Opinions - 25.02.2013

De qui se moque-t-on ???

J’en ai assez d’entendre partout ces derniers jours que les « choses » vont changer car il y a eu un «avant » et il y aura un « après » l’odieux assassinat de Maître Chokri Belaïd, fasse Dieu que son Âme repose en paix. J’ose espérer que son sacrifice puisse servir à assurer à son admirable épouse, Madame Basma Khalfaoui, de voir la génération de ses filles vivre dans une Tunisie démocratique, moderne, prospère et progressiste garantissant à son peuple liberté, justice, équité et surtout savoir et culture conditions nécessaires pour recouvrir sa dignité.

Or, le comportement de nos responsables politiques, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, ne semble pas évoluer après sa vive réaction à chaud. Finalement ils nous prennent toujours pour des idiots !!!

Ennahdha continue à nous faire son cinéma. Le chef du gouvernement nous a joué la comédie d’un homme d’Etat le soir même de la tragédie en déclarant que la situation n’était plus tenable, que le gouvernement avait failli à sa mission et qu’il ferait appel à des technocrates qui gèreraient les affaires courantes jusqu’aux prochaines élections. Il a voulu nous faire croire qu’il se démarquait du parti dont il est le secrétaire général et est allé même jusqu’à menacer de démissionner s’il n’arrivait pas à un consensus. A qui veut-il faire avaler cette grosse couleuvre ? Il ne faut pas pousser le bouchon aussi loin…

Il y en a qui ont cru que Ennahdha était en cours d’implosion avec les « faucons» (Que je qualifierais plutôt de vautours) qui, soit disant, s’insurgeaient contre les modérés et à leur tête Jebali qui faisait semblant d’accéder à ce que l’opposition demandait depuis Octobre 2012.

Enfin, après plusieurs reports de la date de l’ultimatum, il démissionne et Majless el Choura fait semblant de chercher un remplaçant et plusieurs noms circulent. On pouvait s’attendre à ce que la Troïka et l’opposition puissent tomber d’accord sur une personne crédible parmi les intellectuels « modérés » de Ennahdha . Que nenni!! Ennahdha a osé évoquer des noms dont la simple proposition est une indécence et une insulte à notre intelligence. Il me paraissait que ces personnes évoquées ne pouvaient pas être  acceptables pour un Président responsable et clairvoyant ni pour une ANC consciente que cela risquait de nous plonger dans une crise grave, d’autant plus que la division de la Troïka (?) affaiblissait la majorité.

Lorsqu’on voit Jebali, le soir même de sa démission, faire allégeance au chef des vautours en lui baisant le front, il n’est point nécessaire d’être une lumière pour voir que tout s’éclaircit. Cette mise en scène d’une comédie burlesque de bas étage permettait de faire d’une pierre plusieurs coups :
• Détourner l’attention pour amortir le choc qui a ébranlé le peuple,
• Faire croire que Ennahdha s’effrite,
• Débarrasser Jébali de ce qui l’empêcherait de se présenter aux présidentielles et lui donner la  stature d’homme d’Etat  crédible et modéré,
• Et surtout, impliquer l’opposition en la mettant dans une situation ambigüe et inconfortable où elle se trouve confrontée à deux choix: Se compromettre et hypothéquer l’avenir en entrant dans un gouvernement qui ne pourra de toutes les façons rien apporter en 6 ou 9 mois , ou alors refuser de participer à  cette comédie et elle sera accusée de ne pas vouloir coopérer avec la majorité alors que c’est elle-même qui l’a demandé !!
La réaction d’une grande partie de l’opposition a été curieusement tiède devant la désignation de Laarayedh. Un fait a attiré mon attention : Sur le plateau TV de la Tounsia de Jeudi, Tarrouch  s’indigne avec Zied Ladhari à grands cris en déclarant que c’était honteux d’accuser Chammem d’être impliqué dans le meurtre de Feu Belaid et en affirmant que ledit chammem n’avait plus remis les pieds en Tunisie depuis au moins 27 ans. Le soir même une vidéo circulait sur Facebook et montrait le chef des vautours accueillir, en personne et en compagnie de l’inévitable Ellouz, ce même Chammem avec un discours des plus élogieux.

Lors des tractations avec Jebali on a pu noter quelques points de dissension entre des responsables de certains partis de l’opposition qui pourtant venaient de décider de former une coalition électorale; ce qui fait bien le jeu de Ennahdha.

Bref, à quel jeu joue-t-on ? Il est vrai qu’en politique tous les compromis sont possibles mais quand ils sont grossiers ils deviennent compromission ; ce qui est inacceptable car cela sous-entendrait que l’on pense que le peuple est idiot et que, même s’il y a une minorité qui risque d’entrevoir des vérités cachées, ce n’est pas grave car nous sommes dans une fausse démocratie . En effet :
• Dans une démocratie l’opinion publique et la liberté de la Presse ne pardonnent aucune erreur  et le responsable se démet,
• Dans une dictature on vous demande de « Fermer votre gueule » mais c’est idiot car on ne peut empêcher les gens de dire tout bas ce qu’ils pensent et , avec le temps , l’oppression devient insupportable et le peuple fait sauter la marmite, 
• Dans une fausse démocratie on vous laisse protester en pensant « Cause toujours » mais, comme dans une dictature, avec le temps le peuple peut s’insurger, c’est ce qui s’est passé ce Samedi avec les jeunes indépendants qui se sont à nouveau manifestés.

Cette réaction de la jeunesse nous redonne de l’espoir car il semble se confirmer que la nouvelle génération ne se laissera plus faire et ne sera plus abusée par les politiciens de quelque bord qu’ils soient.

Faut-il être optimiste?  Certes oui, mais à condition de rester vigilant, de ne pas avoir peur de se manifester lorsque les conditions l’exigent et, surtout, de continuer à travailler sur le terrain pour faire prendre conscience à ceux qui se lamentent sur Fb et qui n’ont pas voté en 2011 qu’ils sont en grande partie responsables de la situation actuelle (plus de 60% des jeunes de 18 à 25 ans n’ont pas rempli leur devoir civique !!). Par ailleurs nombreux sont ceux qui  considèrent avoir été trompés par Ennahdha et qui déclarent qu’ils ne croient plus en personne et qu’ils n’iront plus voter. Ceci représente un grand danger et il faut aller vers eux pour leur expliquer que le fait de s’abstenir ou de ne pas voter équivaut à voter encore une fois pour Ennahdha.

Alors, il échoit à l’opposition de jouer réellement son rôle et de ne pas commettre à nouveau les mêmes erreurs qu’en 2011. Quant aux jeunes et aux associations civiles qui sont plus crédibles que les partis, car seul l’intérêt de la Tunisie les préoccupe et les motive, je dis : Continuez et ne lâchez pas le morceau pour être dignes du sacrifice du GRAND CHOKRI en combattant au côté de la GRANDE DAME qu’est son épouse BASMA.

Ali Bakir
Prof.  En Médecine

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2 Commentaires
Les Commentaires
Gatt hbb - 26-02-2013 07:15

Effectivement aux prochaines élections ennehdha sera à la tête du gouvernement et du pays. Jebali et ghannouchi ont fait ce tour pour sortir jebali "en beauté" pour se présenter aux prochaines présidentielles.

bouzaiane Mohamed - 26-02-2013 09:13

Oui si Ali, il faut aller voter massivement pour que les vrais meilleurs gagnent. Or, pour que les jeux soient agréables, il est impératif que les arbitres soient neutres et non corrompus. La Tunisie est pour nous tous en tant que Tunisiens composés de minorités et de majorités relatives. En effet, tout est relatif, car la minorité d'aujourd'hui peut devenir réellement la minorité de demain et inversement. Ainsi, l'essentiel est que les tunisiens soient éveillés sur les dangers sociaux et économiques qui peuvent hypothéquer l'avenir des futures générations. Les politiciens marionnettes animés sans le savoir par les grands industriels marchands de guerres et les plus intelligents des préteurs d’argents à taux variables(en fonction des stabilités des pays victimes) ne sont pas sensibles aux dangers qui guettent leur pays. De ce fait, leur obstination et leur course derrière les chaises ou le pouvoir les rend aveugles, réduit à néant leur participation dans la construction du pays et deviennent même nuisibles aux efforts du peuple instruit, éveillé et travailleur. Certes, dans un monde devenu de plus en plus matérialiste et presque sans sentiment humain, toute idée ou idiologie peut se transformer en langage de marketing pour déplumer les peuples non avertis y compris ceux qui veulent les diriger. Que notre dieu éveille leur conscience et leur donne un peu plus de force et d’intelligence pour voir plus clair l’avenir d’une jeunesse en effervescence. Attention : une révolution peut en cacher une autre plus agressive et aux bénéfices des mafieux et suceurs du sang des paisibles innocents. Bouzaiane Mohamed : Architecte- Urbaniste - Expert

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