News - 14.06.2023

Dora Milad, Présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie: Réussir une nouvelle saison, un test pour tous

Dora Milad, Présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie: Réussir une nouvelle saison, un test pour tous

«Délicate certes, compliquée sans doute, mais prometteuse !» C’est ainsi que Dora Milad, présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, qualifie la nouvelle saison touristique qui s’annonce. «Les défis à relever sont cependant multiples, soulignera-t-elle. Il s’agit d’offrir une bonne qualité de service à nos clients tunisiens et étrangers, malgré la vive compétition dans le bassin méditerranéen, l’augmentation des charges, la pénurie de main-d’œuvre dans certaines spécialités, la très forte pression fiscale, la multiplication des redevances pour l’occupation temporaire des plages et autres freins.» Autant de contraintes qui ne sauraient entamer sa confiance.

«Ce sera un test général pour nous tous, affirme Dora Milad. Pouvoirs publics, professionnels du secteur et partenaires étrangers. La Tunisie doit montrer qu’elle est capable de renouer avec ses grandes performances des années fastes du tourisme. Nous restons certes la destination la plus compétitive dans la Méditerranée, ce sont les prix qui nous maintiennent sur le marché, mais nous devons préserver notre rentabilité et monter en gamme dans toutes nos prestations.»

Djerba: aucune incidence sur les réservations

Pour la présidente de la FTH, le crime récemment perpétré à Djerba, «abominable et odieux», a été rapidement dépassé. Il aurait pu survenir dans n’importe quel autre pays du monde, le risque zéro n’existant pas et heureusement que tout a été immédiatement maîtrisé. «Il n’y a eu aucune incidence sur les demandes, affirme-t-elle, très peu d’annulations de réservations, mais nous redoublons de vigilance. Les hôteliers se tiennent très près de leurs clients et n’épargnent aucun effort pour rendre leur séjour aussi agréable que possible».

Tant de retard à rattraper

Sans cesse Dora Milad tire la sonnette pour interpeller les pouvoirs publics sur les maux profonds qui pénalisent le secteur touristique en Tunisie. De tous ses vœux, elle appelle à une refonte totale et profonde de l’ensemble des politiques publiques pour le tourisme, l’artisanat et le transport, notamment aérien.«Les nombreuses recommandations issues de différentes études, assises nationales et consultations sont restées lettre morte», déplore-t-elle fortement. «L’instabilité politique et les difficultés financières au cours de la décennie écoulée ont pesé de tout leur poids sur le secteur. Nous avons pris du retard dans l’ouverture du ciel (open sky), la mobilisation de fonds pour la mise à niveau et le financement de nouveaux projets, l’amélioration des infrastructures, la promotion du tourisme intérieur et dans bien d’autres initiatives. Même les vrais comptes des recettes touristiques ne sont pas redressés à leur juste valeur.»

La présidente de la FTH appelle à un regain d’attention des pouvoirs publics en faveur du secteur. «Le tourisme assure une contribution substantielle à la création de la valeur et dans la composition du PIB, rappelle-t-elle. Il est capable de participer encore plus activement à la remise à flot de l’économie du pays. Il suffit de lui accorder l’intérêt qu’il mérite, de le doter d’une vision innovante partagée avec les professionnels du secteur, de l’affranchir de tant de freins qui l’accablent et de lui procurer les financements et les incitations indispensable à son essor. Le temps administratif doit épouser le temps touristique et rien ne saurait faire défaut à une forte relance du tourisme et de l’artisanat.»

Des exemples édifiants

Ce plaidoyer militant, sur un ton qui reste courtois mais ferme, est étayé par de nombreux exemples: 25 hôtels fermés à Tozeur, l’aéroport de Tozeur était fermé la nuit jusqu’à récemment. Sur 220.000 lits installés, seuls 160.000 seront disponibles cet été, le nombre de sièges aériens est très en deçà de cette offre, la redevance d’occupation temporaire du domaine public maritime pour y installer des parasols et autres équipements légers a été multipliée jusqu’à 40 fois, et exigible pour toute une année et d’avance… L’encombrement de l’aéroport international de Tunis-Carthage et la nécessité de le réorganiser sont également mentionnés, ainsi que d’autres défaillances à rattraper d’urgence.

Mme Milad, qui vient de rentrer par voie terrestre d’une visite en Algérie, a trouvé le poste frontalier tunisien de Melloula «correct». «Mais, nous pouvons l’améliorer davantage, en multipliant les voies d’accès, en renforçant les équipes afin d’éviter à nos visiteurs algériens de longues attentes, en ouvrant aussi le free shop dans les deux sens, et en veillant constamment sur la qualité des prestations fournies.» Un exemple parmi tant d’autres mesures à mettre en œuvre.

Une réussite pour tous, à notre portée

«Tout ce que le secteur demande, c’est de nous donner les mêmes moyens que nos concurrents, la même attention prioritaire, la même cohérence des politiques publiques», conclut Dora Milad. «Je suis confiante quant à la réussite de la nouvelle saison. Tous mes collègues hôteliers y œuvrent avec ardeur. Un soutien efficace des pouvoirs publics sera précieux et déterminant. Réussissons ce grand test. Faisons redécoller notre tourisme, au profit de tous. C’est à notre portée.»

 

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