News - 10.01.2020

Habib Jemli sollicite l’aval du Parlement pour un gouvernement de devoir et d’action: quelles chances réelles (Album Photos et Vidéo)

Habib Jemli Rached Ghannouchi

Comment conquérir la confiance des élus de la nation en faveur du gouvernement candidat sans verser dans le populisme et la surenchère des fausses promesses? Devant les 188 élus de la nation, présents ce vendredi 10 janvier sur les bancs de l’ARP sous la coupole du Bardo, Habib Jemli devait s’y exercer, dans un climat des plus tourmentés, sans la moindre garantie de réussite. L’épreuve est d’autant plus redoutable qu’il devait affronter un tsunami de contestation, émanant de toutes part, y compris du parti qui l’a parrainé, Ennahdha. Aussi, et sur un plan «technique», il appartenait à Jemli de couvrir en moins d’une heure, toutes les questions, toutes les régions, et toutes les catégories, mais aussi, les relations internationales. Tous l’attendaient s’y prononcer, certains le guettant au tournant.

Peu après 10 heures, lorsqu’il montera au perchoir, Habib Jemli, costume noir, cravate rouge sur une chemise blanche et l’écusson tunisien sur le revers de la veste, montera au perchoir, il arrivait mal à cacher tout le poids qui lui pause sur les épaules, pour gagner la majorité indispensable d’aval. Près de 45 minutes après, en concluant ses propos, son discours est accueilli par des applaudissements nourris. L’applaudimètre continuera à fonctionner, à la présentation de chaque membre du gouvernement proposé. Simple courtoisie républicaine ou un premier signal favorable? Rien ne permet de trancher, tant la décision finale des députés demeure complètement imprévue, malgré les assurances des uns et la défiance des autres.

La quadrature du cercle

Tour-à-tour, rationnel, passionné, déterminé, enthousiaste, le ton serein, haussant la voix, Habib Jemli devait délivrer son discours-programme, égrener son plan d’action, jouant d’un seul coup, toute sa carrière politique future. «La Tunisie interpelle aujourd’hui à votre conscience, dira-t-il. Une Tunisie en souffrance, inquiète pour son quotidien et son lendemain, érodée dans son pouvoir d’achat, menacée de précarité et par l’élargissement plus grave de la zone de pauvreté, sujette à des convulsions sociales successives, privée d’emplois suffisants et de revenus convenables, confrontée à la dégradation des services publics de santé, transport et éducation… ».

«Ce gouvernement, ajoutera-t-il, à titre prudentiel, pourrait ne pas satisfaire certains, mais je l’ai formé en mon âme et conscience, et nous sommes tous résolus à répondre aux aspirations des Tunisiens, au plus vite. Je n’hésiterai pas à y apporter les ajustements appropriés, et dument justifiés, dès que nécessaire.»

Charpenté entre considérations politiques, mesures économiques et sociales et positions diplomatiques, avec une pointe d’évocation des origines personnelles du chef du gouvernement candidat et son parcours professionnel, le discours de Habib Jemli, semble avoir été conçu pour convaincre. Son concept fondateur: «un gouvernement de devoir et d’action pour un Etat de confiance et de solidarité. Devoir à l’égard de la nation, des régions, des générations, de l’entreprise, des démunis et du futur. Mais, aussi, le devoir dans la région à la quelle appartient la Tunisie et la communauté internationale. Action, tant de mesures concrètes, réalistes, réalisables, à haut pouvoir de réduction des risques et d’accroissement de la valeur ajoutée escomptée.

Lancement d'un fond de réduction de la pauvreté, avec 220 MD en dotation initiale, création d'agences spécialisées dans la gestion de la dette publique et des participations de l'Etat dans les entreprises publiques, sont au programme. Tout comme la mise en place de brigades nationales sécuritaires spécialisées dans la lutte contre le trafic et la contrebande, la traque des braquages, la sécurisation des environs des établissements d'enseignement contre les harceleurs sexuels et les dealers de drogues et autres criminels. 

Au total, pas moins de 67 mesures urgentes programmées pour cette année sont étayés autour de 7 axes. Elles couvrent la lutte contre la malversation (audit des marchés publics, etc.), la maitrise des prix et la traque de la contrebande, l’assistance aux catégories vulnérables et la réduction de la pauvreté, la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la sécurité, la mise à niveau des services publics, le renforcement de la compétitivité des entreprises, et l’accroissement des investissements. Dans une phase 2, couvrant les années 2021 – 2025, Jemli s’investit dans le moyen terme, avec 96 mesures, dans une démarche réaliste.

Discours prononcé, il ne reste plus à Habib Jemli qu’à arracher les 109 voix nécessaires à son investiture, même s’il ambitionne plus. Le débat commence avec près de 100 intervenants (compter pas moins de 10 heures, hors pauses). Le suspens est total. Faites vos jeux.

Télecharger le discours

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