Mohamed Ali Nafti : La Tunisie n’est pas épargnée de la triple crise environnementale planétaire et déploie plus activement sa diplomatie climatique (Album photos)

« Une triple crise planétaire – changement climatique, pollution et perte de biodiversité – constitue une menace systémique pour notre planète et pour l’avenir même de l’humanité, estime le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger. Elle met à mal les fondements écologiques de notre existence, déstabilise les écosystèmes et compromet notre sécurité collective. La Tunisie n’est pas épargnée. Elle est, au contraire, en première ligne, ajoute-t-il»
Ouvrant une conférence « Pour une diplomatie environnementale et climatique active au service du développement durable », organisée lundi à Tunis en collaboration avec le ministère de l’Environnement et le PNUD, il a mis en garde contre « la raréfaction de l’eau, les sécheresses prolongées, la désertification, la montée du niveau de la mer, la dégradation des terres agricoles, la pollution urbaine et marine, la disparition accélérée de certaines espèces. » « Ces réalités, affirme-t-il, ne relèvent plus d’un avenir hypothétique. Elles sont déjà là, visibles, et leurs impacts se cumulent, s’intensifient et exacerbent les défis socio-économiques et mettent en péril la résilience de notre modèle de développement. Elles nous rappellent surtout l’urgence d’agir collectivement et individuellement. »
« Face à cela, indique le ministre Nafti, notre pays a engagé des réformes audacieuses. Nous avons adopté une Stratégie Nationale de Transition Ecologique à l’horizon 2035/2050, élaboré une Stratégie et un Plan d’action pour la biodiversité, et travaillons à finaliser une CDN 3.0 qui permettra une nouvelle actualisation ambitieuse de la Contribution Déterminée au niveau National dans le cadre de l’Accord de Paris. Ces efforts sont soutenus par des politiques publiques transversales, des plans sectoriels d’adaptation et d’atténuation, ainsi que par la promotion de l’économie circulaire. »
Déplorant l’insuffisance des ressources et les difficultés d’accès aux financement, Mohamed Ali Nafti a été direct : « Mais soyons lucides : l’ambition ne suffit pas sans moyens », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Le coût estimé de la mise en œuvre de notre CDN s’élève à près de 19,4 milliards de dollars, dont une large part dépend d’un soutien financier international. Or, l’accès aux financements climatiques demeure complexe, lent et difficile, ce qui limite la mise en œuvre rapide et efficace de nos stratégies.
« Bien évidemment, affirme le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, la Tunisie travaille activement à lever ces obstacles. Elle est d’ailleurs en train de finaliser une Stratégie nationale de financement de la biodiversité, et s’apprête à accueillir au mois de septembre prochain une conférence sur l’investissement climatique afin de mobiliser les acteurs publics et privés autour des enjeux de financement de la transition écologique. »
« Malgré ces efforts, relève-t-il, il faut reconnaitre que les besoins restent largement supérieurs aux ressources disponibles. D'où le rôle accru dévolu à la diplomatie pour faciliter l’accès aux financements internationaux et mobiliser des partenariats innovants afin d’accélérer la transition écologique, protéger notre biodiversité et lutter contre la pollution. Il s'agit d'une action tous azimut à même de faire face aux effets de cette triple crise planétaire en portant pleinement les priorités climatiques et environnementales de la Tunisie dans ses plans d’action et dans ses relations et contacts avec les partenaires et pays amis. »
« C’est le propre même de la diplomatie, indique le ministre, de défendre les intérêts du pays d’autant qu’ils revêtent dans ce cas un caractère vital pour nous et que leur prise en compte est aussi un levier pour le développement économique et social inclusif du pays. Nous devons, promouvoir une diplomatie climatique et environnementale plus active qui porte plus haut la voix de la Tunisie sur la scène mondiale afin de promouvoir une solidarité climatique réelle fondée sur le principe de responsabilité commune mais différenciée et plaider encore, au nom de la justice climatique, pour que les engagements pris depuis la COP15 de 2009 soient honorés, comme nous l’avons souligné lors de notre participation au Sommet de l’avenir et lors du débat général de la 79eme session l’assemblée générale ou encore lors de la réunion de haut niveau sur les menaces existentielles liées l’élévation du niveau de l’eau de mer tenus à New York en septembre dernier. Il faut rappeler ici que la COP29 avait fixé un nouvel objectif ambitieux de tripler le financement du climat à 300 milliards de dollars par an, d’ici 2035. Cet effort doit être concrétisé rapidement, de manière transparente et fluide, et avec un équilibre juste entre atténuation et adaptation.
Evoquant la 3ème conférence des Nations Unies sur l’Océan devant se tenir à Nice du 9 au 13 juin courant, il a affirmé : « nous allons aussi plaider pour des résultats tangibles et des actions concrètes : nous devons mobiliser les financements nécessaires pour conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines, et soutenir le développement d’une économie bleue tout en œuvrant pour la conclusion d’un accord international qui fixera un cadre renforcé pour la gouvernance des océans, à l’image de ce que l’Accord de Paris a représenté pour le climat. »
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