News - 29.06.2009

Nouveaux patrons des médias: le sens d'un mouvement

A quelques jours seulement de la nouvelle grille Eté des chaînes TV et stations Radio publiques, la désignation de nouveaux patrons prend toute sa signification. Tout comme d’ailleurs, les nouvelles nominations à la tête du groupe SNIPE, éditeur des quotidiens La Presse et Assahafa, et du CAPJC en charge du perfectionnement des journalistes et communicateurs. Avec les échéances du ramadhan et des élections, la rentrée, d’habitude en septembre, s’en trouve rapprochée. Il n'y aura donc pas de trêve estivale, et le signal fort de la relance et du redéploiement est ainsi donné. Les conseils d’administrations réunis ce lundi, et installés dans leurs nouvelles fonctions, les nouveaux patrons qui n’auront pas de vacances cette année, ont entamé leurs exaltantes missions, avant le 1er juillet. Eclairage:

D’abord, rappelons les nominations annoncées vendredi après-midi par le ministère de la Communication et des Relations avec la Chambre des Députés et la Chambre des Conseillers:
— Mohamed Fehri Chelbi, président-directeur général de la Télévision tunisienne,
— Chaouki Aloui, président-directeur général de la Radio tunisienne,
— Mansour M’henni, président-directeur général de la Société nouvelle d’impression, de presse et d’édition (SNIPE - La Presse),
— Mohamed Gontara, directeur général du Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (Capjc).

Pas de Pub, pas de programmes, pas d’audience, pas de Pub…

Les analystes du paysage médiatique tunisiens s’y attendaient depuis au moins l’hiver. Les tiraillements signalés au sein du journal La Presse, d’une part, et les difficultés rencontrées par les chaînes publiques en matière de production audiovisuelle, commençaient à poser problème. Si la radio, avec ses différentes stations nationales, régionales et locales a pu tirer son épingle du jeu, réussissant à trouver une bonne audience sans trop souffrir de la concurrence des stations privées (Mosaïque, Jawhara et Zitouna), les télés publiques peinent à recruter les annonceurs. Du coup, pas de recettes publicitaires, pas de production.

La solution a consisté à se rabattre sur le Bartering. Grâce à cette formule qui permet d’obtenir des programmes prêts à la diffusion attractifs qui s’autofinancent  directement par la publicité qu’ils récoltent, la télévision tunisienne a pu, non seulement se maintenir, mais aussi gagner en audience. Sans nul doute, et quelle qu’en soit l’appréciation de chacun, les émissions de Cactus Productions ont réconcilié de larges franges de téléspectateurs avec l’écran tunisien, mais sans que cela profite à sa caisse. En clair, sans les émissions proposées par les équipes de Sami Fehri, notre télévision aurait subi une sévère désaffection du public. Or, dans cette bataille de parts d’audience et face à la rude concurrence des 524 chaînes satellitaires arabes, la reconquête du public tunisien est fondamentale.

De nouveaux acteurs audiovisuels encore plus compétitifs

Mais, ce n’est pas tout, les deux autres chaînes TV tunisiennes, privées, Hannibal TV et Nessma TV, en attendant l’aboutissement de la demande qui sera déposée par Sami Fehri, ne dorment pas sur leurs lauriers. Elles aussi se battent pour mieux de programmes et plus d’audience afin de séduire davantage d’annonceurs  de de financer la production et les acquisitions.

Troisième élément non-négligeable, la Télévision tunisienne s’apprête à s’installer complètement dans son nouveau siège sur la colline du Belvédère et se doit de capitaliser sur cet emménagement pour se restructurer, se débarrasser de certains vieux relents et épouser un nouveau style plus percutant et plus performant. Sans parler de la télévision numérique terrestre, de ses enjeux et de ses impératifs. Comment s’y préparer utilement et comment la réussir ?

Autant d’éléments, au moins, qui semblent se profiler derrière la désignation d’un nouveau président de l’Etablissement de la télévision tunisienne, M. Mohamed Fehri Chelbi, professeur universitaire à l’IPSI et directeur du CAPJC. A ce poste, il succède à M. Hédi Ben Nasr, diplomate de carrière qui s’est dévoué à la charge. Maintenu 2 ans après l’âge limite de la retraite, il laisse, en si peu de temps passé au 71 avenue de la Liberté,  le souvenir de la droiture et de la courtoisie.

Radio: Capitaliser

Côté Radio, l’ancien président de l’Etablissement de la Radio Tunisienne, M. Mansour Mhenni, nommé à la tête de la SNIPE (La Presse et Assahafa), c’est M. Chawki Aloui qui lui succède. Pur produit de l’IPSI et de la communication, le nouveau patron de la Radio était jusque là, Chef de Cabinet du Ministre de la Communication et des Relations avec la Chambre des Députés et la Chambre des Conseillers, après avoir exercé à l’ATCE en qualité de DGA et à l’Ambassade de Tunisie à Londres. Compétent, efficace et discret, il parvient à trouver le temps pour pousser ses recherches universitaires et préparer sa thèse de doctorat, enrichi par son expérience pratique et ses analyses scientifiques.

Capitalisant sur la lancée de son prédécesseur, Chawki Aloui saura sans nul doute, tout en développant les stations sur FM, rétablissant en plus certaines d’entre-elles sur les ondes moyennes (Sfax, notamment), encourager les nouveaux talents et susciter les vocations.

La Presse: l’impératif de reconquérir


Quant à Mansour Mhenni, il trouve à la rue Ali Bach-Hamba, le doyen de la presse tunisienne qui attend une nouvelle impulsion. Quotidien -phare, La Presse, demeure plus que jamais nostalgique des grandes avancées réalisées par d’éminents patrons qui l’avaient dirigé, notamment MM. Amor Belkhiria et Abdelwaheb Abdallah. Leurs disciples, Slaheddine Maaoui, Mohamed Mahfoudh, Mohamed Ben Ezzeddine, Mustapha Khammari, jusqu’à Zohra Ben Romdhane et Mohamed Gontara n’ont pas démérité.

Comment renouveler la presse écrite face aux médias électroniques plus alertes et moins compliqués ? Quels nouveaux concepts éditoriaux et graphiques pour fidéliser les lecteurs et conquérir les jeunes ? Autant de questions qui se posent avec acuité. La grande mission de Mansour Mhenni sera de renouer les fils, au  niveau des rédactions (La Presse et Assahafa), de remobiliser les journalistes à ne plus se contenter du fameux quota des 12 articles par mois, et de re-séduire les lecteurs par un contenu novateur, intelligent, bien écrit, bien illustré et plus instructif. C’est la voie de salut pour la presse écrite si elle ne veut pas se réduire aux petites annonces et à la nécrologie.

Universitaire spécialiste en littérature française, journaliste aux multiples contributions de qualité, directeur de Canal 21 et depuis le 31 août 2007, Président directeur-général de l’Etablissement de la Radio, Mansour Mhenni, fervent militant du mouvement associatif, réunit des atouts précieux pour réussir dans ses nouvelles fonctions. En garant sa voiture pour la première fois ce lundi 28 juin, devant le 6 rue Ali Bach Hamba, siège de La Presse, pour prendre ses fonctions, il a eu la surprise de constater que l’immeuble mitoyen, celui qui avait abrité l’ancien siège de Dar Assabah, avait été démoli… pour laisser émerger une nouvelle bâtisse. Loin de toute idée de table rase, il a certainement compris deux choses : la première, il faut avoir l’ambition de la modernité. La seconde, La Presse, entreprise prospère mérite, elle aussi, un nouveau siège.

CAPJC: Plus et mieux de communicateurs


Quant à Mohamed Gontara, il retrouve, avec beaucoup d’aisance, le chemin de la formation et du perfectionnement des journalistes à la tête du CAPJC. Abdelaziz Barrouhi, directeur-fondateur (1982), alors fraîchement débarqué de Paris, tenait à en faire un pôle d'excellence pour l'émergence d'une nouvelle génération de journalistes professionnels. Ridha Najjar devait asurer la relève pendant plus de 20 ans. Enseignant à l’IPSI, ancien directeur des chaînes TV, et chargé de la communication au Ministère des Affaires étrangères (outre une collaboration journalistique de longue date avec différentes publications), Mohamed Gontara a toujours été égal à lui-même, dans la loyauté et le dévouement.

Sa précieuse contribution à la communication des Jeux Méditerranéens Tunis 2001, ses interventions au Conseil Supérieur de la Communication et dans différents forums académiques internationaux soulignent ses talents. Il lui appartient désormais, d’intensifier l’action du CAPJC pour former plus et mieux les communicateurs dont la Tunisie a grandement besoin.
 

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6 Commentaires
Les Commentaires
yassine - 29-06-2009 22:34

c'est batering et non Barteling

La Rédaction - 30-06-2009 06:15

Merci de votre précision. Mais, c'est bien Bartering: "Procédé qui consiste pour un annonceur et/ou son agence de communication à produire puis proposer à un support de radio ou de télévision, un programme (fiction, documentaire, émission de variétés…) en échange d'espace publicitaire." Voir: www.e-marketing.fr/xml/Definition-Glossaire/5859/Bartering/

walid belaid - 30-06-2009 15:39

félications M. Chalbi pour ce nouveau poste, vous êtes le meilleur enseignant à l'IPSI.

YOUSFI Nadia - 01-07-2009 08:36

Mr Mohamed Fehri Chalbi et Mr Mohamed Gontara étaient mes professeurs à l'IPSI. Je suis très émue par leurs nouvelles nominations, ils le méritent vraiment, vu leur parcours professionnel, mais j'espère qu'ils donnent chance aux nouveaux diplômés car titulaire d'une maîtrise en Sciences de la Communication, j'ai pas eu la chance de travailler dans mon domaine jusqu'à maintenant dommage.

slim dargachi - 01-07-2009 14:16

espérant qu'il y aura du vrai changement surtt en ce qui concerne la télévision tunisienne. bein il est temps de donner la chance aux jeunes et nouveaux talents, c'est le seul moyen pour redorer son blason à cette chaine. ( à titre d'exemple les commentateurs des matchs de foot .. c'est à revoir ! )

Pr Ahmed JDEY - 12-05-2010 13:16

Tout en souhaitant le succès à Mr Mansour MHENNI, ses collègues universitaires attendent beaucoup de lui quant à la place du savoir académique et des académiciens dans le paysage médiatique et surtout La Presse; les relations entre l'Université et la Presse doivent être organiques, dynamiques et pluri disciplinaires. Pr Ahmed JDEY, Historien, universitaire, Faculté des Lettres et Sciences Humaines Sousse

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