News - 29.03.2016

Palestine : ya’oum el ard et une résistance inébranlable

Palestine : ya’oum el ard  et une  resistance inebranlable

Le 19 février 1976, le Gouvernement  d’Yitzhak Rabin annonça la  confiscation de  25 000 dunums (soit 2500 ha)  en Galilée. Les Palestiniens organisèrent alors la  grève générale du 30 mars 1976. L’armée israélienne réprima brutalement ce mouvement : massacre à Sakhnin,  au nord de Nazareth : 6 morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza s’étaient eux aussi mobilisés en soutien aux Palestiniens d’Israël. Depuis, le 30 mars est,  chaque année,  une journée particulière en Palestine et pour tous les Palestiniens : C’est “la journée de la Terre”. Ya’oum el Ard. Comme Rabin, Netanyahou, annonça, début mars 2016,  à    la fin de la visite du vice-président américain Joe Biden, la confiscation de 234 ha aux Palestiniens.

L’enfer des Palestiniens perdure : exécutions sommaires en pleine rue sous les hourras d’une foule fanatisée, démolitions de maison  avec la bénédiction de la Cour Suprême, punitions collectives  des familles des jeunes martyrs, appels de certains rabbins à tuer les Palestiniens « même pendant le sabbat »,   rétention des corps des martyrs, Mur de l’apartheid, myriades de check points….
Mais rien n’y fait.

Les Palestiniens résistent et  disent : « C’est ici notre terre, nous ne partirons pas, nous resterons attachés à cette terre  de Palestine, nous y poursuivrons notre résistance quelles que soient les mesures de l’occupation ! Nous y poursuivrons notre existence jusqu’à la liberté et l’indépendance, jusqu’à la fin de l’occupation israélienne, jusqu’à l’instauration d’une paix juste et durable. »
Certains veulent faire entrer dans la tête des gens une confusion machiavélique  tendant à assimiler les Palestiniens aux  fous de Paris ou de Bruxelles, à ceux qui tuent des innocents au Bardo, à Sousse, au Yémen, à Bagdad, à Ouagadougou…. Ces énergumènes veulent imposer les croyances de l’EI par la force et l’intimidation. La résistance des Palestiniens à l’occupation et au déni de leurs droits, elle,  est pleinement justifiée. Pourquoi ?

Qui sème la terreur?

Parce que la résistance palestinienne est l’arme  de ceux qui n’ont plus  le moindre choix. Complètement à découvert face au soutien de l’Occident à l’occupant. C’est l’outil unique entre les mains du faible pour atteindre des buts légitimes et amplement justifiés. Reconnus par les Nations Unies. Que  dire  à un jeune Gazaoui qui se demande s’il peut rejoindre la résistance ? Quelle vie et quel avenir peut-il espérer s’il courbe docilement la tête devant ses geôliers, dans  cette prison à ciel ouvert où croupit plus d’un million d’êtres humains auxquels Israël refuse l’eau, la nourriture, les matériaux de reconstruction, l’assainissement   et l’électricité ? Qui, en Israël et dans le reste de la terre, se souviendrait de l’existence des Palestiniens sans ces actes de résistance que les ennemis de la justice et du droit assimilent abusivement à du terrorisme ?(Lire Piotr Smolar, « Israël, la filière américaine des colonies, Le Monde, 20-21 mars 2016, p. 10-11).  A l’heure où les touristes viennent fêter Pâques et Pourim chez les colons illégaux par la  grâce d’Airbnb, aux dires de  Gideon Levy (Haaretz, 26 mars 2016), la violence observée en Cisjordanie n’a peut-être rien apporté de concret aux Palestiniens mais elle a malgré tout le mérite de mettre la question de l’occupation à l’ordre du jour. Et d’ajouter : « Soyons honnêtes. Si les Palestiniens n’avaient pas détourné des avions au début des années  1970, qui aurait entendu parler de leur malheur ? Qui se serait soucié de leur sort ? » et de poursuivre : « Israël a donné aux Palestiniens et aux Arabes une leçon fatidique : il ne comprend que la force. La force seule a contraint Israël à déguerpir du Sinaï, la force seule a conduit aux pourparlers d’Oslo, la force seule permettra  de résoudre le problème palestinien. Cette force, dans le cas de ceux qui n’ont ni armée ni force aérienne, est la terreur. » Mais il y a aussi la terreur exercée par les Etats comme Israël qui tue des milliers d’innocents à Gaza et au Liban mais cette terreur-ci,  selon  G. Levy,  « n’est pas commise par des musulmans sauvages ou des kamikazes chiites suicidaires. Elle l’est par des avions américains sophistiqués pilotés par de jeunes Israéliens idéologisés. Mais c’est aussi de la terreur, même si elle s’inscrit dans  un autre registre. » 

C’est grâce à la résistance des Palestiniens qu’aujourd’hui la question palestinienne est constamment examinée dans le monde.  Aux Etats Unis, M. Bernie Sanders, candidat d’origine juive à la présidence, a ostensiblement évité le congrès du lobby sioniste  à Washington et demandé le respect des droits des Palestiniens. De plus,  dans la plupart des universités américaines, la Palestine est à l’ordre  comme récemment  à l’Université de Californie (The New York Times, 26 mars 2016). C’est la résistance qui fait que le Jerusalem Post, journal de référence israélien,  a une rubrique permanente sur le conflit israélo-palestinien.
De fait, c’est grâce à cette résistance que le 24 mars 2016, la salle Colbert de l’Assemblée Nationale à Paris a abrité un colloque intitulé « La Palestine et la Cour Pénale Internationale » patronné par   la Fondation Gabriel Péri et par  l’Association France Palestine Solidarité. Y ont pris part, outre MM. Alain Obadia, Président de la Fondation et François Asensi, député, membre de la Commission des Affaires Etrangères, vice-président du groupe d’étude à vocation internationale France-Palestine, l’ambassadeur de Palestine en France M. Salman El Herfi, des avocats comme Me William Bourdon, Mme Françoise Dumont, Présidente de la Ligue des droits de l’homme et Mme Geneviève Garrigos, Présidente d’Amnesty International France (Voir http://www.gabrielperi.fr/la-palestine-et-la-cpi.html).

Nettoyage ethnique : la terreur sioniste contre la famille palestinienne

Maisa Abou Rajab Tamimi (40 ans) et ses huit enfants (dont de très petits jumeaux) vivent un véritable enfer depuis que le fils aîné, Fouad, a  grièvement blessé deux policiers israéliens,  le 9 mars 2016,  à Jérusalem. Il a été  immédiatement abattu, sans autre forme de procès. Comme l’a été le jeune blessé à terre de Hébron qu’un infirmier militaire tua posément d’une balle en pleine tête le 24 mars 2016.  Le corps de Fouad  est confisqué par  l’occupant.   Kassaf Abou Rajab Tamimi, le mari de Maisa, a été arrêté car la police  qui le  soupçonne d’avoir eu connaissance du projet de son fils. Or, le jour du drame, Fouad est parti travailler  dans la boulangerie qui l’emploie et rien n’annonçait  son geste. Maisa a subi, avec ses enfants, les interrogatoires de la police. Sa fille Rim, enceinte, ne pouvant passer par  le détecteur de métaux,  a longuement attendue qu’une policière vienne  la palper !  Les quatre fils les plus âgés de la famille ont été expulsés manu militari vers la Cisjordanie alors qu’ils ont toujours vécu et étudié à Issawiya, près de  Jérusalem-Est. Maisa -qui avait le droit de résidence  à Issawiya avec ses enfants les plus jeunes - n’avait plus le choix et a dû accompagner ses enfants les plus âgés dans leur  exil forcé. La famille s’est  réfugiée à Bir Naballah, au nord de Jérusalem, chez la grand’mère Yousra Harbaoui.  Maisa et ses enfants vivent maintenant à l’étroit dans un trois pièces avec  sa mère  et sa sœur ainsi qu’avec son frère et sa femme. Maisa est née à Jérusalem. Elle a donc le statut de résident permanent mais pour Israël, ses enfants et son  mari Kassaf, lui,  né en Cisjordanie, ne sont pas, pour Israël,  des résidents légaux à Jérusalem. La famille a demandé depuis longtemps le regroupement  familial. Sans réponse.

Sans la moindre raison et sans avoir commis le moindre crime, cette famille « considérée comme non habitant à Jérusalem » par Israël a été expulsée.

Pourquoi  Fouad a-t-il été poussé à cette extrémité ? Nul ne sait affirme Maisa. Aurait-il  été choqué par le comportement des policiers vis-à-vis des femmes essayant d’entrer à la mosquée Al Aqsa ? Aurait-il  été traumatisé par l’assassinat de Fadwa Abou Tir (50ans)  - qui venait de la banlieue d’Oum Tuba - tuée quelques heures avant son geste par la police,  pour avoir prétendument  tenté de poignarder un agent ?

Honneur et responsabilité

L’expulsion de cette famille palestinienne n’a aucune   base légale. Le gouvernement israélien  étudie un projet de loi  pour légaliser ces expulsions iniques. En fait,  il  s’agit de nettoyer ethniquement la ville.  Netanyahou feint d’ignorer ce que lui disent ses propres généraux et ses espions à la retraite: les jeunes Palestiniens  expriment leur propre rage et leur frustration -vis-à-vis des assassinats et des mesures humiliantes coercitives d’Israël-  par ces attaques au couteau ou à la voiture-bélier et ces coups de feu. 

Mais comme le dit le Prix Nobel  José Saramago  à propos des Palestiniens : « Qui a résisté soixante ans, résistera soixante ans de plus ». Ahmed  Ameur, un adolescent de 16 ans, l’a prouvé au-delà de tout doute… en faisant le sacrifice suprême quand il a essayé  de poignarder un soldat israélien au check point de Zaouia,  en Cisjordanie,  le 9 mars 2016. Il a été  abattu. Dans un court testament, il demande à ses parents- au rebours des postulats de la psychologie-  qu’ « on se rappelle ses mauvaises actions et non les bonnes » et dit se sacrifier pour quelque chose d’infiniment grand : la lutte historique du peuple palestinien. Il prie ses parents de payer ses dettes - des sommes minimes - à deux amis et à un restaurateur faisant ainsi preuve d’un sens aigu des responsabilités et de l’honneur. Il ne parle ni de revanche ni de haine et ne glorifie nullement la violence. Pour David Sama Galdi (Haaretz, 27 mars 2016),  « Ahmed Ameur prouve qu’il y a toujours un partenaire pour la négociation - en dépit des déclarations des leaders israéliens qui prétendent le contraire. Il est facile de réclamer le statut de victime, d’accuser ou même de tuer l’ennemi pour prétendre ensuite qu’il n’y a pas de voie pour parvenir à la solution des deux Etats ». Il demande ensuite à Israël d’arrêter d’humilier les Palestiniens et  d’exercer sa force de façon plus humaine  plutôt que de vider le chargeur d’une arme sur un adolescent de 16 ans. « Ce que le chef d’état-major de l’armée en personne réprouve. » et arrive à la conclusion  qu’il faut chercher la paix et ajoute : « Ailleurs et en d’autres temps, Ahmed Ameur n’aurait pas essayé de tuer ou de mourir pour les péchés d’autrui, devenant une sèche statistique dans ce long conflit… Son testament comporte un message bien plus puissant que la somme de ses mots. »  

La célébration de la Journée de la Terre est la preuve que les Palestiniens ne sont pas près de baisser les bras !

Mohamed Larbi Bouguerra
 

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