Opinions - 08.01.2012

Menaces sur l'eau ?

L’eau est un bien commun, propriété de la Nation. Notre Constituante devrait l’inscrire dans la future Loi fondamentale du pays comme cela se fait dans de nombreux pays. Bien commun, les sociétés privées n’ont alors rien à faire dans sa production, sa distribution et son assainissement. De plus, l’Assemblée générale des Nations Unies en a fait, en juillet 2010, un droit de l’homme, opposable à l’Etat dans certains pays. Après les inondations qui ont frappé notre pays et entraîné des pertes en vies humaines et des dégâts considérables et face à ce formidable engouement des Tunisiens pour l’eau en bouteille et aux manoeuvres de certains, la question de l’eau, cette ressource vitale et irremplaçable, doit être à l’ordre du jour de nos gouvernants et de nos concitoyens.

Latifa Hénia et Abdallah Chérif, deux éminents experts, nous rappellent qu’«en Tunisie, la ressource est très modeste, pour ne pas dire rare, très fragile et très convoitée, de ce fait, le problème de l’eau se pose aujourd’hui avec une particulière acuité. » Confirmant ce constat, les projections de l’UNESCO mettent la Tunisie sur la liste des pays qui feront face à de graves difficultés dès 2025.

C’est pourquoi, à notre humble avis, le nouveau gouvernement doit prendre à bras-le-corps, maintenant, la problématique eau qui commande aussi bien notre bien-être et notre santé, notre avenir économique, notre environnement et les générations futures. Il devrait décréter que la gestion de l’eau soit citoyenne, écologique et responsable.

La pénurie d’eau…et les souffrances de nos concitoyens

Notre pays souffre sur le plan hydrique. Mais, il ne s’agit pas de provoquer la panique… car nombreux sont ceux qui veulent faire de l’eau… une vache à lait ! Il faut donc séparer le bon grain de l’ivraie mais, déjà, en juin 2008, M. Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau sis à Marseille, un think tank des multinationales de l’eau, avait été reçu par M. Ghannouchi, alors Premier ministre - qui présidait le comité chargé de la privatisation - pour lui vanter probablement - on communiquait peu à cette époque - « le modèle français de l’eau» qui promeut la privatisation des services de l’eau.

Or, le « modèle français » a du plomb dans l’aile : face aux scandales répétés comme celui qui a conduit en 1995 le maire de Grenoble, M. Alain Carignon, en prison pour corruption, une bonne centaine de collectivités territoriales (Paris - excusez du peu ! - puis Rouen, Castres, Saint Malo, Cherbourg, Montbéliard, Annonay, Digne….) ont rompu leur contrat avec les multinationales de l’eau comme Véolia, Suez…pour revenir à la gestion publique et ont ainsi pu baisser le prix du mètre cube de 10 à 40%, voire supprimé parfois l’abonnement. Curieusement, les 28 et 29 juin dernier, s’est tenue à Tunis une réunion sur la question de l’eau, sous l’égide du PNUD et avec la participation de Véolia- un des majors de l’eau dans le monde- du ministère français des Affaires étrangères, de Loïc Fauchon et de l’ex-sénateur Oudin, auteur d’une loi visant à propager dans le monde le savoir-faire français en matière d’eau.

Face à ces manoeuvres, en Tunisie, il nous faut faire de la SONEDE « un grand service public national de l’eau » doté d’un conseil d’administration ouvert sur l’Université et la société civile, moderniser ses capacités techniques et établir des partenariats avec les universitaires et les chercheurs. Si les Tunisiens se précipitent sur l’eau en bouteille - préjudiciable à l’environnement - c’est qu’il y a probablement une crise de confiance, ou l’oeuvre de la publicité ! Mais l’eau en bouteille transportée sur un camion sans la moindre précaution, exposée aux rayons du soleil dans son emballage plastique, peut constituer un vrai danger pour la santé. Il est vrai que l’eau du robinet, elle, ne bénéficie d’aucune publicité à la télévision ou ailleurs! Mais il faut raison garder, l’expert Christophe Courtin assurait en 2004 que «la sécurité hydrique ne sera pas le problème majeur du XXIème siècle. Cette menace potentielle est généralement agitée par les pays riches car ils craignent de voir remis en cause leur mode de consommation».

Il n’en demeure pas moins que de nombreux pays ont un manque patent d’eau pour répondre aux besoins de l’agriculture, de l’industrie, des villes du fait de la démographie, du développement économique, de l’explosion de la demande urbaine et de l’évolution des modes de vie.

Le changement climatique risque d’aggraver les choses, notamment pour les pays en développement, comme on l’a vu à Durban le mois dernier. Mais l’eau doit demeurer sous le contrôle régalien de l’Etat et des citoyens : en Inde, le colonialisme britannique s’est arrogé le droit de distribuer l’eau et le sel et Gandhi commencera la marche pour l’indépendance en combattant ces monopoles. L’eau doit échapper aux privatisations prônées par le néolibéralisme ambiant et la Banque mondiale. En aucun cas, elle ne saurait devenir une marchandise livrée aux jeux de la spéculation boursière et des multinationales de l’eau qui ne sont guère intéressées par les zones rurales par exemple et qui ont montré leur inefficacité de la Bolivie (où il y a eu mort d’homme) à l’Argentine et du Vietnam au Maroc. Le 9 décembre 2011, en effet, d’importantes manifestations ont eu lieu précisément à Casablanca devant le siège de la Lydec, la filiale marocaine de la multinationale française de l’eau Suez, qui assure notamment la distribution de l’eau et de l’électricité, l’assainissement... Les manifestants dénonçaient la faillite de la privatisation de l’eau, les détournements de fonds, la non-construction du réseau d’assainissement et son absence d’entretien et des factures trop élevées.

A Ouarzazate, les Marocains organisent «des marches de la soif » pour dénoncer l’accaparement de l’eau par les sociétés minières à participation royale. Le 13 juin dernier, en Italie, le référendum populaire, né d’une initiative citoyenne - et non du gouvernement- a opposé un non catégorique à la marchandisation de l’eau et fait mordre la poussière aux politiques néolibérales du gouvernement Berlusconi. Dans de nombreux pays, l’eau sert à de bien sordides « combinazzioni» politicards. Philippe Bernard écrit (Le Monde, 13 avril 2011, p.7) : «En confiant, en 1990, la concession de l’eau et de l’électricité de Côte d’Ivoire à Martin Bouygues, ami de Nicolas Sarkozy, Alassane Ouattara est devenu un proche du futur président français….Laurent Gbagbo, qui veut se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat le 31 octobre 2005, cherche à la fois à affaiblir l’axe Ouattara-Bouygues et à amadouer Paris en favorisant les industriels amis de l’Elysée. Il y parvient en renouvelant, quelques jours avant cette échéance, les concessions de Bouygues (aujourd’hui minoritaire dans la distribution de l’eau et de l’électricité en Côte d’Ivoire)….»

En France, le Conseil constitutionnel s’est prononcé le 8 juillet 2011 en faveur du Conseil général du département des Landes et contre la multinationale de l’eau ; en faveur d’une gestion publique de l’eau afin que les usagers bénéficient d’un prix le plus bas possible. C’est pourquoi en Tunisie, il nous faut être vigilant car la question de l’eau ne saurait être traitée en dehors du cadre de l’éthique et de la justice d’autant que, prétendent certains, «l’eau représente la troisième industrie mondiale après le pétrole et l’électricité mais son caractère vital et sa raréfaction accélérée vont en faire, à court terme, la première ressource potentielle de profits à la surface du globe. » (Emission de la chaîne Arte le 18/11/2008)

Discours et promesses… à tout vent

Sous le proconsulat de Ben Ali, pas un jour sans que l’on annonce un prêt ou un don international en faveur de l’adduction d’eau ou de l’assainissement. De plus, rares sont les discours dans lesquels le président déchu ne mentionnait pas qu’il allait « ordonner », tel Moïse, que l’eau atteigne telle ou telle partie du territoire. Preuve que l’eau est un problème lancinant – que le pouvoir ne pouvait plus faire semblant d’ignorer – pour bien de nos concitoyens et singulièrement ceux habitant les zones rurales ! Le président déchu alla même jusqu’à appeler à la création d’un Conseil Islamique de l’eau lors de la 4ème Conférence islamique des ministres de l’Environnement qui s’est tenue à Tunis en octobre 2010. De leur côté, les journaux n’arrêtaient jamais de nous noyer sous les fameux et fallacieux «projets présidentiels» : La Presse du 5 janvier 2005 – relayée par Assabah du 11 janvier 2005 – s’interrogeait sur l’avancement du projet d’adduction d’eau potable dans la région du Krib.

Assabah publiait parfois des lettres de citoyens réclamant de l’eau potable (de l’Ariana le 4 juillet 2003, d’El Hissiène à Zarzis le 29 mai 2005, du gouvernorat de Kasserine le 14 avril 2006). Parfois aussi, la presse osait parler de la qualité de l’eau. Ainsi, Le Temps du 22 août 2008 mettait en évidence la salinité de l’eau dans les nappes de Nabeul, de Kébili, de Sfax et de Tozeur, Assabah allant même jusqu’à titrer en première page ce jour-là: «Pour quelle raison, le goût et la qualité de l’eau du robinet ont-ils changé ?», mais rassurait aussitôt le bon peuple en annonçant le lancement d’«un plan à long terme allant jusqu’en 2030 pour assurer de l’eau potable aux générations futures» ! Mais certains médias faisaient entendre un tout autre son de cloche. Ainsi, le site Tunisnews rapportait le 23 février 2010 qu’à Nefta, l’eau du robinet était souillée par de la terre depuis la mi-février car « le réservoir n’avait pas été nettoyé par la SONEDE». Le même site affirmait le1er avril 2007 que les habitants de Boulaâba (gouvernorat de Jendouba) étaient contraints de boire l’eau d’une source où pullulent insectes, batraciens et algues. Quant à Radio Kalima, elle annonçait le 5 octobre 2010 que les protestations des habitants de Nasria (délégation de Balta Bouaouane) au sujet de l’eau potable avaient contraint le délégué et deux membres du comité central du RCD à recevoir une délégation de citoyens.

La même radio rapportait, le 19 septembre 2010, que la contamination de l’eau potable dans la région de Safiha (délégation de Bouficha) avait rendu malades vingt enfants et tué l’un d’entre eux. Le mensuel Mouatinoun (novembre 2010) a publié une pétition des habitants de Menzel Chaker (gouvernorat de Sfax) qui se plaignaient de ne pas disposer d’eau potable de mars à octobre. Bien plus inquiétante est la nouvelle de l’apparition, à Thala, de 1.000 cas d’hépatite A dont a fait état le site Tunisnews le 28 novembre 2010. Or, cette affection ne peut être transmise que par l’eau souillée par les matières fécales. De plus, annonce ce site, le Dr Mahjoub Ahmed El Kahri, qui a rendu publique cette grave épidémie, était l’objet de poursuites disciplinaires pour avoir divulgué «le secret médical» ! De son côté, El Mawkèf du 23 mai 2008 (p. 8) affirmait que des familles d’Om El Ksab, dans la région de Redeyef, se sont réfugiées en Algérie car « elles n’ont ni eau potable, ni dispensaire, ni cours complémentaire».

Depuis le 14 janvier, les sit-in pour l’eau sont légion et la télévision nationale nous a montré quelques exemples poignants de localités où la qualité et la quantité de l’eau – pour ne rien dire de son éloignement et des conditions de son transport – laissent grandement à désirer comme elle a mis le doigt sur les souffrances de nos concitoyens face au manque cruel d’eau qui les touche dans leur dignité et leur humanité même. De plus, il est facile de voir, dans les zones minières, les dégâts provoqués par les rejets des eaux de lavage, rejets que relèvent tous les touristes à bord du train le Lézard Rouge comme il est facile de voir dans la région d’Enfidha et dans bien des régions oléicoles les rejets de margine dans le lit des oueds. La lutte contre la pollution tant par les industriels (de la conserve alimentaire et des industries laitières, du cuir, des huileries.. ) que les particuliers doit être une des priorités du futur gouvernement, et le laxisme et la corruption de l’ancien régime en la matière doivent être résolument bannis.

La Révolution doit concerner… la gestion de l’eau aussi

A l’heure où notre pays accomplit sa magnifique Révolution, la gestion et la gouvernance de l’eau doivent être repensées. L’eau dans les sociétés modernes fait face à deux défis majeurs : l’accès à l’eau potable et la préservation de la qualité de l’eau. Il est essentiel et urgent de doter tous les Tunisiens, où qu’ils habitent, de l’eau potable et d’un assainissement correct. Il s’agit là d’un investissement nécessaire. Le Financial Times du 20 octobre 2008 note qu’«un dollar dépensé pour l’eau et l’assainissement rapporte un retour sur investissement de 8 à 10 dollars». De plus, la moitié des emplois dans le monde dépendent de l’eau.

Notons aussi que l’adage médical affirme que «l’homme boit 80% de ses maladies» et le Dr Halfan Mahler, ancien directeur général de l’OMS, disait que «le nombre de robinets par millier de personnes deviendra un meilleur indicateur de santé que le nombre de lits d’hôpitaux. » et le Dr Mahmoud El Materi réclamait, dès 1931, que l’Etat mette l’eau à disposition de tous les Tunisiens, «indistinctement».
Il faudrait, par exemple, que les municipalités et la société civile s’impliquent dans cette gestion et procèdent à des analyses régulières de l’eau potable, par des laboratoires indépendants, pour les microorganismes et les contaminants chimiques (métaux lourds, pesticides, nitrates, résidus de médicaments qui deviennent un vrai problème avec le vieillissement de la population…).

La démocratie doit aussi faire son entrée dans les associations d’irrigants et pour faire cesser certaines pratiques préjudiciables à l’économie et à l’environnement comme on le voit par exemple au Jérid. Il faut enfin éduquer la population pour qu’elle économise l’eau et il faut combattre sans relâche les fuites.
Ce qui hélas n’est pas toujours fait par la SONEDE et les utilisateurs. Prenons exemple sur Tokyo, Lausanne, les capitales scandinaves où les pertes sont maintenues à 3% ! Mais l’eau potable ne doit pas nous faire perdre de vue l’assainissement et son importance. Souvenons-nous : l’épidémie mondiale de grippe aviaire de 2004 partie d’Asie est due à une fuite à partir de toilettes situées au 7e étage d’un immeuble de Hong Kong !

Un proverbe anglo-saxon dit crûment: «Water flows uphill to money» (L’eau suit sa pente et remonte vers l’argent). Pour l’immense majorité des pays en développement où la question de l’eau se pose, on pourrait étendre à cette ressource ce que dit des famines le Prix Nobel d’économie Amartya Sen:
«Les famines ne sont pas le résultat du manque de nourriture mais de démocratie. Car la liberté d’opinion et la presse obligent les pouvoirs politiques à rendre des comptes et à agir».

M. L. B.
 

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8 Commentaires
Les Commentaires
ben sma - 08-01-2012 16:03

Je suis un simple citoyen ,qui lutte pour survivre, l'auteur de cet article Mr Md LARBI BOUGUERRA ,est perdu de vue depuis longtemps , sa place est occupé par les incompétents et les léches bottes, il est grand temps pour qu'il reprenne place .

khlifi - 08-01-2012 16:25

Oui l'eau est une denrée précieuse qui sera de plus en plus rare dans certains pays dont le nôtre.Attirer l'attention des pouvoirs publics et de la société civile est un impératif.Pratiquement, je défends l'idée de faire un bon usage de l'eau en évitant les gaspillages mais cela s'avérera insuffisant.Il faudrait établir toute une stratégie.D'abord, éviter que les eaux pluviales ne se perdent das la mer d'où la nécessité de multiplier la construction de barrages de retenue et la mise en place, la où c'est possible, de lacs collinaires.Il faudrait aussi reboiser le pays et demander aux agriculteurs de labourer les sols dans le sens des courbes de niveau ce qui limite l'effet de l'érosion et la réduction des pertes des eaux pluviales.Le citoyen aussi devrait être aidé financièrement à collecter l'eau de pluie qui tombe sur le toit de sa demeure.Enfin et surtout il y aurait lieu de s'engager sur la voie de la maitrise dela transformation de l'énergie en solaire en électricité pour dessaliniser l'eau de mer.Souhaitons que ces propositions ne tombent dans l'oreille d'un sourd!

LEBRUN Pierre Sélim - 09-01-2012 10:54

bonjour, je remercie l'auteur de cet article-plaidoyer pour un retour de l'eau en régie publique.Pour prendre l'exemple de la France-confrontée comme vous le soulignez à un intense lobbying des multi_nationales de l'eau d'origines françaises- le mouvement pour le "droit inaliénable à l'eau comme bien commun de l'humanité en engageant un processus s'appropriation sociale de la gestion de l'eau et de l'assainissement" gagne un nombre significatif de collectivités territoriales.Dans un souci de cohérence politique des partis (de gauche en France) dans le cadre de la campagne pour les Présidentielles de cette année défendent une démarche similaire pour une maîtrise publique des sols,de l'énergie, du logement,... bien à vous

Chriteuf68 - 09-01-2012 16:36

Amis tunisiens, Vous avez raison de dire que les français souffrent d'une trop grande largesse accordée par les donneurs d'ordre étatique à toutes les entreprises du secteur privé, que ce soit l'eau, le gaz et l'électricité et toutes les formes d’énergie, les déchets ménagers, le téléphone, les assurances, les banques, la gestion des autoroutes et les travaux d'entretien de ceux ci, et j'en passe. Il suffit de voir les augmentations annuelles, toujours à la hausse, supportées par l’ensemble des français. L'objectif du privé n'est que de se remplir les poches ainsi que celles des donneurs d'ordres devenus subitement sourds et aveugles. Ne dit on pas que l’argent appelle l’argent. Vous avez vécu sous le règne de BA. Ne l’oubliez pas et ne recommencez pas à donner votre confiance à ceux qui ne la méritent pas. Le pouvoir corrompt, chacun le sait, et il en sera de même chez vous. Tout n'est que copinage et grandes magouilles organisées. Attention à vos deniers, soyez plus vigilants que vous ne l'avez jamais été. Votre avenir et celui de votre pays en dépend. Certains vous diront que le rôle de l'état n'est pas celui d'être patron, ni celui d'être employeur. N'en croyez rien, ces arguments sont trop faciles. J'ai vécu cela, mais à moindre échelle que celle de l'état.

isam - 09-01-2012 22:16

La Tunisie est parmi les pays d’Afrique qui a le plus organisé et rationnalisé l’alimentation en eau de ses villes et l’irrigation des cultures depuis des millénaires(les aqueducs de l’époque romaine, puis l’ingénieux système juste et impartial de répartition de l’eau dans les oasis du Sud….la politique des barrages et retenues collinaires … qui fait la fierté des nombreux ingénieurs qui se sont dévoués corps et âme et un acharnement au sein du ministère de l’agriculture. Bien que ce travail soit insuffisamment perçu par le grand public, la disponibilité d’eau potable (garantie sans danger pour la santé humaine et non porteuse de maladies) durant toute la journée en pression suffisante et l’un des points positif pour l’appréciation du système d’approvisionnement en eau en Tunisie. Bien sur des efforts doivent être accompli pour élargir le réseau, améliorer le goût dans certaines régions, mais delà à ce que l’autorité publique tunisienne délègue la production et la distribution de l’eau à des entreprises de droit privé, qui doivent dégager une bonne marge bénéficiaire suite à l’accomplissement de la mission telle qu’elle figure dans leur cahier des charges. A part le fait que ceci aurait un impact désastreux sur les dépenses des ménages, cela reste quand même une bizarrerie politique, cherchant à privatiser un secteur aussi stratégique que celui de l’eau, dans un pays d’abord où cet élément indispensable est rare et qui est en plus dans une phase révolutionnaire à l’encontre d’abus commis par des gouvernants qui ont dilapidés les biens publics et instauré un système de magouille…. Dans le contexte climatique de la Tunisie l’eau représente un élément stratégique… le privatiser serait comparable à l’aberration de privatiser la police de la circulation, le commerce de l’or …. C’est plus qu’un service de mise à disposition d’une matière …Ainsi je ne pense pas ces entreprises européennes qui se sont faites rejeter en Europe, puissent se remplumer sur notre dos. Il reste vrai que le citoyen-consommateur doit être représenté en tant que tel dans les instances dirigeantes de la SONEDE, et ses districts …. Et là c’est tout un travail de fond et d’organisation auquel doivent faire face le gouvernement et les ministères concernés, pour contrecarrer dérives et disfonctionnements en matière de programme de gestion de l’eau, des déchets urbains, des eaux usées, des transports publics ….Il n’y pas d’artère dans le grand Tunis qui échappe au dépôt anarchique de gravas (même le Belvédère en a eu son lot) les bus dégagent de plus en plus d’huile brûlée…. Et cerise sur le gâteau pour réconforter le Tunisien, cette solution d’un cadre de l’ONAS sur une radio consistant à déléguer aux municipalités la gestion et l’entretien du réseau des eaux usées. Au nom de quelle logique confie-t-on un service hautement spécialisé à une structure généraliste …. Ajoutons que les entrées d’argent pour l’ONAS sont assurées en permanence par sa quote-part dans la facture d’eau potable, alors que les entrées d’impôts pour les municipalités sont plus aléatoires … comment les municipalités vont-elles investir pour gérer des canalisations dont seules quelques unes à travers le pays se doutent de leur tracé ?…. Le risque est énorme pour les grandes agglomérations, les réseaux secondaires perdant leurs capacités d’acheminement faute d’entretien et de rééquilibrage, les apports en liquide diminueront au niveau des centrales de traitement …….. moins d’eau sera commercialisée aux clients de l’ONAS …. Donc moins d’argent dans la caisse …. Pour éviter de « bousiller » tout le système de traitement des eaux usées ….tout « homme politique » débloquera les fonds et c’est à nous bien sûr de payer ! Il faut donc que le citoyen exige de l’ONAS, et de tout autre organisme public (STEG, Télévision publique, SNCFT, Hôpitaux Publics …………) la diffusion publique de son argumentaire et la consultation des représentants des usagers, avant on évitait les débats-critique parce qu’on était dans le « meilleurs des mondes »….il s’est avéré que ZABA se remplissait les poches, et le système tellement pourri rien qu’à travers ce qu’on eu le temps de rapporter les journaux …. Exigeons la transparence !!!!!!!!!!

PHILOU - 10-01-2012 08:24

Voilà quelques mois déjà, j'avais attiré l'attention des lecteurs d'une petite chronique que je rédige sur le Net, autour de l'eau. De la récupération des eaux usées, de leur traitement pour l'arrosage. L’autre volet adopté concerne les eaux usées traitées, dont l’exploitation dans le secteur agricole devrait augmenter, moyennant une amélioration constante de la qualité des eaux offertes. Les autres alternatives sur lesquelles l'Etat a commencé déjà à travailler concernent le dessalement des eaux saumâtres et l’amélioration de la qualité de l’eau dans le Sud en réduisant leur taux de salinité. Fosse septique, et récupération des eaux usées. Les usages font que, peu de Tunisien utilise des fosses septiques, au grand dam de la nappe phréatique. Pour la plupart, le fait de faire un trou, et d'y déverser toutes les eaux, y compris les matières fécales, est considéré comme fosse septique. Ce n’est pas tout à fait cela. Une fosse septique se bâtit en fonction du nombre d'occupants de la maison, ou de pièces dans la maison. Elle doit comporter deux cuves successives. Il existe quelques spécialistes en Tunisie. Ils sont peu nombreux, car, même chez les architectes Tunisiens, le sujet est mal maitrisé. Ils n'ont jamais ou rarement, construit une fosse septique, et ont du mal à la réaliser. Le manque d'eau en TUNISIE, est, et va aller croissant. Il faut penser à sa réutilisation. COMMENT ? Par la mise en œuvre de Mini station d’épuration des eaux usées. Coûteuses aujourd’hui, mais on pourrait les fabriquer en TUNISIE, ce qui rendrait leur coût plus abordable. Pourquoi réutiliser l'eau, me direz-vous? Simplement pour ne pas gaspiller l'eau. Savoir utiliser une cuvette pour rincer ses légumes, et la réutiliser pour arroser les plantes que l'on a dans son jardin, ou dans son appartement. Il est indispensable que chacun d'entre nous fasse attention aux robinets qui gouttent sachant que cette "consommation" représente entre 30 et 50 m3 d'eau par an. Le prix de l'eau est élevé. Beaucoup de Tunisiens, recueillent l'eau de pluie dans des citernes qui sont, ou devraient être régulièrement chaulée, ainsi que les toitures permettant son écoulement, afin d'être totalement potable. Dans les campagnes, il n'y a pas d'adduction d'eau. C'est l'eau du ciel qui permet de boire, faire la cuisine, se laver etc. ... Le paysan la puise à l'aide d'un petit seau, avec parcimonie. Il en connaît la valeur. Lorsque vous arrivez en visite chez des Somalis ou des Afars (République de Djibouti) ils vous reçoivent avec un verre d'eau qui est leur bien précieux. Ils font plusieurs kilomètres à pieds, pour trouver un puits. L'eau n'est pas claire bien sur comme celle de votre robinet, mais elle a le goût du bonheur et de la joie d'offrir à celui que l'on reçoit, surtout quand elle est transportée et conservée dans une outre en peau de chèvre... Lors d'un déplacement sur une route de montagne autour de CHENINI, TATAOUINE, nous avons vu de jeunes femmes, aller à un source, tout en bas d'une colline, avec de gros bidons. La descente était aisée, et joyeuses elles riaient. La route était pentue et longue. Quatre ou cinq kilomètres. C'est à notre retour de la visite que nous avions faite aux ruines de CHENINI, que nous avons revu ce groupe de femmes. Pratiquement arrivées en haut de la côte. Chacune portant les bidons de 20 litres plein d'eau. Serait-ce un travail exclusivement féminin? Ne voyant aucun homme, très certainement un peu plus costaud que ces jeunes femmes... Notre guide nous disant : - Elles font ça tous les jours, les hommes, eux travaillent ailleurs! Cette histoire, pour vous dire que l'eau est un bien précieux, (ici comme ailleurs), dont l'utilisation excessive parfois, n'est pas judicieuse. La récupération des eaux usées, devrait être abordée au plus vite par le gouvernement. Pour les cultures, un arrosage avec une récupération des eaux usées, retraitées, permettrait économie et une meilleure production. Il y a une époque, ou du côté de BIZERTE, on se vantait d'être le "grenier à blé" de la TUNISIE. Jadis considérée comme l'un des grands greniers à blé de Rome, en ce qu'elle fournissait une production céréalière abondante, la région du Kef n'est plus que l'ombre d'elle-même, accusant au fil des années, voire des décennies écoulées, de gros retards en matière de développement économique et humain. Le redevenir sera un exploit. Il est certain que retrouver la production d'antan, nécessitera quelques aménagements, des investissements gérés par des professionnels de l'agriculture. Une réduction des impôts et taxes sur les activités agricoles serait un bon début... - Cultiver des céréales, des fruitiers, des plantes sobres en eau. - Récupération des eaux usées pour retraitement, - Utilisation des eaux chaudes, lorsque la région le permet, - Modifier ses habitudes, et employer l'eau de façon rationnelle, - Être vigilant face à la modification du climat, - Faire des geste simples: arroser avec l'eau de lavage des légumes, les plantes, dans son jardin... Ne pas faire ce que font certains agriculteurs Français, qui cultivent des champs de maïs en arrosant à tour de bras... et assèchent nappes phréatiques et cours d'eau.... Le maïs étant une céréale gourmande en eau.

lassoued bechir - 10-01-2012 09:21

On ne peut remercier assez l'auteur d'avoir insisté sur l'aspect "non commercial" de l'eau. Denrée de + en + précieuse, parceque de + en plus rare, l'eau représente l'avenir de L'Humanité. Sa production est complexe parceque conditionnée par son traitement et son adduction au lieu de sa consommation.En tant que ressource naturelle, l'eau demande une protection continue pour que sa mobilisation soit possible. Mais il y a un aspect très important dont l'auteur n'a pas suffisamment parlé c'est "le recyclage" de l'eau aussi bien pour l'industrie que pour l'agriculture surtout. Quand on pense que l'eau et l'industrie réunies ne consomment que 20% de nos besoins, alors que L'agriculture, à elle seule consomme les 80%restants! Cela représente un indicateur de taille à nos décideurs pour que , dans les prochaines décennies, un effort de taille doit être porté sur le recyclage des eaux usées épurées dans l'agriculture, en particulier. C'est un créneau majeur pour l'emploi, grace aux effets induits qui en découlent: assainissement urbain, multiplication des stations d'épuration,construction de réservoirs de stockage des eaux épurées, construction des adductions d'eau etc.Par ailleurs, nous sommes proches de la saturation, en matière d'immobilisation des eaux de surfaces, actuellement de 4 à 5 milliards de m3 par an.Un effort particulier doit être porté pour augmenter la capacité de rétention du sol pour les eaux de pluie,de l'ordre de 35 milliards de m3.En outre la capacité de nos barrages est très réduite par l'érosion et l'ensablement, ce qui rend obligatoire la forestation des bassins versants de tous nos barrages sans exception. Imaginez l'effet induit de toutes ces actions sur l'emploi de nos générations actuelles et futures.A bon entendeur salut

sarra - 17-01-2012 17:32

Encore un article médiocre de Larbi Bougerra avec des idées confuses et des argumentations dénuées de tout fondement scientifique... Pour la deuxième fois je lui lis la même formule d’attaque contrele conseil mondial de l’eau qu’il désigne par « un think tank des multinationales de l’eau », loin de vouloir défendre le conseil, mais le réduire à cela est tout simplement mal sain ! Et pour ce qui est de la réunion de juin organisée par la PNUD, pas de chance pour bougerra mais j’avais assisté à cette réunion dont l’objectif n’était pas de propager le savoir-faire français dans le monde mais de discuter de l’opportunité de mettre en place un mécanisme international à l’instar de la loi Oudin qui permettrait de drainer de l’argent pour financer l’eau pour les pauvres et notamment à rendre possible l’aide décentralisée….. Personnellement je n’adhère pas complètement à l’idée mais donner une fausse info est inadmissible ! Enfin, encore une fois Bougerra apporte une confusion extraordinaire dans le débat sur la participation du secteur privé dans les services d’eau en tombant (je suppose exprès !) dans l’amalgame eau comme ressource dont il n’est pas question de marchandisation et eau comme service qui présente un coût qui doit être payé que le service soit fourni par le secteur public ou le secteur privé ! Encore une fois larbi bougerra fausse le débat, mais malheureusement cela arrive cette fois-ci dans une période critique de l‘histoire de la Tunisie où la réflexion devrait être de haute qualité pour pouvoir avancer...

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