Notes & Docs - 03.03.2015

L’humanisme de la révolution tunisienne et son rôle dans la prise de conscience collective arabe *

L’humanisme de la révolution tunisienne et son rôle dans la prise de conscience collective arabe *

Pr. Abdeljelil Temimi**

Pour rappel, au début de l’année 2006, nous avions organisé un congrès international sur le thème de L’humanisme, le savoir et l’avenir de l’humanité au XXIe siècle (1), avec une note liminaire sur Le rôle des forces vives pour lancer les bases d’un nouvel humanisme universel(2) qui, aujourd’hui plus que jamais, se trouve à un seuil nouveau de son histoire, avec l’adoption de nouveaux régimes de valeurs qui constituent probablement la somme de ce que l’Humanité a pu acquérir à travers les siècles par ses différentes civilisations et croyances et ce que cela exige de respect des droits d’autrui et du droit à la différence dans la langue, la religion et l’identité, à une époque marquée aussi par le recul des idéologies qui se sont sédimentées au cours de longues périodes de guerres et de conflits. Car la diversité culturelle est essentielle à l’effervescence intellectuelle et au progrès de l’esprit susceptibles de briser l’immobilisme et la sclérose de la pensée qui accable le climat intellectuel de l’ensemble du monde arabe et musulman.

Ce premier congrès sur L’humanisme et le savoir il y a neuf ans, avec la participation d’un ensemble de spécialistes et chercheurs du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Europe, voulait donner une impulsion à un mouvement de modernisation et de lumières dans les pays arabes et contribuer à poser les bases solides d’une réelle entente et les principes d’un dialogue constructif, en insistant particulièrement sur un principe fondamental qu’est le respect d’autrui, de sa culture et de son patrimoine. Répondre à ces principes exige des règles d’objectivité, un effort de bonne volonté et de suivre la voix de la raison afin que cohabitent dans une bonne intelligence les différentes cultures, identités, langues et religions et que soit sauvegardé le patrimoine de l’Humanité. Ce sont les vraies sources de richesse de la civilisation universelle(3).

L’humanisme doit être une aspiration, l’espoir d’une résolution de nombreux problèmes complexes qui agitent les peuples du monde et particulièrement du monde arabe, mais possible seulement dans le cadre d’un dialogue et d’une coopération dénués de complexes, d’images ou de jugements stéréotypés hérités du passé et qui ont façonné nos comportements et nos mentalités. Seule une analyse posée et approfondie pourra dissiper les malentendus, les incompréhensions et les images déplorables véhiculées dans les discours politiques, idéologiques, médiatiques, souvent proférés par les politiciens. Il est nécessaire que des initiatives voient le jour pour dynamiser les forces vives éclairées dans nos sociétés, embrasser le mouvement de la modernisation, cultiver nos vies avec de nouvelles conceptions universelles, pour qu’enfin l’homme maghrébin arabe trouve sa place dans la politique et la culture mondiale, et aujourd’hui plus que jamais alors que le mouvement des révolutions entrainent des changements au niveau de la géopolitique, de l’économie et du savoir.

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L’invitation qui m’a été adressée de traiter des révolutions arabes et leur aspiration nouvelle à l’humanisme a été une belle occasion de communiquer le résultat de mes réflexions sur la révolution tunisienne grâce aux 65 séminaires et colloques engagés depuis le 19 janvier 2011, quelques jours à peine après la fuite de l’ancien président, et qui continuent à avoir lieu régulièrement. Cela a permis de rassembler une base de données exceptionnelle et unique sur la révolution tunisienne et ses répercussions géopolitiques, ainsi que la publication de diverses études qui constituent une référence documentaire arabe et internationale sur la révolution(4) autant que sur la mémoire nationale meurtrie tunisienne et maghrébine.

Ainsi, nous avons recueilli les témoignages souvent douloureux de nombreux opposants au régime de Ben Ali et de ceux qui ont subi des persécutions politiques et la torture physique et morale, des drames humains qui ont détruit leur vie familiale et professionnelle. La tribune de la Fondation s’est voulue aussi le porte-voix des jeunes de la révolution qui voulaient exprimer leurs aspirations, leurs déceptions et ce qui a motivé leur mouvement, de façon à mettre en lumière cet acteur majeur de la révolution qui a été malheureusement écarté de la dynamique post révolutionnaire(5).
 

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Je voudrais m’arrêter un instant sur cet esprit des Lumières qui a imprégné le climat intellectuel de la société tunisienne au XIXe siècle et qui a donné la première constitution moderne du monde arabe élaborée par un groupe de réformateurs zitouniens précurseurs de ce mouvement intellectuel novateur(6). Ainsi, fut fondée dans le premier quart du XIXe siècle l’Ecole militaire du Bardo qui accueillit les plus éminents professeurs comme le Cheikh Mahmoud Kapadou(7), traducteur notamment de plusieurs ouvrages en arabe, et considéré comme un personnage phare de la politique et de la culture dans l’espace de la Méditerranée selon les mots de l’ancien ambassadeur français en Tunisie, Aubin de la Messuzières ; le Cheikh Kapadou avait coutume d’inviter chez lui des personnalités des pays orientaux et occidentaux pour échanger leurs idées et débattre de politique et de littérature(8).

Dans le dernier quart du XIXe siècle, fut créé le Collège Sadiki, premier lycée moderne de la Tunisie à l’instar du Lycée Galatasaray d’Istanbul(9). Les idées des Lumières continuent à se diffuser au tournant du XXe siècle et on voit apparaitre de grandes figures de ce mouvement de réforme, Tahar Haddad en est sans doute le plus éminent représentant maghrébin, il croyait en la raison et à la liberté de pensée, il défendait activement la cause des femmes et critiquait les méthodes d’éducation et l’enseignement de la Zitouna, il mettait en garde contre la sacralisation du passé et appelait à faire preuve de discernement en matière de traditions et oser braver les interdits(10)

Une autre grande figure du mouvement réformiste tunisien est le Cheikh Mohammad Salah Neifar qui présida l’Association des jeunes musulmans de 1939 à l’indépendance(11) ; on lui doit la création de près de 120 écoles pour transmettre les idées de la modernité et du progrès dans la société tunisienne, en encourageant l’éducation des filles. Quelques années plus tard, Bourguiba poursuit le projet de modernisation en généralisant le droit à l’enseignement à tout le pays, en adoptant le Code du statut personnel et en encourageant le contrôle et la régulation des naissances. C’est ainsi que des décennies de réformes ont constitué les acquis de la modernité tunisienne reconnus par tous.

Mais l’usurpation du pouvoir par Ben Ali a mis un frein à ce mouvement de modernisation lorsque les fondements de l’Etat ont été sapés par ce régime dictatorial, ce qui a fait dire à l’ancien premier ministre Hédi Baccouche lors d’un séminaire de la mémoire nationale à notre Fondation que « la domination de Ben Ali sur le pays a été totale ; il a fait de son parti un outil docile ouvert aux opportunistes de tous bords et aux intérêts personnels, en nommant des personnes étrangères à la chose politique et au combat national, sans jamais passer par le vote libre des responsables politiques. Il a ainsi empêché l’apparition de dirigeants locaux et régionaux et a coupé le parti de son passé, notamment en se débarrassant de la figure de Bourguiba dont on évitait même de prononcer le nom dans les réunions d’anciens militants, et on interdisait d’accrocher son portrait dans les administrations ou les associations et même applaudir si son nom était cité par hasard. Le parti s’est peu à peu affaibli malgré les apparences affichées et les chiffres erronés »(12)

Quant à la question du développement, elle a été complètement absente de beaucoup de régions tout comme la question du chômage des jeunes diplômés, avec pour conséquences de profondes crises sociales et une misère inqualifiable, et ce depuis le temps de l’indépendance politique et jusqu’à la fin du régime de Ben Ali qui de surcroit a engendré un phénomène nouveau qu’est la corruption à tous les niveaux de l’Etat, de quoi susciter un sentiment d’injustice, de rejet et de perte de dignité, et du sens même de citoyenneté, chez les citoyens désabusés et trompés par tant de promesses non tenues(13). Comment s’étonner alors des drames humains qui ont frappé et frappent toujours tant de Tunisiens et Tunisiennes qui mettent leur vie en péril pour fuir le pays jusqu’à Lampedusa, où la mort les attend parfois, si ce n’est des centres d’accueil indignes ou même la prison sans autre forme de procès(14).

La famille de Ben Ali, il faut le dire, a littéralement dilapidé le potentiel économique et les richesses de la Tunisie au vu et au su de tous les politiques occidentaux et américains qui n’ont jamais osé condamner ouvertement et fermement ce régime mafieux(15). C’est alors qu’en 2008 éclate la première révolte du bassin minier exposant aux yeux du monde la situation dramatique quotidienne, la terrible prison dans laquelle vivaient les citoyens(16).

Au contraire de ce qui s’est déroulé en Égypte où le mouvement est parti du centre de la place Tahrir, le mouvement révolutionnaire en Tunisie s’est d’abord installé dans le sud du pays, dans cette région du bassin minier ; autrement dit, depuis 2008 un esprit de révolte s’est emparé de la population et a nourri sa colère jusqu’à l’explosion collective trois ans plus tard ; pourtant, malgré l’importance de ce premier événement marquant le début d’une période de maturation qui aura les répercussions que nous connaissons, les chercheurs s’y intéressent peu. La cristallisation de cette colère accumulée depuis des décennies et de manière plus vive depuis ces années 2008 a été l’acte du jeune Mohammad Bouazizi qui s’est immolé devant le siège du gouvernorat, signe d’une exaspération, un acte de désespoir pour faire entendre aux autorités administratives et policières tyranniques la profonde misère qu’il vivait. Très vite, l’esprit révolutionnaire s’est enflammé et des foules immenses ont spontanément envahi les rues du pays, laissant les autorités policières impuissantes face à cette multitude, et il est rapidement apparu que le régime n’a pas réalisé l’ampleur du mouvement ni saisi les signes avant-coureurs de la colère populaire. Au demeurant, c’est l’attachement au peuple qui est apparu comme une force fédératrice de toute la population du pays, et les jeunes n’ont cessé d’exprimer sur les réseaux sociaux leur mécontentement et leur déception vis-à-vis de leurs gouvernants(17), et leur détermination à conduire ce tournant révolutionnaire historique(18).

Cette révolution a surpris le monde entier par sa spontanéité et sa forte charge symbolique(19), et a mis en évidence le niveau de conscience et d’éveil de la rue en mouvement. C’est véritablement un évènement exceptionnel par son attrait et l’enthousiasme qu’il a insufflé à l’opinion publique du monde arabe. En moins de quatre semaines, le peuple en ébullition a mis en fuite précipitée le président, laissant un vide au sommet de l’Etat(20), aucune mesure n’ayant été prise pour gérer la situation qui devenait explosive, le pays entrait dans un chaos alarmant surtout que certaines autorités ont ordonné de libérer des milliers de prisonniers, du coup, « des espèces de milices se sont formées et ont commencé à sévir… »(21), prouvant une fois de plus que cet ex-président n’avait aucun sens des responsabilités dues à sa fonction. Personne n’avait prévu une telle secousse, pas même les services de renseignements européens et américains experts dans l’analyse des situations sociales explosives. Ce fut le commencement d’un mouvement populaire sans égal qui a retenti jusque dans les relations diplomatiques internationales et considéré comme l’événement du siècle qui a fait vibrer et rallié tous les peuples opprimés du monde(22), à commencer par les peuples arabes. La mobilisation s’est exprimée de manière singulière sur les réseaux sociaux à travers des milliers de messages et la diffusion instantanée d’informations qui ont témoigné au monde le degré de violence exercée par la dictature de Ben Ali(23), et dont on ne mesurait pas avec précision l’étendue et les effets désastreux  produits par ce régime autoritaire sur la société et les rouages du pays, et il faudra beaucoup de temps pour analyser et saisir l’ampleur des conséquences sur le système administratif, financier, économique et culturel(24), si tant est que les historiens puissent accéder aux archives secrètes tunisiennes, américaines et françaises en particulier. Il reste que cet événement marque le début de transformations profondes en Tunisie et dans le monde arabe, une révolution dans le monde du sud méditerranéen selon certains chercheurs et qui est propre aux peuples de cette région(25).

Puis, il y eut les sit-in de la Kasbah 1, 2 et 3(26) engagés par les jeunes rebelles de la révolution et les sympathisants à partir de Menzel Bouzaiane, de Regueb, et qui s’étaient donné le mot pour se rendre à pieds sur des centaines de kilomètres jusqu’à la Kasbah, centre du pouvoir politique. Ces actions non seulement se distinguent par leur force symbolique et leur originalité, elles traduisent aussi la volonté tenace de ces jeunes, une détermination politique surprenante où la peur n’avait plus prise. Malheureusement, ils furent chassés par la force et à coups de bombes lacrymogènes(27), mais cela n’a pas fléchit leur détermination et on a pu voir un front populaire uni de résistance exprimant un refus absolu du régime totalitaire mafieux qui a creusé le déséquilibre social et la pauvreté(28). C’est la première fois dans l’histoire moderne du monde arabe que les jeunes et certains responsables politiques(29) appellent à la dissolution d’un parti, en l’occurrence le RCD, et que cela prit effet sans l’intervention d’une force étrangère comme c’est arrivé en Irak par le fait des autorités d’occupation américaines(30). Des appels furent lancés pour saisir les avoirs immenses du parti et pour juger le président devant les citoyens, lui qui a pris la fuite de pleutre manière(31). Ainsi, un des premiers acquis de cette révolution c’est qu’elle a permis aux citoyens de revendiquer haut et fort les droits légitimes qui leur ont été usurpés(32), et sans doute qu’elle ouvre une période de profondes transformations au niveau local et même international, et surtout, elle fait émerger un vocabulaire et des concepts nouveaux. Assurément, la révolution tunisienne est une leçon de liberté et de dignité, des principes qui touchent tout un chacun à travers le monde(33).

Finalement, ce qui caractérise cette révolution c’est qu’elle n’est pas le produit d’un conflit idéologique, politique ou confessionnel, mais bien un mouvement spontané de jeunes qui a jailli du tréfonds du peuple tunisien et a aussitôt rallié des voix de la société civile, des citoyens libres, un mouvement qui n’a été présidé par aucun responsable politique ou syndical ni des intellectuels dont on aurait pu attendre qu’ils jouent un rôle éclairant, qu’ils méditent sur des programmes et envisagent un plan d’avenir(34), car c’est une révolution qui rassemble tous les Tunisiens et Tunisiennes(35) lui conférant ainsi une dimension symbolique(36).

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Si l’on veut aborder la question du contenu humaniste latent de cette révolution, on est en droit de se demander si d’emblée il existe une relation de ces jeunes de la révolution aux concepts de la pensée humaniste ?

Rappelons que ce que l’on désigne par humanisme est un mouvement intellectuel né en Europe, enraciné d’abord en Italie, plus précisément à Florence, et qui s’est diffusé plus largement au temps de la Renaissance. Fondé sur une redécouverte de la civilisation antique et une relecture des textes grecs et romains, ses penseurs conçoivent l’homme comme possédant les facultés intellectuelles proprement humaines, nécessaires et illimitées pour accéder à la vérité et épanouir son humanité grâce à sa quête du savoir et la maitrise des diverses disciplines, c’est pourquoi les humanistes appellent à la diffusion des savoirs à tous les humains. Ainsi, l’homme bien instruit demeure libre et responsable de ses actes, de ses croyances et de ses choix, et ce sont ces principes de liberté, de tolérance, d’appétit de savoir, d’indépendance et d’ouverture qui fondent la pensée humaniste encore au XIXe siècle.

Au sens général, l’humanisme désigne donc « toute pensée qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'être humain » et certains philosophes établissent « la dignité et la valeur de tous les individus sur la capacité de déterminer le bien et le mal par le recours à des qualités humaines universelles, en particulier la rationalité. L'humanisme implique un engagement à la recherche de la vérité et de la moralité par l'intermédiaire des moyens humains…en mettant l'accent sur la capacité d'auto-détermination, et rejette la validité des justifications transcendantes… tels certains textes présentés comme d'origine divine ». Les humanistes défendent une morale universelle fondée sur des conditions humaines telles que le droit à l’égalité, l’indépendance, la solidarité, la liberté d’expression, le respect absolu des identités et des différences, le droit à une vie décente où les valeurs humaines sont respectées(37).

L’un des slogans forts scandés par les jeunes : « La dignité avant le pain » traduit justement l’esprit de ces valeurs prônées par l’humanisme, et il ne fait pas de doute que cette révolution porte en elle des conceptions humanistes. Dans son allocution, l’ambassadrice des Pays-Bas, Mme Rita Dulci Rahman, affirme que : « La notion d’humanisme implique l’obligation d’assurer le développement de la société universelle qui accorde à l’homme et aux droits humains la valeur suprême » ; le droit à la vie, au bien-être, à la justice, à la responsabilité, à l’indépendance, à la solidarité, autant que le droit à la liberté d’expression, le droit de combattre la pauvreté, la violence et les guerres, sont les principes fondamentaux de la pensée humaniste ; n’oublions pas que la Déclaration internationale des Droits de l’Homme de 1948 a été promulguée dans un certain cadre historique et surtout dans l’esprit des valeurs modernes de l’humanisme(38).

Dans un sens moral et plus pratique, l’humanisme impose à tout être humain des interdits fondamentaux au nombre desquels : l’interdit de tuer, de torturer, d’opprimer, d’asservir, de voler, de mentir…, des règles essentielles qui s’appuient sur le respect, la justice et la défense des droits humains fondamentaux. Cette notion d’humanisme n’a pas beaucoup changé depuis le XVIIIe siècle dans bien des pays de l’Europe. 

Sans surestimer l’acuité du sens de ces valeurs humanistes chez les jeunes de la révolution, on peut néanmoins percevoir dans leur comportement, leurs slogans ou leurs revendications premières les signes nombreux témoignant de ces valeurs éthiques qu’ils ont affirmé avec force et conviction, et quand bien même ils n’ont pas étudié les textes philosophiques ni été instruits des contenus de ses concepts, ils ont su créer un langage porteur de l’esprit humaniste et l’exprimer spontanément dans tous les espaces du monde arabe(39). Ils ont aussi manifesté leur sentiment de fierté, affirmé leur appartenance nationale et leur identité arabo-musulmane, des motifs qui ont suscité le doute et la méfiance de certains analystes politiques, journalistes et médias occidentaux, notamment en continuant à désigner cette révolution de « révolution de jasmin », une dénomination à connotation péjorative, du moins schématique(40) et que répètent des responsables arabes. Ils n’ont pas saisi que ce mouvement n’avait rien d’une « révolution d’affamés » selon des explications extravagantes(41) entendues ça et là, c’est une révolution Humaniste dans tous ses signes, qui a ému et fait vibrer les jeunes du monde arabe dans leur diversité, qui a précipité un régime et dont l’impact a été immédiat sur d’autres régimes semblables du monde arabe (Libye, Egypte, Yémen). On peut s’étonner que certains analystes continuent à soutenir que c’est une « intifada » (soulèvement) et que ces jeunes sont incapables de mener une révolution aussi créative et d’une telle ampleur. N’a-t-elle pas abattu le régime d’un dictateur, appelé à un changement complet de ses structures, à emprisonner ses partisans, et même arrêté une vingtaine de personnes de la famille de l’ex-président grâce à l’action patriotique du Colonel Major Samir Tarhouni le 14 janvier sans qui elles auraient fui et tirer profit des sommes d’argent colossales volées au peuple tunisien et n’auraient pas été remises à la justice et jugées(42) ?

La portée de cette révolution se ressent dans les changements profonds qui s’opèrent dans la réalité politique, sociale et économique, et d’abord par le renversant du régime en place et de tous ses agents, en exhortant à adopter des attitudes et une mentalité nouvelles, à encourager une éducation inspirée de l’esprit des Lumières, de la modernité et des valeurs humanistes, qui soit consciente des droits terrestres de l’être humain, c’est une révolution sociale qui tire sa légitimité et son potentiel du vivier culturel et de l’instruction de son peuple. Ce tournant historique mériterait qu’on s’y arrête pour analyser ses répercussions géostratégiques et sociales à venir. En dépit de tout, la révolution du printemps arabe s’est distinguée par son caractère pacifique, son esprit humaniste, ses revendications non-violentes, à la manière de Gandhi, pour la démocratie, la dignité, l’Etat de droit et les responsabilités(43)

On a entendu ici et là, notamment dans la presse turque, que cette révolution a été activée de l’étranger ! D’autres ont invoqué les services de renseignements européens et américains arguant d’un complot extérieur où la jeunesse tunisienne n’a joué aucun rôle, insinuations regrettables et médiocres, tenues parfois par des intellectuels à la réputation bien établie, à l’exemple de M. Tariq Ramadan qui proférait que des mains invisibles actionnaient les composantes sociales qui sont les vraies acteurs de cette révolution ; cette thèse ne tient pas debout face aux analyses microhistoriques de cet événement(44).

Cela n’a pas empêché la droite française et plus généralement des services de renseignements occidentaux de continuer à ignorer l’agitation populaire qui fermentait depuis un moment, et n’ont pas un instant prévu cette explosion soudaine(45). On peut à bon droit douter de la perspicacité de ces analyses qui ont perdu de vue les caractéristiques propres de ce mouvement, manquant d’éclairer par des concepts et des lectures originales la teneur d’un tel mouvement et enrichir le champ de la recherche. C’est dans ce sens que devraient travailler les sociologues, les historiens, les anthropologues et autres chercheurs, et penser à créer des laboratoires nouveaux(46), interdisciplinaires et reliés entre eux, dans les universités arabes, américaines et européennes, où ensemble ils participeraient à l’étude, par des méthodes novatrices, de la portée de ce type de phénomènes, à préciser les aspects de la conscience collective en train de se former, pas seulement à partir des grandes villes, mais aussi des petites villes de province, des villages et des campagnes, et parmi toutes les classes d’âge. De nouvelles problématiques ainsi posées contribueraient à une meilleure compréhension de la singularité de la révolution tunisienne à travers ses slogans divers, simples ou modestes, qui appelaient à abolir les institutions corrompues et revendiquaient une Assemblée constituante, parmi ces slogans, citons quelques-uns qui ont très vite été repris par beaucoup de gens : « Une vie agréable ou la mort pour nous tous », « la dignité avant le pain », « oui au pain et à l’eau, non à Ben Ali », « la Tunisie libre, le RCD dehors »(47)

Seulement voilà, ces mêmes jeunes qui ont porté la révolution et ses valeurs ont été écartés du processus politique qui s’en est suivi, elle leur a été confisquée de part et d’autre par des éléments contre-révolutionnaires, à voir le retour en force des anciens membres du RCD notamment parmi les listes des députés de Nidaa Tunis qui siègent à l’Assemblée des représentants du peuple(48). Ce sont les hommes politiques d’un certain âge qui dominent la scène politique aujourd’hui(49).

Quant aux jeunes tunisiens, en tant que des liens historiques et culturels les attachent au reste des sociétés du monde arabe et en qui ils reconnaissent les mêmes souffrances face aux terribles régimes autoritaires, une certaine conscience collective est née chez eux qui rejette l’oppression et l’injustice et dans laquelle se sont reconnus la plupart des jeunes du Maroc au Yémen, qui ont immédiatement et spontanément réagi à l’appel des jeunes tunisiens, dans un élan d’union et de ralliement des esprits. Du Maroc au Bahreïn, de l’Algérie à la Jordanie, les mêmes mots d’ordre ont retenti : liberté, dignité, justice, contre la corruption et pour un régime démocratique. Mais la voix de ces jeunes n’a pas eu d’écho au sein des gouvernements de la plupart des Etats arabes, au contraire, ils sont restés sourds et muets sous prétexte de non intervention dans les affaires intérieures d’un pays de la région, puis se sont retranchés dans la méfiance et l’attentisme. En vérité, tous les régimes autoritaires ont été embarrassés et inquiétés par ces mouvements révolutionnaires, « c’est la crainte de voir se diffuser l’esprit de la révolution, car il est contagieux »(50).

La première réaction officielle est venue du roi du Maroc Mohammad VI qui, dès le 9 mars 2011, a appelé à une réforme de la constitution, une annonce judicieuse qui a coupé l’herbe sous les pieds de toute opposition, en reconnaissant le multipartisme, la diversité des langues et des cultures et en promettant d’élargir les pouvoirs du premier ministre et d’entamer une large réforme de la justice, ce qui fut en large partie fait. Ce qu’a montré la révolution tunisienne aux pays arabes et plus généralement au monde c’est le refus de la pérennité d’un régime politique, et les exemples des révolutions qui ont suivi en Lybie, au Yémen et en Égypte en sont une preuve ; d’ailleurs ce principe ne concerne pas seulement les seuls pays du monde arabe, mais est bel et bien partagé par beaucoup de peuples du monde qui un jour s’inspireront de l’expérience tunisienne, même chez nous en Tunisie où Ben Ali au gré du temps, il aurait du préparer son fils à la haute magistrale !

Cette prise de conscience collective s’est traduite d’autre part par la priorité donnée à la lutte pour le développement, la transition démocratique et les principes de modernité dans leurs problématiques diverses. C’est ce message que la révolution populaire tunisienne a adressé à tous les peuples de la région, notamment lorsqu’elle a révélé des vérités sur la corruption financière et administrative, sur le sentiment d’humiliation du peuple(51) que les responsables politiques autoritaires considèrent comme un simple troupeau juste bon à obéir. Cette révolution a justement ébranlé ces idées reçues sur la docilité et la passivité de l’homme arabe, et contribué à forger une nouvelle conscience politique et citoyenne collective qui revendique ses droits immanents à la vie, de recouvrir sa dignité et son indépendance après plus de cinquante ans de souveraineté politique.

Je voudrais encore évoquer l’attitude des universitaires vis-à-vis de ces événements en Tunisie et ailleurs : en vérité, ils se sont distingués par leur silence, et depuis deux décennies que les universitaires sont soumis aux régimes en place, les intellectuels se sont peu élevés contre ces derniers(52). Mais le vrai problème de ces universités c’est que dans l’ensemble, à quelques exceptions près, elles n’ont pas fait leur révolution intellectuelle ni accompagné les évolutions dans plusieurs domaines, c’est pourquoi les intellectuels sont restés à la marge, leur parole n’ayant aucun poids dans la place publique puisque souvent ils ont fait le jeu du régime en place et les propagateurs du discours officiel(53) notamment dans les ambassades tunisiennes à l’étranger. Pire, des brigades de délateurs se sont disséminées un peu partout, et des universitaires zélés se sont vus propulsés à des charges ministérielles jetant sur eux le discrédit et ruinant à jamais leur dignité d’universitaire. Leur posture a certainement favorisé une dégradation de la situation et retardé pour une décennie au moins les manifestations d’un printemps arabe, alors qu’ils auraient dû être les premiers à en déceler les signes avant-coureurs et la conscience d’un peuple éduqué pour la lutte contre l’oppression et la torture(54), encore une question sur laquelle on devrait se pencher collectivement dans un souci de vérité historique. Car, on entend certains analystes occidentaux affirmer que les Arabes ne sont pas aptes à changer les régimes dictatoriaux et instaurer la démocratie, ils vont même jusqu’à dire qu’ils ont moins besoin de démocratie que de développement ; le président Jacques Chirac n’avait-il pas affirmé lors de sa visite en Tunisie que Ben Ali avait accompli un miracle économique, alors que nul n’ignorait ce qu’exerçait ce régime de violence et de violation des droits de l’homme. Le président français comme beaucoup d’autres n’ont fait que soutenir un régime vidé de sa légitimité, qui avait perdu le respect et la dignité culturelle(55).

Finalement, la révolution tunisienne a démenti toutes ces théories méprisantes et la jeunesse a prouvé qu’il était possible d’établir une démocratie quelque soient ses balbutiements et le long et difficile chemin qu’il lui reste à accomplir, elle aura eu le mérite toutefois de lancer un espoir dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient(56). Les grandes révolutions dans le monde ont nécessité de longues décennies avant que la situation ne se stabilise et que les idées et les conceptions ne se cristallisent. Les révolutions du printemps arabe marquent un véritable tournant historique qui inaugure espérons-le le début d’un processus de transition démocratique qui sera certes long et difficile, mais calme et constructif.

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Il ressort de ce panorama que le printemps arabe a ouvert à n’en pas douter des perspectives nouvelles aux études comparatives d’anthropologie, d’histoire, de science sociale et d’un point de vue culturel, de même que sur le sens pratique de l’humanisme, et c’est aux générations à venir qu’il revient de traiter ces questions pour ne pas décevoir les espérances portées par le génie de cette révolution qui a donné à l’existence arabe une dimension humaniste en même temps qu’elle a initié un processus de prise de conscience collective arabe et de ce point de vue, les tunisiens doivent être fiers de leur révolution géniale pour eux et pour les générations futures.

Tunis le 30 novembre 2014 
A. Temimi

* La première version de cette étude fut présentée à la Bibliothèque Nationale à Tunis le 30 Octobre 2014 lors d’un congrès sur « Les Révolution Arabes et Nouvel Humanisme » organisé par le Laboratoire de recherches sur les lumières, la modernité et la diversité culturelle (LMDC) organisé par Les professeurs Mohsen El-Khouni (Faculté Manar), Mohamed Salah Omri (Université Oxford) et Ronald Judy (Université Pittsburgh U.S.A).

** Prof A. Temimi, Prof. Emérite de l’Université Tunisienne et fondateur de la Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique et l’Information.
(1) L’humanisme, le savoir et l’avenir de l’humanité au XXIe siècle, 420 p. (arabe et français), publications de la Fondation, mai 2006, en collaboration avec l’ambassade des Pays-Bas.

(2) Ibid, pp 7-11.

(3) En outre, Mme Rita Rahman, ancienne ambassadrice des Pays-Bas en Tunisie, a ajouté que : « Durant le XXe siècle est apparue la théorie du développement de la société civile faisant écho au concept d’humanisme qui implique aussi un engagement en faveur du développement de la société mondiale afin de donner sa place à l’homme et à tous ses doits à la vie, au développement, à la justice, à la responsabilité, à l’autonomie, à la liberté de s’exprimer, à lutter contre la faim, la pauvreté, la violence et les guerres, des principes qui forgent l’Humanisme d’aujourd’hui, et les humanistes de l’Europe ont un rôle à jouer dans la diffusion de ces valeurs nobles ». Cf. L’humanisme, le savoir…, op.cit, pp. 17-21.

(4) Voir les deux ouvrages : Observatoire de la révolution tunisienne, 2 volumes, 1000 pages, Publications de la Fondation, 2012 ; puis La révolution tunisienne et le printemps arabe : interactions et changements géopolitiques, 648 pages, publications de la Fondation, Tunis, août 2012.

(5) Sur la demande de l’université anglaise Duke, deux textes de ce colloque ont été traduit en anglais sous le titre : Youth of the Revolution of Dignity and Democracy, Boudary 2, Londres, 2012, pp. 113-135.

(6) Anouar Mortaji, « Réflexions sur le printemps arabe : logique et espérance », dans : La révolution tunisienne, op.cit.

(7) Cheikh Mohammad Kapadou : l’homme et sa place dans l’histoire de la littérature tunisienne, travail collectif, 106 pages, Editions de Bayt al-Hikma, 2010. Cf. aussi au texte de la famille Kapadou  et Omar Ben Salem, Kapadou, sa vie, son influence et sa pensée réformatrice, 357 pages, Editions du Centre des études et de la recherche économiques et sociales, Tunis, 1975.

(8) Ibid.

(9) Abdeljelil Temimi, « Histoire des missions et échanges culturels entre la Régence de Tunis et Istanbul, 1837-1890 », dans : Arab Historical Review for Ottoman Studies, n° 41-42, pp. 85-108, Tunis, décembre 2010.

(10) Amira alaya-Sghair, « Autour de penseurs humanistes, Erasme et Al-Haddad », dans : Humanisme, savoir…, pp.104-106.

(11) Abdeljelil Temimi, « Religion et société du Cheikh Mohammad Neifar à la lumière des rapports de l’Association des Jeunes musulmans, 1939-1956 », présidée par le cheikh ; celui-ci œuvra à affermir l’ancrage arabo-islamique du peuple, bien avant les cheiks Mourou et Ghannouchi qui pourtant n’ont jamais cité son rôle précurseur en la matière. La fille du cheikh Neifar Madame Hela m’a informé qu’elle détenait des documents importants sur les débuts du mouvement islamique dans le pays et qu’elle souhaite nous les communiquer ! 

(12) Texte de Hédi Baccouche tiré d’un récent Témoignage de la mémoire nationale seront bientôt publiés avec cinq autres de Si Hédi. Nous disposons également de l’enregistrement sonore et visuel de ce témoignage. Quant aux statues qui ornaient certaines villes, elles ont été enlevées et entreposées dans les sous-sols du palais présidentiel où elles sont encore. Lorsque le maire de Paris, Bertrand Delanoë, décide d’inaugurer une place au nom de Bourguiba, le buste en bronze de celui-ci qui ornera la place provient du palais de Carthage. 
(13) Ibid., pp. 53-54.

(14) Yvonne Iracasseti Brondino, « Le printemps arabe : perceptions de la rive nord, le cas italien en particulier », dans : La révolution tunisienne op.cit., p. 102.
(15) Sans compter les innombrables données diffusées sur le web par le site Wikileaks qu’aucun chercheur tunisien n’a osé publier. Ce travail de documentation et d’analyse aurait pu et devrait être fait par des institutions universitaires comme l’Institut supérieur de l’histoire de la Tunisie contemporaine ou Bayt al-Hikma qui bénéficient d’un budget conséquent.
(16) Nous avions invité à la tribune de la Fondation certains acteurs des événements du bassin minier pour qu’ils s’expriment là-dessus, et l’un des témoignages a été publié dans un ouvrage sous le titre : Les acteurs politiques sous la torture en Tunisie à travers les registres de la mémoire nationale, dont le témoignage de Tayyeb ben Abderrahmane ben Othman, pp. 119-152, publications de la Fondation, décembre 2013. Ce texte est en ligne sur Facebook. Cf. aussi à Nicolas Beau et Catherine Graciet, La Régente de Carthage : main basse sur la Tunisie, 178p. Ce livre a fait beaucoup de bruit lors de sa sortie et contenté de nombreux citoyens, alors que le régime en place à l’époque l’a interdit et pourchassé tous ceux qui le détenaient. Il a été reçu comme un bol d’air par l’opinion publique et a nourri l’opposition en renforçant leurs convictions. 
(17) M. Kilani, La révolution…, op. cit., p. 57.
(18) Mustapha Filali, « Les enjeux de l’avenir politique et arabe en Tunisie », dans : Observatoire de la révolution tunisienne…, vol. 2, p. 725. 
(19) Bichara Khader, Le printemps arabe : un premier bilan, publication du centre tricontinental, Louvain-la Veuve, Belgique, 2012, p. 7.
(20) Ce ne fut pas un coup d’Etat militaire semblable à ceux des pays arabes, en Afrique ou en Amérique latine.
(21) Hédi Baccouche, « Les enjeux de la révolution de la dignité et de la démocratie », dans : Observatoire de la révolution…, vol. 2, pp. 761-763.
(22) Jalloul Ayed, La Tunisie : La route du jasmin, p. 53.
(23) Nous avons convié plusieurs de ces acteurs à apporter leur témoignage sur cette mobilisation et qui sont : Mlle Leila Mhenni, qui fut candidate au prix Nobel, Slim Ammamou, Aziz Ammami. Sonia Temimi a consacré un article à ce sujet dans lequel elle tente de répondre à la question suivante : « Comment l’oppression produit les instruments qui la combattent. La jeunesse tunisienne et les outils non-traditionnels de la participation », présenté à un colloque au Caire et dont les actes sont en cours de publication.
(24) A. Temimi, Observatoire de la révolution à travers les positions de son élite, vol. 1, p. 17.
(25) C’est un champ de recherche prometteur dont on espère que les laboratoires de recherches concernés y consacrent des analyses et des approches politiques, sociales et économiques.
(26) Les textes de ces témoignages seront bientôt publiés dans le 3e volume de l’Observatoire de la révolution.
(27) Mustapha Filali, op. cit., p. 727.
(28) Fradj Grina, La révolution tunisienne : un an déjà, p. 11, Tunis, non daté.
(29) Lors d’un des séminaires de la mémoire nationale, Mme Sihem Ben Sedrine a affirmé qu’elle avait appelé M. Farhat Rajhi, le ministre de l’intérieur à dissoudre le parti RCD, ce qui fut fait quelques jours après.
(30) Une réunion s’est tenue le 19 janvier 2011, quatre jours après la fuite de Ben Ali, réclamant un ordre officiel pour geler les avoirs du RCD et un deuxième ordre pour entériner la séparation de ce parti et de tous les partis de  l’Etat ainsi que le retrait de tous les caciques de l’ancien régime. Cf. à Observatoire de la révolution, vol. 1, pp. 33-35.
(31) On pourrait dire que le président déchu a eu moins de dignité que son homologue Saddam Hussein qui n’a pas pris la fuite avant son exécution quelques années plus tôt !
(32) F. Grina, Op. Cit., p. 31.
(33) Débat avec M. Tahar Chakrouch, Observatoire de la révolution, vol. 2, p. 796.
(34) Mohammad Belhadj Omar, Débats de l’Observatoire de la révolution, vol. 2, p. 730.
(35) K. Bichara, op. cit., p. 8.
(36) Observatoire de la révolution, vol. 2, p. 250.
(37) Cf. article « Humanisme » sur l’encyclopédie Wikipédia en ligne, et le rapport final de Observatoire de la révolution…, p. 150.  
(38) Cf. Allocution de l’ambassadrice des Pays-Bas au congrès sur : Humanismes, savoir…, op.cit., p. 19 ; Cf l’étude Mustapha Kraiem, «  Y a-t-il une parenté entre le mouvement humaniste européenne et la Nahda ? in, Humanisme… op. cit., pp. 89-99.
(39) Pour une première définition des concepts de l’humanisme, voir les sources françaises encyclopédiques manuscrites et en ligne, ainsi que les travaux du congrès sur Humanisme, op.cit…
(40) Une anecdote assez significative me revient en mémoire : lorsque l’ambassadeur des Pays-Bas en Tunisie, Mme Caroline Wiejers, a prononcé son allocution lors du congrès sur la bonne gouvernance, elle a parlé de « révolution de jasmin » ; s’en est suivi un débat et elle fut convaincue de la méprise de cette appellation. Un peu plus tard, elle nous a appris qu’elle en avait averti le ministre des Affaires étrangères qui promit de l’éviter à l’avenir !
(41) Jalloul Raydan, Observatoire de la révolution…, vol. 2, p. 750.
(42) Son témoignage sera publié dans le 3ème volume de l’Observatoire de la révolution en arabe et en français (traduction assumé par Sonia Temimi).
On note que l’action patriotique du Colonel Tarhouni à un moment précis, lorsque Ben Ali est en pouvoir, et il pourrait agir !  
(43) Ibid., intervention de Anouar Mortaji.
(44) Débats du congrès sur la révolution tunisienne, op. cit., p. 252, intervention de Mouloudi Kassoumi.
(45) A. Temimi, « Observatoire de la révolution tunisienne à travers la posture de ses intellectuels », op.cit., p. 25.
(46) Un dictionnaire des révolutions du printemps arabe et un répertoire de toutes les données géopolitiques au niveau de la région, en même temps que la nécessité d’y apporter des analyses, tâche immense. 
(47) Au sujet de la position des Etats européens vis-à-vis des révolutions, voir l’article de Azmi Bichara sur : « Les positions internationales vis-à-vis de la révolution tunisienne », dans : La révolution tunisienne historique : op.cit, pp. 317-349. 
(48) Nous consacrerons un écrit à ce sujet.
(49) Mohammad Kilani, La liberté entre jeunesse et illusion, Tunis, 2011, p. 8.
(50) Azmi Bichara, op. cit., p. 349.
(51) Abdallah Turkmani, « Le berceau du printemps de révolutions arabes », dans : La révolution tunisienne…, p. 94. 
(52) Le professeur Abu Yaarib al-Marzouki soutient que les chercheurs tunisiens ont activement contribué à la vraie révolution, celle de la pensée et de la créativité. Il oublie seulement que ce fut le cas dans les premiers temps après l’indépendance. Cf. Débats de Observatoire de la révolution…, vol. 2, p. 852.  
(53) Débats du congrès La révolution tunisienne, intervention de Abdel Mohsen Chaaban, p. 297. 
(54) Quatre ouvrages des publications de la fondation ont parus sur le thème de la torture et du terrorisme d’Etat :

  1. Le rôle politique et culturel du perspectivisme et de ses tenants en Tunisie après l’indépendance, 290 pages, Tunis, 2008.
  2. Etudes et témoignages sur les victimes de la torture et de l’oppression au Maghreb, 516 pages, Tunis, 2013.
  3. Le terrorisme d’Etat contre les militaires dans les évènements de Barakat al-Sahel (1991-1992), 484 pages, Tunis, 2013.
  4. Les opposants politiques sous la torture en Tunisie d’après les témoignages de la mémoire nationale, 402 pages, Tunis, 2013.

(55) Quelques années plus tard, lors du tristement fameux Discours de Dakar du président N. Sarkozy au Sénégal, ancienne colonie française et membre de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, il déclare que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », propos qui ont soulevé un tollé dans la presse française, arabe et internationale.
(56) Dès le début de la révolution, nous avions appelé les autorités compétentes, notamment lors de ma rencontre avec M. Hamadi Jbali, à créer deux centres de documentation, un à Tunis, l’autre à Sidi Bouzid, qui rassembleraient les documents, les images et les rapports sur la révolution publiés dans les pays arabes et ailleurs dans le monde, ainsi que la création d’un musée consacré à la mémoire nationale sur les ruines de la prison du 9 avril et un cimetière où seraient réunis les restes des grandes figures de la nation. Malgré son accord de principe, rien n’a été fait depuis et c’est bien dommage…





 

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