News - 10.05.2016

Khemaies Jhinaoui : En situation exceptionnelle, la Tunisie attend de l’Union européenne un traitement exceptionnel*

Khemaies Jhinaoui : En situation exceptionnelle, la Tunisie attend de l’Union européenne un traitement exceptionnel *

Il y a 66 ans , le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires étrangères lançait dans un discours célèbre, la CECA, la Communauté européenne du charbon et de l'acier qui allait donner naissance 7 ans plus tard au traité de Rome, texte fondateur du  Marché commun. 40 ans plus tard, le 9 mai 2016, c'est un autre évènement que la Tunisie célèbre avec l'Union européenne,  le 40e anniversaire de la signature du premier accord de coopération entre la Communauté économique européenne et la Tunisie.

Notre ministre des AE, Khémaies Jhinaoui a saisi l'occasion que lui offrait la célébration de la journée de l'Europe pour faire  le bilan de 40 ans de coopération entre la Tunisie et l'Union européenne et rendre un vibrant hommage à l'ambassadeur de l'Union européenne à Tunis, Laura Baeza :

L’Union Européenne et les Etats membres célèbrent, ce jour, un moment très symbolique dans l’histoire de la construction européenne. La Déclaration de Robert Schuman, le 9 mai 1950, a marqué en effet un tournant historique en faveur de la paix et de l'unité en Europe et a constitué l'acte de naissance de ce qui est devenu après, l'Union Européenne. 

La célébration de la Journée de l’Europe coïncide cette année avec la commémoration, il y a quelques jours, du 40ème anniversaire de la signature du premier accord de coopération entre la Tunisie et la Communauté Economique Européenne, le 25 avril 1976 à Tunis. A l’occasion de cette date importante dans nos relations, nous avons émis un timbre postal symbolisant la tradition d’échange et de coopération qui a caractérisé les rapports tuniso-européens au cours de ces quatre décennies. Nous envisageons également d’organiser à Bruxelles une importante manifestation qui illustrera la qualité des rapports qu’entretient aujourd’hui la Tunisie avec l’un des plus importants groupements régionaux au monde.      
L’accord de coopération de 1976 a jeté les jalons d’un partenariat entre la Tunisie et l’Union Européenne et a ouvert la voie à une coopération fructueuse entre les deux parties. Au fil des années, cette coopération s’est progressivement développée et diversifiée, illustrant la solidité et la profondeur des liens économiques, humains et culturels qui nous unissent.
 
En 1995, la Tunisie a souscrit à la nouvelle génération d’accords proposés par l’Union Européenne en signant un Accord d’Association établissant à terme une zone de libre-échange. Elle était, comme vous le savez, le premier pays de la rive sud de la Méditerranée à le faire. En 2005, elle était également parmi les premiers pays à rejoindre la Politique Européenne de Voisinage et à établir avec l’Union Européenne un plan d’action multisectoriel. 
 
La Révolution tunisienne de 2011 et les changements majeurs survenus dans notre région ont non seulement confirmé notre choix stratégique de raffermir nos liens avec l’Union Européenne, mais ont également ouvert de nouveaux horizons dans nos rapports bilatéraux. 
 
Notre partenariat avec l’Union Européenne demeure toujours au cœur de nos priorités. Nous sommes fermement engagés à aller de l’avant dans ses relations avec cet important espace économique et à passer à une étape supérieure de notre coopération et permettre ainsi à notre pays d’être le plus proche partenaire de l’Union dans le voisinage méridional. 
 
En 2015, nous avons participé activement au processus de révision de la Politique Européenne de Voisinage et avons plaidé pour une application renforcée du principe de différenciation qui devra mettre en exergue l’exception tunisienne dans la région. 
 
L’Union Européenne s’est effectivement élargie autour d’un projet de paix ancré dans les valeurs de démocratie, de liberté et des droits de l’Homme, la Tunisie partage désormais ces même idéaux et en a fait un choix irréversible. Les lâches attaques terroristes de 2015 et de mars 2016 ne pourront rien changer sinon renforcer notre détermination à prendre rendez-vous avec l’histoire pour montrer au monde que la rive sud de la méditerranée n’est pas réfractaire à la modernité et à la démocratie. 
 
Dans cet objectif et nonobstant toutes les difficultés et les chocs graves que le pays a subis durant les cinq dernières années, le processus politique a été couronné de succès. La Tunisie a réussi à parachever sa transition politique avec l’adoption d’une Constitution progressiste et l’organisation d’élections libres et démocratiques à l’issue desquelles des institutions stables ont été mises en place. Bien évidemment, le chemin vers la démocratie est parsemé de difficultés et d’entraves, mais la clé du succès réside dans l’approche suivie par la Tunisie qui a privilégié le consensus et le dialogue pour dépasser les divergences des points de vue. Une approche récompensée d’ailleurs par l’attribution du prestigieux Prix Nobel de la Paix de 2015. 

De grands défis restent à relever

Toutefois et en dépit des progrès évidents enregistrés sur le plan politique, plusieurs défis socio-économiques et sécuritaires restent à relever.
La Tunisie entend poursuivre avec le même engagement et la même fermeté son projet de réforme, condition sine qua non pour la réussite de la transition économique. Elle ambitionne, à ce titre, de bâtir un nouveau modèle de croissance durable et équitable dans une société ouverte et moderne.   
 
Comme je l’ai souligné lors de la 12ème session du Conseil d’Association Tunisie-UE, le 18 avril dernier au Luxembourg, la Tunisie est pour l’heure nullement un modèle mais une exception dans un environnement difficile. Notre pays qui vit une situation exceptionnelle attend de son partenaire privilégié un traitement tout aussi exceptionnel dépassant, à mon sens, le cadre et les mécanismes mis en place actuellement.
 
Quoiqu’il en soit, notre pays poursuivra avec détermination son processus démocratique. Il le fera en mobilisant ses moyens propres et en comptant sur l’appui de ses amis et partenaires. Tout soutien supplémentaire lui permettant de faire face aux enjeux et défis qu’il connaît sera d’un apport précieux pour abréger la durée de la transition et lui assurer le maximum de succès.  
 
Je ne peux conclure mon intervention sans saluer le soutien fort et constant des hauts responsables communautaires et de tous les pays partenaires européens aux efforts déployés par la Tunisie pour réussir son développement économique et social et pour asseoir une démocratie pérenne. 
 
Je voudrais également rendre hommage à Mme Laura Baeza, Ambassadeur Représentante de l’Union Européenne à Tunis, pour l’amitié qu’elle a manifestée envers la Tunisie tout au long de sa mission dans notre pays et pour le rôle qu’elle joue efficacement, en collaboration avec ses collègues à la Commission Européenne, dans le raffermissement et la diversification des relations tuniso-européennes.  
 
Khemaies Jhinaoui
Ministre des Affaires étrangères
 
(*) Allocution prononcée le 9 mai à l’occasion de la célébration de « la Journée de l’Europe » et du 40ème anniversaire de la signature du premier accord de coopération entre la Tunisie et l’Union Européenne
Les intertitres sont de la Rédaction
 
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