Opinions - 28.01.2015

Gouvernement d’union nationale dites-vous ?

  Ecrit par
Nihel Ben Amar
Tunisie -

A l’heure où le peuple tunisien muni de sa nouvelle constitution s’est présenté aux élections pour élire son pouvoir exécutif et législatif,

A l’heure où les urnes ont parlé et donné une majorité à un parti pour tracer l’esquisse de la nouvelle république tunisienne et la guider sur le chemin des réformes,

A l’heure où le peuple tunisien aspire à une vraie démocratie : un gouvernement et une opposition,

On vient nous parler de gouvernance partagée sous l’emblème de l’Union Nationale !

L’union nationale aujourd’hui a-t-elle un sens ?

Elle a manqué, elle a manqué dans la période de transition quand il s’agissait d’écrire la nouvelle constitution !

Elle a manqué car nos politiques se sont découvert «la fibre démocratique» à se diviser en gouvernants et opposants et à diviser le peuple en musulmans et koffar !

L’unité nationale était requise à ce moment-là pour éviter aux tunisiens : eltadefo3, la recherche d’une identité jamais perdue, la servitude de la femme tunisienne déguisée en complémentarité à l’homme, …

L’unité nationale était requise à ce moment-là pour nous éviter trois années de transition alors que les partis s’étaient engagés moralement à en finir en une année,

L’unité nationale était requise à ce moment-là !

On aurait pu, peut-être, éviter alors les meurtres politiques et les assassinats de nos militaires et des forces de l’ordre , qu'ils reposent en paix,

Là, il y avait besoin d’unité nationale !

Aujourd’hui et pour être loyaux envers les citoyens qui ont voté et réalisé le résultat que l'on connait,

Aujourd’hui que les Tunisiens ont choisi une majorité pour son programme et formulé par là le souhait qu’elle tienne les rênes du pouvoir,

Aujourd’hui que l’on a besoin d’un schéma démocratique clair, une majorité qui gouverne et une opposition qui contrôle, on vient nous parler de gouvernement d’union nationale !

C’est une unité nationale qui est plus un partage de la gouvernance pour s’assurer l’accalmie des uns et des autres qu’autre chose,

Mais l’accalmie pour exister devrait-elle être liée à une figuration dans le pouvoir exécutif ?

Ne doit-elle pas être la devise de cette nouvelle ère mais non conditionnée à un poste ?

L’accalmie est nécessaire pour permettre au prochain gouvernement de travailler sereinement, à la charge de l’opposition de contrôler objectivement et non en réaction à sa présence ou pas dans le gouvernement,
Ça c’est l’union nationale !
Alors, ne confisquez pas la parole du peuple.

Avis d’une citoyenne

Nihel Ben Amar
Docteur en Génie des Procédés Industriels,
Maître de Conférences

 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
5 Commentaires
Les Commentaires
DanielDelvert - 28-01-2015 19:44

Suppositions, positions, décompositions ? La composition du nouveau Gouvernement a piétiné et elle pourrait même aller à l’échec avec l'adoption d'un soit-disant Gouvernement d'Union Nationale.Une composition du type «bouillie» où on y trouve de tout et de son contraire. Ce qu’il arrive est la conséquence logique et imparable du mode de scrutin que je n’ai cessé de dénoncer. Il est utile et presqu’indispensable d’avoir des scrutins à 2 tours pour que la composition, les équilibres entre composantes et même les personnalités désignées ne soient pas des casse-têtes mais des évidences logiques… Dès le 1er tour, les stratégies et les programmes de chaque candidat ou de chaque Parti Politiques sont connus. Entre le 1er et le 2ème tour, les rencontres se font entre Partis Politiques de même tendances. Des accords, des alliances, voire des fusions de listes se font et sont expliquées aux électeurs qui en approuvent ou non les contenus. Et les alliances sont ainsi des compromis, non des promesses vagues. Explicitement, pour ces Présidentielles, si BCE avec Nidaa Tounes avait publié ses intentions, si les accords avaient été faits avant le 2ème tour, les propres responsables de Nidaa Tounes auraient une position claire à tenir et les responsables des autres Partis Politiques ne pourraient pas jouer en cet instant, au «yoyo», à ce jeu de «je rentre puis je me retire». Et la composition du Gouvernement eût été facile et rapide. C’est cela un des principes du vote à 2 tours, je l’ai dit : on désigne son ou ses adversaires, on désigne et on préserve ses alliés potentiels futurs, on négocie avant le 2ème tour et on informe les électeurs pour leurs votes mais aussi pour en faire des témoins. Mais la stratégie de ces élections tunisiennes qui a été de détourner le vote à 2 tours. Elle a consisté à appeler à un vote utile en diabolisant l’adversaire pour le rendre plus fort, en ignorant, en déshabillant, en attaquant les candidats modérés. Toute cette stratégie a conduit à rendre une alliance avec Nahdha comme un reniement et à rendre les autres partis élus à jouer jusqu’à la faute de leur position de force… même limitée. A jouer avec le flou, à ne pas annoncer clairement quelles forces seront dans le Gouvernement, Nidaa Tounes a ouvert en grand des espaces pour que les autres listes élues deviennent des forces politiques exigeantes, voire menaçantes. La démocratie et l’élection ne sont pas de la tactique élémentaire. On ne joue pas à ce jeu de cartes aléatoire qu’est la «bataille». On est dans un univers complexe où le jeu appelé «jeu d’échec» est encore empreint de règles et de stratégies bien en deçà du «jeu politique démocratique»… Le chaos politique actuel pour composer le Gouvernement est une conséquence logique, la démocratie n’est pas née d’hier. Ses règles en apparence faibles, entraînes des déviances fréquemment graves pour ceux qui les ignorent ou qui veulent s’en servir à leur profit. On appelle ça l’effet «boomerang». Le boomerang revient et va frapper celui qui l’a lancé s’il ne maîtrise pas bien l’arme… On pourrait arriver à rendre vivante la formule «qui perd gagne» et cela au détriment des Tunisiens, au détriment du pays.

watani horr - 28-01-2015 21:53

Tout à fait d'accord avec vous, Madame!

Oui Madame! - 28-01-2015 22:19

Oui la Tunisie a besoin d'une union nationale pour défendre le peuple et son État, en particulier la constitution, les droits des institutions et des personnes constitutionnelles, tout en trouvant une balance entre la sécurité et les libertés et droits des individus. En défendant la démocratie, l'union nationale doit fournir un gouvernement fort par son programme, et une opposition forte et constrictrice par ses idées et critiques. Une gouvernance d'union nationale, en forme d'un gouvernement et d'une opposition, veut dire gouverner avec la société civile et les medias contre le terrorisme et le retour de la dictature. Chacun doit prendre sa responsabilité. Ennahdha doit exercer les devoirs et droits d'une opposition distinguée. Nidaa Tounes doit former une coalition stable, évidemment sans Ennahdha, pour gouverner selon des programmes et objectifs bien définis. Le chef de l'État va pouvoir et devoir aider l'opposition et le gouvernement à trouver des formules et procédures de comportements civilisés pour se unir à défendre et développer la démocratie et les intérêts du pays et du peuple.

Héla - 29-01-2015 14:25

Je préfère par respect pour le militant Néji Jalloul de ne pas l’accuser de retournement de veste. Sa nouvelle position signifierait que les électrices et électeurs de Nida et BCE se sont démenés(es) pour rien. Par leur vote ‘utile’ il était pourtant question d’une part d’écarter Enahdha du pouvoir non pas par sectarisme mais bien du fait de ses nombreux échecs et les conséquences catastrophiques pour le pays ; d’autre part, rétablir l’autorité de l’État par un programme politique cohérent (thèmes prioritaires de sécurité, emploi, équité interrégionale, fiscalité et dette extérieure à renégocier, comme priorités absolues du sauvetage national). Or, ce militant, par ailleurs respectable, semble de fait accepter le chantage d’Enahdha : « Je passe ou je casse ! ». Autrement dit, nous voici encore confrontés au terrorisme d’Enahdha qui la veille avait séquestré la souveraineté du peuple et pris la population en otage sous la menace d’un bain de sang annoncé à grands cris plus d’une fois sur la place publique dans l’impunité totale, avec ne l’oublions jamais, des passages à l’acte criminels par ses proxy. Nous voici donc une fois de plus et de trop confrontés(es) à Enahdha de toujours, ce mouvement obscur crypto-religieux des Frères Musulmans, qui manie le double langage, joue le chaud et le froid, se lance à l’offensive ou reste en embuscade, agit tantôt comme adversaire politique, tantôt comme ennemi public. L’agenda d’Enahdha et ses appuis externes se situe à l’opposé des aspirations des femmes et des jeunes par milliers qui ont lutté et tant sacrifié pour en arriver au 14 Janvier et à ce jour. Par quel aveuglement politique ce mouvement refuse-t-il la place qui lui revient sur le nouvel échiquier politique à l’ARP, par le fait de la volonté souveraine du peuple à travers les urnes, un rôle d’opposition de la dernière chance, constructive il le faut, en guise de « rachat » ? Le recours au « réalisme politique » conseillé par ce militant est en fait –au vu du passé lointain et récent d’Enahdha- une simple capitulation face à cette réalité encore menaçante, monstrueuse, qui nous est imposée du dehors. Certains militants luttent et se fatiguent, ce qui est compréhensible. Qu’ils se reposent alors ou se retirent dans la dignité. Car la fatigue n’a jamais été l’argument pour renoncer à la lutte qui ne cesse de se poursuivre à travers les générations dans cette Patrie qui nous est chère. Aussi, nous disons à Nida : prenez donc vos responsabilités ici et maintenant selon la volonté populaire issue des urnes. Également, nous disons au FP : sortez de votre rigidité, l’heure est à se retrousser les manches et se « salir les mains » (Sartre). A trop choisir le confort du « non », vous risquez de vous ankyloser en marge du cours nouveau de notre époque post-14 Janvier. Une majorité relative menée par Nida se doit de former de toute URGENCE un gouvernement avec des alliés naturels et des compagnons de route tels que le FP avec l’appui décidé des forces sociales. A Nida & au FP : Honorez vos engagements politiques et moraux sinon avouez votre incapacité à les mettre en œuvre. La scène politique actuelle baigne dans une grande médiocrité au grand désespoir de notre peuple souffrant. Certains politiciens sont fatigués, d’autres nous fatiguent, d’autres encore se montrent bien en deçà de leur mandat moral, politique et historique. Toutefois, par-delà le spectacle affligeant de ces passions inutiles sur le devant de la scène : la lutte continue !

fathi - 01-02-2015 23:22

ne vous inquietez pas. le seul poste de ministre qu'on accordera a ennahdha sera a un enfant de la region. les autres sont des strapontins sans importance. Pourquoi vous faites tant de bruit pour rien.

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.