Opinions - 08.04.2011

Servir la noble cause de la promotion féminine

La révolution tunisienne a été l’œuvre de la jeunesse tunisienne émancipée, qui a réussi sa mobilisation citoyenne.  Jeunes hommes et jeunes filles ont libéré le pays, de la chape de plomb, qui l’assujettissait. 

Encadrées servilement, les Tunisiennes devaient prêtaient appui au pouvoir, soi-disant pour sauvegarder leurs acquis. Mais la représentation féminine officielle était intégrée dans le jeu de cour, réservant leurs you you d’un autre âge, aux démonstrations populaires officielles du Président déchu. Pire encore, l’entrée sur scène de la "présidente" dévoyait la promotion féminine, en assurant l’émergence de la clientèle familiale et assimilée, aux dépens  des compétences féminines, éloignées de la scène. La comédie de l’institution des femmes arabes, formée par des épouses des chefs d’Etat, assurait la dégradation citoyenne injuste des Tunisiennes, "les émancipées du harem", selon l’expression imagée que j’ai employée dans le titre d’un précédent ouvrage. Notre assimilation de fait, avec les femmes du Moyen-Orient, dans des situations hélas inférieures et la promotion de simples épouses, risquaient de remettre en cause notre position d’avant-garde.

Participant à la révolution, la femme tunisienne ne pouvait manifester d’inquiétude, puisqu’elle s’était érigée en acteur de plein droit. Et pourtant, l’apparition de certains mouvements passéistes, fussent-ils minoritaires, certains appels à l’institution de la charia, à l’application de la loi du talion et à la reconstitution du califat, risquaient de bloquer notre marche de progrès,  en dénonçant, éventuellement Le Code du Statut Personnel. Le projet moderniste élaboré par Tahar Haddad et publié dans son livre manifeste, "notre femme dans la charia et la société", fut institutionnalisée et mis en application, par Habib Bourguiba, quelques mois après notre indépendance. Mes enquêtes sur le terrain ont bel et bien montré, qu’il est désormais assumé. La tunisienne participe à la vie active, œuvre au sein de la société civile, milite dans les partis et les syndicats. Rien n’autorise son éclipse de la scène publique, puisqu’elle s’est imposée comme citoyenne et non comme sujet.

Nous sommes à la veille des élections de la Constituante, qui devait enregistrer, dans ses textes organiques, la promotion féminine et pourquoi pas la développer, en relation avec l’évolution de la situation tunisienne, depuis 1956. Je constate cependant, que les partis qui ont vu le jour, n’expriment pas dans leurs programmes, comme priorité la sauvegarde du Code et l’amélioration du Statut  de la femme. Je les appelle, désormais, à combler cet oubli et je prie les  citoyens tunisiens, hommes et femmes, de tenir compte de cette donne fondamentale, lors de leurs participations dans les assises de leurs partis, les réunions de la campagne électorale et bien entendu, lors de l’élection, qui doit instituer nos revendications.


Dr. Souad Chater
Ancienne Directrice du Développement Social,
PDG de l’Office du Planning familial (1980-1984)
Consultante internationale (1984 -1989)
Observateur engagé depuis lors.

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