News - 30.03.2012

TaoufikHabaieb: Stabiliser le pays et sauver l’économie

Parution du N° 11 de Leaders (avril 2012)

Pour son onzième numéro, Leaders nous gratifie d’un numéro riche et varié, dans la veine des numéros précédents. Cette livraison est consacrée en partie aux cent premiers jours de la troïka, un bilan où, malheureusement,  les raisons de désespérer l’emportent de loin sur celles d’espérer, où transparaît l'incapacité des politiques à apporter les réponses aux  vrais problèmes du Tunisien moyen, relégués au second plan quand ils ne sont pas tout simplement  occultés au profit des discussions « métaphysiques » :  laïcité, identité nationale,  charia. Un bilan sans concession, brossé à grands traits dans l'éditorial (lire plus loin), doublé d’une mise en perspective.

Bien sûr, la Revue, fidèle à sa vocation, fait la part belle aux leaders avec des portraits bien enlevés de ceux qui, à des degrés divers, se sont illustrés au cours des derniers mois : la jeune ministre de l’environnement, Mamia El Benna Zayani, la présidente de l’ATFD, Ahlem Belhadj, le chroniqueur, tout terrain et tout media, Sofiène Ben Ferhat, le présentateur qui monte, Wael Toukabri,  le Pr Mongi Zlitni qui vient de faire son entrée à l'académie française de médecine, en plus des rubriques habituelles : Eco-Finances,  bonnes feuilles, tendance, sans oublier un hommage mérité au pionnier de la chirurgie cardio-vasculaire tunisienne qui nous aquittés dernièrement, Mohamed Fourati. On lira également avec beaucoup d’intérêt le carnet de voyage de Gilles Kepel, l’éminent islamologue français, où il a consigné les notes prises lors de sa visite en Tunisie au lendemain des élections du 23 octobre.

 

Désamorcer les sources de tensions, restaurer la sérénité d’un débat politique consensuel et accélérer la relance économique ainsi que la mise en œuvre des plans sociaux urgents : les priorités se font de plus en plus pressantes. Intoxiqués de politique, les Tunisiens aspirent avant tout à un revenu décent, une éducation et des soins de qualité, une justice équitable au-dessus de tous et une société paisible, harmonieuse, tolérante et moderniste.

Les cent jours du gouvernement de la Troïka n’ont pas été de tout repos, tellement ils ont été émaillés d’embûches. Naturelles, allant des chutes de neige aux inondations;sociales, avec la montée des revendications et le clash avec l’UGTT, heureusement circonscrit, semble-t-il, religieuses, attisées par les provocations des prédicateurs étrangers et les violences des salafistes avec en point d’orgue la profanation du drapeau national et cette discorde autour de la charia, économiques : avec l’aggravation du commerce extérieur. Naturellement, l’économique et le social, devant profiter directement au citoyen, n’ont pu bénéficier de cet état de grâce que génère habituellement toute nouvelle alternance au pouvoir. Les familles n’ont pas encore récolté les premiers dividendes de la révolution.

A la théorie du complot invoquée en excuse par certains a, plus sagement, succédé le « vœu » de plus en plus explicite d’élargir la composition du gouvernement actuel en vue d’y associer d’autres familles politiques, composantes de la société civile et figures nationales indépendantes. Les nouveaux dirigeants se répandent en assurances: séparation entre l’Etat et la religion, maintien en l’état de l’article premier de la Constitution de 1959 (Ghannouchi), finalisation de la Constitution avant le 20 mars 2013 (Zitoun) et accélération de la justice transitionnelle (Jebali et Dilou). Mais, est-ce suffisant ?

Tant que la Tunisie continuera à dépendre durant cette année et celle à venir du rythme des élections, entre municipales, législatives et probablement présidentielles, sans action économique et sociale en profondeur, tant que le climat général restera en effervescence, l’instabilité du provisoire et du transitoire, avec tout ce qui demeure imprévisible, ne favorise guère la stabilisation de la situation économique, pourtant cruciale, ni l’engagement des réformes, sans doute urgentes, tout comme la mise en œuvre des programmes sociaux qui ne sauraient souffrir aucun report. Sans une visibilité claire de la feuille de route et un répit de stabilisation de deux à trois ans, point de sauvetage économique, point de traitement approprié des questions sociales de fond et de démarrage des stratégies correctives des inégalités du développement régional.

Quel que soit le commandement installé à la tête de l’Etat et du gouvernement, il aura besoin d’une trêve politique et de course effrénée à l’occupation du terrain, pour ne se consacrer qu’à la stabilisation et au redéploiement du pays. L’économie est en danger, n’attendons pas une faillite à la grecque. Les rapprochements, par pôles, entre différents partis en vue d’un rééquilibrage du paysage politique entendent favoriser une expression à son juste poids du « grand centre démocratique moderniste » et une préparation à une alternance au pouvoir. Ils ne doivent s’inscrire que dans cette démarche de stabilisation, de solutions sociales, de relance économique et d’accélération de la transition démocratique. Au-delà des ambitions personnelles et du positionnement en course au pouvoir.


TaoufikHabaieb

 

 

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