News - 13.02.2022

Amnesty international met a nu l’apartheid israélien a l’encontre des palestiniens

Amnesty international met a nu l’apartheid israélien a l’encontre des palestiniens

Mohamed Larbi Bouguerra - Voilà un rapport qu’AI a mis quatre ans à documenter et pourtant, les médias occidentaux n’en ont parlé que très parcimonieusement. Imaginez de telles horreurs dans un pays du Sud ; la presse et les médias n’auraient pas eu assez de mots durs pour vilipender ces « comportements barbares » mais Israël bénéficie de fortes protections en Occident quels que soient ses crimes.

Il est vrai que l’Allemagne par exemple ne fait pas que bannir et même de criminaliser tout ce qui porte atteinte à Israël.  Comme le prouve le cas de l’écrivain palestinien Khalèd Barakat interdit d’entrer pour quatre ans, elle écrase sur son territoire toute velléité de critique d’Israël. Contre cette oukase berlinoise, Barakat saisira la justice le 11 mars 2022, il espère que la justice allemande dira le droit comme elle l’a fait pour les trois universitaires qui avaient protesté contre la présence de responsables israéliens à l’Université  Humboldt de Berlin. L’Allemagne a la plus importante communauté palestinienne d’Europe mais sa politique officielle est non seulement d’être du côté de la colonisation israélienne mais aussi de cibler assidûment les Palestiniens et les pro-Palestiniens du pays pour les museler et empêcher toute expression de soutien à leur juste combat.
En France, on poursuit sans relâche les militants pro-BDS malgré les jugements en leur faveur et le ministre des Affaires Etrangères ne commente pas le document d’AI et rappelle seulement son soutien à la solution des deux Etats.

Rien d’étonnant donc devant ce silence complice face au remarquable travail d’Amnesty. 

Au Royaume Uni, la société civile est plus réactive.  Le député à la Knesset Bezalel Smotrich, qui dirige le parti Sionisme religieux d’extrême droite, a été l’objet,  jeudi 10 février 2022, d’un rejet clair et net de la part du principal organisme juif britannique (Board of Deputies of British Jews).  Pour ces juifs anglais, Smotrich n’est pas le bienvenu en Grande-Bretagne.  Les dirigeants, écrivant un tweet en hébreu, affirmaient que la communauté « rejette les opinions abominables et l’idéologie haineuse de Bezalel Smotrich ». « Nous appelons tous les membres de la communauté juive britannique à lui montrer la porte. Remontez dans l’avion, Bezalel, et restez dans les mémoires comme une honte à jamais ». Les sorties haineuses, racistes du député Smotrich contre les Palestiniens à la Knesset et ailleurs sont dans toutes les mémoires

Apartheid clair et net

L’ONG britannique AI n’a que faire de ces politiques partisanes qu’elles soient françaises et germaniques. Elle n’y va du reste pas par quatre chemins et arrive, dans un rapport de 182 pages, à la conclusion que les Palestiniens sont traités comme un « groupe racial inférieur. » La loi israélienne sur l’Etat-Nation du peuple juif du 19 juillet 2018 retire même le statut de langue officielle à leur langue, l’arabe, cet idiome qui a permis à tant de savants et de penseurs juifs de s’exprimer et qui a été le vecteur de la diffusion de leurs pensées. C’est le cas du grand philosophe juif du XIIIème siècle Moshé (Moïse) Maimonide né à Cordoue et enterré au Caire.

Ce solide document d’Amnesty s’intitule : « L’apartheid d’Israël contre la population palestinienne : un système cruel de domination et un crime contre l’Humanité. » 

Définition de l’apartheid tel que reconnu internationalement depuis 1973 : « C’est un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires. Par ailleurs, le crime d’apartheid suppose la commission d’actes inhumains, dans l’intention de maintenir cette domination. »

Le rapport montre avec force exemples à l’appui, que les saisies massives de biens fonciers et immobiliers palestiniens, les homicides illégaux, les transferts forcés, les détentions administratives (comme celle,  abjecte, du jeune Amal Nakhleh, 18 ans, emprisonné malgré une tumeur à la poitrine et une maladie auto-immune rare), les restrictions draconiennes de déplacement, les refus de nationalité et de citoyenneté opposé aux Palestiniens sont des facteurs constitutifs du crime d’apartheid.

Pour ne rien dire des ratonnades conduites par les colons français, russes, sud-africains contre les Palestiniens ; ratonnades protégées par l’armée et qui font dire au quotidien Haaretz que l’armée israélienne est devenue « une milice » au service des colons!

L'ONG note dans ce document : « En 1948, les individus et les institutions juives possédaient environ 6,5 % de la Palestine mandataire, tandis que les Palestiniens possédaient environ 90% des terres privées. En un peu plus de 70 ans, la situation s’est inversée. »

Depuis longtemps, les ONG palestiniennes des droits de l’homme ne disaient pas autre chose notamment dans leur rapport de décembre 2019 au Cerd (Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU) ainsi d’ailleurs que l’ONG israélienne B’Tselem ou l’ONG internationale comme Human Rights Watch.

La Secrétaire Générale d’Amnesty International Agnès Callamard souligne : « Notre rapport révèle la véritable ampleur du régime d’apartheid d’Israël. Que ce soit dans la Bande de Gaza, à Jérusalem-Est, à Hébron ou en Israël, la population palestinienne est traitée comme un groupe racial inférieur et elle est systématiquement privée de ses droits. Nous en avons conclu que les politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion mises en œuvre par Israël dans tous les territoires sous son contrôle constituent clairement un apartheid. »

Pour Amnesty International, l’apartheid qui s’est insinué et installé au Moyen-Orient est du au choix de la ségrégation privilégié par Israël : « Depuis sa création en 1948, Israël a poursuivi une politique explicite d’établissement et de maintien d’une hégémonie démographique et la maximisation de son contrôle sur la terre au profit des Israéliens juifs tout en minimisant le nombre de Palestiniens, restreignant leurs droits et en entravant leur capacité à contester cette dépossession. En 1967, Israël a étendu cette politique au-delà de la Ligne verte, à la Cisjordanie et à la bande de Gaza qu’il occupe depuis. Aujourd’hui, tous les territoires contrôlés par Israël continuent d’être administrés au bénéfice des Israéliens juifs, au détriment des Palestiniens, tandis que les réfugiés palestiniens continuent d’en être exclus. »

Israël occupe non seulement les territoires mais son armée gère aussi la population du fait de leur appartenance ethnique, religieuse et communautaire sous le vocable d’ « Administration civile ».

Les recommandations d’Amnesty

Amnesty International dresse une liste précise de recommandations sur la manière dont les autorités israéliennes doivent démanteler ce système anachronique inhumain d’apartheid et de discrimination et mettre fin à l’oppression et à la ségrégation. AI réclame à la communauté internationale un changement drastique vis-à-vis de la crise des droits de l’homme que vit le peuple palestinien sous la férule sioniste. Elle lance aussi un appel au Bureau du procureur de la Cour pénale internationale pour qu’il étudie l’application du crime contre l’humanité de l’apartheid dans le cadre de son enquête sur les crimes commis dans les territoires occupés. Pareillement, AI est d'avis que « l’Assemblée générale des Nations Unies devrait rétablir le Comité spécial contre l’apartheid, qui a vu le jour en novembre 1962. »

Réactions israéliennes

Comme à son habitude, Israël a appelé AI à ne pas publier son rapport jugé « antisémite » par le ministre des Affaires Etrangères Yair Lapid qui affirme qu’Amnesty est une organisation « radicale ». « Antisémitisme », argument éculé qu’Israël sert à toutes les sauces dès qu’il sent le vent du boulet!
De son côté, le Congrès juif mondial reproche à AI de « diaboliser » Israël.

Quant à l’ONG israélienne B’Tselem, elle s’est félicitée de ce qu’AI « appelle le régime d’Israël pour ce qu’il est : apartheid. »

Face à ces prises de position et aux vérités rapportées par ce document, comment oublier que le criminel de guerre Benny Gantz, ministre de la Défense israélien, a signé un accord de défense avec le Maroc et comment effacer de sa mémoire la visite officielle du président sioniste Isaac Herzog aux Emirats ?

Mohamed Larbi Bouguerra

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
0 Commentaires
X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.