News - 30.08.2012

Rached Ghannouchi : le système parlementaire n'est pas une cause sacrée pour nous

Rached Ghannouchi  n’avait pas entamé sa conférence de presse qu’il devait consacrer à la composition du bureau exécutif et à ses conseillers qu’une journaliste de Dar Essabah l’interpelle : pour la première fois la police intervient à l’intérieur du siège du journal. Quelle est la position d’Ennahdha ? Le sujet principal de la conférence est expédié en dix minutes pour laisser la place  aux sujets qui intéressent les journalistes et l’opinion publique. Les réponses du leader d’Ennahdha souvent  lapidaires  et ont laissé les journalistes sur leur faim c’est ce qui explique que Cheikh Mourou  et Ameur Larayedh  se soient cru obligés de venir à sa rescousse pour clarifier certains points, lorsqu’il s’est agi  pour le premier de la criminalisation des atteintes au sacré ou des rapports avec la presse pour le second.

-les nominations  à la tête des médias et des principales institutions du pays : ces nominations font partie des prérogatives du gouvernement. Ennahdha n’est pas concernée. Il est tout à fait normal qu’un gouvernement  cherche à nommer des hommes qui croient au bien-fondé de sa politique  et  s’engagent à l’appliquer, étant entendu que ces choix doivent faits sur la base de la compétence et l’intégrité des promus.

-l’affaire Assabah : nous ne sommes pas au courant de ce qui s’est passé cette nuit. Nous sommes contre la violence d’où qu’elle vienne (NDLR : à l’insu des journalistes, le directeur fraîchement nommé, appuyé par la force publique a fait  procéder dans la nuit de mercredi à jeudi  au changement d’une page sur laquelle figurait un communiqué du syndicat des journalistes de dar Essabah  et empêché la distribution de l’édition originale).

-les critiques de Marzouki contre Ennahdha lors de la séance d’ouverture du congrès du CPR : nous avons été surpris par ces  critiques que nous trouvons injustes. La réaction des représentants du mouvement Ennahdha  qui ont quitté la salle était  légitime. Certains cadres de ce parti nous ont fait savoir que le président se faisait l’écho des critiques concernant ce prétendu noyautage d’Ennahdha des rouages de l’Etat et qu’il ne s’agissait pas d’une position personnelle.  Dans ce cas, il faut être plus clair dans ses propos, car ce n’est pas ce que nous avons tous compris. On ne peut pas être à la fois  au sein de la troïka et la critiquer. En tout cas, s’il  y a des tiraillements, c’est tout à fait normal. E Je tiens à nous rassurer : la coalition gouvernementale restera jusqu’aux prochaines élections.

- les manifestations du 31 aout et du 7 septembre : nous ne les organisons pas, mais nous les soutenons.
- La date des prochaines  élections : nous espérons vivement qu’elles aient lieu à la date fixée. Car on ne peut vivre indéfiniment vivre dans une période transitoire. Les élus doivent mettre les bouchées doubles pour rédiger la constitution. Mais je ne suis pas habilité à vous dire quand auront lieu ces élections. Il faudrait poser la question au Dr Ben Jaafar.

- L’affaire Lotfi Zitoun : il n’entre pas dans les prérogatives, ni la vocation de notre mouvement  d’enquêter sur la propriété des journaux. Quant aux réactions de M. Zitoun aux accusations dont il a fait l’objet, chacun est libre de réagir comme il l’entend.

- Ennahdha est-elle encore favorable au régime parlementaire ?
Nous sommes toujours pour ce système, parce qu’il est le mieux à même de barrer la route à la dictature. Ce n’est pas un hasard si l plupart des pays démocratiques ont opté pour ce régime. Je n’arrive pas les craintes que les Tunisiens nourrissent à cet égard. C’est véritablement une exception tunisienne. Pourtant la principale cause  de la dictature qu’ils ont subie est le choix du régime présidentiel. Cela dit, nous ne considérons le choix du régime parlementaire comme une cause sacrée sur laquelle il ne faut pas transiger.

-le phénomène salafiste : c’est un phénomène tout à fait compréhensible. Il est le résultat  de l’oppression dont l’islam a fait l’objet depuis des dizaines d’années dans ce pays. Il faut l’appréhender comme un phénomène intellectuel. Mais s’il se traduit chez certains par la violence, alors il faut sévir car nul n’est au dessus de la loi. 

Tags : rached ghannouchi  
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10 Commentaires
Les Commentaires
Mhamed Hassine Fantar - 30-08-2012 21:29

Que dire après les réponses énigmatiques du sphynx. Rien n'est clair; tout est conçu pour dérouter ou, comme on dit pour semer l'auditoire. c'est une gélatine qui sait ce qu'elle veut.Il y a le texte et les interprétations du texte.L'idéal serait d' agir sans trop dire. Les commentaires, Ils en profitent. Silence et que ça tourne. Ennahdha ne m'inspire plus rien.Pourtant, il faut tenir bon, il faut résister inchallah.

salma - 31-08-2012 00:31

Seule CAUSE SACRée pour "nahdha":SE MAINTENIR AU POUVOIR

ayaket - 31-08-2012 07:08

je me demande pourquoi, les gens continuent a rapporter ces conneries pour lesquelles les journalistes ne doivent plus donner du crédit en les reproduisant sur leurs pages web, twitter, ou autres... Il faut bien comprendre une fois pour toute que tous les membres du Part Ennahdha se foutent de ce que veulent les Tunisiens. Nous devons donc tous nous préoccupés plutôt des prochaines élections en expliquant autour de soit ce phénomène d’hypocrisie verbalement et par écrit AVANT que la presse soit boycottée par Ennahdha....IL SERA APRES TROP TARD!!!!

bounab - 31-08-2012 08:30

Le retard de la rédaction de la constitution est dû;deux possibilités:à l’incompétence des rédacteurs ou la volonté de ces même rédacteurs pour provoquer une guerre civile dans le pays.

hasni - 31-08-2012 08:41

"Il faut l’appréhender comme un phénomène intellectuel." On croit rêver. Des personnes violentes, parfois payées pour l'être, s'amusent, sur commande, à créer un climat d'insécurité à des fins politiques et le monsieur appelle cela un phénomère intellectuel. Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages

Ridha_E - 31-08-2012 09:47

Réponses, à mon sens, très insuffisantes, peu rassurantes. Elles n'apportent rien de nouveaux quand aux relations des partis de la troïka ni sur le traitement de faveur accordé aux salafistes qui empêchent la plupart des activités culturelles et politiques. La dernière attaque en date a été menée contre une réunion de femmes de "Nidaa Tounes" à Sfax. Bientôt ils vont s'attaquer aux petits garçons et surtout aux fillettes. Et le gourou, Gannouchi, trouve cela compréhensible puisque seules leurs réunions sont à l'abri de ces voyous. Ont-ils été attaqué lors de cette conférence de presse ? Bien sûr que non. Même s'ils étaient dans les parages, ils auraient poussé des "takbirs" à vous crever les tympans.

candide - 31-08-2012 10:17

Etrange certitude que de croire que la nomination des têtes des médias tunisiens est une prérogative gouvernementale. Si tel était le cas, j'engage les tunisiens à émettre depuis les eaux internationales pour être à l'abris de toutes les contraintes imposées à la presse et à la TV tunisienne par ceux qui prônent haut et fort la démocratie dans un pays qui sort à peine d'une dictature pour entrer dans une autre. Affaire Assabah : nous ne sommes pas au courant...... Les critiques de Marzouki contre Ennahdha nous ont surpris..... La date des prochaines élections : nous espérons ..... je ne suis pas habilité à vous dire quand elles auront lieu.... le phénomène salafiste est un phénomène intellectuel (mort de rire, des salafistes intellectuels !!!) Moi je me demande vraiment pourquoi cette conférence de presse donnée par ce monsieur qui ne sait rien, qui n'a rien vu excepté des salafistes intellectuels et qui prétend accéder au trône. Ma pauvre Tunisie, tu t'enfonces, tu t'enfonces...

mahmoud Bédoui - 31-08-2012 13:45

A l'est comme à l'ouest, rien de nouveau. C'est toujours la même méthode de ce Ghannouchi. Comme tout bon islamiste, il ne fait que fuir toute réponse à une réalité constaté par le plus imbécile du pays. J'ai toujours soutenu qu'il a un quadruple langage. Le 1er est pour ses propres militants teinté de fausses promesses, de radicalisme et d'insultes contre toute opposition et les poussant à un extrémisme outrancier. Le second est pour les Tunisiens, encore pire que le premier. Il se veut rassurant et menaçant à la fois. Le 3e langage est pour l'Occident, les USA en tête. Il jure qu'il ne fait qu'appliquer l'islamisme modéré à la turque pour installer la démocratie, même si ces pays commence à constater les dégâts et les dérives au quotidien. Enfin le 4e langage est pour ses protecteurs et maître du Golfe, Qatar en tête. Il promet qu'il est en train de mater le pays et d'installer le Wahhabisme le plus strict... qu'il faut continuer à financer. Tout cela ne fait pas le bon musulman, mais le professionnel du faux et du mensonge. Cela n'a rien d'islamique.

Jean-Francois Morf - 31-08-2012 15:05

"le système parlementaire n'est pas une cause sacrée"! Ghannouchi vient d'inventer la démocratie sans parlement: le peuple élit son dictateur, qui fait ensuite ce qu'il veut jusqu'à sa mort, sans être contrôlé par un parlement démocratiquement élu... Chez nous, on appelle cela: république bananière...

JihedfromPhilly - 01-09-2012 12:53

Dieu a parle, Dieu a decide...Malheureusement Ayaket, il est deja trop tard, beaucoup trop tard...La seule solution je pense, serait une vraie revolution. Le mouvement salafiste un mouvement intellectuel? Non mais il prend les gens pour des cons ou quoi?

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