News - 04.08.2015

Nouveaux Gouverneurs : L’erreur qu’Habib Essid ne doit pas commettre

Nouveaux Gouverneurs : L’erreur qu’Habib Essid ne doit pas commettre

Qu’est-ce qui a pris le chef du Gouvernement Habib Essid pour qu’il sollicite les partis de sa coalition à lui proposer des candidats à des postes de Gouverneurs ? Réduire les pressions qui s’exercent à son encontre, allant jusqu’à exiger un remaniement ministériel à la rentrée ? Satisfaire les ambitions sans limites de dirigeants au sein des partis concernés ? Traduire au sein du corps des Gouverneurs l’expression d’une coalition au pouvoir ? Ou les trois à la fois.

 

Ceux qui connaissent bien Habib Essid savent qu’il est de nature peu enclin à la politisation de l’appareil de l’Etat et encore plus aux dosages en quotas à attribuer. S’il a cédé aux démarches pressantes de « ses visiteurs à l’heure de la sieste », c’est qu’il se trouve pris au jeu des « Politiques », tenu de prendre en comptes les équilibres globaux et la cohésion de la coalition.

Cinq principales raisons

Objectif compréhensible, mais pas au niveau du corps des gouverneurs. Pour au moins cinq raisons  :

 

  1. Après les désastreuses expériences de la Troïka, le corps des gouverneurs doit devenir un corps d’indépendants, compétents qui exercent pleinement l’autorité de l’Etat et veillent au développement ainsi qu’à l’ancrage de la démocratie et bientôt de la décentralisation. Dégommer les partisans en place et les remplacer par des indépendants doit s’ériger en principe.
  2. Les prochaines élections municipales, en 2017, seront déterminantes pour la réussite de la démocratie locale, mais aussi celle des scrutins suivants, législatif et présidentiel en 2019. Un gouverneur partisan, qui reste soumis à l’évaluation de son parti, pour ne pas dire aux orientations et pressions, ne saurait préserver son indépendance. Imaginez alors la suite avec toutes les contestations possibles.
  3. Solliciter des partis à présenter des candidats, c’est aussi induire ces formations politiques dans des « compétitions » internes qui feront quelques heureux et des dizaines de mécontents et de frustrés. Déjà secoués par leurs tiraillements internes et fragilisés, leur ajouter cette nouvelle épreuve est loin de constituer une faveur.
  4. Ouvrir la porte aux nominations partisanes, c’est noyer l’appareil de l’État dans un nouveau système où l’appartenance politique, idéologique, prime sur la compétence et le mérite. Si les impératifs de la politiques conduisent à former des gouvernements de coalition, les nominations autour des ministres doivent se limiter à un nombre très réduits de conseillers au sein des cabinets. Pour avoir subi la déferlante sous la Troïka, et observé le favoritisme partisan pratiqué par certains ministres du Gouvernement Essid (plus de 5 conseillers extérieurs au cabinet de tel ministre de souveraineté, et un peu moins auprès d’un ministre chef de parti, qui affirme les avoir appelés pour des missions de courtes durées), il faut fixer de nouvelles règles de conduite.
  5. Le pays regorge de compétences : au sein de l’Administration, les corps constitués, l’université, la société civile etc. Habib Essid avait confié à des proches qu’il en cherche et qu’il en trouve. Il n’a qu’à puiser dans ce riche vivier les meilleurs d’entre eux. Une fois le choix est fixé, il ne s’agit pas de les parachuter immédiatement en poste, en les faisant bénéficier d’un briefing d’au moins une semaine, sur les différents aspects de leur mission et  leur organiser à Tunis une ou deux journées intensives de passation de tous les dossiers avec leur prédécesseur immédiat et, pourquoi pas des consultations avec de grands gouverneurs qui avaient été en poste dans la même région.

Préserver le corps des gouverneurs de toute politisation partisane est une œuvre de salut public. Il faudrait encourager Habib Essid à le garantir et dissuader les partis politiques à s’y immiscer. Il y va aussi de leur intérêt pour démentir les accusations de razzia portées contre eux. L’appareil de l’Etat doit être indépendant !

Taoufik Habaieb

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tags : habib-essid  
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2 Commentaires
Les Commentaires
jellouli - 04-08-2015 19:08

Dans une democratie,meme naissante,c est le peuple qui doit choisir ses gouverneurs.Donc de l avis des experts,chaque region doit presenter ses candidats au poste de gouverneur,l election se fera parallelement aux legislatives.Ce serait une justice democratique que de se defaire de ce systeme des nominations,tres meme extremement contraire a la logique democratique et aux valeurs de la republique. Je ne sais pour quelle raison Leaders me censure,j espere qu il levera la censure et accepte ma liberte d expression. Merci a la redaction

fathi - 04-08-2015 23:15

J'avais exprime' la meme idee que mr jalloul mais leader a censure' mon avis . J'esime que pour consolider la democratie, les regions doivent etre gere' par un conseil et un president du conseil elu par la region et non impose' par quiconque . tout le monde se rappelled du gouverneur de silianparent de jbali qui a ete a l'origine des troubles qui ont lieu dans ce gouvernorat. Personnellement, j'en ai marre qu'on nous envoie l'importe quel affame' pour piller la region.

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