Sfax capitale de la culture arabe 2016, bientôt le démarrage
Fin 2014 le ministère de la culture désigne après concertation un comité pour l'organisation de la manifestation Sfax capitale de la culture arabe 2016, la nomination de ce comité a soulevé beaucoup de polémique sur sa composition et le fait de voir certaines personnes écartées.
Ce comité a commencé à travailler en silence avec beaucoup de difficultés, l'absence de local pour les réunions, le retard de déblocage de fonds pour la gestion quotidienne, la conjoncture politique (terrorisme, succession de 3 ministres différents en quelques mois...)
Le programme d'infrastructure proposé au début par le ministère a été revu et modifié radicalement après une large concertation avec les institutions, les associations et des personnalités actives et connues dans le domaine culturel. Se faisant aider par un «programmiste» d’un cabinet conseil dans le domaine culturel de renommée mondiale, les projets proposés sont:
- une médiathèque à la place de la cathédrale avec une conception futuriste très conviviale, un lieu de « haute culture » ou le « troisième lieu » comme on commence à l’appeler maintenant
- L’aménagement de Chott Krekna en un espace de loisirs, culture et de gastronomie (café culturel, sport, espaces de dégustation ...)
- L’éclairage des remparts et leur mise en valeur,
- La valorisation de la Médina : aménagement de l’école husseinite en institut des métiers, aménagement de foundouk Haddadine en un espace culturel,la création d’une rue pilote à la Médina…
Différentes commissions ont été créées pour préparer le programme culturel : édition de livres pour l’occasion, séminaires, spectacles, activités de rue, environnement, art graphiques… et au terme d'un travail et de réunions marathon groupant plus d'une centaine de personnes un programme très ambitieux a été élaboré. Le maitre mot : démocratiser la culture, miser beaucoup sur l’art de rue, associer les jeunes, impliquer les délégations, donner à la manifestation la dimension nationale et internationale et se démarquer de l’aspect un peu trop protocolaire des versions précédentes.
Cette approche participative ayant abouti à un programme ambitieux émanant de la société civile, une première en Tunisie et dans le monde arabe ayant été très bien perçue au niveau des différents milieux culturels et au ministère puisqu’elle est inspirée des nouvelles orientations de la constitution tunisienne que sont la décentralisation et la démocratisation de la culture, ainsi que des nouveaux choix politiques de miser sur la culture pour diversifier le produit touristique du pays et combattre le terrorisme.
Un programme dont l’exécution est loin d’être une tâche facile, des contraintes de temps et de budget qu’il faut surmonter, certes ,Sfax mise beaucoup sur une société civile dynamique, une jeunesse impliquée et appliquée mais ne peut prétendre à la réussite d’une manifestation de cette dimension sans le soutien de l’Etat, il y a eu un sentiment d’une démission du pouvoir central de la région au mois d’aout 2015 après l’échec de la candidature de Sfax pour l’organisation des jeux méditerranéens 2021, un échec attribué en grande partie au manque d’infrastructure et l’absence d’appui des décideurs à Tunis. Tout le monde est conscient que les aspirations de la région pour se développer et rattraper son retard sur le plan infrastructure sont loin d’être satisfaites à travers cette manifestation mais s’agissant de culture et d’ambiance festive il y a lieu d’espérer un début de changement, ne dit-pas que la culture adoucit les mœurs et rapproche les gens et on en a grandement besoin en ces temps moroses.
Des turbulences, des tiraillements ont secoué la manifestation avec des contestations de mécontents d’actifs de la société civile reprochant au comité le manque de communication, des démissions de plusieurs membres du comité, suivi enfin par la nomination par le ministère de tutelle d’une nouvelle équipe qui s’est inspirée du programme établi par le comité sortant et va tenter de rattraper le temps perdu pour la mise en œuvre.
Dans notre nouvelle Tunisie, il y a lieu de mettre ces changements d’équipes ou plutôt ces bouleversements survenus à un moment critique de la manifestation sur le compte d’une démocratie naissante, d’une décentralisation qui fait ses premiers pas et de la richesse du milieu culturel Sfaxien avec ses divergences mais aussi sa volonté de faire de la manifestation un évènement exceptionnel. Il est certain qu’avec sa volonté de fer et un élan de volontariat sans faille, Sfax saura surmonter les handicaps avec l’appui de la classe intellectuelle locale et nationale et surtout avec le soutien du pouvoir à Tunis. Les compétences de la région à l’étranger seront aussi d’un grand apport.
S’agissant de manifestation nationale à un moment où la Tunisie a besoin de véhiculer des messages forts pour réussir sa transition socio-économique après la réussite de la transition démocratique, il n’y a pas mieux que la culture comme vecteur de ce message et le comité national de soutien de Sfax capitale de la culture arabe 2016 regroupant des personnalités de divers horizons verra certainement l’adhésion de toutes les forces vives du pays, excellent garant pour la réussite de cet évènement.
L’accouchement est certes difficile mais la joie sera au rendez-vous puisque nous n’avons pas d’autres alternatives que la réussite.
Dr Abdeljalil Gdoura
Actif société civile
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