News - 03.03.2011

Les derniers jours de Bourguiba à Carthage et les supplices de sa résidence surveillée, révélés par le Pr Amor Chedli

A la première lueur de liberté, le Dr Amor Chadli, médecin personnel et ancien ministre du Président Bourguiba, fait des révélations de première main sur la destitution du Combattant suprême, racontant dans le détail ce qui s’était passé au palais de Carthage dans la nuit du 6 au 7 novembre 1987, mais aussi, le régime de résidence surveillée imposé au Président et les supplices subis, jusqu’à sa mort. Sous le titre de «Bourguiba tel que je l’ai connu : la transition Bourguiba-Ben Ali », l’éminent professeur de médecine, premier directeur tunisien de l’Institut Pasteur et fondateur de la Faculté de Médecine de Tunis, nous introduit au fil de 600 pages, dans les coulisses du sérail jusqu’à l’intimité de Bourguiba, racontant avec force détails et nombre de documents, ce qui s’était tramé notamment depuis juillet 1986 pour « la déstabilisation du régime» et le sort réservé par la suite au premier président de la République.

Témoin oculaire pour avoir eu l’occasion de côtoyer Bourguiba pendant plus de 40 ans, il a tenu à écrire plus que des mémoires, une sorte de déposition pour l’histoire. Comment Bourguiba a-t-il été réveillé à l’aube de ce fameux samedi 7 novembre 1987 ? Que lui avait dit alors Saida Sassi ? Quelle a été sa réaction ? Dans quelles conditions avait-il été poussé hors du palais pour le conduire d’abord à Mornag, puis à Monastir ? Et, comment il a subi et vécu son isolement ? Autant de questions qui trouvent réponses comme la vérité sur la cabale pour faire partir Wassila, Allala Louiti et Bibi Jr, l’intrusion de Saida Sassi et le diabolique  stratagème de Ben Ali et de son clan pour usurper le pouvoir.

Médecin personnel, compagnon de longue date, confident, directeur du cabinet présidentiel, ministre, et surtout un proche qui partageait avec lui souvent sa marche quotidienne, ses repas et ses soirées, le Dr Amor Chadli était bien placé pour observer tout ce qui se fomentait, rapporte après recoupement, vérification et analyse, des faits qui éclairent l’histoire et nous restituer une autre facette de Bourguiba dans la tourmente, plus que de la trahison des siens, de la perfidie, comme il le rectifiera.

Le premier chapitre du livre que Leaders publie des extraits en Bonnes Feuilles, il l’a écrit dès la première semaine de la destitution de Bourguiba. Puis, en 1990, il s’est remis à l’ouvrage sur la base de ses notes et documents, pour élargir l’aperçu. Après la mort du Combattant Suprême, en avril 2000, il reprendra l’ensemble pour le compléter des trois derniers chapitres, d’une forte émotion.

Un véritable livre-évènement (édité à compte d’auteur), qui suscitera sans doute des controverses tant il regorge d’informations souvent ahurissantes, au risque de nous surprendre sur certains, mais ne manquera pas aussi de dévoiler et d’expliquer aux jeunes générations un pan de notre histoire.

Lire des extraits du Chapitre 1 : La destitution

Bourguiba tel que je l’ai connu : la transition Bourguiba-Ben Ali
Par Amor Chadli
600 pages, Février 2010, 25 DT,
Diffusion: Berg Edition

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10 Commentaires
Les Commentaires
El Abed - 03-03-2011 19:44

Peut-on trouver ce livre à Tunis ? si oui ou ?

meriem - 03-03-2011 21:54

Et bien alors Dc Amor Chadli qu'attendez vous pour obtenir justice? Vous êtes un témoin phare pour une condamnation de Ben Ali. Je vous encourage à vous unir avec l'avocat qui dernièrement a décidé de porter plainte contre Ben Ali pour justement lui avoir fait subir ces tortures que vous avez cité!!!

mahmoud Bédoui - 04-03-2011 12:39

Monsieur Amor Chedili est un très grand monsieur dans le sens le plus noble du terme. Il reste un très grand ami et aussi un homme qui a tant souffert. D'une intégrité absolument totale et d'un niveau culturel exceptionnel. Tout ce que garde comme souvenir de lui dans son bureau à l'institut Pasteur était qu'il jubilait lorsque je lui ai remis tout le dossier de la corruption organisée au ministère des affaires culturelles. Il m'avait promis une enquête absolument totale. CE FUT LE 6 NOVEMBRE 1987. Je pense que je suis le dernier à l'avoir vu dans le coup d'Etat "médical".

Sonia ABBES - 04-03-2011 18:37

Ils ont cherché à diminuer BOURGUIBA et à l'humilier sous le prétexte qu'il était très âgé et qu'il manquait de discernement -dit-on -à la fin de son parcours. On le montrait volontairement dans son lit, amaigri et usé pour mieux marquer la différence avec BEN ALI qui , lui était encore jeune. Mais cela ne l'a diminué en rien à nos yeux. Bien au contraire, c'est le genre de pratiques qui diminue davantage celui qui les commet. Tous les gens sont faibles à la fin de leur vie et la plupart d'entre eux manquent de discernement en vieillissant et deviennent plus fragiles et donc plus manipulables. il n'empêche que avec ses qualités et ses défauts, BOURGUIBA a marqué à mon avis positivement l'histoire de la TUNISIE . Le Président BOURGUIBA vivra toujours dans nos coeurs, intact, ne vous inquiétez pas pour notre mémoire. On se souviendra de lui au mieux de sa forme; beau , déluré avec un sourire éclatant et un sens de l'humour qui a dérangé plus d'une personne, et surtout si proche de son peuple malgré tout .

Eya M - 05-03-2011 19:03

je vis au Liban et je voulais savoir si ce livre serait en vente ici. Merci

ZARROUK khaled - 07-03-2011 08:16

il y a à boire et à manger avec tout ce qui a été décrit .Seulement son auteur n'a t-il pas été pendant au moins pendant deux decennies l'inhibiteur spécifique des jeunes scientifiques et chercheurs tunisiens? Nombreux sont ces tunisiens qui se réunissaient autour de F . BENHAMIDA ( Jussieu-PARIS ) en congrés francophone de biologie moléculaire et dont ce monsieur ne voyait pas d'un bon oeil , car il avait la trouille de se faire remplacer à la tête de l'Institut Pasteur utilisé à d'autres desseins.... Alors n' est-il pas trop tard maintenant de venir redorer son blason ?

BEN HAMIDA Taoufik - 07-03-2011 22:38

Je ne pense pas qu'en publiant ce livre, Si Amor CHADLI cherche à redorer son blason, sa réputation n'étant pas ternie pour autant. Il s'agit plutôt de l'un des témoignages les plus remarquables et les plus précis concernant une étape importante de l'histoire de notre pays. Très agréable à lire. Bravo Si Amor.

adel - 08-03-2011 07:27

@ Khaled ZARROUK : La trouille dite vous ? visiblement, votre passage à l’I P T ne vous a pas permis de cerner le caractère de votre chef hiérarchique.

Habib OFAKHRI - 18-03-2011 21:52

SI AMOR,TEL QUE JE L'AI (mé) CONNU J'ai lu avec intérêt le premier chapitre de cet ouvrage au style exquis et à la plume alerte.Un point , cependant retient l' attention ,à titre subjectif: celui relatif à l'attribution au journal français " le Monde" (cité dans les annotations ) le fait que ce journal a mentionné que le pr.Chadli n'était co- signataire du certificat médical attestant " la sénilité " du leader Bourguiba.Certes.Vous n'aviez pas apposé votre signature , pour la simple raison que personne ne vous l'eut soumis.Et si tel en était le cas, l'auriez -vous fait?. Je présume que les auteurs de la manigance du " complot médical " n'étaient pas aussi crédules à soumettre le dit certificat à un inconditionnel de Bourguiba doublé d'un médecin ayant prêté serment d'Hippocrate. .Aussi ,pressentaient ils que s'ils l'avaient fait, vous seriez le premier à sentir l'odeur du " complot" et peut- être le faire tomber à l'eau en faisant tomber avec, des têtes. L'histoire de la Tunisie aurait pris une autre tournure , tant cette même histoire, avec petit ou grand H ne tient qu'à de menus détails.Oui détail.Et vous êtes bien placé , en tant que médecin, pour savoir q'une maladie virale débute par un virus, tout comme l'étincelle déclenche l'incendie. Mon propos est plutôt le suivant: De 1981 à 1996 , j'ai assuré en tant que correspondant ,puis chef de bureau, la couverture journalistique de la Tunisie pour l'agence Associated Press( ap), outre ma casquette de journaliste (rédacteur en chef ) à l'agence nationale Tap. Et qui dit couverture médiatique, dit les évènements d'ordre politique et social ayant jalonné la vie de notre pays durant cette période historique où le rôle du journaliste ne consiste pas à faire l'histoire mais à la raconter, avec autant d'objectivité possible, et ce bien avant la prolifération des chaines tv et des paraboles.Et comme disent les latins " scripta manent, parola volente" ( l'écrit demeure , la parole passe).Alors aux faits.Bien avant le 7 novembre 1987, une action de déstabilisation médiatique avait été déjà orchestrée par la bande du giron de l'ex premier ministre et ex président Ben Ali. Les acolytes se relayaient pour propager aus ein des rédactions des " rumeurs" sur l'éloignement du Palais de Carthage , de telle ou telle personne , de manière à créer le vide autour de Bourguiba.La première victime fut M.Belhassine, celui connu pour lire les journaux au Combattant Suprême .Puis vint votre tour. Le 4 novembre 87 , un des colporteurs m'a soufflé" le bruit " que le Pr Amor a été chassé du palais par le leader Bourguiba.Comme tout journaliste respectant l'éthique je vous ai appelé, l 'après midi même au standard de votre département afin de vérifier cette information- " bruit". De cette communication , je garde un souvenir d'avoir au bout de fil un homme furieux et crispé.Vous m'aviez envoyé au tapis sans daigner prendre la peine de rappeler.Mieux, vous avez contacté F.Chaieb , le pdg de la Tap en proférant une menace , non précisée, si je ne dévoile pas ma source.J'ai tenu évidement à ne pas la dévoiler, étant entendu que l'information à vérifier n'était pas destinée à la diffusion sur fil tap, mais une agence de presse professionnelle et internationale qui ne colporte pas des bobards Désolé .Pas de compte à vous rendre . Seul un tribunal était compétent pour trancher si vous estimiez qu'il s'agissait " de propagation de fausse nouvelle ".Dommage . Vous aviez raté une occasion pour tenir le bout du fil d’Ariane qui vous aurait conduit , peut être à vos détracteurs malintentionnés. Mais l'histoire accélérée poursuit son cours, imperturbable ... Pour ma part ,, je n'ai pas diffusé " le bruit" de votre vrai - faux , que ne sais-je, éloignement du Palais de Carthage. En contrepoint, le 8 novembre 87 , j'ai fait une lecture formelle du fameux certificat médical en soulignant qu'il était d'abord écrit en langue française( et non l'arabe , langue nationale, un point sur lequel l'assemblée nationale de l'époque est passée à coté de ses pompes ), oeuvre d'une seule main , ensuite avec quelques erreurs d'orthographe et de ponctuation. J'ai reçu le jour même un rappel officiel à l'ordre; mais passe on était dans l'euphorie sept novembriste. Un responsable d'un quotidien de la place , devenu par la suite ambassadeur a été médusé par " ce courage " ,sans reprendre la dépêche sur son canard . Le journal " le Monde" a repris l'info avec le rajout de votre nom ,en tant non signataire signalé par son correspondant à Tunis.Le collègue et ami Michel Durré a du vous contacter , comme il me l 'a confié plus tard, puisqu'à l'époque , seuls les journalistes étrangers étaient crédibles aux yeux d'une catégorie du leardership national (...).Quand à moi, je vous ai rendu la monnaie en vous ignorant, tout comme vous m'aviez ignoré un 4 novembre ... Quelques jours seulement après le 7 novembre , votre air hautain , Pr.Chadli ne vous a épargné l'humiliation qui vous a été faite lors de la 1 ère réunion post -bourguibienne du comité central du Psd, tenue dans les anciens locaux à El Kasbah , quand bien même , vous étiez membre à part entière de ce comité. Ce jour là, j'étais triste de la manière du faire de la politique dans mon pays et frustré , en qualité de journaliste ,parce que vous n'aviez eu l' audace pour expliquer aux médias présents le pourquoi de votre présence " indésirable ". Je reconnais qu'avec dignité, et aprés avoir ajusté vos lunettes , je vous apeçois ,filer à la tunisienne, en empruntant quatre à quatre les escaliers. Je tenais à apporter , de mémoire ces indications, car nos autres de cette ingrate et aiméé ( mal aiméé) profession ,sommes souvent témoins directs ou indirects de nombreux évènements qui nourrissent le flux de la petite et la grande histoire.Et vice versa. Avec ma sympathie. Habib OFAKHRI

Jihed Chehimi - 06-04-2011 14:37

@Adel et K Zarrouk. Mon experience personnelle avec les Dr. Chadli et BenHamida a toujours ete difficile. Ayant ete un des eleves de F. BenHamida a Jussieu, Paris VII a l'epoque, la course aux DEA battait son plein, et je pensais vraiment que BenHamida allait aider comme il a aide plusieurs Tunisiens. Mais rien de tout cela. Je ne faisais pas partie du groupe, et le meilleur conseil de Ben Hamida a ete : rentre chez toi a Hammam-Lif et trouve un boulot car tu n'as pas la stauture de chercheur, et si tu veux vraiment devenir chercheur, la lune est le seul endroit (stupide). Le Dr. Chadli quant a lui m'avait donne les memes conseils, rentre chez toi et je te donnerai un boulot de technisien a l'IPT, tu n'as pas une stature de chercheur. Pour moi, c'etait du pareil au meme: soit on faisait partie du "groupe", soit il fallait tout abondonner et ecouter de stupides conseils et faire face a l'enorme ego de ces deux personnages qui se detestaient et qui ont bloque plusieurs chercheurs Tunisiens. C'est pour cette raison que je me suis retrouve aux USA, chercheur depuis plus de 25 ans. Les ecrits du Dr. Chadli sur Bourguiba font partie de l'histoire de la Tunisie et je l'en felicite.

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