Blogs - 03.08.2015

La race des hommes d’exception s’est-elle éteinte à jamais?

 La race des hommes d’exception s’est-elle éteinte à jamais?

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Les Grecs l’adulaient.Avec ses rodomontades, Alexis Tsipras avait conquis autant son peuple que l’extrême-gauche européenne tombée en pâmoison devant ce néophyte en politique en qui elle voyait déjà le nouveau chef de file qu’elle attendait pour se relancer. N’avait-t-il pas osé l’impensable ? Refuser de payer les dettes de la Grèce. Jusqu'au bout, Alexis Tsipras, aiguillonné par son ministre des finances, avait refusé de faire la moindre concession et s'était même payé le luxe de faire avaliser sa position par un référendum. Pendant quelques mois, Athènes était devenu  la Mecque « des progressistes ». On y accourait de partout : de France, de l’Europe du sud, de l’Amérique latine et même de Tunis (Hamma Hammami). On faisait le voyage d'Athènes comme on faisait le voyage de Moscou dans les années 30 et 40 du siècle dernier. Et on en revenait subjugué par la détermination de ce jeune homme à en découdre avec les puissances d'argent.

 

Plus dure sera la chute.Il aura suffi que les bailleurs de fonds haussent le ton pour que Tsipras, tel une baudruche, se dégonfle et toute honte bue, se plie à leurs exigences. Aujourd'hui, la Grèce est placée sous la tutelle des bailleurs de fonds et ses finances contrôlées par une commission internationale. Tutelle, commission, cela rappelle aux Tunisiens, ce que fut leur pays avant 1881 !

La crise grecque est un cas d’école parce qu’elle illustre jusqu'à la caricature, les dérives d'une extrême-gauche complètement déréalisée et qui n'a rien appris et rien oublié de l'histoire. On flatte l’amour propre du peuple, on lui fait croire que sa volonté est invincible, on lui promet le paradis socialiste, le Grand Soir. On va même jusqu’à minorer et même évacuer carrément les difficultés pour « ne pas désespérer Billancourt» (Jean-Paul Sartre), pratiquer jusqu'au bout « l’optimisme de la volonté » jusqu’au jour où on est rattrapés par la dure réalité des choses.

Malheureusement, la gauche n’a pas le monopole de ces pratiques. On peut même dire que c’est aujourd’hui la chose du monde la mieux partagée.Les crises économiques qui se sont succédé depuis le premier choc pétrolier de 1973, ainsi les soubresauts qui s'en sont ensuivis n’ont pas suffi à engendrer des hommes d’exception comme ce fut le cas avec les évènements qui ont marqué le XXe Siècle. Incontestablement, ce siècle aura été celui du leadership héroïque : Mao, Nehru, Nasser, Mandela, Jomo Kenytta, combattants de la liberté ; De Gaulle, le chef de la France libre aurait pu terminer sa carrière comme général d’armée ou entrer en raison de ses qualités littéraires, à l’Académie française, s’il n’y avait pas eu la Seconde Guerre mondiale. Il sauvera la France à trois reprises. Churchill sera le Premier ministre et le chef de guerre de son pays lors du deuxième conflit mondial. Adepte du parler-vrai, il promettait du sang, de la sueur et des larmes à son peuple, en plein blitz de Londres, mais finira par gagner la guerre. Atatürk remportera une bataille décisive contre les alliés au lendemain de la Première Guerre mondiale et réussira à maintenir l’intégrité territoriale de la Turquie qui était menacée de dépeçage. Bourguiba conduira pendant un quart de siècle la lutte pour l’indépendance et sera le bâtisseur de le Tunisie moderne.

Force est de constater que leurs épigones ne leur arrivent pas à la cheville. A croire que seules les guerres et la décolonisation constituent le terreau du leadership héroïque.


Pourtant, en cette période trouble que nous vivons, le charisme, la clairvoyance et le courage d'hommes de cette envergure nous font cruellement défaut. Faut-il croire que cette race d'hommes d'exception s'est éteinte à jamais ?

 

                                                                                                                                                       Hedi Béhi

 

 

 

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7 Commentaires
Les Commentaires
el khlifi mokhtar - 03-08-2015 16:53

Très bel article qui verse dans le réalisme politique denrée rare de nos jours.Je souhaite que nos politiques, dont Monsieur Hamma, réfléchissent bien sur la triste expérience de Tsipras.En Tunisie , faute de grand Leader, il n'y a d'autres solutions que l'Union des efforts et des cœurs pour sauver notre Tunisie.

nebli youcef - 03-08-2015 17:32

Non, la race des hommes d’exception ne s’est pas éteinte à jamais. Si l'on prend le cas de la Tunisie, Chokri Belaïd est bel et bien un Homme d'envergure et d'exception. Le problème est que de nos jours, on fait tout pour que de tels Hommes ne puissent émerger et accéder au pouvoir afin de ne pas déranger l’Ego et l’égoïsme des gens au pouvoir.

Touhami Bennour - 03-08-2015 22:00

La gauche d´Europe a mis beaucoup d´espoir en Tsipras de la Grèce et est allé meme á croire á la theorie du domino, après la grèce viendrait l´Espagne, après l´Italie, et ainsi de suite. Tout ca n´était possible que parceque le monde est devenu unipolaire. Après la chute de l´Union Soviétique le système Sovietique n´est pas parfait mais le système Occidentale ne l´est pas non plus,il manque la rivalité. Il faut toujours des rivalités pour penser et faire l´équilibre. Mais les leaders du XXeme siècle étaient marqués par cette rivalité au point que Presque tous étaient de formation militaire ou se basant sur l´armée. (Churchill, De Gaule, Staline et meme Roosevelt était un stratège experimenté. Bourguiba était aussi marqué par cette rivalité des grandes puissances, mais sa tactique diffère des autres. Il a dit lui même comment il fait quand il pense; "il faut toujours mettre un peu de sucre au bout d´une flèche empoisonnée pour tromper l´adversaire. Lui était un gueriero politique. Mais par hazard la situation est telle aujourd´hui , surtout á cause de l´entrée de la démocratie en scène, moins la guerre froide, dans l´avenir il faudrait des dirigeants non militaires mais des leaders qui maîtrisent les phenomènes sociaux et aussi linguistiques(litteraire et dialectale) et surtout qui ont des connaissances en économie. Car l´avenir n´est plus pour la croissance illimitée. Les ressources naturelles deviennent de plus en plus limitées,et il faudrait penser á un autre mode de vie et de developpement, sans oublier le rechauffement de la planète et ses conséquences.

james-tk - 04-08-2015 03:50

On en reparlera,vous verrez bien,la Grèce,que vous le vouliez ou pas,va se faire écrabouiller comme une m...de;je ne le souhaite pas,je souffre même,par procuration,car,voilà un pays,très beau,proche de nous,qui entretient de très bonnes relations avec les pays arabe,depuis des siècle,ses habitants sont profondément méditerranéens,et très attachés aux traditions ancestrales,même pas besoin de remonter l'histoire jusqu'à la Grèce antique;et bien petit coin de paradis,va bel et bien passé à la trappe,et,contrairement à ce que vous dites,Tsipras,n'a absolument rien pu faire,ou,peu,ses gesticulations ont peut-être anesthésié un tant soit peu,une opinion publique,déjà,avant cette affaire,était à fleur de peau,et au bord de l'explosion,au moment même,où,ce "frelaté accord" s'était invité dans la mêlée après d'âpres négociations qui ont duré une éternité,pour un si maigre butin,une "sauterelle" dirons-nous,et c'était du pain béni pour tous les négociateurs,fatigué(e)s et blasé(e)s! On ne pourra même plus dire ce fameux : Vas te faire voir chez les grecs,mais,on pourra toujours dire : circulez y a rien à voir,Coluche !

oueslati - 04-08-2015 17:48

L'article est écrit dans son temps, la clair voyance de Bourguiba dans son regard au monde au moment du flou , c'est à mon avis un des points forts de sa personnalité politique. Pour le reste , soyons optimiste , l'education , l'histoire la geographie , le terrain , sont des vrai chantiers pour la jeunesse, espérant l'emergence à titre mondial des hommes historiques lié à leur temps

chebil séjir - 04-08-2015 22:46

Vous rêvez, ou quoi Si El Hedi, Mao, Nasser, Nehru, Mandela, Jomo Kenyatta, Bourguiba, comparer ces géants, aux minus actuels, qui gouvernent le monde ....et la Tunisie. Voila qui relève de la complaisance manifeste.Mais trêve de "plaisantations" comme dirait un de nos amis, et plus sérieusement, je ne vous ferai pas l'injure, d'avoir même pensé à le faire. Au contraire, vous déplorez dans votre article, l'absence de "candidats" de , l'envergure de ces "bêtes politiques" au sens noble du terme bien sur.Mais que voulez vous à chaque époque son lot, d'incapables, la donne n'est plus la même, les circonstances et l'environnement, ont engendré, les grabataires politiques actuels, dont le maître mot est: incompétence quand tu nous tiens, profitons, profitons, il en restera toujours quelque chose...à nos vaillants peuples plus dindons de la farce que jamais...

mourad - 10-08-2015 23:20

la gauche a échoué a croire l'auteur de l'article. c'est vrai, a échoué a redresser un pays laminé par une droite corrompu et incompétente qui a plongé le pays dans la crise qu'on connait tous et que Tsipras a hérité. Au moins ce dernier a eu le courage de se débattre, de renégocier, de faire trembler des bailleurs de fonds qui n'avaient pas peur de la faillite de la Grèce mais que d'autres pays le suivent et refuser aussi de payer. Tsipras a eu le mérite d'essayer, de nous faire rêver qu'on puisse un jour prendre nos destins par nos mains... loin, très loin de cynisme d'un auteur visiblement voué a la courbette et à la servitude d'un ordre mondial en perte de vitesse. croyez le ou pas M. l'auteur, ce n'est pas une question de politique pour traiter Tsipras de néophyte il s'agit tout simplement d'honneur, d'en avoir dans le pantalon ou pas... ce sont des choses que visiblement vous ne pourrez pas comprendre....

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