Ce que vous écrivez aurait pu être très comique si la situation n'était pas aussi délicate .

aida bouchadakh - 06-11-2013 12:52

Monsieur, La légitimité démocratique, issue des urnes, ne peut être abrogée que par une autre légitimité démocratique issue des urnes. Telle est la règle en démocratie, à moins qu'on veuille nous faire glisser vers une dictature, ce que nous refusons catégoriquement. Ne faudrait-il pas se focaliser sur l'organisation de nouvelles élections plutôt que vouloir à tout prix nous recycler les ministres de l'ancien régime... On nous nous dit qu'on veut des expérimentés, d'accord, mais nos expérimentés ont surtout une grande expérience dans la falcification des élections et chanter les louanges de Ben-Ali et consort, ce qui les discrédite. Mistiri a eu au moins le courage de démissionner de son poste alors que d'autres courent derrière les postes .. ... Et finalement, si ils étaient si bien que ça pourquoi donc le peuple tunisien c'est révolté ?

Skander Ben Baccar - 07-11-2013 08:09

Comment croire encore en cette bande d'incompétents qui prend tout le pays en otage? Ces trois partis n'ont aucune légitimité depuis le 23 octobre 2011. Ces kamikazes, suicidaires politiques, incompétents et schizophrènes se foutent complètement de la Tunisie et des tunisiens. Leur unique logique nous restons au pouvoir ou c'est le chaos. Ils l'ont dit. Ils l'ont répété et ils continent à se foutre de nos têtes avec leur pseudo dialogue. Il est clair que Dieu a abandonné la Tunisie à cet enfer nommé Troika et que ce Ghannouchi n'est autre que le faux messie annoncé pour la fin des temps. Les égyptiens, les émiraties, les Saoudiens et même les qataris bailleurs de fond de ces criminels ont eu le courage de prendre le boeuf par les cornes et combattent sans merci ce mal nommé islamisme politique, et nous continuons à être naifs et à croire qu'il est possible de vivre en paix avec le diable. La Tunisie d'aujourd'hui à besoin d'une decision audacieuse et courageuse à la dimension de la situation grave. Ne pas oser prendre les choses en main et changer les rapports radicalement une fois pour toute c'est simplement laisser ce mal islamisme continuer sa propagation insidieusement dans nos quartiers, nos familles, nos mosqués, nos universités. Cela fait trente années que ces islamistes usent de tous les moyens pour prendre le pouvoir, vous êtes naif de croire qu'ils vont le quitter aujourd'hui. Mais bon Dieu réveillez-vous, ils se foutent simplement et royalement de vous et de nous.

bechir toukabri - 07-11-2013 12:56

Assurement, M Ghorbal, personne ne veut comprendre dans ce pays qu'Ennahdha ne quittera le pouvoir qu'a coup de pieds, ou avec les armes, mais le pays aura fait faillite entre temps. L'histoire prouve que seule la violence est efficace pour révolutionner les choses. A plus forte raison pour faire déguerpir ces va nu pieds affamés.

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